NADIA BELLAOUI Présidente du Mouvement associatif (ex-CPCA) CHRISTIAN SAUTTER Président de France Active “ L’avenir est bien de déployer, sur les territoires, une économie répondant aux besoins locaux ” Quels sont les enjeux actuels du monde associatif ? C. Sautter. Aujourd’hui, 80 % de l’économie sociale et solidaire (ESS) est constituée d’associations. Dans le contexte de raréfaction des financements publics et de concurrence des entreprises lucratives, la survie du monde associatif est indispensable. Nous avons besoin d’une nouvelle génération d’entrepreneurs sociaux et de développer l’existant car l’avenir est bien de déployer, sur les territoires, une économie répondant aux besoins locaux en complément de l’économie classique. Pour cela, les associations doivent pouvoir être accompagnées, se mettre en posture de coopération et gagner en efficacité. N. Bellaoui. Dans ce contexte économique de mutation, les associations, notamment les plus investies dans le champ économique, doivent considérer qu’elles ont encore le choix : elles peuvent anticiper les contraintes et se repositionner en gagnant collectivement en efficacité. Les associations peuvent inventer des modèles socioéconomiques singuliers, adaptés à leur projet, aux besoins émergents et proposer leurs propres critères d’évaluation de leur utilité sociale. Elles sont déjà les championnes de l’hybridation des ressources puisqu’elles savent mobiliser des ressources publiques, marchandes et non monétaires comme le bénévolat. En résumé, les associations savent apporter des réponses pertinentes et originales aux besoins de la société. Comment France Active et le Mouvement associatif peuvent-ils accompagner les associations au regard de ces enjeux ? N. Bellaoui. Le Mouvement associatif apporte deux types de réponses à ces enjeux. La première consiste à identifier, mettre en débat et diffuser des outils ou des ressources dont l’objet est d’accompagner les dynamiques de changement à l’œuvre dans les associations. La seconde est plus politique : elle consiste à prendre des positions et à être force de proposition pour que soit mieux reconnu et encouragé le modèle entrepreneurial des associations dans notre pays. Nous nous appuyons pour cela sur les travaux de prospective et d’observation produits par nos partenaires. La journée coorganisée avec France Active illustre long terme pour faire valoir l’apport des associations à la société. C. Sautter. Le rôle de France Active est pluriel. Tout d’abord, nous participons activement aux dispositifs locaux d’accompagnement (DLA) dans près d’un tiers des départements et des régions du territoire. Cette action permet aux associations de se moderniser afin de s’adapter au contexte actuel de changement. Elle permet également d’assurer leur développement dans de bonnes conditions. En outre, dans le cadre de nos activités, nous apportons aux associations les financements nécessaires, issus de l’épargne solidaire, familiale ou salariale. Enfin, nous garantissons les porteurs de projet auprès des banques. Cette action est complémentaire des autres intervenants, qu’ils soient issus de la finance ou du savent apporter “ Les associations des réponses pertinentes et originales aux besoins de la société ” bien cette double fonction : rassurer les associations en leur donnant des clés opérationnelles de développement et les inviter à aller plus loin dans leur réflexion et leur positionnement. Cette exigence nous conduit à mener en parallèle des actions de lobbying de court terme en réponse à l’agenda politique ainsi qu’une réflexion politique de plus secteur public. Le récent appel à projets sur les pôles territoriaux de coopération économique (PTCE)1 a permis d’identifier plus de 180 projets sur l’ensemble du territoire, ce qui est plutôt encourageant. 23 de ces initiatives ont été retenues et France Active sera aux côtés de ces pôles pour les aider à se structurer, à se développer et à se financer. Article extrait de Jurisassociations n° 497 du 15 avril 2014. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris éditions © Éditions Dalloz – www.juriseditions.fr INTERVIEW CROISÉE 1. V. JA no 492/2014, p. 10. 15 avril 2014 - jurisassociations 497 19 LES ASSOCIATIONS, ACTRICES DE LA RÉGULATION SOCIALE résidentielle, zone de commerce, centre de décision externalisé, mobilité poussée à l’extrême, la lecture, la compréhension et la maîtrise du territoire sont un exercice complexe et délicat. Les associations occupent une place à part entière dans l’économie française. Partant de ce constat, Bernard Pecqueur, qui s’intéresse à l’économie de proximité au regard des problématiques territoriales et de la globalisation, expose son point de vue. Le marché « D ans l’idée de la crise, aujourd’hui, le monde associatif a sans doute une carte particulière à jouer. On pourrait presque parler d’un “moment associatif”. » Le chercheur nous livre ainsi sa conception du rôle des associations dans le contexte actuel. Au-delà du poids qu’elles représentent dans l’économie française – 1,8 million de salariés, 10 % de l’activité du secteur privé, 85 milliards de budget, part importante du travail bénévole1 –, les associations assument, selon le chercheur, un véritable rôle de régulation. UN CONTEXTE DE CRISE Le contexte actuel est bien celui de la crise des régulations sociales. Et Bernard Pecqueur relie territoire et économie : si le territoire est un concours d’acteurs qui, dans un contexte géographique spécifique, cherchent à résoudre un problème commun, l’économie est quant à elle asso1. V. V. Tchernonog, Le Paysage associatif français. Mesures et évolutions, 2e éd., Éditions Juris / Dalloz, 2013 ; pour un dossier d’ensemble, v. JA no 486/2013, p. 16 et s. 20 jurisassociations 497 - 15 avril 2014 ciée à la résolution des besoins essentiellement par le marché. Elle fait appel au « vivre ensemble » et répond à des besoins spécifiques. Or, on observe un fractionnement des territoires qui implique une disjonction entre lieux de vie, lieux de consommation et lieux de production. En d’autres termes, force est de constater une déconnexion entre les activités de décision, de production et le citoyen. Ces formes de scission privent les individus de leur capacité de choix au quotidien et viennent largement entamer la démocratie locale. D’où vient ce que l’on importe ? Où va ce que l’on produit ? Qui décide de ce que l’on produit ? Autant de questions sur lesquelles le citoyen n’a pas de prise. Cette situation résulte clairement de la mondialisation de l’économie et induit un réel problème de régulation au sein des territoires. Bernard Pecqueur souligne également qu’il est difficile aujourd’hui de parler de territoire dans le sens le plus complet du terme. Entre zone de production, zone LES TROIS CERCLES DE RÉGULATION DE L’ÉCONOMIE Traditionnellement, le premier cercle de régulation de l’économie est le marché : le libre cours entre l’offre et la demande. Il semble cependant que cette régulation rencontre des limites de fonctionnement : répond-elle aux besoins réels ? Comment sont prises en compte les spécificités des territoires et de ses habitants par le secteur privé ? En effet, la situation de crise décrite précédemment est bien en correspondance avec la gestion des besoins par cette économie de marché : ils sont difficilement satisfaits car ils demeurent loin des préoccupations des entreprises dont le centre de décision est souvent extérieur au territoire. Le marché se contracte et a des difficultés d’autorégulation car il ne correspond plus aux attentes des populations. Limiter l’économie au seul échange marchand est très réducteur dans la mesure où celui-ci « ne fait pas société » et limite donc la construction du « vivre ensemble ». L’action publique Le deuxième cercle de régulation est celui de l’action publique. Il est le fruit de l’intervention de l’État et donc de la volonté de pallier les manquements du marché. Dans sa forme extrême, il est représenté par les décisions de politique publique. Cependant, ce type d’action se dilue au gré de la décentralisation et du désengagement de l’État Article extrait de Jurisassociations n° 497 du 15 avril 2014. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris éditions © Éditions Dalloz – www.juriseditions.fr DOSSIER des ressources publiques affectées à l’action associative se confirme et il est urgent pour elles d’imaginer de nouveaux modèles économiques. Par leurs spécificités, notamment démocratiques, les associations ont une action de régulation plus en lien avec le territoire. Aux collectivités territoriales, qui représentent la démocratie élective, les associations opposent une démocratie directe (engagement citoyen, une personne = une voix). Les associations régulent la reconnexion des citoyens au monde économique où l’on constate que les centres de décision sont éloignés. Leur action est donc non seulement démocratique mais aussi territorialisée : elles répondent à des besoins qui peuvent être, certes, nationaux, mais déclinés et adaptés localement. Elles peuvent donc faire le lien entre population, besoins et espace géographique. Les associations Les associations constituent le troisième cercle et apportent une régulation originale aux difficultés des deux premiers : elles viennent en quelque sorte porter secours aux régulations habituelles. Le contexte actuel constitue à la fois une opportunité, mais aussi une source de difficultés pour ces actrices du développement local. L’épuisement UNE ACTION À DÉFINIR ENTRE ÉCONOMIE DE MARCHÉ ET ACTION PUBLIQUE… Le rôle des associations ne peut être comparé à celui du secteur privé qui, par son fonctionnement, ne crée pas de lien durable et social. Bien au contraire, grâce à l’action associative, le citoyen se sent investi d’une certaine marge d’action : il contribue et apporte des solutions à des besoins qui n’auraient pu être satisfaits autrement. Il ne faut cependant pas tomber dans l’écueil d’opposer économie classique et économie sociale et solidaire (ESS) : il semble bien que l’ensemble fonctionne dans un système économique global. Pour Bernard Pecqueur, l’économie de proximité est celle qui œuvre sur et pour le territoire et se distingue de l’économie globale, qui implante des centres de production, de vente et reste donc largement déconnectée des logiques locales. Les rapports des associations avec le secteur public doivent pouvoir muter afin de garantir l’efficacité de leur action. Entre subventions pour lesquelles on doit rendre compte de son activité et commande publique où l’on répond aux attentes d’une collectivité, l’intervention associative se trouve limitée et perd progressivement son sens. D’acteur avisé, l’association passe au statut de prestataire dans un « cadre préformé » par les collectivités. Selon le chercheur, le critère principal qui devrait motiver les collectivités territoriales est celui de la prise en main par le citoyen : un subtil rééquilibrage du rapport entre collectivités et associations pourra alors s’opérer. © grgroup … AINSI QU’ENTRE FINANCEMENT PRIVÉ ET PUBLIC La baisse progressive de la part de l’État dans le financement des associations oblige ces dernières à revoir leur modèle économique2 en s’ancrant un peu plus vers la ressource locale : collectivités et usagers3. Cependant, cette dépendance au contexte local ne fait qu’aggraver les disparités Article extrait de Jurisassociations n° 497 du 15 avril 2014. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris éditions © Éditions Dalloz – www.juriseditions.fr en faveur des collectivités territoriales et du développement local. L’action publique a pour fonction de cadrer le marché et de réguler l’efficacité de la réponse aux besoins des individus. Cette tentative rencontre néanmoins des limites : issue de décisions de « technologues » non démocratiques, elle ne correspond pas forcément aux besoins ni aux attentes des citoyens. Toutefois, la prise en compte du contexte et des spécificités locales, l’émergence d’un niveau de décision plus autonome, la densification des relations entre acteurs locaux ouvrent la voie à une diversification des approches de la régulation par l’action publique. Le contexte actuel de limitation de ses moyens vient entraver et réduire son efficacité. Le deuxième cercle de régulation est bel et bien en crise. 2. Pour un dossier d’ensemble sur les modèles économiques, v. JA no 483/2013, p. 16 et s. V. également en p. 28 de ce dossier. 3. V. Tchernonog, Le Paysage associatif français. Mesures et évolutions, préc., p. 172. 15 avril 2014 - jurisassociations 497 21 DOSSIER UNE ACTION FACTEUR D’INNOVATION Concrètement, la recherche de solutions par les citoyens d’un territoire constitue un véritable facteur d’innovation. Le chercheur cite l’exemple des living labs où l’utilisateur est aussi collaborateur et acteur des solutions imaginées. Il détaille également les réponses qui peuvent être envisagées dans le cadre de la e-médecine, si importante en milieu rural et, plus largement, dans les déserts médicaux. Trois possibilités peuvent être ainsi envisagées : la délégation : la recherche de solutions est alors confiée à des spécialistes extérieurs au territoire ; la passivité : des médecins étrangers sont sollicités ; l’autorégulation : la solution idéale, originale et la plus adaptée où l’on fait converger expertise technique et besoin du territoire. L’usager participe alors à la solution en exprimant ses attentes. Cette reconnexion avec le contexte local et ses besoins entre dans le cadre de la reconstruction d’un tissu humain sur le territoire. tation. Les nombreuses délocalisations en cours nous interpellent sur la capacité de lier performance et entreprises. Dès lors que ces dernières quittent le territoire, les conséquences pour le développement local restent préoccupantes (chômage, constitution de friches, répercussions sociales et économiques) : le territoire n’est plus performant car il n’y a plus de connexion entre économie, habitants et espace géographique. Certains territoires s’affichent davantage comme des lieux de consommation ou des espaces résidentiels. À cette image partielle et incomplète du territoire, le chercheur vient opposer l’importance de l’économie de proximité à laquelle participent les associations. Le lien entre économie et territoire demeure prépondérant. Les enjeux de cette reconnexion entre individus et territoire sont fondamentaux et les associations y jouent un rôle essentiel. C’est tout d’abord un enjeu démocratique car il permet la maîtrise de sa propre vie dans un environnement donné, marqué par une économie locale spécifique. C’est ensuite un enjeu de lien social car les réponses aux besoins sont coconstruites et impliquent du lien, de la mémoire et de la réciprocité. Ces caractéristiques ne se retrouvent pas dans l’économie marchande. L’enjeu est également de réduire la dépendance et de retrouver une certaine marge d’autonomie vis-à-vis de décisions extérieures, issues de technologues ou d’entreprises. C’est enfin une question de compétitivité du territoire. L’action des associations vient en quelque sorte revivifier le territoire par les solutions adaptées et innovantes qu’elle apporte. Débattre de la place des associations sur le territoire, c’est parler de la reprise en main, par les citoyens, des initiatives qui vont dans le sens d’un nouveau système de régulation sociale. L’économie est un subtil équilibre entre marché privé, régulation publique et réponse associative. On ne peut opposer les trois systèmes tant ils regroupent l’ensemble des parties prenantes d’un territoire dans des relations d’interdépendance. La question est de chercher de nouveaux modèles, un nouvel équilibre, mais non de créer un monde alternatif où ESS et économie classique seraient en opposition. Le retour à la proximité se joue au niveau du retour à la territorialisation : les espaces de vie, de production, de consommation, de décision ne se juxtaposent plus mais forment un ensemble cohérent dans lequel des populations vivent, travaillent et consomment. Les associations y participent et doivent être activement reconnues et soutenues par les autres acteurs du territoire. C’est une question de démocratie, d’équité et d’équilibre territorial. LE TERRITOIRE AU CŒUR DE L’ACTION La vision du territoire est partielle dans le sens où sa performance est souvent mesurée à la seule aune de la densité et du dynamisme des entreprises qui y sont implantées. Le contexte actuel de désindustrialisation montre bien les limites de cette représen- AUTEUR TITRE Bernard Pecqueur Professeur à l’Institut de géographie alpine, université Joseph-Fourier de Grenoble Propos recueillis par Karine Dziwulski-Debever TITRE Chargée de mission, Centre de ressources DLA Financement – France Active 22 jurisassociations 497 - 15 avril 2014 Article extrait de Jurisassociations n° 497 du 15 avril 2014. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris éditions © Éditions Dalloz – www.juriseditions.fr entre les territoires ainsi qu’entre public solvable et insolvable. Ici encore, un rééquilibrage des pouvoirs devrait permettre d’éviter cet écueil. Concrètement, la recherche de solutions “ par les citoyens d’un territoire constitue un véritable facteur d’innovation ” DOSSIER SYNTHÈSE DE LA 2e TABLE RONDE Portant sur le thème des nouveaux modèles socio-économiques associatifs, cette deuxième table ronde a permis de mettre en lumière la pluralité des ressources financières existantes ainsi que les différentes stratégies adoptées par les acteurs en adéquation avec leur projet associatif. L es aléas économiques et sociaux légitiment aujourd’hui encore davantage l’action associative au service des intérêts collectifs mis en œuvre dans une perspective durable. Mais ces aléas impactent le fonctionnement des associations, qui doivent composer avec leur temps et absorber des changements conséquents dans un environnement évolutif et instable. On compte bien sûr parmi ces changements les difficultés d’accès aux ressources, avec des dépenses publiques en baisse ou repositionnées sur des segments particuliers, et des bénéficiaires ou usagers de fait moins solvables. Dans ce contexte, il est courant de conseiller aux associations de diversifier leurs ressources, notamment en direction des fonds privés, ou encore de mutualiser 1. Pour un dossier d’ensemble sur les modèles économiques, v. JA no 483/2013, p. 16 et s. 2. Pour en savoir plus : CPCA, « Contributions à l’analyse des modèles socio-économiques associatifs – Typologie des modèles de ressources financières », janv. 2014 ; v. JA no 493/2014, p. 11. 28 jurisassociations 497 - 15 avril 2014 leurs moyens d’action : autant d’injonctions complexes à mettre en œuvre. Les associations sont donc amenées à s’interroger sur la structuration et l’évolution de leur modèle socio-économique1. Par modèle socio-économique, on entend de façon schématique l’ensemble des ressources – à la fois financières, non monétaires mais valorisables (bénévolat, prêt de salle) et immatérielles (partenariat, savoirfaire) – dont dispose l’association ainsi que leur affectation. Il permet de rendre compte de la globalité des tâches nécessaires à la mise en œuvre des activités, de l’organisation interne et des interactions de l’association avec son environnement et d’expliquer ainsi les conséquences budgétaires de ces choix2. 3. Le DASI, porté par Le Rameau, le Mouvement associatif et l’Avise, permet de bénéficier de mécénat de compétences. ANTICIPER LES MUTATIONS « Se remettre en cause tant que nous en avons encore les moyens » : tel est le point de vue de Thierry Véclin, directeur général du Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC). Confronté à des difficultés structurelles, le MRJC a cherché à adapter son modèle économique avec la stratégie suivante : profiter de l’assise financière du mouvement pour prendre le temps d’analyser la gouvernance, les possibilités de diversification des ressources et la politique d’investissement ; construire un trépied de leviers financiers pour la recherche de ressources, composé de financements publics en optimisant les subventions européennes, de financements privés sur la base d’une charte éthique et de fonds propres en veillant à redéployer le patrimoine vers les activités réelles ; bénéficier d’un accompagnement juridique et financier via le dispositif d’accompagnement des associations à la stratégie et à l’innovation (DASI)3. Le MRJC s’est donc appuyé sur ses fonds propres comme levier financier : un système d’aménagement et de vente d’une partie du patrimoine immobilier a permis de dégager de la trésorerie pour investir en zone rurale, dans des lieux ou activités innovants destinés à l’animation du territoire, en partenariat avec des entreprises et des collectivités locales. L’autofinancement – en générant des recettes d’activité et en facilitant au cofinancement – a ainsi contribué au repositionnement économique du MRJC tout en renforçant le sens de son action. Une démarche réussie au cœur de laquelle on retrouve un fort investissement des bénévoles, qui ont veillé à la cohérence du projet associatif du mouvement. Article extrait de Jurisassociations n° 497 du 15 avril 2014. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris éditions © Éditions Dalloz – www.juriseditions.fr À NOUVEAU CONTEXTE, QUELS MODÈLES ÉCONOMIQUES POUR LES ASSOCIATIONS ? DIRECTEUR GÉNÉRAL D’ADESSADOMICILE FAIRE DES CHOIX CONCERTÉS Selon Hugues Vidor, directeur général d’Adessadomicile, « le financement de la solidarité doit rester un financement national ». Le secteur de l’aide à domicile, œuvrant au service des personnes âgées, des familles et des personnes handicapées, subit depuis quelques années des difficultés majeures liées à la diminution des ressources publiques, en particulier dans le cadre de la décentralisation du fait d’un défaut de péréquation des enveloppes de l’État vers les conseils généraux. Cette situation critique pose la problématique du financement public, à lier à des questions de choix de société. Les fédérations du secteur maintiennent un positionnement clair : la prise en charge des besoins des plus fragiles doit continuer de relever de politiques publiques dans un système de solidarité nationale. Ce constat constitue un point de départ pour étudier et proposer des évolutions de modèles économiques en vue de viabiliser les structures intervenant dans ce champ d’activité et d’éviter les inégalités de traitement sur les territoires. De façon concertée, les préconisations portent sur de nouvelles modalités de tarification et d’organisation pour accompagner le travail en coopération. Face à ces difficultés, la mutualisation des moyens apparaît en effet comme une réponse possible pour contenir les coûts tout en préservant la qualité des services rendus. Hugues Vidor rappelle la nécessité d’agir ensemble : « à partir du moment où l’on se fait confiance, on est capable d’apporter une réponse commune ». L a Fédération nationale Adessadomicile rassemble 400 associations et organismes gestionnaires à but non lucratif, représentant près de 40 000 salariés œuvrant dans l’aide, le soin à domicile et les services à la personne auprès des personnes âgées, des familles et des personnes malades. Le secteur de l’aide à domicile est confronté à de graves tensions budgétaires : quelles en sont les causes ? Le mode de financement actuel repose à 80 % ou 90 % sur la politique sociale, en particulier celle des conseils généraux qui sont confrontés à des besoins croissants avec des recettes en diminution. Le secteur est donc largement impacté par les contraintes pesant sur les budgets publics. L’autre difficulté concomitante est la paupérisation de la population due à la crise : les personnes à domicile ont de plus en plus de difficultés à payer le « reste à charge » qui leur incombe. Comment le secteur est-il impacté par cette problématique de financement public ? Ces difficultés ont avant tout des conséquences sur la politique salariale. Depuis 2009, les salariés n’ont pas bénéficié de revalorisation de la valeur du point et 40 % des salariés de la branche sont rémunérés au niveau du Smic. Cela limite fortement le développement de l’emploi alors que les pouvoirs publics affichent une volonté de professionnalisation pour garantir la qualité des soins. Ces difficultés économiques ont généré un nombre important de liquidations judiciaires et fragilisent l’assise financière des structures. Comment Adessadomicile contribuer aux évolutions ? entend Adessadomicile participe à un collectif qui rassemble 17 organisations pour proposer, en concertation avec les parties prenantes de l’aide à domicile et les pouvoirs publics, de nouveaux modèles de réglementation et d’organisation de la tarification sur les territoires. Par ailleurs, Adessadomicile soutient ses adhérents sur différents volets (juridique, économique, formation, etc.) en prenant en compte les réalités territoriales qui influent sur leurs modèles économiques afin d’adapter son offre d’accompagnement. Enfin, la fédération incite les structures à travailler ensemble pour proposer des parcours de santé appropriés. Dans le cadre d’une prise en charge globale de la personne, il peut être pertinent de favoriser des jeux d’alliance qui peuvent aboutir à des mutualisations sur des fonctions telles que la comptabilité ou les ressources humaines, ou pour répondre à des appels à projet réglementés dans le but d’assurer une bonne couverture des besoins sur un territoire. Dans ces perspectives, le réseau Adessadomicile a un effet structurant tant au niveau local que national et génère de la complémentarité entre les acteurs. Quelle est la position d’Adessadomicile quant à l’évolution du secteur ? Le financement de l’aide à domicile doit relever d’un financement national. Les besoins augmentent et les pouvoirs publics doivent se saisir de cette problématique pour continuer de garantir le mécanisme de protection sociale existant. 15 avril 2014 - jurisassociations 497 Article extrait de Jurisassociations n° 497 du 15 avril 2014. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris éditions © Éditions Dalloz – www.juriseditions.fr “ Le financement de l’aide à domicile doit relever d’un financement national ” 4 QUESTIONS À... HUGUES VIDOR 29 © Sebastian Duda Ce témoignage illustre la nécessité des financements publics comme support indispensable et incompressible pour la mise en œuvre d’actions d’intérêt général. L’enquête menée par Viviane Tchernonog sur l’évolution du paysage associatif français4 indique que le budget des associations, en 2011, provient pour 49 % de financements publics, avec des différences sectorielles car il représente entre 80 % et 90 % des ressources du secteur de l’aide à domicile. GARDER LE CAP © Gina Sanders © Marco Desscouleurs © カシス © Olivier Le Moal « Investir, c’est se donner les moyens d’être ambitieux », affirme Valérie Daher, directrice de la communication et du développement d’Action contre la faim (ACF). Face à la baisse des financements publics, ACF a fait le choix d’investir dans la collecte de fonds privés, ce qui a nécessité l’ouverture de bureaux à l’échelle l’internationale. Cette stratégie a rencontré deux freins de la part des pouvoirs publics : d’une part, des difficultés pour appréhender de façon globale les flux financiers générés entre ces structures dédiées et, d’autre part, une approche habituellement court-termiste qui amenait à constater en premier lieu des hausses de charges en considérant les investissements comme des pertes comptables. La composition des produits du secteur associatif dépend des secteurs d’activité. La part des dons et du mécénat dans les ressources financières du secteur associatif se limitait à 4 % en 2011 mais représentait près de 15 % des financements pour les associations de solidarité internationale selon l’enquête CPCA – France Active menée entre 2009 et 20105. La recherche d’un nouveau modèle économique est donc à mettre en perspective avec le secteur d’activité et les ambitions 4. V. Tchernonog, Le Paysage associatif français. Mesures et évolutions, 2e éd., Éditions Juris / Dalloz, 2013, p. 174 ; pour un dossier d’ensemble, v. JA no 486/2013, p. 16 et s. 30 jurisassociations 497 - 15 avril 2014 5. CPCA / France Active, « Associations, comment faites-vous face à la crise ? », restitution des résultats de l’enquête en janvier 2012 ; v. JA no 453/2012, p. 6 et JA no 457/2012, p. 16 et s. Article extrait de Jurisassociations n° 497 du 15 avril 2014. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris éditions © Éditions Dalloz – www.juriseditions.fr DOSSIER ciatif à la fois très sollicité et très dense, ont amené la région à profiter du transfert de compétences dans la gestion des fonds européens pour favoriser l’accès des porteurs de projets européens à ce type de financement. Cela s’avérait d’autant plus pertinent pour un territoire transfrontalier dont le dynamisme repose notamment sur des projets de coopération. La région a donc créé en 2009 un dispositif d’accompagnement et d’ingénierie pour promouvoir ces opportunités : le Fonds régional d’aide aux porteurs de projets euro- péens (FRAPPE), qui a permis à 60 structures, dont 60 % d’associations, de bénéficier de financements européens pour un total de 240 millions d’euros. En 2011, les ressources publiques d’origine européenne représentaient 1,1 % du financement des associations. La France se caractérise par une sous-consommation des crédits européens : il reste donc une marge de progression. Bien que les modalités de gestion restent contraignantes, la nouvelle programmation des fonds structurels européens (2014-2020)6, associée à une gestion ACCOMPAGNER LES ÉVOLUTIONS « Aider les porteurs de projets à se saisir des opportunités de financements européens » : tel est l’objectif du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, représenté par Daline Houari, à la direction Europe. Les caractéristiques sociales du territoire du Nord-Pas-de-Calais, avec un réseau asso- se caractérise “ Le mondeparassociatif une large capacité d’adaptation, à l’avant-garde des enjeux sociétaux ” EXPLICATION DE TEXTES MODÈLE ÉCONOMIQUE ET FONDS PROPRES Le modèle économique d’une association se retrouve dans le compte de résultat. Ce document annuel recense l’ensemble des charges et des produits mobilisés par l’activité, produisant le résultat net, c’est-à-dire ce que la structure a gagné (excédent) ou perdu (déficit) à l’issue de la période comptable. Rappelons que le principe de non-lucrativité propre aux associations n’interdit pas pour autant la réalisation d’excédents. Le résultat de l’activité associative est reporté au bilan financier – qui illustre le patrimoine de l’association – au niveau des fonds propres, c’est-à-dire les réserves qui permettent à l’association d’investir, de faire face à des décalages de trésorerie ou encore de combler une perte ponctuelle. Le modèle économique vient ainsi impacter la capacité d’une association à se développer et à pérenniser son projet. Au-delà de l’équilibre entre produits et charges, il est donc nécessaire d’intégrer dans les prévisions la capacité à générer des fonds propres en dégageant des excédents afin de garantir l’autonomie financière de l’association. 6. Pour un dossier d’ensemble, v. JA no 482/2013, p. 15 et s. et JA no 492/2014, p. 6. régionalisée et de nouveaux dispositifs de mise en œuvre, présente des perspectives intéressantes de leviers de financement pour les collectivités et, par conséquent, pour les associations. Ces exemples ne sont pas exhaustifs car le monde associatif se caractérise par une large capacité d’adaptation, à l’avant-garde des enjeux sociétaux. Toutefois, ces témoignages démontrent que la mise en œuvre de nouveaux modèles socio-économiques doit se traduire par la recherche commune de solutions, en comptant notamment sur l’appui des pouvoirs publics. Il s’agit d’être attentif aux évolutions pour se situer à la fois dans les transitions et dans la durée, savoir estimer un potentiel d’action et le défendre de façon concertée pour préserver la pluralité de l’offre associative. Article extrait de Jurisassociations n° 497 du 15 avril 2014. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris éditions © Éditions Dalloz – www.juriseditions.fr de l’association. La levée de fonds privés s’inscrit dans une stratégie à moyen-long terme nécessitant des fonds propres initiaux conséquents pour investir notamment dans l’acquisition de compétences spécifiques. ACF conseille donc de bien veiller à évaluer le retour sur investissement escompté, à communiquer pour rendre lisible cette stratégie auprès des partenaires, à expliciter et partager en interne ce choix et ses contraintes. AUTEUR Astrid Blomart TITRE Chargée de mission, Centre de ressources DLA Financement – France Active 15 avril 2014 - jurisassociations 497 31 DOSSIER © Serg Nvns SOUTENIR LES ASSOCIATIONS, UN INVESTISSEMENT «RENTABLE»? Les associations sont des acteurs économiques qui ont besoin, comme toute entreprise, de constituer une assise financière et d’investir pour se développer. Dans un contexte en pleine mutation, soutenir les associations est plus que jamais nécessaire. L’occasion pour cette troisième table ronde de souligner la complémentarité de l’action des partenaires. C omment garantir et renforcer l’assise financière des associations ? Comment s’assurer de l’efficacité du soutien qui leur est apporté ? Quelles initiatives concrètes peuvent être mises en œuvre ? En ces temps de contraction des financements publics, la question du soutien aux associations et du « retour sur investissement » qu’on peut en escompter affleure dans tous les esprits. Les partenaires publics cherchent à rationaliser et à optimiser leurs financements au monde associatif, les partenaires 32 jurisassociations 497 - 15 avril 2014 privés à mesurer la rentabilité sociale de leur investissement. En analyse financière, pour qu’un investissement soit rentable, il faut que les sommes investies permettent d’améliorer le résultat dégagé. Regarder l’assise financière d’une association apparaît alors comme un préalable pour apprécier l’utilité d’un soutien : l’association doit être suffisamment solide pour mettre en œuvre son projet. Mais au-delà des considérations économiques et financières, l’utilité sociale et l’efficacité de son action doivent être démontrées. RENFORCER L’ACCOMPAGNEMENT Jean-Louis Bancel, président du Crédit coopératif, a d’abord rappelé que les besoins du secteur étaient protéiformes compte tenu de la diversité des associations. Par exemple, certaines structures à haute intensité capitalistique et de main-d’œuvre présenteront des besoins de financement à long terme, ce qui ne sera pas nécessairement le cas d’associations disposant de peu de capital immobilier et de peu de personnel. Dans ce contexte, les différents outils financiers Article extrait de Jurisassociations n° 497 du 15 avril 2014. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris éditions © Éditions Dalloz – www.juriseditions.fr SYNTHÈSE DE LA 3e TABLE RONDE MÉTHODE tels que les titres associatifs, les financements de Bpifrance, ou encore les outils de financement participatif ou crowfunding ne sont pas utilisables par les mêmes structures. L’accompagnement du secteur associatif doit dès lors être renforcé. Le rôle des têtes associatives de réseau est crucial pour accompagner leurs mouvements. Il est également nécessaire de faire en sorte que ces têtes de réseau œuvrent elles-mêmes à leur mutation. La question de fond qui se pose n’est pas celle de la rentabilité du soutien apporté aux associations, mais celle de leur efficacité. Même si la question de la mesure du service rendu en est encore à ses prémices, le monde associatif doit être en capacité de rendre des comptes et de démontrer l’utilité sociale de ses actions. APPRÉCIER L’UTILITÉ SOCIALE Pascale Semet, vice-présidente responsable de la politique de la ville, du logement et de l’économie sociale et solidaire (ESS) de la région Auvergne, a expliqué pour quelles raisons les associations occupaient une place prépondérante dans l’économie sur le territoire auvergnat. Leur poids est significatif : elles emploient 42 000 salariés sur les 52 000 que comptent les structures de l’ESS dans son ensemble. Cela représente plus de 10 % des emplois de la région. Celle-ci soutient les associations car elle partage avec elles un certain nombre de valeurs et une certaine éthique : les associations sont ancrées dans l’économie résidentielle, elles créent des emplois non délocalisables et proposent des services aux citoyens. La région aide les associations tout au long de leur parcours de vie : création, conseil au développement, difficultés, encadrement technique (appui aux postes). Elle met en place des politiques sectorielles (culture, sport, agriculture, etc.) et s’assure de la pérennité des structures soutenues. L’approche est transversale : la région soutient les associations mais également leurs réseaux, les dispositifs locaux d’accompagnement (DLA) ou Auvergne Active, le représentant de France Active en Auvergne, dont le rôle d’accompagnement est déterminant. Pascale Semet a insisté sur la nécessité d’apprécier l’utilité sociale des actions mises en place par les associations et de ne pas s’intéresser seulement à leur santé économique. FAIRE LE LIEN ENTRE PARTENAIRES ET RÉPONSE FINANCIÈRE ADAPTÉE Jacques-Bernard Magner, sénateur et président d’Auvergne Active, a précisé l’action dudit réseau à destination des associations : expertise des projets, apport de financements, suivi dans le temps. Les structures souffrent de problèmes de trésorerie, comme nombre d’entreprises lucratives, et ont besoin de rassurer leurs partenaires bancaires. Auvergne Active apporte des réponses financières adaptées au secteur, marqué par une faible rentabilité et une faible capacité à mobiliser les partenaires bancaires. Elle aide ainsi les associations à se développer dans de bonnes conditions. En 2012, 52 structures de l’économie sociale et solidaire ont été accompagnées et financées, ce qui a représenté l’aide à la création ou à la consolidation de plus de 700 emplois et la mobilisation de 706 000 euros de concours financiers et de 122 000 euros en ingénierie d’accompagnement via le DLA, dans des secteurs d’activité variés en lien avec les besoins du territoire (services Évaluer la santé financière d’une association passe par l’analyse de son patrimoine et de la façon dont il a été financé. Pour cela, il faut se reporter au bilan. En premier lieu, l’analyse des fonds propres est un indicateur de l’assise financière de l’association. Ils permettent de faire face aux décalages de trésorerie, de rassurer les partenaires en matière d’investissement et de faire face aux imprévus. Or, souvent, les associations sont sous-capitalisées, c’està-dire que leurs fonds propres ne sont pas suffisants. Quelques actions peuvent être mises en place pour augmenter le niveau de fonds propres et donc la solidité financière : la réalisation progressive d’excédents : bien que le bénéfice n’aille pas à l’encontre de la non-lucrativité des associations, les mentalités peinent à changer et il arrive encore fréquemment que la réalisation d’excédents aille de pair avec leur reprise par certains financeurs publics. Cette pratique limite la possibilité de se constituer des fonds propres ; la sollicitation de subventions d’investissement : elles doivent être en lien avec les investissements envisagés. Elles peuvent permettre de valoriser le patrimoine immatériel de l’association et de le faire financer comme un investissement en recherche et développement ; le désinvestissement : il s’agit, par exemple, de la vente des immobilisations ou de la récupération de prêts. Il faut cependant veiller à ce que cela n’ait pas de conséquences négatives sur l’activité de l’association ; les apports en fonds propres de la part d’un tiers (avec ou sans droit de reprise), comme les interventions du réseau France Active (contrats d’apports associatifs, prêts participatifs). La réunion d’un modèle économique viable et d’une bonne utilisation des solutions de financement assurera la solidité de l’assise financière. La structure pourra plus facilement bénéficier de l’ensemble des dispositifs mis en place par les partenaires, rassurés sur sa santé financière. 15 avril 2014 - jurisassociations 497 Article extrait de Jurisassociations n° 497 du 15 avril 2014. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris éditions © Éditions Dalloz – www.juriseditions.fr COMMENT ÉVALUER L’ASSISE FINANCIÈRE D’UNE ASSOCIATION ? 33 à la personne, tourisme, culture). L’activité est particulièrement marquée en milieu rural. Au-delà de ses interventions financières, Auvergne Active fait le lien entre les différents acteurs du territoire que sont les réseaux associatifs, les banques et collectivités locales ainsi que la Caisse des dépôts et son programme d’investissements d’avenir. La région est un partenaire important pour le financement des temps d’expertise et pour la dotation des outils financiers, notamment le Fonds régional d’investissement solidaire (FRIS) qui permet de bénéficier d’un droit de tirage auprès de la société d’investissement solidaire France Active, dont les fonds sont apportés par l’épargne salariale ➜ POUR ALLER PLUS LOIN ◗ CPCA, « Financement – Les associations réussiront-elles leur mutation économique ? », La Vie associative no 19, oct. 2012. ◗ Guide du CNAR Financement, « Association et financements – Quelles sont les solutions qui vous conviennent ? », 2011. solidaire. Il s’agit d’un cercle vertueux : la région garantit l’épargne, et les épargnants investissent dans les territoires. En sollicitant le conseil régional, Auvergne Active affirme son ancrage local, sa participation au développement du territoire et son intervention complémentaire de l’action publique. COMPTABILITÉ RÉALISER UN AUTODIAGNOSTIC ÉCONOMIQUE ET FINANCIER LES FONDS PROPRES DANS LE BILAN Chloé Secher, coordinatrice du réseau Actes If, a fait part de l’expérience de son réseau dans le développement d’un outil de solidarité financière. Actes If rassemble une trentaine de lieux artistiques et culturels d’Ile-de-France. Il s’agit de petites structures employant en moyenne cinq salariés et qui présentent un ancrage territorial fort. Depuis l’origine, le réseau a toujours travaillé dans une logique de coopération, de mutualisation et d’échange de pratiques pour faciliter le développement des structures. Le réseau a souhaité mettre en place un fonds de solidarité financière pour faire face aux problèmes de trésorerie récurrents de ses adhérents, liés à des délais de versement des subventions qui ont tendance à arriver tardivement dans l’année alors que les projets commencent dès le mois de janvier. L’idée était de permettre aux structures d’emprunter à court terme grâce à ce Fonds associatifs (fonds propres, autres fonds associatifs) Actif immobilisé (Immobilisations) Provisions pour risques et charges Fonds dédiés Dettes moyen et long terme Actif circulant (stocks, créances clients) Dettes court terme Trésorerie positive Trésorerie négative Actif Passif fonds mutualisé. Avant de pouvoir actionner ce fonds, il fallait évaluer la situation économique et financière des structures. Un outil d’autodiagnostic a donc été mis en place en partenariat avec le CNAR Financement, porté par France Active, afin d’apprécier la situation des associations et de définir la nature de leurs besoins de financement. Une formation collective a été proposée aux structures pour que celles-ci s’approprient l’outil d’autodiagnostic et soient en mesure de développer une réflexion sur leur modèle économique. En définitive, le fonds mutualisé a été relativement peu utilisé, mais la démarche a été très profitable : le réseau s’est doté d’une compétence et a accompagné les structures sur la question des modèles économiques et des besoins de financement. Le principal besoin qui a émergé est celui de l’accompagnement des structures. Les partenaires financiers de la table ronde se sont accordés à dire que leur soutien dépendait avant tout de l’utilité sociale des projets associatifs. Les intervenants ont également pointé l’importance de l’accompagnement. Ce sont les alliances qui sont nouées entre les différents acteurs, réseaux associatifs, partenaires publics, banques, acteurs de l’accompagnement et de la finance solidaire qui permettent d’investir de manière efficace dans les richesses associatives. AUTEUR Cécile Katlama TITRE Chargée de mission, Centre de ressources DLA Financement – France Active 34 jurisassociations 497 - 15 avril 2014 Article extrait de Jurisassociations n° 497 du 15 avril 2014. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris éditions © Éditions Dalloz – www.juriseditions.fr DOSSIER