rigidités. Par exemple, les locaux dans lesquels nous sommes aujourd’hui sont
anciens, cependant il y a eu une évolution dans notre manière de les habiter. Les
infrastructures sont plus longues à bouger que les modes de vie.
Pour découpler le lien entre croissance et demande d’énergie, nous parlons souvent
d’efficacité : il s’agit de s’appuyer sur le progrès technique pour développer des
usages plus efficaces. C’est une question que nous savons assez facilement
appréhender, elle renvoie aux notions d’investissement, de rentabilité ou encore de
prise de décision.
Au-delà des techniques, nous avons donc également parlé de sobriété mais sans
avoir une définition commune de ce concept. Elle est souvent définie en négatif : tout
ce qui n’est pas l’efficacité, la technologie. La sobriété ce serait le découplage
entre l’usage et la consommation sans l’efficacité. Ceci renverrait à une notion de
comportement individuel, comme ne pas prendre sa voiture pour faire les courses. La
sobriété serait alors soit une démarche personnelle, éthique et morale soit/et une
démarche de contrainte des individus par les politiques publiques (nous disposons
alors d’instruments comme les normes ou les instruments économiques qui ont aussi
un impact sur les comportements).
En faisant de la sobriété une stricte démarche individuelle plusieurs difficultés se
posent: doit-on changer les comportements ? La discussion sur l’étalement urbain
illustre cette difficulté. Dans le débat parisien, certains disaient qu’il faut ralentir cet
étalement tandis que pour d’autres, ce serait le sens de l’histoire, ce que les citoyens
veulent. Mais dans le débat local, les élus ne comprennent pas ce questionnement
car c’est une évidence pour eux que l’étalement est un problème et qu’il faut
intervenir. La question est : Comment? Les politiques publiques sont pour l’instant
impuissantes.
Contrairement à d’autres biens comme les produits agricoles qui répondent à un
besoin fondamental (alimentation), l’énergie n’est pas un besoin. Nous consommons
d’abord des services pour répondre à un besoin de confort thermique, d’éclairage. La
société n’a pas besoin de l’énergie en soi mais de services pour la santé, la
mobilité ou la culture. L’énergie n’est qu’une façon de satisfaire ces besoins. La
déconnexion entre la consommation énergétique et les services dépend de la façon
dont nous nous organisons. Par exemple, cela relève moins d’une punition de ne pas
prendre sa voiture quand on travaille à côté et que les commerces sont à proximité.
Le comportement individuel est inscrit dans une infrastructure urbaine et dans un
temps du travail, ce qui a une influence énergétique.
La question « faut-il changer les comportements ? » est imbécile. Évidemment les
comportements changent, nous sommes différents de nos grands-parents. Il faut
donc comprendre ce mouvement et la question devient : comment voulons-nous
influer sur ce changement pour l’inscrire dans le projet de transition énergétique ? A
la dimension individuelle et de contrainte, doit s’ajouter une dimension d’organisation
collective de la sobriété : d’où l’importance des collectivités locales qui sont des
acteurs primordiaux pour façonner notre quotidien, laisser place à nos aspirations et
inventer des solutions.
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