Quand il vient au temple, si l'on peut dire, Il a son œuvre devant lui, comme il est dit : "Que tu
as fait YHWH". Malheur aux peuples du monde, qu'entendent-ils dans leurs oreilles, que ce
temple qui est appelé œuvre devant lui, ils se sont mis à le dévaster et ils ont dit (Ps 137,7)
"Rasons, rasons jusqu'au fondement".
Que dit l'Ecriture a ce sujet (Jr 25, 30) : "YHWH d'en haut rugit, de sa demeure sainte il élève
la voix, il rugit avec vigueur sur sa demeure." »
(Mekhilta §4, édition Horowitz, pp. 148-150)
Pour le courant officiel, le temple terrestre est valide, la Shekinah y habite et les cérémonies du
temple obtiennent le pardon.
Cependant, tout un courant de pensée considère que depuis le péché, Dieu, dont l'amour ne s'impose
pas, s'est retiré, comme il est dit dans la tradition :
« Et ne souillez pas la terre où vous habitez. L'Ecriture dit que l'effusion de sang rend impure
la terre et fait cesser la Shekhinah. »
(Sifre Nb Pisqa 161, p.222 § 15a)
« Il a créé l'homme et lui a dit : « Tu peux manger de tous les arbres, mais de l'arbre du bien et
du mal, tu n'en mangeras pas. Et il transgressa son commandement. Ainsi, j'ai désiré qu'il y ait
sur terre une habitation comme elle est dans le ciel. Je t'ai commandé une seule chose mais tu
ne l'as pas gardée. Aussitôt, le Saint, béni soit-il, a fait disparaître sa Shekinah... Ils entendirent
la voix d'Adonaï qui marchait dans le jardin. » parce qu'ils avaient transgressé ses
commandements. La Shekinah est partie dans son premier ciel.
Caïn se leva et tua Abel, aussitôt la Shekhinah s'en alla dans le deuxième ciel.
J'ai fait sept cieux.
Mais après cela que fit-il ? Il doubla les générations et aux générations mauvaises il opposa les
générations bonnes.
Enfin vint Abraham qui s distingua par de bonnes choses. Et le Saint, béni soit-il, descendit du
septième ciel vers le sixième. »
(Tanhuma naso 16, éditions Eshkol Jer. 1972, pp. 687-688)
Dès lors, la Torah et le temple sont seulement au ciel, sur la terre, la torah est voilée et le temple est vide.
C'est bien ce qui est sous-jacent à l'évangile de Matthieu quand Jésus dit à Jérusalem :
« Voici que votre maison [le temple de Jérusalem] va vous être laissée déserte. Je vous le dis, en effet,
désormais vous ne me verrez plus, jusqu'à ce que vous disiez: Béni soit celui qui vient au nom du
Seigneur!" » (Mt 23, 38-39)