Contrôler la dégénérescence neuronale associée à la maladie d'Alzheimer Une perte progressive des neurones cholinergiques du noyau de la base du cerveau antérieur (noyau de Meynert) a été observée depuis longtemps dans la maladie d’Alzheimer et cette perte, en réduisant l'innervation du cortex susjacent, pourrait contribuer aux déficits cognitifs et comportementaux observés dans cette pathologie. L'activité cholinergique de ces neurones est sous la dépendance du facteur de croissance nerveux (nerve growth factor ou NGF) qui contrôle la survie et la différenciation de ces neurones au cours du développement et durant la vie adulte. Une diminution du taux de NGF pourrait donc être un des facteurs déclenchant de la maladie. Chez les souris transgéniques AD11, les neurones et les cellules gliales produisent des anticorps anti-NGF qui neutralisent le NGF circulant dans l'espace extra-cellulaire. Dans ce modèle, les souris présentent une perte de neurones cholinergiques, une hyperphosphorylation de la protéine tau, des malformations du cytosquelette comparables aux enchevêtrements neurofibrillaires, des dépôts de protéine βamyloïde et des déficiences dans la plasticité synaptique corticale. Les lésions apparaissent à l'âge de deux mois et s'étendent jusqu'à l'âge de six mois. Elles sont associées à des troubles comportementaux. Ces souris transgéniques constituent donc un modèle pour l'exploration des mécanismes sous-jacents à la pathogenèse de la maladie d'Alzheimer dans sa forme sporadique. L'étude présentée vise à consolider ce modèle par trois approches: la dégénérescence observée peut-elle être modulée : 1) par l'administration intra-péritonéale de Lthyroxine (LT4) qui stimule la production de NGF; 2) par l'administration intra-nasale de NGF et 3) par l'administration intra-péritonéale d'un agoniste cholinergique (galantamine, GAL) ? Les effets de ces traitements ont été évalués à 2 et 6 mois par rapport à des animaux témoins en mesurant quatre paramètres: la densité de neurones cholinergiques (ChAT) ainsi que les taux de protéine tau phosphorylée (TAU), de précurseur de protéine β-amyloïde (APP) et de β-amyloïde (β-A). Les résultats montrent que: - la stimulation de la production de NGF endogène réduit le déficit cholinergique et l'hyperphosphorylation de la protéine tau; - le NGF et la galantamine réduisent la perte de neurones cholinergiques; - le NGF, mais pas la galantamine, réduit l'hyperphosphorylation de la protéine tau; - la galantamine, mais pas le NGF, réduit le dépôt d'APP; - le NGF et la galantamine réduisent le dépôt intracellulaire de protéine β-amyloïde. L'apport de substances trophiques, comme le NGF, pourrait donc représenter une piste pharmacologique pour une prévention de la dégénérescence neuronale associée à la maladie d'Alzheimer. Ph. van den Bosch de Aguilar Université Catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve Paramètres mesurés ChAT TAU APP β-A LT4 ↑ ↓ = NM NGF ↑ ↓ = = GAL ↑ = ↓ = LT4 = = = NM NGF ↑ = = ↓ GAL ↑ = ↓/= ↓ Traitement 2 mois 6 mois (↑ expression augmentée; ↓ expression diminuée; = pas de modification; NM non mesuré) Capsoni S, Giannotta S, Cattaneo A. Nerve growth factor and galantamine ameliorate early signs of neurodegeneration in anti-nerve growth factor mice. Proc. Nat. Acad. Sci. 99: 12432-12437, 2002 ©2002 Successful Aging SA Af 70-2002