Etude rédigée par : Olivier BIZIMANA et Axelle LACAN
olivier.bizimana@ @credit-agricole-sa.fr ; [email protected]
Internet : http://www.credit-agricole.com - Etudes Economiques
N° 5
Mars 2010
France : récession historique, chômage atypique
La récession traversée a été historique, la dynamique du chômage
sera-t-elle, de ce fait, atypique ?
Fin 2009, la France affiche pour le troisième trimestre consécutif un taux de croissance positif
(+0,6 % t/t). Pourtant, les derniers chiffres relatifs à l’emploi restent déprimés. En janvier, le nombre de
demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi de catégorie A s’établit ainsi à 2 664 600. Il augmente par
rapport à la fin décembre 2009 (+0,7 %, soit +19 500). Sur un an, il croît de 16,1 %. Dans ce contexte,
d’importantes questions se font jour : sous quel délai le taux de chômage va-il diminuer ? quel taux de
croissance du PIB permettra cette baisse ? le chômage gardera-t-il des séquelles de la « grande » récession
de 2008 ? Historiquement, l’amélioration de l’activité se répercute avec un décalage de douze à vingt-
quatre mois sur le taux de chômage. Mais, compte tenu de la mollesse de la reprise actuelle et de
l’ampleur du choc que nous avons subi, ce délai sera prolongé. Les résultats des équations d’Okun
suggèrent que le taux de croissance requis pour stabiliser le taux de chômage en France a certes baissé au
cours des dernières années, mais il reste important (1,7 %). Plus que la croissance prévisible. Au vu de ce
contexte économique pourtant très hostile, la dégradation du marché de l’emploi est restée
particulièrement modérée. Revers de la médaille : elle en sera d’autant plus persistante.
L’ampleur de la récession de l’économie française
en 2008-2009 soulève des questions quant à ses
effets sur le marché du travail et leurs persistances.
Au cours de la récente récession, le taux de
chômage a en effet augmenté de 1,5 point entre le
1er trimestre 2008 (pic d’activité) et le 1er trimestre
2009 (point bas de l’activité), alors que le PIB a
chuté de 3,5 % sur la même période. En d’autres
termes, la hausse du taux de chômage semble avoir
été relativement modérée, au regard de l’ampleur de
la chute d‘activité. En moyenne, pour chaque baisse
d’un point du PIB, le taux de chômage a augmenté
de 0,4 point.
Par ailleurs, l’économie française semble sortie de
récession. Les derniers chiffres de croissance du PIB
français ont en effet confirmé la poursuite du
redressement de l’activité économique au
4e trimestre 2009 (+0,6 % t/t, après +0,2 % au
3e trimestre). Mais, dans le même temps, le taux de
chômage a continué d’augmenter, à 9,6 % au
4e trimestre 2009 selon les statistiques publiées par
l’INSEE. Les données publiées par Eurostat indiquent
que le taux de chômage a continué d’augmenter en
début d’année 2010, à 10,1 % en janvier.
Dans ce contexte de reprise, après une profonde
récession, quatre questions sont aujourd’hui posées :
(i) sous quel délai le chômage réagira à la reprise de
l’activité ? (ii) quel taux de croissance du PIB permet
de faire baisser le taux de chômage en France ?
(iii) la récession traversée a été historique, la
dynamique du chômage sera-t-elle, de ce fait,
atypique ? (iv) enfin, comment stimuler l’emploi ?
Leçon de quatre épisodes de retournement conjoncturel :
le chômage est en décalage avec l’activité
2
Quel taux de croissance permet de réduire le taux de chômage ? 3
A récession historique… dynamique du chômage atypique 5
L’enjeu de la politique économique : comment stimuler l’emploi ? 8
Quatre conclusions 9
N° 5 – Mars 2010 2
Leçon de quatre épisodes de retournement
conjoncturel : le chômage est en décalage
avec l’activité
Pour comprendre le décalage entre activité et
chômage, nous allons analyser rapidement les
récentes périodes de retournement conjoncturel en
France.
A chaque épisode de retournement conjoncturel, il a
fallu attendre un certain temps avant que la reprise
économique n’impacte le chômage.
a. Le choc pétrolier de 1974 : Le PIB atteint son
point bas au 1er trimestre 1975. La hausse du
chômage s’est amplifiée à compter du 2e trimestre
de la même année. A l’été 1975, il y avait plus d’un
million de demandeurs d’emploi en France.
L’économie française est sortie de récession au
3e trimestre 1975. Le chômage a diminué un an
après.
b. Le « second choc pétrolier » de 1980 : Le pic
d’activité est daté au 1er trimestre 1980. L’activité en
France ralentit ensuite nettement. La France sort de
récession au 1er trimestre 1981, le chômage
diminuant dès le 2e trimestre de la même année.
c. La récession de 1992-1993 (choc pétrolier à la
suite de la 1re Guerre du Golfe, réunification
allemande, tensions au sein du Système Monétaire
Européen). Nous datons le début de la récession au
1er trimestre 1992. Le chômage s’est amplifié à partir
du 4e trimestre 1992. La France est sortie de
récession au 2e trimestre 1993. Le chômage a
commencé à diminuer au 3e trimestre 1994.
d. La quasi-récession de 2001 (éclatement de la
bulle Internet) : le PIB a atteint son point bas en fin
d’année 2001. L’économie française n’est pas entrée
en récession au sens technique du terme (deux
trimestres successifs d’évolution négative du PIB),
mais l’activité a subi un fort ralentissement.
L’économie s’est redressée au 3e trimestre 2001,
mais a connu une rechute. Le chômage a commencé
à diminuer deux ans après.
e. La « grande » récession de 2008 : nous datons le
début de la récession au 1er trimestre 2008. Le
chômage a accéléré au 4e trimestre de la même
année (7,4 % au 3e trimestre 2008 à 7,8 % au
4e trimestre, puis 8,6 % au 1er trimestre 2009). La
France est sortie de récession au 2e trimestre 2009.
Le chômage n’a pour l’instant pas montré de signes
de recul.
Tableau 1 : retournement conjoncturel et chômage
Début Trimestres de
décalage
T3 1974 T3 1975 V T3 1976 4
T1 1980 T1 1981 V T2 1981 1
T1 1992 T2 1993 V T3 1994 5
T1 2001 T3 2001 W T3 2003 8
T1 2008 T2 2009 a priori ??
Source: CA
* Prévisions Crédit Agricole S.A. 2010-2011
Pic d'activi Sortie de
récession
Type de
reprise
Diminution du chômage
Par ailleurs, les évolutions du chômage en sortie de
récession peuvent dépendre de la forme ou de
l’intensité de la reprise.
Pour évaluer ce facteur, nous avons défini trois
formes de reprise : V, W ou . Nous avons qualifié
de reprise en V une période de quatre trimestres de
taux de croissance positifs suite à un épisode de
récession (ou de quasi-récession comme en 2001).
Si, à la sortie de récession, le PIB fléchit avant
d’avoir augmenté pendant quatre trimestres
consécutifs, nous parlerons
de reprise en W. Enfin, si le
rythme de progression du
PIB est inférieur à celui
d’avant la baisse de
l’activité et que la
croissance n’accélère pas,
on parlera alors de reprise
en .
En moyenne, dans le cadre
d’une reprise en V, il faut
attendre environ un an
pour que l’amélioration de
l’activité se répercute sur le
taux de chômage (réces-
sions de 1974 et 1992).
Dans le cas d’une reprise
en W (quasi-récession en
2001), la baisse du taux de
chômage met plus de
temps avant de réagir (deux
France : sortie de récession et évolution du chômage
-3,6
-2,6
-1,6
-0,6
0,4
1,4
2,4
3,4
4,4
5,4
75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 01 03 05 07 09
-1,7
-1,3
-0,9
-0,5
-0,1
0,3
0,7
1,1
1,5
1,9
PIB, a/a, % Taux de chômage, a-a en point de %, (ech. dr.)
a/a, % a-a, points de %
Sources : Insee, CA
Choctrolier de 1974
Récession de 1993 Quasi-récession
de 2001
Grande récession
de 2008
2nd choctrolier de 1980
N° 5 – Mars 2010 3
ans). Pour l’instant, l’économie française n’a pas
encore connu de reprise en . Toutefois, selon nos
prévisions, c’est à ce profil de reprise que nous
sommes actuellement en train d’assister. Il faut donc
s’attendre à un délai de répercussion relativement
long sur le chômage dans le contexte actuel.
L’estimation du taux de croissance nécessaire en
France pour réduire le taux de chômage vient
conforter cette analyse.
Quel taux de croissance permet de réduire
le taux de chômage ?
La relation entre la croissance du PIB et celle du
taux de chômage est généralement décrite dans la
littérature par la « loi d’Okun » 1. La relation de base
d’Okun permet d’appréhender la corrélation entre la
croissance du PIB et les mouvements du taux de
chômage. Autrement dit, elle permet de relier les
évolutions de l’activité et celles du taux de
chômage.
Elle est exprimée sous la forme suivante :
ΔUt= α + β *ΔPIBt
ΔUt est la variation du taux de chômage et ΔPIBt le
taux de croissance du PIB.
Le paramètre β est appelé « coefficient d’Okun ».
Ce dernier est négatif, de sorte qu’une accélération
de la croissance du PIB correspond à une baisse du
taux de chômage. Inversement, une baisse ou un
ralentissement de l’activité se traduit par une montée
du taux de chômage. Le ratio « -α/β » donne le taux
de croissance du PIB compatible avec un taux de
chômage stable. En d’autres termes, il s’agit d’un
« seuil critique », soit le rythme de progression de
l’activité nécessaire pour maintenir un niveau donné
de taux de chômage.
Les calculs du coefficient d’Okun sur longue
période
Le tableau 2 présente les estimations des équations
d’Okun pour la France ainsi que les principales
économies de la zone euro (Allemagne, Italie et
Espagne), le Royaume-Uni, les Etats-Unis et le Japon
sur la période 1970-2007.
1 Il s’agit davantage d’un fait stylisé que d’une théorie. En se
basant sur des données américaines portant sur la période 1948-
1960, Arthur Okun a ainsi montré qu’une stagnation du PIB était
associée à une hausse du taux de chômage de 0,3 point de
pourcentage. Voir A.M. Okun (1962), "Potential GNP: Its
measurement and significance", Proceedings of American
Statistical Association.
Pays α
β
-
α
/
β
Allemagne 0,18 -0,06 0,28 3,04
(4,82)*** (-4,91)***
France 0,17 -0,06 0,18 3,05
(5,76)*** (-4,21)***
Italie 0,06 -0,02 0,02 3,16
(-1,47) (-1,51)
Espagne 0,55 -0,18 0,51 2,99
(8,87)*** (-10,51)***
UEM (a) 0,26 -0,13 0,68 2,03
(9,26)*** (-12,92)***
Royaume-Uni 0,24 -0,09 0,55 2,51
(5,29)*** (-5,87)***
Etats-Unis 0,33 -0,11 0,52 3,00
(6,75)*** (-7,93)***
Japon 0,06 -0,01 0,11 4,22
(3,04)*** (-3,37)***
Source: Estimation CA.
*** (**, *) significatif au seuil de 1 (5, 10) %.
U: taux de chômage ; PIB: PIB réel; β=coefficient d'Okun.
Tableau 2 : Estimation des équations d'Okun
riode d'estimation: T1 1970 - T4 2007
Les statistiques de Student sont entre parenthèses.
sur longueriode
U=α+β ln(PIB)+ε
-α/β : taux de croissance du PIB réel nécessaire pour
réduire le taux de chômage. (a) : période d'estimation :
1991-2007
Selon les résultats des estimations, pour la
France, une croissance nulle du PIB au cours d’un
trimestre (β=0) est associée à une hausse du taux de
chômage de l’ordre de 0,17 point de pourcentage
sur le trimestre.
Le taux de croissance du PIB compatible avec un
taux de chômage constant est de l’ordre de 3,1 %.
Un taux de croissance du PIB supérieur à ce rythme
coïncide donc à une baisse du chômage.
Inversement, un rythme de croissance plus faible
induit une hausse du taux de chômage.
En résumé, la valeur du coefficient d’Okun
implique que pour chaque point de pourcentage au
dessus de 3,1 % (« -α/β ») est associée une baisse du
taux de chômage de 0,06 point de pourcentage
β »).
Les résultats de la France sont similaires à ceux de
l’Allemagne. En revanche, on constate qu’une
stagnation du PIB aux Etats-Unis et au Royaume-Uni
entraîne une hausse du taux de chômage plus
importante qu’en France ou qu’en Allemagne :
chaque point de croissance au-dessus du seuil
critique crée plus d’emplois aux Etats-Unis et au
Royaume-Uni (environ 0,3 point de pourcentage)
qu’en France ou en Allemagne (0,17 point). Ceci
tient à un marché du travail plus flexible aux Etats-
Unis et au Royaume-Uni : les entreprises ajustent
plus facilement leurs effectifs aux évolutions de la
conjoncture.
N° 5 – Mars 2010 4
La hausse du coefficient d’Okun dans la période
récente
L’estimation des équations d’Okun sur la période
récente (1997-2007) indique que les caractéristiques
de l’économie française, et plus généralement des
autres pays européens de tailles comparables
(Allemagne en particulier) ont changé (voir
tableau 3) :
Le seuil de croissance au-dessus duquel
l’économie française crée des emplois a baissé de
3,1 % à 1,7 % depuis la fin des années 1990.
• Le coefficient d’Okun a augmenté : pour chaque
point de pourcentage au-dessus du seuil critique de
croissance (« -α/β ») est associée une baisse du taux
de chômage de l’ordre de 0,13 point de
pourcentage, contre 0,06 point auparavant. En
d’autres termes, l’économie française s’est enrichie
en emploi.
En somme, les résultats des équations d’Okun
suggèrent qu’il faut désormais un taux de
croissance d’au moins 1,7 % en France pour
réduire le taux de chômage.
Pays α
β
-
α
/
β
Allemagne 0,17 -0,12 0,47 1,43
(3,25)*** (-4,82)***
France 0,22 -0,13 0,39 1,74
(3,51)*** (-4,91)***
Italie -0,04 -0,05 0,15 -0,95
(-1,54) (-2,53)**
Espagne 0,66 -0,23 0,29 2,91
(2,63)** (-3,59)***
UEM 0,19 -0,11 0,72 1,64
(6,78)*** (-10,42)***
Royaume-Uni 0,23 -0,10 0,17 2,28
(3,09)*** (-4,45)***
Etats-Unis 0,29 -0,10 0,43 2,97
(2,86)*** (-3,44)***
Japon 0,07 -0,05 0,31 1,41
(2,84)*** (-4,45)***
Source: Estimation CA;
*** (**, *) significatif au seuil de 1 (5, 10) %.
U: taux de chômage; PIB: PIB réel; β=coefficient d'Okun.
-α/
β
: taux de croissance du PIB réelcessaire pour
réduire le taux de chôma
g
e
U=α+β ln(PIB)+ε
dans les périodes récentes
Les statistiques de Student sont entre parenthèses.
riode d'estimation: T1 1997- T4 2007
Tableau 3: Estimation des équations d'Okun
Toutefois, comme nous l’avons vu plus haut, en
sortie de récession, la réaction du taux de chômage
à la reprise de l’activité dépend de la forme de cette
dernière (V, W ou ). Par ailleurs, la nature du choc
importe également, les récessions provoquées par
des crises financières ayant généralement un impact
sur le niveau et/ou le taux de croissance du PIB
potentiel et donc sur le chômage structurel2.
Comment expliquer l’augmentation du coefficient
d’Okun depuis les années 1990 ?
La hausse du coefficient d’Okun traduit
l’enrichissement de la croissance en emplois en
France depuis les années 1990. Autrement dit, la
productivité par tête a fortement ralenti ces dernières
années : en moyenne sur la période 2000-2007, les
gains de productivité s’élevaient à 1 %, contre 1,5 %
et 2,2 % respectivement dans les années 1990 et
1980.
France: gains de productivité
-1
0
1
2
3
4
5
6
7
8
71 75 79 83 87 91 95 99 03 07
a/a, %
Gains de productivité horaire
Gains de productivité parte
Sources : INSEE, calculs CA
Même en tenant compte de la baisse de la durée du
travail, la productivité a ralenti. Les gains de
productivité horaire sont en effet passés en moyenne
de 3 % au cours des années 1980, à 1,9 % dans les
années 1990 et 1,6 % entre 2000 et 2007. Le
ralentissement de la productivité par tête en France
tient à plusieurs facteurs : (1) l’augmentation de la
part des activités à faibles gains de productivité
(construction et services) ; (2) les politiques de
l’emploi (allégement des cotisations sociales
patronales sur les bas salaires, dispositifs en faveur
du temps partiel, emplois aidés, baisse de la durée
légale du travail, etc.) ; (3) le recours accru à des
emplois temporaires (intérim, CDD).
France: gains de productivité par tête par secteurs
-4
-3
-2
-1
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
71 75 79 83 87 91 95 99 03 07
a/a, %
Ensemble Industrie
Services
p
rinci
p
alement marchands Construction
Sources : INSEE, calculs CA
2 Voir le document de travail de la Commission européenne
No 49 de juin 2009 : « Impact of the current economic and
financial crisis on potential output ».
N° 5 – Mars 2010 5
À récession historique… dynamique du
chômage atypique
La séquence traditionnelle de l’ajustement de
l’emploi
Les comportements des entreprises en période
d’incertitude contribuent à limiter la hausse du
taux de chômage au début de la chute de l’activité.
Il existe en effet des phénomènes de « rétention de
main-d’œuvre » : malgré un climat des affaires peu
favorable, les chefs d’entreprise préfèrent en effet, à
court terme, et bien sûr dans la mesure du possible,
maintenir leur main-d’œuvre en place. Cela permet
de préserver le capital humain (ou le savoir-faire)
dans l’entreprise et d’éviter par la suite des coûts de
recrutement et de formation.
Au moment du retournement conjoncturel, les
entreprises réduisent d’abord l’emploi intérimaire et
les CDD, puis les heures supplémentaires. Elles ont
ensuite recours au chômage partiel. Cette dernière
solution a été encouragée par les pouvoirs publics.
La séquence des ajustements sur le marché du
travail pourrait donc être schématisée de la
manière suivante :
CHOC
Réduction de l'emploi temporaire
Diminution des heures supplémentaires
Recours au chomâge partiel
Ajustement des emplois pérennes
1. Réduction de l’emploi temporaire
L’ajustement de l’emploi temporaire est une mesure
peu coûteuse pour les entreprises. Il leur suffit de ne
pas renouveler les contrats. Deux points expliquent
que la réduction de l’emploi temporaire intervienne
avant l’ajustement du volume horaire, pourtant très
simple aussi à mettre en place. Cette mesure a
l’avantage de ne pas impacter la rémunération des
salariés. Et elle est une source d’économie
importante pour l’entreprise. Au premier trimestre
2008, l’emploi intérimaire concernait 668 400
personnes. En sortie de récession, au deuxième
trimestre 2009, on ne dénombrait plus que 436 600
intérimaires. Soit une baisse de 35 %.
2. Ajustement du volume horaire
En 2009, les exonérations « Tepa » (Loi Travail,
emploi, pouvoir d'achat) ont atteint 2,7 milliards
d'euros – dont 2,1 milliards pour les exonérations
de cotisations salariales et 0,6 milliard pour les
réductions de cotisations patronales3. Cela
correspond à un volume de 676 millions d'heures
supplémentaires, contre 727 millions en 2008, soit
une baisse de 7 % en moyenne annuelle.
3. Chômage partiel
Le recours au chômage partiel a toujours existé en
période de crise. Cependant, la mise en place d’une
mesure d’aide à l’activité partielle a renforcé le
recours à cette solution lors de la « grande »
récession.
Le dispositif d’aide à l’activité partielle permet à
l’employeur de réduire ou de suspendre
temporairement sa masse salariale tout en
maintenant ses salariés dans l’emploi. Le chômage
partiel concernait 330 000 salariés fin 2009, dont
15 % bénéficient du dispositif APLD (activité
partielle de longue durée). Opérationnel depuis le
1er mai 2009, il a permis de porter le niveau
d’indemnisation à 75 % du salaire brut, les
entreprises ayant en contrepartie de l’aide de l’État
des obligations en matière de maintien de l’emploi
et de formation.
Le graphique ci-dessous reprend l’évolution, lors de
la « grande » récession, des trois variables
d’ajustement dont disposent les entreprises en cas
de retournement conjoncturel, pour ajuster leur
main-d’oeuvre sans licenciement.
France: Heures supplémentaires, intérim et chômage
partiel
0
100
200
300
400
500
600
700
déc.-07 mars-08 juin-08 sept.-08 déc.-08 mars-09 juin-09 sept.-09
150
160
170
180
190
200
Millions
Emploi inrimaire Cmage partiel Nombre d'heures suppmentaires (ech. dr.)
Milliers
Sources : INSEE, Enquête emploi, ACOSS, CA
1
2
3
4. Ensuite seulement vient l’ajustement des
emplois plus pérennes
Si, malgré toutes les possibilités évoquées ci-dessus,
l’entreprise reste en difficulté, elle sera alors
contrainte de licencier.
3 Source : Etude de l’Acoss (L'Agence centrale des organismes de
Sécurité sociale, caisse nationale des Urssaf) - Février 2010.
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