L i s t e R o u g e d e s O d o n a t e s d e s A n t i l l e s f r a n ç a i s e s
PREAMBULE
En 1987 était publiée la première Liste Rouge des Odonates de France. Cette liste, s’intégrait dans un
travail plus global destiné à faire le point sur les connaissances relatives à la faune, aux habitats et
aux sources d’informations disponibles (DOMMANGET, 1987). Depuis les années 1980,
l’odonatologie française s’est développée de manière spectaculaire. La mise en place de l’Inventaire
cartographique des Odonates de France (programme Invod), la naissance de la revue Martinia, la
création de la Société française d’Odonatologie, ont de toute évidence largement contribué à
l’amélioration des connaissances sur les Odonates de France.
Sur un autre plan, les avancées technologiques sur les systèmes d’information géographique, de
géoréférencement et l’amélioration des performances des bases de données permettent une toute
autre approche de l’inventaire de notre patrimoine biologique. Les bases de données de faune et de
flore se multiplient, annonçant une surveillance de plus en plus précise des éléments
environnementaux de toute nature.
Dans les Antilles….
Les Odonates de France (ainsi que leur étude et prise en compte dans les mesures
environnementales de préservation des habitats) sont en général abordés sous l’angle de la faune
métropolitaine (98 taxons), séparément des faunes dites « exotiques ». Mais, si l’on considère
l’ensemble des espèces qui composent la faune de France (c'est-à-dire des COM compris), nous
arrivons au total vertigineux de plus de 440 espèces (Meurgey, 2006a), soit de manière plus imagée
8% de la faune mondiale. C’est dire la responsabilité de la France en matière de conservation de ce
groupe d’insectes.
Paradoxalement, les connaissances manquent encore sur de nombreux territoires ultramarins,
comme les Antilles françaises. Ce manque de connaissances tient en grande partie au trop petit
nombre de chercheurs français intéressés par cette discipline dans le passé, et à la pauvreté des
collections. De nos jours, la plupart des entomologistes qui désirent étudier les libellules des Antilles
doivent avoir recours à une littérature dispersée, souvent en langue anglaise et difficile à obtenir.
Celle-ci ne concerne bien souvent pas les Antilles, mais plus généralement le continent américain. La
faunistique (répartition des espèces) a été favorisée au détriment de la systématique, de la biologie
et de l’écologie, aspects dont la connaissance est un prérequis à toute mesure de protection ou de
gestion. La récente publication d’un ouvrage de synthèse sur les Odonates des Antilles françaises
apporte désormais une somme de connaissances qui, même si de nombreux aspects de la vie des
libellules demeurent peu connus, nous permet de pousser plus loin nos investigations, notamment
en ce qui concerne la conservation de cet ordre d’insectes.
Le domaine biogéographique néotropical, auquel appartiennent les Antilles, compte aujourd’hui
environ 1650 espèces, et la diversité y est telle que de nouvelles espèces pour la science sont
décrites chaque année dans les revues scientifiques. L’odonatofaune des Antilles se compose
actuellement de 111 espèces, parmi lesquelles une importante proportion d’endémiques.
Les îles qui composent les Antilles françaises sont les plus éloignées des foyers de dispersion que sont
l’Amérique du Sud et les Grandes Antilles. Elles ont vu se développer au fil du temps une faune et
une flore qui leur sont spécifiques et, à beaucoup d’égards, uniques au monde. Parmi les 41 espèces
de libellules recensées en Guadeloupe et en Martinique, 5 ne sont présentes que dans cette région
du monde, moins grande qu’un département de l’hexagone.