Utilisation judicieuse du PET/CT en oncologie

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CURRICULUM
Forum Med Suisse 2007;7:270–277
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Utilisation judicieuse
du PET/CT en oncologie
Klaus Strobel, Patrick Veit-Haibach, Thomas F. Hany
PET/CT-Zentrum, Klinik und Poliklinik für Nuklearmedizin, UniversitätsSpital Zürich
Quintessence
쎲 L’examen PET/CT est de plus en plus utilisé dans les maladies tumorales, et
il est aujourd’hui disponible dans pratiquement tous les grands hôpitaux de
Suisse.
쎲 Depuis l’été 2006, un nouveau catalogue de prestations est disponible en
Suisse indiquant les examens PET/(CT) remboursés par les caisses, examens
discutés dans cet article.
쎲 La combinaison des informations obtenues par PET et par CT permet de
déterminer les foyers positifs au TEP en fonction de l’anatomie, et elle accroît
ainsi la spécificité de l’examen de manière significative.
쎲 Le PET/CT est de plus en plus utilisé dans la planification du traitement,
le contrôle du traitement et le diagnostic des récidives lors de maladies oncologiques.
Summary
Practical application of PET/CT in oncology
쎲 Positron emission tomography/computer tomography (PET/CT) is becoming
increasingly important in the diagnosis of oncological diseases, and is nowadays available in nearly all major hospitals of Switzerland.
쎲 In summer 2006 a new list of insured PET/(CT) examinations came into force
in Switzerland. It is discussed extensively in this paper.
쎲 Combination of PET and CT information provides an exact anatomical
correlation for PET-positive lesions and increases the specificity of the investigations.
쎲 PET/CT is also finding increasing application in therapy planning, therapy
response assessment and follow-up of oncological diseases.
Introduction
En mars 2001, en Suisse, le premier appareil au
monde intégré de tomographie par émission de
positrons/tomographie computérisée (TEP/CT) a
été installé. Le PET/CT est reconnu sur le plan
international comme étant l’une des méthodes
d’imagerie les plus prometteuses. En Suisse,
environ treize appareils intégrés PET/CT seront
prochainement disponibles. Avec la modification
des prestations PET obligatoirement remboursées par les caisses-maladies, entrées en vigueur
le 1er août 2006, de nouvelles indications remboursées par les caisses du PET sont venues
s’ajouter au catalogue classique existant – mélanome, carcinome bronchique à petites cellules,
lymphome et cancer colorectal – comme le cancer du pancréas, de l’ovaire, de la thyroïde et
du col de l’utérus (tab. 1 p) [1].
L’intérêt croissant pour le PET/CT se manifeste
par le nombre de plus en plus important de publications sur le rôle du PET/CT dans le staging,
le restaging et le diagnostic des récidives chez les
patients oncologiques. Il existe actuellement un
intérêt scientifique particulièrement important
envers l’utilisation du PET/CT dans le contrôle
thérapeutique lors de tumeurs malignes. Cet article offre une vue d’ensemble de l’état actuel des
connaissances et de nos expériences avec cette
méthode. L’article analyse également les indications actuellement reconnues en Suisse et remboursées par les caisses du PET/(CT) dans le
cadre des tumeurs malignes.
Le 18F-fluoro-désoxyglucose (FDG) est de loin le
traceur PET le plus utilisé pour la mise en évidence des tumeurs malignes, et c’est la substance qui bénéficie de la plus vaste expérience en
matière de fabrication et d’utilisation en Suisse.
Toutes les examens PET actuellement remboursées par les caisses-maladies en Suisse peuvent
être effectuées au moyen du FDG. Les affirmations qui suivent reposent donc exclusivement
sur l’utilisation du FDG.
Alors que, à l’heure actuelle, on compte bien plus
d’appareils PET installés que d’appareils PET/
CT, les nouvelles installations sont en général des
scanners PET/CT intégrés. Le succès des appareils intégrés doit être attribué au fait que les
«hot spots» peuvent être localisés avec précision
à l’aide des informations anatomiques fournies
par les images CT. Cela permet notamment d’obtenir un diagnostic plus spécifique. En outre, les
données obtenues par CT peuvent être utilisées
pour corriger l’atténuation, ce qui permet une
évaluation semi-quantitative de la captation du
FDG. Cette méthode de correction de l’atténuation réduit en outre la durée de l’examen d’environ 25 à 30% par rapport à la méthode habituelle
appliquée avec les appareils «PET stand-alone».
L’interprétation des informations morphologiques fournies par l’examen CT – effectué dans le
cadre du PET/CT, en fonction du problème posé
– soit avec une faible dose, soit avec une dose
intégrale, augmente en outre sa sensibilité. La
tendance est nettement en faveur du «one-stop-
Vous trouverez les questions à choix multiple concernant cet article à la page 265 ou sur internet sous www.smf-cme.ch.
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Tableau 1. Indications oncologiques remboursées par les caisses-maladies PET/(CT)
en Suisse (d’après l’OPAS [1]).
Tumeur
Indication
Lymphome malin
Staging en cas de biopsie de moelle osseuse négative
Restaging sous/après traitement
Diagnostic des récidives
NSCLC
Staging
Mélanome malin
Staging en cas de suspicion de métastases éloignées
lorsque les examens conventionnels sont négatifs
Tumeur à cellules germinales
de l’homme
Staging
Carcinome colorectal
Restaging
Staging
Restaging
Carcinome mammaire
Staging en cas de suspicion de métastases éloignées
lorsque les examens conventionnels sont négatifs
Tumeurs gastro-œsophagiennes
Staging en cas de suspicion de métastases éloignées
lorsque les examens conventionnels sont négatifs
Diagnostic des récidives
Tumeurs ORL
Staging
Diagnostic des récidives
Carcinome du col
Staging
Diagnostic des récidives
Carcinome ovarien
Diagnostic des récidives en cas de marqueurs
tumoraux élevés
Carcinome du pancréas
Diagnostic primaire en cas de suspicion lorsque
les examens conventionnels sont négatifs
Carcinome de la thyroïde
négatif à l’I-iode131
Restaging et diagnostic des récidives des lésions
extra-pulmonaires
Figure 1
Images PET: Staging de base et contrôle du traitement chez un patient souffrant de
lymphome hodgkinien. Après quatre cycles de chimiothérapie, persistance d’une activité
focale au niveau du médiastin (flèche). Après huit cycles, nouvelle augmentation de
l’activité (flèche). Après radiothérapie, rémission complète sans signes pathologiques.
shopping imaging», où l’examen PET/CT est combiné à un CT diagnostique renforcé par un produit
de contraste par voie i.v. Celui-ci nécessite l’intégration, sur le plan technique, d’au moins un appareil CT à 4 barrettes, si possible à 16 barrettes
ou à 64 barrettes dans l’appareil PET/CT. L’interprétation des images exige des connaissances spécialisées en radiologie et en médecine nucléaire,
ce qui est le cas, idéalement, des médecins bénéficiant d’une double formation spécialisée.
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Le PET/CT reste une méthode qui n’est disponible que dans une mesure limitée, relativement
onéreuse, et qui entraîne en outre une irradiation d’environ 8–20 mSv par examen du corps
entier. Il est donc d’autant plus important d’étudier la valeur de cette méthode d’imagerie et de
définir ses indications de manière judicieuse en
tenant compte des conséquences thérapeutiques
et des coûts.
Cet article analyse la valeur de l’examen FDGPET/CT lors de problèmes oncologiques, en
tenant compte des publications principales et de
la vaste expérience pratique d’une clinique universitaire.
Lymphome
Depuis le début de la période PET, le lymphome
fait partie des indications «classiques» du PET.
Alors que le lymphome de Hodgkin (LH) et le lymphome B à grandes cellules, qui captent le FDG
de manière intense et fiable, conviennent particulièrement bien à l’examen PET/CT (fig. 1 x),
les lymphomes spécifiques comme le lymphome
des zones marginales ou le lymphome périphérique à cellules T échappent au diagnostic PET
[2]. Après le diagnostic histologique, la subdivision correcte des stades du lymphome est essentielle afin d’établir le genre et l’intensité du traitement de première intention. Si la ponction de
la moelle osseuse fournit des résultats positifs,
aucun PET/(CT) n’est généralement nécessaire
puisque cet examen permet de confirmer un
stade IV. Si la ponction de moelle osseuse est négative, l’examen PET/CT s’est avéré plus précis
dans l’établissement du stade que le CT seul. Il
n’est pas rare, par exemple, de démontrer une
participation du squelette malgré une ponction
de moelle osseuse et un CT négatifs [3].
Le PET/CT est désormais une méthode établie
destinée à étudier la réponse thérapeutique des
lymphomes. Après deux cycles de chimiothérapie
déjà, il est possible de distinguer entre «répondeurs» et «non-répondeurs» [4]. De nombreuses
études ont démontré que les répondeurs au PET
présentent un pronostic nettement meilleur que
les «non-répondeurs». Certes, à ce jour, nous ne
disposons d’aucune étude prospective sur la modification du traitement du lymphome sur la base
des résultats du PET, mais les expériences accumulées indiquent toutefois que le PET pourrait
permettre d’individualiser le traitement: chez les
répondeurs au PET, le traitement pourrait être
plus bref, faisant ainsi l’économie de la toxicité
et des coûts. Chez les non-répondeurs au PET, il
serait possible de passer plus tôt à un traitement
alternatif plus efficace.
Le PET/CT est supérieur au CT dans le contrôle
thérapeutique du lymphome, puisque les modifications morphologiques lors du traitement du
lymphome suivent fréquemment les modifica-
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tions métaboliques. Lors de tissu tumoral résiduel morphologiquement visible après un traitement de première intention, notamment au
niveau du médiastin, un PET/CT permet de distinguer entre tissu résiduel métaboliquement
actif dans le sens d’une persistance du lymphome, et tissu cicatriciel inactif, et la décision
de procéder à une radiothérapie supplémentaire
se voit ainsi facilitée.
Les modifications inflammatoires positives inattendues visibles au PET, qui ne sont pas rares en
raison de l’immunodépression chez les patients
avec tumeur suivant une chimiothérapie, peuvent
être faussement interprétées comme la persistance d’un lymphome. En tenant compte de toutes les données cliniques et des informations morphologiques fournies par le CT, il est généralement
possible d’obtenir une interprétation correcte.
La place du PET/CT dans les soins ultérieurs est
encore incertaine chez les patients souffrant de
lymphome ayant subi un traitement de première
intention avec succès. Le PET/CT associé au
diagnostic sur le plan du laboratoire a pour avantage potentiel de dépister les récidives de lymphome plus rapidement que les autres méthodes
d’imagerie diagnostique, de sorte qu’un traitement peut être instauré précocement.
Carcinome bronchique non
à petites cellules
Le staging du carcinome bronchique non à petites cellules (NSCLC) est l’un des points forts du
PET/CT (fig. 2 x) [5]. Comme plusieurs publications l’ont démontré, le staging correct des ganglions lymphatiques médiastinaux est significativement plus efficace avec PET/CT qu’avec CT
seul. Une étude comparative a montré pour les
Figure 2
Patient avec carcinome bronchique (NSCLC). Captage
élevé du FDG dans la tumeur primaire, au niveau
central gauche (longue flèche) et dans les métastases
des ganglions médiastinaux (petite flèche). Pas de
métastase ganglionnaire sus-claviculaire droite
(tête de la flèche). Pas de métastases éloignées.
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métastases des ganglions lymphatiques sous
PET/CT une sensibilité de 89% et une spécificité
de 94% (PET seul: 89/89%; CT seul: 70/59%) [6].
Puisque le PET/CT est un examen du corps
entier, il permet de dépister ou d’exclure les
métastases lointaines, comme au niveau des
surrénales, du foie et du squelette. Cela rend la
scintigraphie conventionnelle superflue. Chez les
patients avec NSCLC présentant des symptômes
neurologiques, il convient d’effectuer en outre
une IRM du crâne puisque les petites métastases
cérébrales sont difficiles à détecter au moyen du
PET/CT. Les données PET/CT peuvent être utilisées pour la planification de la radiothérapie. La
réponse des patients atteints de NSCLC à la
radio- ou à la chimiothérapie peut être contrôlée
par FDG-PET/CT.
L’examen PET/CT convient particulièrement au
diagnostic des récidives de NSCLC. Les premières
publications fournissent une sensibilité et une
spécificité de 96 et de 83% respectivement pour le
diagnostic des récidives de NSCLC. Il faut cependant reconnaître, pour tempérer ces résultats,
que ni le diagnostic de récidives ni la réponse au
traitement ne sont actuellement remboursés par
les caisses. Même le carcinome bronchique à petites cellules convient au diagnostic par PET/CT.
Puisque, en Suisse, le staging du carcinome bronchique à petites cellules n’est pas admis par les
caisses, nous ne l’aborderons pas ici.
Mélanome
L’incidence du mélanome malin en Suisse et dans
le monde entier est en augmentation. Les métastases du mélanome se manifestent par une accumulation importante du FDG. Le PET/CT est
utilisé avec succès chez les patients atteints de
mélanome à haut risque, à la recherche ou afin
d’exclure des métastases éloignées. On considère
que la situation est à haut risque lorsque la tumeur primaire a une épaisseur >4 mm selon
Breslow, ou en présence de métastases des ganglions lymphatiques régionaux. Le PET/CT n’est
pas utile dans la détection de la tumeur primaire,
et il ne permet même pas le dépistage des micrométastases en raison de sa résolution spatiale
limitée (env. 6 mm). La biopsie du ganglion sentinelle a fait ses preuves comme méthode de
choix dans le staging des ganglions lymphatiques
régionaux chez les patients avec tumeur primaire >1 mm. La question de savoir s’il existe
des métastases éloignées ainsi que leur localisation est un élément crucial pour la suite du traitement. Alors que les métastases isolées accessibles peuvent être réséquées, la chimiothérapie
palliative représente la méthode de choix en cas
de métastases multiples.
Même si le pronostic chez les patients atteints de
mélanome au stade IV reste défavorable malgré
les efforts intensifs à la recherche d’un traite-
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ment systémique efficace, les succès récemment
publiés concernant la thérapie génique notamment donnent lieu à de nouveaux espoirs. Par
rapport aux méthodes radiologiques conventionnelles comme le CT et les ultrasons, le PET/CT
est nettement supérieur dans le dépistage des
métastases. Même comparée au PET seul, la
combinaison PET/CT est significativement plus
avantageuse et atteint une sécurité d’environ
98% dans le staging N et M [7]. Puisque le cerveau humain capte beaucoup de sucre à l’état
physiologique également, et donc le FDG aussi,
la sensibilité du PET/CT concernant le dépistage
des métastases cérébrales est dans l’ensemble
nettement limitée (environ 60%). Ainsi, les patients atteints de mélanome et présentant des
symptômes neurologiques doivent subir en outre
une IRM du crâne à des fins d’examen. On ne dispose d’aucune donnée fiable concernant l’évaluation du PET/CT en ce qui concerne la réponse
au traitement lors de mélanome métastatique.
Tumeur à cellules germinales
de l’homme
Le fait de savoir si, lors de tumeur du testicule,
l’utilisation du PET/CT présente une utilité dépend de l’histologie de la tumeur à cellules
germinales. Les séminomes captent le FDG et
conviennent donc parfaitement à l’examen par
PET/CT (fig. 3 x). Les tumeurs à cellules germinales, à l’exception des séminomes (NSGCT),
constituent également une bonne indication au
PET/CT, alors que les tératomes mûrs ne captent
pas le FDG et doivent donc être dépistés par
des méthodes conventionnelles comme le CT. Le
grand avantage du FDG-PET/CT, lors de séminome ou de NSGCT, est que les métastases
des ganglions lymphatiques rétro-péritonéaux
peuvent aussi être détectées dès une taille
d’environ 6 mm. Comme avec le lymphome, la
réponse au traitement des tumeurs à cellules
germinales métastatiques peut être contrôlée
par PET/(CT) [8].
Carcinome colorectal
L’indication principale du PET/CT chez les patients avec carcinome colorectal réside dans
l’élévation des marqueurs tumoraux et le problème des récidives. Lors du suivi des patients
atteints de carcinome colorectal, on trouve souvent du tissu cicatriciel dans le petit bassin. Dans
ce genre de cas, le CT ou l’IRM seuls ne sont souvent guère en mesure de distinguer entre récidive ou cicatrice. Le PET/CT permet en général
de répondre à cette question avec certitude. La
sensibilité du PET/CT, dans le dépistage des récidives locales, est d’environ 93–100% (CT seul:
env. 53%) pour une spécificité d’environ 96% [9].
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Figure 3
Diagnostic des récidives chez un patient avec status
post-semi-castration dans le cadre d’un séminome.
Détection de petites métastases ganglionnaires rétropéritonéales (flèche).
D’autre part, le PET/CT est régulièrement utilisé
dans notre clinique chez les patients avec métastases hépatiques d’un cancer colorectal, destinés
à subir une résection partielle du foie. Dans cette
situation, le PET/CT, qui dans ces cas est toujours
combiné à un CT avec administration intraveineuse de produit de contraste diagnostique, permet d’exclure une atteinte métastatique des deux
lobes hépatiques ainsi qu’une manifestation
extra-hépatique. Le PET/CT joue ici un rôle important dans la sélection des patients qui profitent de la chirurgie hépatique. Chez 76 patients
examinés en vue d’une résection hépatique partielle lors de carcinome colorectal, l’examen
PET/CT par rapport au CT seul a permis de
modifier le traitement chez 21% des patients
[10]. La sécurité du staging et du restaging, lors
de carcinome colorectal, est supérieure avec PET/
CT (89%) qu’avec PET seul (78%).
De même, la combinaison associant PET et colonographie par CT sous forme de «one stop imaging» montre des résultats très prometteurs [11].
L’utilisation croissante des (radio-)/chimiothérapies efficaces néoadjuvantes ou adjuvantes dans
le carcinome colorectal métastatique accroît aussi
la nécessité de disposer de méthodes d’imagerie
destinées à contrôler la réponse au traitement et
permettant un pronostic. Dans un travail récemment publié, la réponse, sous PET, du carcinome
colorectal aux radio/chimiothérapies néoadjuvantes précédant une opération est un facteur pronostique significatif en ce qui concerne la survie
sans progression et sans récidive.
Cancer du sein
Dans la grande majorité des cas de cancer du
sein, le diagnostic par imagerie inclut mammographie et ultrason, dans les cas spéciaux également TRM mammaire. En ce qui concerne l’état
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des ganglions lymphatiques, la biopsie du ganglion sentinelle représente aujourd’hui la méthode de choix dans le dépistage des micrométastases. Dans l’exclusion ou la détection des
métastases éloignées, l’ultrason de l’abdomen
supérieur et la scintigraphie osseuse conventionnelle restent les méthodes de choix. Actuellement, le FDG-PET/CT est surtout utilisé chez les
patients à haut risque dans la recherche de métastases, et il a pour avantage de clarifier en un
seul examen les localisations habituelles des métastases comme le squelette, le foie, les poumons
et les ganglions lymphatiques médiastinaux. De
même, la question de la distinction entre cicatrice post-opératoire et récidive au niveau de la
paroi thoracique peut constituer une indication
judicieuse au PET/CT, le PET/CT étant supérieur
au seul CT dans ce cas [12].
On sait toutefois que PET/CT et scintigraphie osseuse sont complémentaires en ce qui concerne
la détection des métastases osseuses du carcinome mammaire. Les métastases ostéolytiques,
comme on peut les observer lors de cancer du
sein agressif, montrent parfois une faible accumulation à la scintigraphie osseuse, mais elles
captent en général fortement le FDG. Les métastases ostéoblastiques sont par contre faciles à dépister par scintigraphie osseuse conventionnelle
et elles peuvent ne pas capter le FDG [13]. Grâce
aux informations fournies par le CT lors de l’examen PET/CT, il est possible de dépister même des
métastases osseuses ne captant pas le FDG.
Les thérapies récentes du cancer du sein avancé
exigent une méthode d’imagerie qui permette
d’évaluer avec certitude la réponse au traitement. Les premières études menées avec FDGPET/CT concernant le monitoring thérapeutique
sont très prometteuses. On a pu démontrer
que, au début du traitement déjà, le PET permet
de distinguer entre répondeurs et non-répondeurs.
Tumeurs gastro-œsophagiennes
Bien qu’il s’agisse d’une indication remboursée
par les caisses, actuellement nous ne recommandons pas de procéder à un PET/CT de routine
dans le staging du cancer de l’estomac, car la plupart du temps le cancer de l’estomac ne capte pas
le FDG. Il n’en va pas de même du carcinome de
l’œsophage et du carcinome de la jonction œsophago-gastrique (fig. 4 x). On dispose dans ce
cas de nombreuses études d’une grande valeur
prédictive prouvant la valeur du PET/CT dans le
staging et le contrôle du traitement [14]. Comme
c’est le cas lors de chirurgie du pancréas, la
chirurgie de l’œsophage est une chirurgie interventionnelle lourde susceptible d’entraîner de
nombreuses complications, et elle ne doit être effectuée que chez des patients sélectionnés. Alors
que l’endosonographie est la meilleure méthode
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Figure 4
Carcinome œsophagien (longue flèche) avec métastases ganglionnaires épigastriques (tête de la flèche)
et dans le médiastin, et métastases de la surrénale
droite (petite flèche).
permettant de définir le stade T et de dépister les
ganglions lymphatiques péritumoraux, la force
du PET/CT réside dans le dépistage des métastases ganglionnaires au niveau des sites ganglionnaires sus-claviculaires ou de la région épigastrique. En outre, le PET/CT est la méthode
qui convient le mieux à la définition du stade M.
De plus en plus, le traitement néoadjuvant
s’impose dans le traitement des carcinomes de
l’œsophage. De récentes études montrent que
les répondeurs PET ont un pronostic nettement
meilleur que les non-répondeurs.
Tumeurs ORL
Dans le staging des carcinomes ORL, les questions décisives pouvant recevoir une réponse par
PET/CT sont les suivantes: extension de la tumeur primaire (stade T), présence de métastases
lymphatiques cervicales (stade N), présence de
métastases éloignées (stade M), présence d’un
second carcinome. L’anatomie de la région cervico-céphalique est très complexe et il est logique
que le PET/CT, qui permet la localisation anatomique précise des lésions enrichies en FDG, soit
supérieur au PET seul (fig. 5 x) [15].
La définition la plus exacte du stade N est assurée lorsque l’on considère en même temps les informations issues du PET, du CT avec produit de
contraste et de la ponction à l’aiguille fine (PAF).
La force du PET/CT réside dans la détection des
métastases dans les ganglions de taille normale
et dans la répartition anatomique précise des
lésions positives au PET [15]. Comme pour
d’autres tumeurs, la détection des micrométastases dans les ganglions cervicaux n’est pas pos-
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et IIA) ni pour la détection de métastases ganglionnaires invisibles à l’IRM, car dans ce cas, il
existe déjà de rares métastases ganglionnaires
pelviennes et le PET/CT ne dépiste pas les micrométastases des ganglions. Lors des stades tumoraux avancés, la probabilité de trouver des métastases para-aortiques ou sus-claviculaires est
nettement plus élevée. Dans ce cas, le PET/(CT)
s’est avéré très utile (fig. 6 x) [16]. L’identification de métastases ganglionnaires dans le petit
bassin, au niveau para-aortique et sus-claviculaire, a une grande importance pour le pronostic et le traitement. Dans la radiothérapie
moderne, les données du PET/CT permettent de
planifier le traitement de la tumeur primaire et
des métastases ganglionnaires.
Carcinome ovarien
Figure 5
Détection de trois carcinomes synchrones par PET/CT:
carcinome du bord de la langue à droite (tête de la
flèche), carcinome de l’hypopharynx droit (petite
flèche) avec métastases ganglionnaires cervicales
ipsilatérales et carcinome bronchique du lobe pulmonaire droit (tumeur de Pancoast, longue flèche).
sible par PET/CT. Des études sont en cours visant
à déterminer si la biopsie du ganglion sentinelle
est une méthode capable de s’imposer aussi au
niveau cervico-céphalique. On peut recourir au
PET/CT lorsqu’on recherche, en présence de métastases ganglionnaires cervicales, une tumeur
primaire au niveau du cou alors que les examens
cliniques et l’endoscopie sont négatifs. De nombreux carcinomes ORL sont traités avant tout par
chimio- ou radiothérapie.
Dans la radiothérapie moderne, les informations
fournies par PET/CT peuvent être utilisées pour
la planification des doses et le contrôle du traitement. Le PET/CT, effectué au moins six à huit
semaines après la fin de la radiothérapie, a
une valeur prédictive négative très élevée, ce qui
signifie qu’en cas de PET négatif, la persistance
de tumeur peut être exclue avec certitude. Même
les premières études sur le diagnostic des récidives de carcinome ORL après traitement sont très
prometteuses.
Le carcinome ovarien a été admis dans le catalogue des prestations obligatoires des caissesmaladies. Le carcinome ovarien épithélial représente la cinquième cause de décès dus au cancer
chez la femme. Puisque le diagnostic est souvent
posé trop tard, son pronostic est fréquemment
mauvais. Dans la surveillance, l’élévation du
marqueur tumoral CA 125 représente une méthode sensible permettant de dépister les récidives. Les dernières études montrent que le PET/
CT permet de reconnaître le site de récidive plus
tôt et de manière plus précise qu’au moyen des
méthodes conventionnelles comme le CT, l’IRM
ou le PET seuls. Par rapport au CT, PET/CT diagnostique plus souvent une extension plus marquée de la tumeur. Les résultats du PET/CT ont
entraîné une modification du traitement chez
58% des patients [17].
Carcinome du col
Le carcinome du col fait désormais partie du catalogue de prestations obligatoires des caissesmaladies. Il est clair que, avec l’introduction de
la vaccination contre le papillomavirus, on s’attend à une diminution du taux de carcinome du
col; cependant, pour l’instant, le carcinome du
col reste une tumeur fréquente chez la femme.
Le PET/CT ne peut pas être recommandé pour le
staging des petites tumeurs primaires (stade IA
Figure 6
Carcinome du col avec métastases ganglionnaires
sus-claviculaires gauches (longue flèche), métastases
ganglionnaires rétro-péritonéales (petite flèche)
et métastases ganglionnaires dans le petit bassin
(tête de la flèche).
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Carcinome du pancréas
Carcinome de la thyroïde
Le carcinome du pancréas fait désormais partie
du catalogue de prestations obligatoires des caisses-maladies. Le carcinome pancréatique a généralement un mauvais pronostic. La résection
curative (R0) représente le seul traitement potentiellement curatif du carcinome du pancréas.
La chirurgie pancréatique est une intervention
lourde qui peut entraîner des complications importantes et coûter cher. Pour cette raison, la sélection des patients en mesure d’être traités par
la chirurgie revêt une importance décisive. La
tâche essentielle du PET/CT consiste à exclure ou
à détecter des métastases éloignées. L’extension
locale du carcinome pancréatique ne peut être
évaluée qu’en association avec un CT diagnostique avec administration de produit de contraste,
car la question de l’infiltration vasculaire est
décisive et le PET à lui seul ne permet pas d’y
répondre. Le PET/CT a fait ses preuves dans le
staging du carcinome du pancréas: c’est une
méthode utile qui a entraîné une modification du
traitement dans 16% des cas, par rapport au staging habituel par CT seul et ultrason endoscopique. En outre, le PET/CT a permis de réduire le
coût du staging préopératoire lors de carcinome
pancréatique [18]. Le PET/CT est très prometteur
lorsqu’il s’agit d’évaluer la réponse du carcinome
du pancréas à la chimiothérapie néoadjuvante
ou palliative. Après une intervention chirurgicale
du carcinome pancréatique, la distinction entre
tissu cicatriciel et récidive locale par CT seul peut
être très difficile. Chez les patients avec élévation
du marqueur tumoral CA 19-9, le PET/CT est une
bonne méthode permettant de localiser des récidives ou des métastases (fig. 7 x) [19].
Le carcinome de la thyroïde fait partie du catalogue de prestations obligatoires des caissesmaladies. Le traitement standard du carcinome
différencié de la thyroïde consiste en une thyroïdectomie totale suivie d’une radiothérapie
par I-iode131. Le carcinome de la thyroïde peut,
durant son évolution, se dédifférencier et perdre
sa capacité à capter l’iode. Lorsque le marqueur
tumoral est élevé (thyroglobuline) et en cas de
scintigraphie négative, on utilise un FDG-PET/
CT. La scintigraphie à l’iode et le FDG-PET/CT
ont un comportement complémentaire dans le
sens où les métastases du carcinome de la thyroïde qui ne captent pas d’iode captent en général le FDG [20]. Ainsi, il est possible de localiser
les métastases au PET/CT et, le cas échéant, de
les éliminer.
Figure 7
Recherche de récidives après opération d’un
carcinome du pancréas et élévation du marqueur
tumoral CA 19-9. Dépistage d’une petite récidive
rétro-péritonéale (flèche).
Perspectives
Avec l’augmentation du taux de cancers dans le
monde et en Suisse, on peut s’attendre à recourir de plus en plus aux examens PET/CT pour le
staging et le contrôle du traitement. La poursuite
du développement aussi bien des composantes
du PET que de celles du CT entraînera l’avènement de systèmes PET/ CT encore plus performants. Le premier appareil PET/CT avec 64 barrettes CT est déjà installé en Suisse. La durée de
scan pur diminuera progressivement, ce qui entraînera un meilleur confort pour le patient. La
méthode «one stop-shop imaging» ou examen du
corps entier en un seul examen en combinant le
PET métabolique et les informations du CT morpho-anatomiques peut être utilisée pour de nombreuses tumeurs. Le FDG est un traceur efficace
et éprouvé pour le PET, et il convient à l’examen
de la plupart des types de tumeurs malignes. A
l’avenir, on doit s’attendre au développement de
produits radiopharmaceutiques encore plus spécifiques des tumeurs pour le diagnostic et le traitement de celles-ci. Le rôle des produits radiopharmaceutiques relativement récents comme
le 18F-fluor dans le diagnostic des métastases
osseuses, de la 18F-fluoroquinoline dans le carcinome de la prostate, de la 18F-dopa lors de carcinomes neuro-endocriniens – pour n’en nommer que quelques-uns – est actuellement évalué
dans le cadre d’études prospectives. On doit en
outre s’attendre à ce que le PET/CT soit de plus en
plus utilisé dans le contrôle du traitement. Les procédures radiothérapeutiques modernes comme
l’IMRT (intensity modulated radiation therapy)
recourent de plus en plus aux informations PET/
CT pour une planification plus efficace. Comme
il s’agit d’une méthode relativement onéreuse
et toujours disponible dans une mesure limitée,
l’efficacité du PET/CT sur les coûts doit être confirmée par de plus amples études.
CURRICULUM
Forum Med Suisse 2007;7:270–277
277
Références
Correspondance:
Dr Klaus Strobel
Klinik und Poliklinik
für Nuklearmedizin
UniversitätsSpital Zürich
Rämistrasse 100
CH-8091 Zurich
[email protected]
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