Cette étude, dont le point de départ est l´analyse de l´antisémitisme et de la condition d´exilé
permanent par rapport à l´Autre4 et par rapport à soi-même, a traité les aspects historiques,
structuraux et dynamiques de l´Auto-haine juive, considérés comme défense à la persécution et à l´
“exil portable”. Pour comprouver la thèse ont été discutés les reflexes de l´Auto-haine juive
exprimés dans la fiction littéraire de quatre écrivains brésilien-juifs contemporains : Samuel Rawet,
Clarice Linspector, Moacyr Scliar et Bernardo Ajzenberg.
L´objet d´étude a été l´éventail des attitudes du sujet victime du préjugé dans le sens
d´échapper à vivre le préjugé de l´Autre, compris comme un phénomène social, soit par
l´intégration, par l´assimilation ou encore par les différentes formes d´anéantissement de sa propre
identité , lesquelles se manifestent dans les dimensions individuelles ou de groupe. En tant que
blessure à l´identitité, engendrée moyennant l´identification de l´individu victime du préjugé avec
les sentiments, les pensées et les valeurs de la masse persécutrice, l´Auto-haine a été recherchée
dans les ouvrages fictionnels comme un indice non seulement de l´antisémitisme de cet endroit et
de ce temps mais de celui subit pendant les 5761 ans de cette saga dont les empreintes animistes
semblent être tatouées sur l´imaginaire de l´identité de chacun des participants de ce groupe
ethnique et se manifeste par de différentes manières et intensités en raison du préjugé vécu ou
encore passible d´être vécu.
La littérature autour de l´antisémitisme est vaste, ample et très profonde de sorte que ce
sentiment est largement étudié, soit du point de vue historique, soit sociologique, politique,
anthropologique ou psychologique , en tenant compte de différents rapports avec les époques et les
lieux. La condition d´étranger par excellence que le Juif occuppe dans les communautés, lato sensu,
mérite toujours des analyses de tous genres en quête des raisons liées à la nature du préjugé en
général et plus précisément, de l´Auto-haine, notamment ce qui fait le Juif se constituer l´autre de
tous les Autres.
Toutefois, l´étude de l´ “antisémitisme juif ou de l´antijudaïsme juif” (Gilman, 186, p.1),
c´est-à-dire de l´Auto-haine, même si reconnue comme existante, a moins mérité le regard des
chercheurs qu´elle le pourrait et le devrait, peut-être en raison du paradoxe qu´elle répresente, du
casse-tête qu´elle est. Les études les plus importantes sur ce thème appartiennent à Lewin (1935,
1939, 1940, 1941), Sartre (1954), Perez (1968) et Gilman (1986). Le premier car il définit le
sentiment et sa nature; le deuxième car il considère le ‘complexe judaïque’ comme conséquence
directe de l´antisémitisme; le troisième car il dissèque le concept d´identité refoulée; le quatrième
car il identifie ce sentiment chez des personnages de l´histoire de la pensée humaine dans leurs
rapports pleins de préjugés à l´égard de la propre identité, même si cette identité a été abandonnée
au moyen de la conversion.
L´idée d´analyser de différentes manières de manifestation du sentiment d´Auto-haine
envisageait définir le rapport entre ces manifestations avec les trois facettes de ce phènomène, à
savoir : individuelle, de groupe et surtout en tant que phénomène social. Cette caractérisation,
proposée par Lewin (1941), conçoit que : en tant que phénomène de groupe, la haine de soi affecte
les rapports intragroupes, entre les différents sous-groupes de Juifs qui s´accusent et s´attaquent; en
tant que phénomène individuel, il y a une grande variété de formes, la diffamation de la famille, le
refus de soi, l´auto-accusation et autopunition, la haine envers les instituitions, la langue, les valeurs
du groupe ethnique ou de la culture – étant donné que ces sentiments apparaissent d´habitude
masqués par des rationalisations de tout genre; en tant que phénomène social, qui peut être observé
chez toutes les minorités discriminées, elle apparaît non comme une question psychopatologique
mais comme une manière que l´individu trouve pour traiter ce problème puisqu´il se rend compte
que sa réussite sociale, sa sécurité socioéconomique et son destin personnel risquent d´être
compromis en raison de sa participation au groupe juif.
Le choix de la littérature comme champs d´analyse a été dû à la reconnaissance que
l´abstration, la culture et notamment le mot écrit ont en tant que des piliers d´identité du “Peuple du
4 L´Autre : compris comme le non-juif qui a nourri, nourrit ou pourra développer, par rapport aux Juifs, des pensées, des
sentiments et/ou attitudes qui portent des préjugés. L´Autre est donc celui qui a menacé, menace ou, en raison des
enseignements de l´histoire, peut représenter une menace.