collection “A la découverte des religions”
NOTES - BOUDDHISME
LE BOUDDHISME: RELIGION OU PHILOSOPHIE?
La question de savoir si la voie bouddhique constitue une religion ou une philosophie appelle au moins trois remarques
préliminaires. D’une part, il existe une dichotomie entre religion et philosophie propre à l’Occident héritier du siècle des Lumières,
qui hésite aujourd’hui encore à intégrer les philosophies hindoues, bouddhistes ou musulmanes à l’histoire de la philosophie,
entendue au sens occidental. D’autre part, il est une réalité historique que l’on ne saurait négliger: la tradition bouddhiste n’a été
connue que tardivement en Occident et au travers d’auteurs plus attentifs à la production littéraire qu’à la pratique quotidienne.
Enfin, on rencontre dans nos sociétés un nombre croissant de personnes qui, tout en s’étant détournées des religions
traditionnelles, n’en cherchent pas moins une voie de sagesse, ce que le bouddhisme est effectivement.
Cependant, dès lors que l’on renonce à définir la religion comme la croyance en un Dieu créateur, sur le modèle du monothéisme
abrahamique, le bouddhisme revêt toutes les caractéristiques d’une religion; il suffit pour s’en convaincre de se souvenir qu’il a
débuté par la vénération des reliques du Bouddha, que le monachisme en est la pièce maîtresse, qu’il s’est divisé sur des
questions de pratiques autant que de doctrines et que la piété populaire n’a jamais manqué.
Jean-Claude Basset
© Editions Enbiro, Lausanne (Suisse) 2012
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NOTES - BOUDDHISME
LES PRINCIPES DE BASE DU BOUDDHISME
Pour les bouddhistes, l’existence est samsara, un cycle de renaissances marquées par la souffrance – duhkha, qui découle de
l’imperfection” ou de “l’impermanence” des choses. Les actes accomplis pendant chacune de ces vies déterminent la suivante. Ce
concept est exprimé par le terme de karma.
Les principes de base du bouddhisme reposent sur les quatre nobles vérités énoncées par Siddharta Gautama le Bouddha dans
sa première prédication, le “sermon de Bénarès”, texte reconnu par l’ensemble des écoles bouddhiques:
«Tout est souffrance». Cette constatation fondamentale souligne les limitations, l’insuffisance, l’insécurité, et donc
l’instabilité ainsi que l’insatisfaction perpétuelle de l’existence humaine.
1.
L’origine de la souffrance est à rechercher dans la soif (trishna) – soit le désir avide de jouir de la vie et de ses plaisirs –,
mais aussi dans l’ignorance ou encore dans la haine.
2.
Il y a une libération possible de la souffrance. Cette cessation de la douleur est le nirvana (littéralement «extinction»), un
état d’apaisement et de quiétude parfaite sans aucun désir, où la soif (trishna) n’est plus.
3.
L’issue est dans le suprême détachement. Pour y parvenir, il existe un chemin en huit étapes appelé le noble octuple
sentier. Il correspond à la voie du milieu [voir ci-après], qui s’éloigne des extrêmes (satisfaction des désirs et ascèse). Trois
étapes de ce chemin constituent la morale – sila: la parole juste (ni mensonge, ni médisance, ni altercation), l’action juste
(ne rien faire de nuisible à autrui mais au contraire aider chacun à se réaliser) et le moyen d’existence juste (gagner sa vie
honnêtement en évitant tout comportement injuste). La morale ouvre à la concentration et à la sagesse finale.
4.
La voie du milieu
Un moine doit éviter deux extrêmes: s’attacher aux plaisirs des sens, ce qui est bas, vulgaire, terrestre, ignoble et qui engendre
de mauvaises conséquences, et s’adonner aux mortifications, ce qui est pénible, ignoble et engendre de mauvaises
conséquences. En évitant ces deux extrêmes, ô moines, le Bouddha a découvert le chemin du milieu qui donne la vision, la
connaissance, qui conduit à la paix, à la sagesse, à l’éveil et au nirvana. […] C’est le noble chemin octuple, à savoir: la
compréhension juste, la pensée juste, la parole juste, l’action juste, le moyen d’existence juste, l’effort juste, l’attention juste et la
concentration juste.
Dhamma-Cakkappavattana-Sutta
Collectif Enbiro et Jean-Claude Basset
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NOTES - BOUDDHISME
LES PRINCIPAUX COURANTS DU BOUDDHISME
Le bouddhisme theravada (=voie des anciens”, du nom d’une de ses branches les plus anciennes), appelé aussi hinayana, est
pratiqué essentiellement en Asie du sud et du sud-est (du Sri-Lanka à l’Indonésie, en passant par le Myanmar, la Thaïlande, le
Laos et le Cambodge). En Inde, de par la volonté de l’empereur Ashoka (vers 250 avant notre ère), il était devenu pour un temps la
religion officielle.
Le theravada ne reconnaît pas de divinité suprême et considère le Bouddha comme le maître qui a montré la voie vers la libération
du cycle des renaissances (samsara) et la suppression de la douleur. Cette école est attachée à l’enseignement des quatre nobles
vérités et de l’octuple sentier; elle réserve l’accès de l’éveil (bodhi) et de l’extinction (nirvana) aux seuls religieux, les laïques
devant acquérir suffisamment de mérites dans leurs vies successives avant d’espérer échapper au cycle des renaissances.
Le bouddhisme dit du “grand véhicule” ou mahayana (“grand moyen de progression” vers la délivrance) se développa au début
de notre ère. Implanté en Extrême-Orient, il ajoute des intermédiaires pour accompagner les humains dans leur libération: les
bodhisattvas ou “futurs bouddhas”. Ces derniers ont atteint l’éveil, mais ils reportent leur entrée dans le nirvana, s’attardant
volontairement chez leurs frères et sœurs humains pour les aider.
Aux VIeet VIIesiècles de notre ère, un bouddhisme d’inspiration mahayana gagne la Chine, la Corée et le Japon. Grâce à un
remarquable travail d’interprétation et d’adaptation, au contact du Tao et de la culture chinoise ou encore du shinto, il finit par
s’imposer et même produire de nouvelles écoles, parmi lesquelles le Chan chinois devenu le Zen japonais.
Le Zen rejette tout recours à des pratiques rituelles telles que les incantations ou la vénération des images pour s’en tenir à la
quête personnelle et exigeante de la seule vérité ultime par la concentration dans la plus grande simplicité telle que la méditation
assise ou zazen. A l’opposé, les écoles dites de la Terre Pure se sont développées au Japon autour de la vénération du Bouddha
Amitabha – Amida en japonais – qui a fait le vœu d’accueillir dans sa Terre pure ou Pays de bouddha qui fait office de seuil du
nirvana, toute personne qui l’invoque ne serait-ce qu’une fois avec foi ou confiance. La libération découle non de l’effort humain et
de la morale, mais des mérites accumulés du Bouddha Amida.
Le “véhicule du diamant” (vajrayana) est plus souvent nommé bouddhisme tantrique (de tantras, livres sacrés ésotériques) ou
bouddhisme tibétain, puisqu’il est pratiqué presque exclusivement dans cette région du monde.
Prolongement du bouddhisme mahayana, le bouddhisme tantrique vise à développer la compassion pour tous les êtres (l’idéal du
bodhisattva). Son but est d’obtenir l’éveil le plus rapidement possible – en une seule vie idéalement – pour pouvoir aider tous les
êtres qui vivent dans la souffrance.
Le bouddhisme tantrique sollicite non seulement l’esprit (par la méditation et la visualisation de déités ou de mandalas), mais aussi
la parole (par la récitation de mantras, qui facilite l’accès à la connaissance) et le corps (par des exercices physiques, qui ont
essentiellement trait à la respiration).
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NOTES - BOUDDHISME
LES RITES ET LES PRATIQUES BOUDDHIQUES
Lors de sa première prédication, le “sermon de Bénarès”, le Bouddha ne s’adressa pas à la foule, mais à cinq moines. Ce fait
significatif fixe le caractère véritable du bouddhisme primitif: c’est une doctrine qui ne vise pas à gagner l’adhésion de la masse –
les discours du Bouddha ne s’adressent à des laïques que dans des cas extrêmement rares – mais qui présuppose, pour être
comprise et suivie, l’état monacal. Il n’est donc pas de culte pour les fidèles analogue à celui que l’on peut rencontrer dans la
plupart des religions. Cependant, à mesure que le bouddhisme se propageait dans les masses populaires, le besoin se fit sentir
d’exprimer par des manifestations extérieures la vénération que l’on portait à son fondateur.
Une véritable tradition s’institua, qui revêtit les formes de la dévotion populaire (culte des reliques et des statues). Puis, un
calendrier liturgique se constitua, dont les principales fêtes commémorent les grands moments de la vie du Bouddha.
Aujourd’hui, les familles pieuses ont coutume de demander la bénédiction d’un moine en de nombreuses occasions: lorsqu’un
enfant prend son nom, lors des mariages, à l’achat d’une maison ou d’une nouvelle voiture. Quant aux enfants, ils s’imprègnent des
règles du bouddhisme dès leur plus jeune âge. En Thaïlande notamment, la plupart des garçons adolescents passent quelques
mois dans un monastère. Ils y gagnent des mérites pour leur famille.
La religion bouddhiste se pratique dans les temples et les monastères, où les moines se consacrent activement à l’étude des
écritures et à la méditation. Ils assurent aussi des offices religieux publics ou privés et organisent diverses manifestations
culturelles et éducatives.
Les plus fervents adeptes du bouddhisme se rendent régulièrement au temple pour pratiquer collectivement la méditation ou pour
chanter des sutra. Ils formulent leurs souhaits, les mains jointes, debout devant une image ou une statue représentant une divini
du panthéon bouddhique. Les moins fervents se rendent généralement au temple pour assister à des cérémonies funéraires ou à
des rituels honorant les morts.
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NOTES - BOUDDHISME
LA VIE DU BOUDDHA: HISTOIRE ET TRADITIONS
Les noms du Bouddha
Le titre de Bouddha signifie «éveillé». Le Bouddha historique le doit à son expérience d’éveil – bodhi – qui l’inscrit dans la
succession des bouddhas qui se manifestent à travers les âges pour conduire l’humanité vers sa libération; d’autres viendront
lorsque son enseignement sera perdu. Son nom personnel est Siddharta ce qui signifie «but atteint», mais il est aussi connu sous
le nom de sa famille Gautama ou encore sous le titre de Shakyamuni, sage du clan des Shakkya. Ses disciples l’ont souvent
appelé Bhagavat, «Seigneur ou Bienheureux»; lui-même avait recours à l’expression énigmatique de Tathagata, littéralement,
«celui qui est parvenu» (à la vérité).
Le Bouddha et le Christ
Sur le plan de l’histoire des religions, on peut développer une intéressante comparaison entre, d’un côté, le rapport que le Jésus
historique entretient avec le Christ de la foi chrétienne et, de l’autre côté, le rapport de Siddharta Gautama avec le Bouddha de
l’enseignement bouddhiste. En effet, l’un et l’autre n’ont laissé aucun écrit. De plus, dans les deux cas, la grande majorité des
témoignages qui nous sont parvenus proviennent des communautés elles-mêmes. Nos informations dépendent donc du
témoignage de leurs disciples animés par un double souci: ils cherchent à la fois à exalter la figure de celui qu’ils reconnaissent
comme leur Maître et à calquer le récit de sa vie sur un modèle qui le distingue de l’humanité commune. Mais il y a quelques
différences de taille: les quatre évangiles incorporés au canon biblique ont été rédigés une ou deux générations après les
événements et font preuve d’une grande sobriété dans le registre du merveilleux (d’où une certaine fiabilité historique), tandis que
les récits sur Bouddha ont été composés sur des siècles et constituent une littérature secondaire par rapport aux trois corbeilles.
Histoire et récits
S’il convient de garder à l’esprit la distinction entre histoire et tradition, deux éléments militent contre une opposition terme à terme.
Primo, les sources mêlent étroitement données historiques, récits légendaires, élaborations doctrinales et embellissements
populaires, au point que toute reconstruction purement historique ne peut reposer que sur des hypothèses qui reflètent pour une
part importante l’opinion de leur auteur, fut-il historien. Secondo, si la vie de Siddharta Gautama, à la différence d’autres maîtres
spirituels de l’époque, nous est un tant soit peu connue, c’est précisément parce qu’elle a été portée, transmise, reprise, par une
communauté qui a reconnu dans son message et son action une voie qui donnait un sens nouveau à l’existence humaine.
Siddharta Gautama dans son contexte
L’histoire événementielle n’est pas le point fort de la tradition indienne et l’on discute encore des dates exactes de la vie de
Siddharta Gautama, traditionnellement fixée entre ±560 (ou 563) et ±480 avant notre ère. Le cadre géographique est celui des
contreforts de l’Himalaya et de la plaine du Gange à la hauteur de Bénarès (aujourd’hui Varanasi). Sa famille appartient à
l’aristocratie du village de Kapilavastu, à la frontière indo-népalaise; elle se trouve à la tête d’une petite principauté souvent en
guerre avec ses voisins. Siddharta Gautama s’est détourné d’une carrière politique pour mener une quête spirituelle qui le conduit
à se distancer progressivement de sa tradition hindoue d’origine.
Au VIesiècle avant notre ère, l’Inde religieuse est dominée par les brahmanes, la première et la plus importante des castes
hindoues. Cependant, des voix s’élèvent contre leur prédominance, notamment du côté des maîtres spirituels qui recherchent de
nouvelles techniques pour accéder à la libération du poids du karma et du cycle des réincarnations. Siddharta peut être considéré
comme l’un d’entre eux, même si comme son contemporain, le Mahavira, fondateur du jaïnisme, il est progressivement conduit à
rejeter certains aspects importants de l’héritage hindou, tels que l’importance des dieux, l’existence d’une âme, l’organisation des
castes ou encore la pratique d’une ascèse [voir encadré à la fin de la note] intense.
Après avoir vécu une expérience spirituelle décisive, l’éveil – bodhi, qui lui fait porter un nouveau regard sur l’existence et le libère
du cycle des renaissances, il devient prédicateur itinérant. Au fil des ans, il gagne un nombre grandissant d’adeptes et reçoit le
soutien de différents pouvoirs politiques locaux. Par ailleurs, il organise une véritable communauté monastique avec des hommes
et des femmes consacrant leur vie à le suivre. Cependant, dans les dernières années de sa vie, les règles établies n’ont pas
empêché des dissensions parmi les moines, ceux-là même qui se chargeront de perpétuer l’enseignement du Maître.
Les étapes de la vie du Bouddha
La tradition articule la vie du Bouddha autour de cinq événements associés à autant de lieux de pèlerinages bouddhistes:
La naissance à Lumbini après une conception miraculeuse et une délivrance sans souffrance ni souillure pour sa mère,
morte 7 jours plus tard.
1.
La jeunesse idéalisée à Kapilavastu jusqu’à l’âge de 28 ans où Siddharta prend conscience de la souffrance humaine (en
découvrant successivement un mendiant, un malade et un cadavre) et quitte brutalement sa famille, son épouse et son tout
jeune fils pour trouver une réponse au sens de l’existence.
2.
L’éveil à Uruvela, aujourd’hui Bodhgaya, à l’âge de 35 ans, au terme d’une quête spirituelle menée d’abord dans la tradition
hindoue avec d’autres compagnons dans une ascèse de plus en plus rigoureuse que Siddharta finit par abandonner pour
3.
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