Avant-propos
par Jean-François Niort *
et Guillaume Vannier **
En défendant la nécessité d'une relecture d'Aristote et
de saint Thomas, pour mieux comprendre la spécificité du
droit, Michel Villey ne s'est pas limité à une redite: il a
soumis la compréhension du droit à une étude du droit
naturel classique au cours de l'histoire de la philosophie.
Cette thèse jusnaturaliste, dans son contenu propre aussi bien
que dans sa double fidélité proclamée à Aristote et à saint
Thomas, cette méthode historique et philosophique, enfin, ne
vont nullement de soi, et appellent à la discussion autant qu'à
l'apprentissage. Le colloque qui a été consacré à Michel
Villey en 19841 avait été fidèle à son indépendance d'esprit,
en ce qu'il avait opposé des avis divergents, et réuni des
éloges aussi bien que des critiques, parfois sévères. C'est
peut-être dans cet éveil à une remise en cause, par l'histoire
de la philosophie du droit, que réside le legs intellectuel
transmis par Villey, dont Julien Freund soulignait
récemment l'importance dans les Archives de Philosophie du
Droit2. La réédition prochaine, par le Pro Rials, de la
* Université de Paris-l, et Université du Quebec à Montréa]
** Université de Rouen, et Université de Caen.
1Droit, Nature, Histoire, IVème colloque de l'Association Française de
Philosophie du Droit (Université de Paris-II- 23-24 Novembre 1984):
"Michel Villey, Philosophe du droit", Presses Uni versi taires d'Aix-
Marseille, 1985.
2L'article de J.Freund "Michel Villey et le renouveau de la philosophie du
droit", est paru dans les Archives de Philosophie du Droit,que Villey avait
longtemps dirigées, t.37, Droit et économie, Paris, Sirey, 1992, p.5 :
"Michel Villey a constitué un îlot d'intelligence juridique et philosophique
dans l'immense mer de l'intellectualisme artificialiste moderne".
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