1
1. Introduction
Le mémoire porte sur la présence de liquidités et l’incapacité d’une entreprise à renouve-
ler sa dette lorsqu’elle est en difficulté financière parce que ses créanciers échouent dans
le processus de coordination. Nous nous intéressons au problème du renouvellement de
la dette (« debt rollover »), et à ses déterminants (dispersion des créanciers, maturité de la
dette, détresse financière) ainsi qu’aux raisons expliquant la présence de liquidités
(épargne de précaution, coût d’opportunité…) notamment pour mitiger ce risque.
Les paniques sur le renouvellement de la dette (« debt run »), ont un cadre théorique
semblable aux paniques bancaires, qui a été mis en place par le modèle de Diamond-
Dybvig (1983). Il modélise avec des équilibres de Nash la panique ou non selon le ni-
veau des fondamentaux de l’entreprise, y compris potentiellement le niveau de liquidités.
Ce modèle peut être utilisé pour représenter un processus de coordination similaire entre
les deux paniques, dans lequel le financement d’une entité illiquide mais solvable dépend
de l’action commune de différents agents. Une banque est exposée au risque que ses
épargnants retirent en même temps leurs fonds, il en est de même pour une entreprise
non-bancaire lors du renouvellement de sa dette, les créanciers peuvent décider tour à tour
de ne pas refinancer.
Durant la crise bancaire de 2007, les problèmes de coordination sont apparus à plusieurs
reprises lors du financement d’entités solvables mais illiquides. Des Fonds de couverture
(Brunnermeier, 2008), ont dû fermés à cause des retraits de fonds de leurs clients.
L’exemple le plus probant de la nécessaire étude de ce phénomène est donné par la
banque d’investissement Bear Stearns (mars 2008). La banque dépendait d’un finance-
ment quotidien important par les « repos ». Face aux rumeurs sur la solidité de ses fon-
damentaux, les créanciers institutionnels (fonds de couverture, fonds de pension…) sans
aucune concertation, ont retiré précipitamment leurs liquidités. La vente à rabais de