l´auto-haine dans la littérature brésilienne-juive contemporaine

L´AUTO-HAINE DANS LA LITTÉRATURE BRÉSILIENNE-JUIVE
CONTEMPORAINE
Tânia Maria Baibich
La synthèse des Indicateurs Sociaux des années 90, diffusée le 4 avril 2001 par l´IBGE
(Institut Brésilien de Géographie et Statistique), met en perspective le status du Pays comme l´une
des nations les plus injustes de la planète. En même temps que le fossé qui sépare les plus riches des
plus pauvres demeure (14% du revenu est destiné aux 50% plus pauvres tandis que 13,1% à ceux
qui représentent 1% plus riches), les inégalités régionales aussi bien que celles entre les hommes et
les femmes et entre les Blancs et les Noirs (y compris les Mulâtres) persistent.
D’après ces données, seulement 5,4% de la population brésilienne s´avère Noire alors que
54 % et 39,9 % affirment que sont Blancs et Mulâtres respectivement. L´anaphalbetisme croît selon
la pigmentation de la peau : 8,3 % des Blancs ne savent pas lire, 19,6 % des Mulâtres et 21 % des
Noirs.
Malgré ce cri des statistiques, le Pays se croit affranchi de préjugés. Toutefois, la réalité,
envisagée sans le maquillage des euphemismes, se montre pleine de préjugés de tous types.
L´idée que les différences culturelles constituent la majorité des raisons de l´altérité est bien
connue. Depuis toujours les peuples se jugent comme “le peuple” tandis que les autres peuples sont
“les autres” : les Grecs et les babaroi, les Juifs et les goyim, les Japonais et les gaijin.
Pierre Clastres, antropologue français qui a longtemps fréquenté les tribus indiennes sud-
américaines, cite le fait que très souvent les membres de ces tribus, pour se nommer, se servent
d´un mot qui est synonime de “les hommes” alors qu´ils désignent ceux des tribus voisines par “les
oeufs de pou”, des “sous-hommes” ou des équivalents ayant une valeur péjorative. (Viñar, 1998, p.
173).
Pour la formation et la subsistance de l´unité du groupe, le besoin du sentiment de
“ennemisation” par rapport à ceux qui n´ y appartiennent pas constitue la charpente de la structure
de l´étranger. C´est lors de l´affirmation de la différence que l´identité 1 enfonce ses piquets les plus
primitifs en délimitant des frontières de structure animiste.
Bien qu´il y ait toujours eu historiquement des étrangers, ce sont les nations modernes qui ont mis en pratique
la ségrégation, mot dérivé du latin et qui signifie séparer du troupeau. A partir du XVIe siècle, segregare
signifie l´acte par lequel les populations blanches étaient séparées de celles qui ne l´étaient pas, c´est-à-dire
apartheid. Avec l´avènement de la Seconde Guerre Mondiale, elle est devenue un phénomène de civilisation,
un symptôme social. C´est le totalitarisme moderne qui a montré non seulement jusqu´où peut aller l´humain
quand les questions de différences s´exaspèrent mais aussi que la ségrégation existant dans toute société peut
arriver – comme d´ailleurs il s´est déjà passé – à nier la propre condition d´humain à l´autre, en l´anéantissant à
um simples numéro tatoué sur le bras (...) (Koltai, p. 108)
L´autre, l´étranger (du latin extraneous: celui qui vient de dehors), à partir de l´Empire
romain répresente une catégorie politique et est quasiment défini dans toutes les langues comme
quelqu´un de non-familier . Pour réaffirmer l´identité et l´appartenance à son groupe, on attribue à
1 Dans le texte Psicologia das Massas e Análise do Eu, Freud (1973, p. 2586-2587) différencie trois types
d´identification, celle-ci étant définie comme la plus précoce manifestation d´un lien de sentiments avec quelqu´un
d´autre, de lien avec l´objet : a) celle qui concerne l´incorporation de l´objet sous le modèle cannibalesque; b) celle qui
est regressive, caractérisée par le fait qu´elle peut se passer seulement avec une caractéristique de la personne objet; c)
celle qui se passe lors de l´absence de n´importe quel investissement sexuel. Il s´agit de l´envie ou de la capacité de se
mettre dans une situation identique à celle des autres. C´est ainsi que se passe l´identification qui unit les membres
d´une collectivité et implique dans l´exclusion de ceux qui appartiennnent à une autre collectivité ou à ceux qui ont un
autre idéal du moi.
Dans ce dernier type, l´étranger personnifie l´objet-déjection , haine toujours présente en raison de l´ambivalence de
sentiments.
l´autre (alter) des caractéristiques non seulement de groupe mais aussi supergénéralisées sur son
comportement ou constitution. Ces caractéristiques sont ordinairement négatives et dans le cas où
elles seraient “positives”, elles portent en soi une évaluation négative : il n´y a pas de grande
différence si l´on dit que les Juifs sont fortement solidaires ou si l´on les accuse d´être un groupe qui
fonctionne comme si c´était une “mafia”. Comme l´affirme Sampson (1999, p.14), le préjugé peut
être à l´origine envisagé comme quelque chose d´injustifiable car il enveloppe une généralisation
incorrecte puisqu´il traite les individus en tant que des participants de leur cercle au lieu de se
rapporter à eux comme des individus uniques tels quels ils le sont. La catégorie sociopolitique que
l´étranger occupe le fixe dans une altérité qui implique obligatoirement dans une exclusion. (...)
Jusqu´au XIVe siècle étranger, en français , voulait dire ce qui n´etait pas compréhensible ou hors
du commun. Seulement plus tard il est apparu le nom qui se rapporte à un “dehors”, ayant une
connotation politique. Au XVIe siècle, le mot anglais strange se rapportait à la femme adultère et au
non-familier, à quelqu´un que la famille ne reconnaît pas; et ce n´est qu´au XVIIIe siècle que ce mot
se rapporte à quelqu´un qui vient d´un autre pays, de abroad. En allemand, le mot fremd désigne
avant tout le non-familier. La notion d´étranger apparaît plus tard et devient , en allemand moderne,
le mot ausslander.
Ainsi, il paraît qu´il y a dans la grande majorité des langues européennes un moment où le non-familier devient
un concept public, à partir duquel , dans le monde moderne, apparaîtra le discours raciste, fruit du discours de
la science. (Koltai, 2000, p. 23).
Le rôle de dépositaire d´aspects conçus comme indésirables, rôle qui les libère
de n´importe quelle tache de leur condition de pureté, est peut-être l´un des plus expressifs sens de
l´altérité : l´identification avec ceux qui composent le groupe des bons, des justes, des capables, des
identiques devient désirable.
De cette manière, il est possible de concevoir que l´appartenance à un certain groupe
ethnique suppose non seulement l´identification avec un ensemble de significations transmises par
les agents sociaux appropriés (en tenant compte du processus d´identification en tant qu´ un
processus inconscient) mais aussi la non-identification avec les autres envisagés pleins de
caractéristiques indésirables. Devenir identique est donc un phénomène qui contient simultanément
l´affirmation de soi et le refus de l´autre. Les caractéristiques négatives attribuées à l´autre se
trouvent dans l´imaginaire de celui qui les attribue, jouant le rôle de faux-fuyant de la violence
interne et des angoisses psychotiques, tel quel l´histoire le montre.
La dénaturation de la réalité, menée par l´individu qui a des préjugés pour se défendre de
menaces imaginaires, pour être justifiée et fortifiée, se sert de stéréotypes offerts par la culture .
Ainsi, comme le dit Crochik (1997, p.18), le stéréotype est un produit principalement culturel mais
il se rapporte directement aux mécanismes psychiques infantiles.
La question du préjugé 2 est donc une question qui a tout à fait trait à la Psychologie Sociale
dans la mesure où elle s´occupe d´un phénomène qui se manifeste comme un symptôme dont les
formes et contenus appartiennent à la culture. Il s´agit d´un phénomène inter-groupes qui enveloppe
les manières par lesquelles les individus appartenant à un groupe traitent ceux de l´autre groupe.
D´où, aussi bien la Psychanalyse que l´Anthropologie, la Sociologie et la Psychologie Sociale
s´occupent de l´analyse, de la compréhension et de la recherche d´alternatives pour traiter les
2 “Du Latin prae, avant, judicium, jugement, peut être défini comme des croyances et des valeurs appris, qui mène un
individu ou un groupe d´invidus à être contre ceux de groupes avant d´avoir eu des expériences actuelles avec ces
groupes. (...) Ces généralisations ont toujours leur origine dans des renseignements incomplets sur l´autre groupe. (...)
Aux individus du groupe victime du préjugé est nié le droit d´être reconnus et traités en tant qu´individus ayant des
caractéristiques individuelles.” (CASHMORE, Ellis. Dictionary of face and ethnic relations. 1984, p.288) [trad. de
l´auteur]. “Préjugé est défini comme une injustifiable, d´habitude négative attitude adressée à autrui en raison de sa
catégorie sociale ou de sa condition d´appartenance à un groupe.” (Sampson, 1999, p. 15) [trad. de l´auteur]
origines, les formes de manifestation, les prédispositions, les rapports entre l´objet victime du
préjugé et les lois du fonctionnement psychique et les problables prophylaxies de ce phénomène.
D´après Jahoda & Ackerman (1969, p.26-27), dans son
acception plus restricte, le ‘préjugé’ doit être différencié du pré-jugement et du penser stéréotypé. Il représente
une sous-catégorie du pré-jugement, s´appuie sur le penser stéréotypé, sans cependant se confondre avec l´un
ou l´autre. Du point de vue psychologique, il est (...) une attitude d´hostilité dans les rapports interpersonnels,
adressée à tout un groupe ou aux individus qui y appartiennent, et qui remplit un rôle irrationnel défini dans la
personnalité. D´où la compréhension que la vraie motivation du préjugé ne découle pas de qualités réelles du
groupe auquel il s´adresse. (...) on ne peut parler de préjugé si [les croyances et les affirmations stéréotypées
utilisées contre l´autre sont considérées] en tant que rationalisation d´une hostilité irrationnelle enracinée dans
sa personnalité.3
Freud a développe dans Psicologia das Massas e Análise do Eu (1973, p.2583-2584) un
concept important dont la thèse a été diffusée lors de son ouvrage O Tabu da Virgindade : celui du
narcissisme des petites différences qui permet de mieux comprendre l´hostilité au “différent”.
D´après le témoignage de la psychanalyse, presque tout rapport affectif intime (...) contient un fond de
sentiments négatifs et hostiles qui n´échappent de la perception qu´en raison du refoulement. (...) Le même se
passe quand les hommes se réunissent en des unités plus grandes. (...)
C´est lors des aversions et des répulsions qui se manifestent de manière apparente par rapport aux étrangers
que nous pouvons reconnaître l´expression d´un amour de soi, d´un narcissisme qui veut s´affirmer et qui agit
comme si l´existence d´une distance par rapport aux formations individuelles qu´il a développée entraînait ce
type de critique et un besoin de les remanier.
Ainsi, d´après Koltai (2000, p. 95). “fondée sur le narcissisme, constamment nourrie par lui
et renvoyant plus prondément à l´abandon infantile, l´intolérence assimile étranger à hostile.”
Dans O Malestar da civilisazação, Freud (1973, p.3017) traite aussi bien l´universalité de
l´hostilité des hommes les uns par rapport aux autres que la cruauté inhérente à l´être humain. Il
soutient la thèse que “la fraternité est fondée sur la ségrégation, l´amour de l´autre dans la haine du
différent; au point que la société que l´on veut fondée sur l´amour débouche forcément sur son
opposé qui est l´intolérence.” (Koltai, 2000, p.39). De cette manière, l´ennemi, l´étranger, se
transforme et compose le rôle nécessaire pour la consécution de l´unité du groupe.
L´interprétation de Levinas, quand il analyse le rôle que la philosophie occidentale attribue à
l´Autre en le réduisant à un autre Moi, met en évidence qu´il est insupportable l´admission de la
différence :
... la philosophie occidentale coïncide avec le dévoilement de l´Autre, là où l´Autre, quand il se manifeste
comme être, perd son altérité. La philosophie est impregnée, depuis son enfance, d´horreur de l´Autre qui
reste Autre, d´une alergie insurmontable. (Levinas apud Koltai, 2000, p. 61) [en caractère gras par l´auteur].
J´ai récemment développé une étude qui va dans le sens contraire de celle de la négation du
préjugé et a essayé de montrer, moyennant l´analyse d´ouvrages littéraires d´écraivains brésiliens-
juifs contemporains sans aucun égard à la forme par lequelle ils se rapportent à leur condition juive,
la manifestation du sentiment d´Auto-haine en tant que blessure à l´identité découlant de
l´antisémitisme. Plus précisément, cette étude a essayé de montrer que, indépendamment de la
forme par laquelle l´auteur du texte de fiction assume son identité juive, le sentiment d´Auto-haine,
découlant de l´antisémitisme, de la débilité identitaire et du manque d´outils adéquats qui
permettent de reconnaître et de travailler avec la persécution réelle et possible, s´impose de
différentes manières aux membres de la collectivité juive en tant que victime, et ce sentiment est
traduit dans le texte fictionnel.
3 La travail de ces auteurs, Distúrbios Emocionais e Anti-semitismo, qui voulait démontrer que l´antisémitisme est un
préjugé dans ce sens, a eu son hypothèse tout à fait confirmée.
Cette étude, dont le point de départ est l´analyse de l´antisémitisme et de la condition d´exilé
permanent par rapport à l´Autre4 et par rapport à soi-même, a traité les aspects historiques,
structuraux et dynamiques de l´Auto-haine juive, considérés comme défense à la persécution et à l´
“exil portable”. Pour comprouver la thèse ont été discutés les reflexes de l´Auto-haine juive
exprimés dans la fiction littéraire de quatre écrivains brésilien-juifs contemporains : Samuel Rawet,
Clarice Linspector, Moacyr Scliar et Bernardo Ajzenberg.
L´objet d´étude a été l´éventail des attitudes du sujet victime du préjugé dans le sens
d´échapper à vivre le préjugé de l´Autre, compris comme un phénomène social, soit par
l´intégration, par l´assimilation ou encore par les différentes formes d´anéantissement de sa propre
identité , lesquelles se manifestent dans les dimensions individuelles ou de groupe. En tant que
blessure à l´identitité, engendrée moyennant l´identification de l´individu victime du préjugé avec
les sentiments, les pensées et les valeurs de la masse persécutrice, l´Auto-haine a été recherchée
dans les ouvrages fictionnels comme un indice non seulement de l´antisémitisme de cet endroit et
de ce temps mais de celui subit pendant les 5761 ans de cette saga dont les empreintes animistes
semblent être tatouées sur l´imaginaire de l´identité de chacun des participants de ce groupe
ethnique et se manifeste par de différentes manières et intensités en raison du préjugé vécu ou
encore passible d´être vécu.
La littérature autour de l´antisémitisme est vaste, ample et très profonde de sorte que ce
sentiment est largement étudié, soit du point de vue historique, soit sociologique, politique,
anthropologique ou psychologique , en tenant compte de différents rapports avec les époques et les
lieux. La condition d´étranger par excellence que le Juif occuppe dans les communautés, lato sensu,
mérite toujours des analyses de tous genres en quête des raisons liées à la nature du préjugé en
général et plus précisément, de l´Auto-haine, notamment ce qui fait le Juif se constituer l´autre de
tous les Autres.
Toutefois, l´étude de l´ “antisémitisme juif ou de l´antijudaïsme juif” (Gilman, 186, p.1),
c´est-à-dire de l´Auto-haine, même si reconnue comme existante, a moins mérité le regard des
chercheurs qu´elle le pourrait et le devrait, peut-être en raison du paradoxe qu´elle répresente, du
casse-tête qu´elle est. Les études les plus importantes sur ce thème appartiennent à Lewin (1935,
1939, 1940, 1941), Sartre (1954), Perez (1968) et Gilman (1986). Le premier car il définit le
sentiment et sa nature; le deuxième car il considère le ‘complexe judaïque’ comme conséquence
directe de l´antisémitisme; le troisième car il dissèque le concept d´identité refoulée; le quatrième
car il identifie ce sentiment chez des personnages de l´histoire de la pensée humaine dans leurs
rapports pleins de préjugés à l´égard de la propre identité, même si cette identité a été abandonnée
au moyen de la conversion.
L´idée d´analyser de différentes manières de manifestation du sentiment d´Auto-haine
envisageait définir le rapport entre ces manifestations avec les trois facettes de ce phènomène, à
savoir : individuelle, de groupe et surtout en tant que phénomène social. Cette caractérisation,
proposée par Lewin (1941), conçoit que : en tant que phénomène de groupe, la haine de soi affecte
les rapports intragroupes, entre les différents sous-groupes de Juifs qui s´accusent et s´attaquent; en
tant que phénomène individuel, il y a une grande variété de formes, la diffamation de la famille, le
refus de soi, l´auto-accusation et autopunition, la haine envers les instituitions, la langue, les valeurs
du groupe ethnique ou de la culture – étant donné que ces sentiments apparaissent d´habitude
masqués par des rationalisations de tout genre; en tant que phénomène social, qui peut être observé
chez toutes les minorités discriminées, elle apparaît non comme une question psychopatologique
mais comme une manière que l´individu trouve pour traiter ce problème puisqu´il se rend compte
que sa réussite sociale, sa sécurité socioéconomique et son destin personnel risquent d´être
compromis en raison de sa participation au groupe juif.
Le choix de la littérature comme champs d´analyse a été dû à la reconnaissance que
l´abstration, la culture et notamment le mot écrit ont en tant que des piliers d´identité du “Peuple du
4 L´Autre : compris comme le non-juif qui a nourri, nourrit ou pourra développer, par rapport aux Juifs, des pensées, des
sentiments et/ou attitudes qui portent des préjugés. L´Autre est donc celui qui a menacé, menace ou, en raison des
enseignements de l´histoire, peut représenter une menace.
Livre”. Cette dénomination “Peuple du Livre” est due à l´importance accordée à la Bible, livre
dans lequel ont été préservées son histoire sacrée et ses valeurs ethiques. Pour le peuple juif,
pendant la Dispersion, 5 le rôle de la littérature, qui a constitué locus de préservation et de
fomentation de l´identité nationale, est aussi mis en relief par les studieux de l´Anthologie Judaïque
(Guinsburg & Ortiz, 1948, p.15). Freud lui-même, dans le chapitre “Le progrès de la spiritualité” du
livre sur Moïse , écrit :
tout de suite après la destruction du Temple de Jérusalem par Tite, le rabin Yochanan Bem Zacai a demandé la
permission d´installer à Yavneh la première école vouée à l´étude de la Torah.6 Dès lors, c´est le livre sacré et
l´effort spirituel y appliqué qui ont maintenu le peuple uni.” (1973, p.3310)
Pour Buber, la valeur de la réflexion est encore plus petite que celle de la narration vu que
“l´essence sacrée qu´elle témoigne continue à y demeurer. Le miracle racontée aquiert une nouvelle
force. Le pouvoir qui un jour a agi se propage à travers la parole vivante et avance actif pendant des
générations.” (1967, p.11-12). Pour Koltai (2000, p.55),
à partir du geste de Abraham, quand il quitte le pays natal pour se diriger vers une terre dont lui et ses
descendants ne pourraient être que des locataires, le peuple juif devient un peuple sans terre, uni seulement par
un livre et par une mémoire commune. Il établira des liens à partir de quelque chose d´immatériel : un livre,
une tradition (écrite et orale) et quelques rites.
L´idée que le narrateur imprime dans le texte, bien que quelquefois sans la détermination
consciente de le faire, les empreintes de son temps, de ses contemporains, de son groupe outre les
siennes, confère au texte littéraire le caractère de témoignage de l´histoire qui a été et de celle qui
n´a pas été mais qui aurait pu être; “le côté caché de l´hsitoriographie officielle et le registre de
l´expérience humaine” (Kothe, 1976, p.47). comme l´a affirmé Nöel (1989, p.16): “Tout d´abord,
une histoire, vraie ou non, elle traduit la vérité.”
Le choix d´auteurs brésiliens-juifs contemporains a surtout été dû au fait qu´au Brésil
l´antisémitisme est traité, tel quel ce qui se passe avec les autres préjugés, comme s´il n´existait pas
et cela pourrait faire croire que l´Auto-haine n´existait pas non plus dans ce contexte. La recherche
a visé à identifier ce qu´il n´y avait pas encore été fait de manière systématique à travers la critique
psychologique, sociologique ou littéraire, c´est-à-dire vérifier, dans la littérature d´écrivains juifs-
brésiliens, la présence de dégrés du sentiment de haine de soi chez les personnages juifs ou ceux qui
les représentent.
L´attitude méthodologique de l´étude a été celle d´essayer de transformer les textes, au
moyen de la réalisation des plus divers links possibles, en un réseau de significations qui, connectés
à d´autres textes, peuvent composer un hyper-texte. En ce sens, les données historiques, la vie des
auteurs, les rapports psychosociaux qui découlent de l´empreinte que le stigmate engendre dans
l´âme de tous et de chacun, la lecture juste des ouvrages de fiction (vu que le texte dit à mesure
qu´il est lu), ont constitué les diverses fenêtres de ce hyper-texte dont le but primordial était celui de
permettre que les autres études rendent possible d´ innombrables nouvelles connexions. Dans
toutes les analyses, la question mise en évidence et que l´on a essayée de démontrer a été dans
quelle mesure des attaques permanentes à l´identité du groupe produisent des bourreaux qui
s´attaquent eux-mêmes. Autrement dit : jusqu´à quel point ce phénomène existe-t-il aussi dans
l´oeuvre d´art de ceux qui, participants assumés ou non du groupe de victimes, ont reçu cet héritage
de persécution ?
L´Auto-haine, définie par Sander Gilman dans son ouvrage The Jewish Self-Hatred comme
“copie exacte de l´antisémitisme”, est caractérisée par la réaction de l´organisme psychique lui-
5 Dispersion : “du grec diaspora, l´équivalent en hébreu galut et l´iidiche golus sont liés à l´idée d´exil judaïque. Le mot
“diaspora” ou galut se rapporte à tous les points géographiques hors de la Judée où les Juifs se sont établis après la
destruction du Second Temple.” (Szklo, 1990).
6 “Torah (en hebreu veut dire ‘enseignement’) L´un des concepts fondamentaux du judaïsme, qui peut se rapporter à
l´enseignement judaïque du Pentatheuque ou de la Bible Hébraïque, ou, dans son acception plus large, à toute la
tradition judaïque.” (Unterman, 1992, p.264)
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