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classique est particulièrement judicieuse et commode, notamment pour rendre compte des
propriétés de cohérence.
Armés de ce modèle de l’interaction matière-rayonnement, nous pourrons donner une
description générale du fonctionnement des lasers, et de quelques propriétés essentielles,
qui seront présentées sur des exemples représentatifs de divers types de lasers très répandus
(chapitre 3).
Dans les chapitres 4 et 5, nous approfondirons l’étude du fonctionnement des lasers,
soit en régime stationnaire, soit au contraire en régime transitoire. Nous verrons ainsi
apparaître des comportements caractéristiques de deux grandes catégories de laser : les
lasers continus d’une part, pouvant être ultra-stables, et souvent de faible puissance; les
lasers en impulsion d’autre part, qui permettent de délivrer en des temps incroyablement
brefs (jusqu’à 10−15 s, c’est-à-dire une femtoseconde, et même moins puisqu’on a atteint
en 2004 l’échelle des attosecondes, 10−18 s) des énergies correspondant à des puissances
crêtes qui se comptent en milliers voire en millions de gigawatts. Pour décrire ces différents
régimes, nous partirons d’équations apparemment très simples, mais qui comportent des
termes non-linéaires, à l’origine d’une très grande variété de phénomènes importants :
compétition entre modes, impulsions de relaxation, déclenchement passif par absorbant
saturable... L’intérêt de ces phénomènes va bien au-delà de la physique des lasers, car on ne
saurait surestimer l’importance des effets non-linéaires dans la physique moderne, et plus
généralement dans toute la science et la technique. Dans ce domaine, le laser nous offre
des exemples concrets, relativement faciles à modéliser et à étudier expérimentalement,
permettant de se familiariser avec les phénomènes non-linéaires.
La lumière laser est en général extraordinairement plus monochromatique que celle
fournie par les sources traditionnelles. Pourtant, on ne peut se borner à la décrire par
une onde monochromatique idéale. Ce problème nous conduira à introduire, au chapitre
6, des éléments d’optique statistique, nécessaires pour donner un sens à la notion de
largeur de raie laser, de cohérence temporelle... Il s’agit en fait d’un exemple important
de l’utilisation des concepts statistiques en physique, où nous retrouvons le nom d’Albert
Einstein qui traita brillamment le problème du mouvement Brownien, avant d’introduire
le concept d’émission stimulée, à la base de l’effet laser !
Ce cours est très centré sur l’interaction laser-atome. Cette interaction est à la base
du fonctionnement du laser, mais la lumière laser a en retour profondément renouvelé la
physique atomique, conduisant à l’invention de nouvelles méthodes qui ont débouché sur
des applications spectaculaires. Ainsi, les physiciens ont appris à utiliser les lasers pour
contrôler le mouvement des atomes, que l’on sait refroidir ainsi au nanokelvin, et dont
on peut contrôler le mouvement jusqu’au point où ils se comportent comme des ondes
de matière. Cette possibilité de manipulation et refroidissement des atomes par laser
constituera notre dernier exemple d’application de la théorie de l’interaction lumière-
matière : il est présenté au chapitre 7. Ces méthodes ont d’ores et déjà des applications
pratiques, aussi bien dans le domaine des horloges atomiques, que dans le développement
de nouveaux senseurs inertiels et gravitationnels basés sur des interféromètres atomiques.