L’ECHO SAMEDI 24 JANVIER 2015 17 Entreprises Services La grande distribution table sur une légère croissance en 2015 Une année d’évolution et pas de révolution, c’est ainsi que le bureau d’études de marché Nielsen voit 2015 pour le secteur de la grande distribution. JEAN-FRANÇOIS SACRÉ Quel bilan tirer de 2014 et quelles sont les perspectives pour la grande distribution en 2015? C’est ce qu’a voulu savoir The Retail Society, le business club du secteur créé par le magazine «Gondola» lors d’une session d’information. Temps forts. " Le contexte économique. «La distribution suit en général la croissance économique», indique Pierre-Alexandre Billiet, directeur de The retail society. Selon les derniers chiffres de la BNB, la croissance s’est élevée à 1% en 2014. Mais pour le bureau d’études de marché Nielsen, «la grande distribution a fait mieux avec une croissance tant en volume qu’en valeur de 1,2%», indique Françoise de Rappard, sa directrice commerciale. «La Belgique fait même mieux que la moyenne européenne qui n’a crû que de 0,3%», ajoute-t-elle. " La croissance du hard discount. Il ne cesse de progresser, crise oblige. Selon Nielsen, Aldi et Lidl ont vu le nombre de tickets de caisses émis dans leurs magasins bondir de respectivement 7,6% et 8,6%. Ceci alors que leur réseau est resté stable Par conte la valeur de ce ticket a baissé de 2,8% chez Aldi et est resté stable chez Lidl. «Les gens sont à la recherche de ‘value for money’, il veulent dépenser moins sans devoir se déplacer. La densité du réseau de magasins des hard discounter répond à ce besoin», observe Françoise de Rappard. L’arrivée d’enseignes comme Primark (textile) et, dans quelques mois, d’Electro Dépôt (électroménager) sont une autre illustration de cet impact croissant du low-cost. En 2014, les hard discounters ont enregistré une hausse du nombre de tickets de caisse émis. © BELGA 1,2% Selon le bureau d’études de marché Nielsen, le secteur de la grande distribution a connu une croissance de 1,2% en 2014. En, 2014, il devrait grimper d’1%. Remous sociaux chez Derbigum La société spécialisée dans les revêtements de toits plats souhaite se réorganiser, quitte à sacrifier quelques emplois. Les syndicats renâclent. Mais le dialogue social se poursuit. LUC VAN DRIESSCHE Depuis une bonne semaine, la température sociale a grimpé de quelques degrés chez Derbigum, le spécialiste bien connu des revêtements de toitures. En cause: un projet de la direction, présenté en conseil d’entreprise, qui vise à réorganiser l’entreprise pour mieux faire face aux vents contraires de la crise, qui sape la demande. Ce projet met en péril l’emploi de huit ouvriers (sur 55) et quatre employés (sur une centaine). Après une première concertation lundi dernier, direction et syndicats se sont revus vendredi, dans un climat qualifié de «constructif» par les syndicats, qui s’opposent à tout licenciement sec. «Nous avons pu faire passer certains messages et proposer des pistes alternatives, comme le chômage économique ou des mises à la prépension», a indiqué Philippe Leclercq, secrétaire régional de la centrale générale (FGTB) en Brabant wallon. Le hic, c’est que les intentions du gouvernement fédéral ne sont guère favorables à la piste des prépensions. «À ce stade, nous dépendons du Groupe des Dix», dit Philippe Leclercq. Les syndicats estiment avoir déjà reçu quelques réponses à leurs questions et attendent de plus amples précisions de la direction lors de la nouvelle concertation prévue mardi. «Derbigum n’est pas une société en difficulté. Le dialogue n’est pas bloqué, mais les travailleurs restent très énervés «Le dialogue n’est pas bloqué, mais les travailleurs restent très énervés.» PHILIPPE LECLERCQ SECRÉTAIRE RÉGIONAL DE LA CENTRALE GÉNÉRALE (FGTB) par cette annonce, qui remet en question le climat de confiance qui règne dans l’entreprise», ajoute le responsable du syndicat socialiste. Même si le chômage économique est déjà utilisé, les représentants des travailleurs fondent beaucoup d’espoir sur cette piste. «Nous savons bien que la construction est en crise, mais rien ne dit qu’une reprise ne se manifestera pas dans quelques mois», souligne Philippe Leclercq. Le nombre de suppressions d’emploi étant trop modeste pour ouvrir une procédure Renault, rien n’empêcherait en théorie la direction de forcer le tempo. Mais du côté syndical, on continue de croire à sa volonté de poursuivre le dialogue au sein d’une entreprise qui, jusqu’ici, a toujours fait prévaloir la concertation. [email protected] - 227977-001 " L’effet Albert Heijn. Avec 28 magasins, il commence à devenir consistant, offrant une différence de prix inférieure à 2% en moyenne aux magasins environnants, selon Nielsen. Pour certains produits, la différence peut aller jusqu’à 12,5%, voire 50% en cas d’actions promotionnelles. «Plus Albert Heijn ouvre de magasins plus l’écart de prix se creuse avec ses concurrents locaux», ajoute PierreAlexandre Billiet. " Les marques de distributeurs progressent encore. Selon Nielsen, elles pèsent 35,1% du marché en valeur. Celles des hard discounters ont encore gagné 0,7 points, celles des autres chaînes sont stables. Par contre les grandes marques du top 50 (Coca-Cola, Danone, Pampers…) perdent 0,4 points à 22,8% de parts de marché et les marques challengers 0,3 point à 42,1 points. «Les grandes marques ont trop fait la chasse aux grosses promos du style 1 + 1 gratuit, afin de concurrencer les marques de distributeurs et le hard discount, or c’est destructeur de valeur, elles doivent plutôt se différencier par l’innovation», indiquent les deux experts. Problème: une étude de Nielsen menée à l’échelle mondiale montre que sur 14.000 innovations récentes, seules 14 se sont révélées de gros succès commerciaux. Soit à peine 0,1%! " Pas d’impact de l’index en 2015? «Les grandes tendances comme le low cost, les marques de distributeurs, etc. vont perdurer», estime François de Rappard, qui parle d’évolution plutôt que de révolution. Pierre-Alexandre Billiet relève, lui, que cette croissance des marques de distributeurs a été moins forte en 2014. Il y voit un signe positif pour les grandes marques et un défi à relever. «Tant les marques que les distributeurs doivent rester cohérents dans leur stratégie et ne pas chasser tous les lièvres à la fois», résume-t-il. Encore faut-il que l’environnement macroéconomique suive. En principe, un saut d’index prévu par le gouvernement devrait avoir un impact négatif de 2% sur les revenus des ménages et donc sur la consommation. Sauf que, l’inflation étant nulle, celui-ci n’aura pas lieu. «La BNB s’attend en outre à une baisse de charge pour les employeurs de 0,3%, ce qui pour le secteur de la distribution qui emploie 13% de la population active, est très important», pointe PierreAlexandre Billiet. ANALYSE CARREFOUR VA LANCER UN HYPERMARCHÉ CONNECTÉ Après avoir injecté 150 millions d’euros dans la transformation de ses 44 hypermarchés, Carrefour Belgique passe à l’étape suivante avec l’ouverture l’automne prochain d’un premier «hypermarché du futur». Pas moins de 500 collaborateurs sur ce projet ambitieux dont l’implantation reste «top secret». Cet hyper reposera sur huit piliers — choix, services, prix, durabilité… — avec un focus sur le digital. Carrefour Belgique est peu bavard sur ce projet qui devrait toutefois s’inspirer d’un magasin similaire ouvert en avril dernier en banlieue parisienne. Celui-ci propose notamment une application mobile pour préparer, comme avec un GPS, son itinéraire en magasin, des bornes digitalisées (recettes de cuisine, conseil vin…), un mur virtuel permettant de commander des achats non alimentaires (TV, électroménager…) ainsi que le paiement sans contact pour les porteurs de cartes ou de smartphones équipés. J.-F. S. Virgin ouvre un hôtel pensé pour les femmes Après le transport aérien, ferroviaire et spatial, Richard Branson veut conquérir le secteur de l’hôtellerie: le magnat a inauguré sa chaîne Virgin Hotels, à Chicago. Logé dans un bâtiment Art Deco de Chicago, l’établissement comporte 40 chambres et 2 suites. La chaîne vise des voyageurs jeunes, mais surtout féminins, avec notamment des chambres divisées par des parois amovibles qui séparent un espace dressing et salle de bains du reste de la chambre. © VIRGIN