La Wallonie. Repères géographiques

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Salamandres, tritons, crapauds, grenouilles, lézards et serpents composent le monde
des amphibiens et reptiles de Wallonie. Plusieurs espèces sont remarquables, comme le
spectaculaire escaladeur qu’est le Lézard des murailles, ou l’Alyte accoucheur dont le
mâle transporte la ponte sur son dos. Au total, 21 espèces indigènes, presque toutes
confrontées à une dégradation de leur situation, au point que deux amphibiens ont
récemment disparu. En regard, la récente multiplication de quelques grenouilles exotiques et les nombreux lâchers de tortues aquatiques sont source d’inquiétude, compte
tenu de leurs interactions potentielles avec le reste de la faune indigène.
« Amphibiens et Reptiles de Wallonie » est le fruit d’un vaste travail collectif. L’ampleur
de la collaboration (plus de 800 contributeurs) est en soi un signal de l’intérêt croissant
porté à cette petite faune, encore souvent méconnue et parfois honnie à tort, notamtrente mille données et de dresser un bilan précis pour ce groupe faunique reconnu
pour sa sensibilité aux agressions environnementales. L’état des connaissances, l’analyse
des problèmes et des pistes pour une meilleure conservation sont détaillés dans cet
ouvrage. Il dépasse donc le simple atlas de répartition des espèces au fil d’un ensemble
de petites monographies qui abordent l’identification, le cycle de vie, les déplacements,
le régime alimentaire, les habitats, la répartition wallonne et dans les régions alentour,
les effectifs et les tendances perceptibles pour chaque espèce, y compris celles introduites dans notre environnement naturel.
Aves a.s.b.l.
Rue Fusch, 3
B-4000 Liège
Raînne – Natagora
Rue du Wisconsin, 3
B-5000 Namur
Ministère de la Région wallonne
Direction générale des Ressources naturelles et de l'Environnement
Avenue Prince de Liège, 15 - B-5100 Jambes (Namur) - Tél. (081) 33.50.50
http://environnement.wallonie.be
Amphibiens et Reptiles de Wallonie
ment dans le cas des serpents. L’enquête de terrain a permis de rassembler plus de
Centre de Recherche de la Nature, des Forêts et du Bois (C.R.N.F.B.)
Avenue Maréchal Juin, 23
B-5030 Gembloux
Série
P
« Faune - Flore
Habitats »
ISBN: 2-87401-205-X
no 2
8
9
Amphibiens et
Reptiles de Wallonie
> Aves - Raînne
Amphibiens et
Reptiles de Wallonie
Jean-Paul Jacob
Christiane Percsy
Hellin de Wavrin
Eric Graitson
Thierry Kinet
Mathieu Denoël
Marc Paquay
Nicolas Percsy
Annie Remacle
Avec la collaboration de plus de 800 observateurs
2007
Publication d’Aves – Raînne
et du Centre de Recherche de la Nature, des Forêts et du Bois
(Ministère de la Région wallonne - Direction Générale des Ressources naturelles
et de l’Environnement)
Série « Faune – Flore – Habitats », n° 2
Gembloux
Citation recommandée de l’ouvrage, please cite this book as follows, Zitiervorschlag :
Jacob, J.-P., Percsy, C., de Wavrin, H., Graitson, E., Kinet, T., Denoël, M., Paquay, M., Percsy, N. & Remacle, A.
(2007) : Amphibiens et Reptiles de Wallonie. Aves – Raînne et Centre de Recherche de la Nature, des Forêts et
du Bois (MRW - DGRNE), Série « Faune - Flore - Habitats » n° 2, Namur. 384 pp.
Citation recommandée d’un texte signé, for part of this book, Zitiervorschlag :
de Wavrin, H. & Graitson, E. (2007) : La Salamandre tachetée, Salamandra salamandra (Linnaeus, 1758).
Pages 52-61 in Jacob, J.-P., Percsy, C., de Wavrin, H., Graitson, E., Kinet, T., Denoël, M., Paquay, M., Percsy, N.
& Remacle, A. (2007) : Amphibiens et Reptiles de Wallonie. Aves – Raînne et Centre de Recherche de la Nature,
des Forêts et du Bois (MRW - DGRNE), Série « Faune - Flore - Habitats » n° 2, Namur. 384 pp.
Photos de couverture : Couleuvre à collier (Jean Delacre); carrière de Bossimé (Jean-Paul Jacob).
Conception graphique :
Christophe Collas, Jean-Paul Jacob
et Thierry Kinet
Editeur responsable :
Claude Delbeuck, Directeur général du Ministère de
la Région wallonne
Mise en page :
Groupe graphique Chauveheid – Stavelot
Distribution :
Librairie Aves, Maison Liégeoise de l’Environnement,
3 rue Fusch, B-4000 Liège, [email protected],
http://www.aves.be/librairie
Imprimerie Chauveheid
ISBN : 2-87401-205-X
Dépôt légal : D/2006/5322/39
© Aves – Raînne
Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays.
Aucune partie de cet ouvrage ne peut être reproduite par un quelconque procédé, photocopie, ou tout autre moyen. En outre, l’utilisation des informations contenues dans les cartes de distribution, les tableaux et les figures est interdite pour un usage commercial sans
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tables or figures in the book for commercial use, without written permission from the publisher.
Das Werk ist einschließlich aller seiner Teile urheberrechtlich geschützt. Jede Verwertung außerhalb der engen Grenzen des Urheberrechts
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der Informationen zu kommerziellen Zwecken (Karten, Tafeln und Abbildungen) ist ohne schriftliche Genehmigung des Herausgebers
nicht gestattet.
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1. La Wallonie. Repères géographiques
Jean-Paul Jacob
L’esquisse du contexte régional est de nature à faciliter
la perception de son herpétofaune. Dans cet esprit,
les notes qui suivent fournissent des indications et
statistiques générales relatives à la Wallonie ; elles
précisent aussi des termes et localisations fréquemment
utilisées dans l’ouvrage. Pour en savoir davantage sur
la géographie régionale, l’utilisation du territoire et les
milieux naturels, de nombreuses informations et cartes
récentes sont, entre autres, aisément consultables
sur Internet, via le Portail environnement de la Région
wallonne www.environnement.wallonie.be (états de
l’environnement, système d’informations géographiques,
portail cartographique, réseau Natura 2000…).
Généralités
La Wallonie occupe le sud de la Belgique (Fig. 1) et
couvre 16.844,3 km², soit 55,2 % de l’état fédéral.
Elle compte en moyenne 201,6 habitants au km²,
avec une densité plus élevée dans le nord de la région
(Tableau 1) mais qui reste inférieure à celle du pays
(342,2 habitants/km² début 2005 ; donnée Institut
national de Statistique – I.N.S.). La Wallonie est
limitrophe de la Flandre et du Limbourg néerlandais
au nord, des land allemands de Rhénanie-Westphalie
et de Rhénanie-Palatinat ainsi que du Grand-Duché
de Luxembourg à l’est, des régions françaises de
Lorraine, de Champagne-Ardenne et du Nord – Pasde-Calais sur son flanc sud-est.
Administrativement, la Région wallonne est sub­
divisée en 262 communes regroupées au sein de
cinq provinces d’étendues inégales (Fig. 2, Tableau 1).
Les communes comprennent de nombreux villages
et petites localités, mais peu de villes de moyenne à
assez grande importance (plus de 100.000 habi­tants),
Fig. 1 :
Les trois Régions
composant la Belgique.
9
La Wallonie. Repères géographiques
Fig. 2 :
Provinces, chefslieux de provinces et
principales localités
de Wallonie.
Tableau 1 : Superficie et population des provinces wallonnes (données I.N.S. au 1er janvier 2005).
Province
Surface (km²)
Densité habitants (/km²)
Brabant wallon
1.090,6
333,6
Hainaut
3.785,7
339,8
Liège
3.862,3
267,7
Namur
3.666,0
124,3
Luxembourg
Wallonie
4.439,3
57,7
16.844,3
201,6
les plus importantes étant les agglomérations de
Liège, Charleroi, Namur et Mons. Les princi­pales
localités sont localisées à la Fig. 2 et, par ailleurs, toutes
celles citées dans l’atlas peuvent être positionnées
grâce aux indications de l’Annexe 2.
Du fait de la densité de la population et d’une longue
histoire industrielle, le taux d’urbanisation et de
construction (« pétrification ») du territoire atteint 13,6 %,
et reste en croissance continue (+ 30 % en 20 ans).
Le développement des réseaux de communication,
en particulier le réseau routier, est également très
élevé (Tableau 2) et source de nombreuses barrières
infranchissables pour la faune. Comme nombre de
chemins ruraux sont maintenant bétonnés ou asphaltés,
10
il est difficile de trouver un point du territoire distant de
plus de 2-3 km d’une voie carrossable.
Les plans d’aménagement du territoire (« plans
de secteur ») répartissent la surface entre zones
non urbanisables (83,26 % de zones agricoles,
forestières, parcs, espaces verts et naturels) et zones
urbanisables (16,74 % du territoire comprenant des
zones d’habitat, à caractère économique, de services
publics, d’extraction…). Dans ces dernières, les zones
d’extraction, souvent d’intérêt pour l’herpétofaune,
comptent entre autres plus de six mille carrières
identifiables, soit plus de 35/100 km², dont près de
10 % constituent des Sites des Grand Intérêt Biologique
(SGIB – Remacle, 2006).
La Wallonie. Repères géographiques
Tableau 2 : Réseaux de transports (en km - source : http ://statistiques.wallonie.be/dyn/14/).
1996
2001
moyenne/km²
75.718,3
77.486,2
4,6
autoroutes
831,3
842,2
routes régionales et
provinciales
7.587
7.544
routes communales
(chemins agricoles et
sentiers exclus)
67.300
69.100
2032,5
1605,3
0,095
459,6
459,6
+
Réseau routier
Chemin de fer
Voies navigables
Seule une petite partie du territoire (0,6 %) fait
l’objet de protection au titre de la conservation de
la nature par le biais de réserves naturelles : en
2005, 127 Réserves naturelles domaniales (RND)
occupent 6.847 ha, 135 Réserves associatives
agréées (RNA) sur 1.803 ha, 46 Zones humides
d’Intérêt biologiques (ZHIB) sur 1.039 ha et
12 Réserves forestières sur 548 ha (DNF,
2006). Une grande partie des réserves et des sites
d’intérêt biologique ont été inclus dans le réseau
Natura 2000 qui couvre 13,1 % de la Wallonie
(220.944 ha répartis sur 240 sites, pour deux
tiers en zones boisées – détails sur le site internet
www.environnement.wallonie.be).
Géographie physique
Relief
La Wallonie possède un relief varié (Fig. 3), déterminé
par une grande diversité d’assises géologiques
constituées en ordre principal de roches sédimentaires
dont l’âge, la position structurale, les plissements et
l’érosion ont conduit au relief actuel. En particulier,
d’importants dépôts de limons Quaternaires ont modulé
le relief et déterminé l’usage d’une grande partie du
territoire, essentiellement dans le nord et l’ouest de la
Wallonie. De nos jours, se succèdent d’ouest en est les
plaines alluviales du Tournaisis, les bas plateaux et les
Fig. 3 :
Relief de la Wallonie
(altitudes en mètres).
11
La Wallonie. Repères géographiques
collines des régions situées au nord de l’axe Sambre et
Meuse, les vallonnements du Condroz, la dépression
de Fagne – Famenne, le haut plateau ardennais et les
côtes de Lorraine belge.
De manière traditionnelle, une distinction basée sur
l’altitude sépare la Basse-Belgique (moins de 50 m –
région limitée en Wallonie à une partie du Hainaut
occidental), la Moyenne-Belgique (50-200 m – en gros
la Wallonie au nord de l’axe Sambre - Meuse) et la
Haute-Belgique (plus de 200 m).
Climat
Un climat assez doux et humide, aux influences
maritimes, prévaut dans le nord de la Wallonie. De
manière indicative, sur le plan météorologique, les
valeurs moyennes de quelques paramètres à Uccle
(Bruxelles), qui est la station de référence belge la
plus classique, sont les suivantes : ensoleillement
annuel 1.555 heures, température 9,8°C (maximum
moyen 13,5°C, en augmentation : 14,2 – 15,1°C
depuis 2000, avec 21 jours d’été dont les maxima
dépassent 25°C), précipitations annuelles 780 mm
réparties en 203 jours. Au sud du Sillon Sambre-
Fig. 4 :
Réseau
hydrographique :
principaux cours
d’eau.
12
et-Meuse, le relief et l’éloignement progressif de la
Mer du Nord (260 km au plus) donnent des accents
plus continentaux au climat. Celui-ci est plus froid
et pluvieux en Ardenne, surtout en Haute-Ardenne,
au-dessus de 500 m d’altitude, le long de la chaîne
des massifs de la Croix-Scaille, de Saint-Hubert, des
Tailles et des Hautes Fagnes.
Hydrographie
La Wallonie possède un réseau hydrographique très
développé : 12.000 cours d’eau développant un réseau
estimé à plus de 18.000 km en longueur (source : http ://
environnement.wallonie.be/de/decenn/), tributaires des
bassins de l’Escaut et de la Meuse, accessoirement
du Rhin (est de l’Ardenne et de la Lorraine) et de la
Seine (sud-ouest de l’Entre-Sambre-et-Meuse). A cet
important et complexe réseau hydrographique naturel
s’ajoutent des canaux, des dérivations, quelques
grands barrages (les plus étendus sont les barrages
de l’Eau d’Heure qui couvrent plus de 600 ha dans
l’Entre-Sambre-et-Meuse) et des milliers de mares et
étangs, en général d’origine anthropique. La Fig . 4
cartographie les fleuves et leurs principaux affluents,
directs ou secondaires.
La Wallonie. Repères géographiques
Les grands types de milieux
La Fig. 5 donne la répartition des principaux types de
milieux en Wallonie. Les zones construites (13,6 %
du territoire), les zones boisées (32,8 %) et les terres
agricoles (45,1 %) occupent 91,5 % du territoire de
la Région. Une faible proportion est encore occupée
par les milieux semi-naturels non cultivés : il resterait
ainsi de l’ordre de 2.000 ha de tourbières, 2.000 ha de
bruyères en assez bon état de conservation, 1.300 ha
de pelouses et prés semi-naturels secs… (Branquart
et al., 2003).
Zones boisées
Les régions les plus boisées se trouvent en Brabant,
le long de l’axe Sambre-Meuse et en Haute-Belgique.
Plusieurs vastes ceintures boisées s’étendent sur les
flancs nord et sud de l’Ardenne, en Fagne-Famenne
et en Lorraine. Le nord de la Wallonie est largement
déboisé sauf en Brabant et dans l’ouest du Hainaut
(forêts au nord de la vallée de la Haine et dans le
Pays des Collines, limitrophe de la Flandre). Ces
massifs sont en majorité constitués de feuillus et
existent depuis des siècles. Certains bois des bas
plateaux de Moyenne-Belgique sont des reliques
de l’ancienne et vaste forêt charbonnière. Les
peupleraies implantées sur nombre de prés et fonds
humides contribuent à donner une allure semiboisée à nombre de campagnes.
Globalement, les « zones forestières » couvrent
actuellement 553.009 ha (32,8 % de la Wallonie
– DNF, 2006) pour 529.000 ha en 1996 (Lecomte
et al., 1997). La superficie des zones productives se
maintient (473.000-478.000 ha). Le reste comprend
des voiries et coupe-feu, des landes, fagnes, mises à
blanc non replantées. Par rapport aux inventaires de
1996 et 1984, un recul des taillis et des taillis sous futaie
(au profit de la futaie feuillue) et des zones enrésinées
(-20.000 ha de 1984 à 2000) ont été enregistrés.
L’augmentation des zones dites non productives est en
partie expliquée par les conséquences de la tempête
de 1990, qui a couché principalement des résineux.
Actuellement, les étendues qui furent ainsi ouvertes
se reboisent naturellement ou ont été replantées : le
bénéfice qu’ont pu en tirer les espèces des milieux
ouverts et jeunes, notamment l’herpétofaune,
s’estompe progressivement.
La forêt wallonne présente un taux de boisement
analogue à celui de la France, de l’Allemagne et du
Luxembourg (31-34 %). Ce taux varie fort d’une région
à l’autre : moins de 20 % en Moyenne Belgique, 22,9 en
Fig. 5 :
Principaux types de
milieux en Wallonie.
13
La Wallonie. Repères géographiques
Condroz, 42,6 en Lorraine, 45,4 en Fagne-Famenne
et 52,8 en Ardenne (DNF, 2006). Les bois privés et
publics d’une part, les résineux et feuillus d’autre
part y couvrent des superficies presque semblables.
Alors qu’il n’y avait pas de forêt résineuse indigène il
y a deux siècles, le boisement des incultes, landes
et terres vaines, favorisé par la loi, a conduit à un
accroissement de 170.000 ha des boisements de
1895 à 1999, essentiellement des résineux ; cette
tendance s’est récemment inversée avec le recul des
superficies enrésinées. De nos jours, les essences
principales sont par ordre décroissant d’importance,
l’épicéa (Picea abies – 49,5 % des bois en 1996 et
36,4 % en 2006), les chênes (Quercus robur, Q.
sessilis – 18,9 % en 1996 et 22,9 % en 2006), le
hêtre (Fagus sylvatica – 13,1 % en 1996 et 14,1 %
en 2006) ; d’autres espèces couvrent chacune 1,9 4,1 % des bois (Lecomte et al., 1997 ; DGRNE, 2006).
Dans les forêts feuillues, une surface terrière moyenne
proche de 20 m²/ha (23 m² dans les hêtraies) est
assez élevée, ce qui traduit des peuplements en
moyenne assez âgés.
Terres agricoles
La superficie agricole utilisée (ou SAU) couvrait
759.772 ha en mai 2004, soit 45,1 % de la Wallonie.
Après une longue décroissance, cette superficie s’est
stabilisée et augmente même légèrement depuis 1992
(réforme de la PAC). En termes de surface, la province
la plus agricole est le Hainaut (29,2 % de la SAU)
et les plus grandes régions agricoles sont la région
limoneuse (Hesbaye – 35,8 %) et le Condroz (17,9 %)
(données INS). Les cultures industrielles prédominent
dans le nord de la Wallonie, les cultures fourragères et
les élevages, surtout de bovins, dans le sud. Partout, le
degré d’intensification atteint est élevé.
Les exploitations diminuent en nombre (17.712 en
2004, très peu hors sol) mais leur superficie tend à
augmenter au fil du temps ; les superficies restent
toutefois moyennes, le plus souvent comprises
entre 30 et 50 ha mais avec néanmoins 15,15 %
d’exploitations de plus de 80 ha qui occupent
une proportion croissante de la SAU (42,58 % en
2004).
14
Les terres arables (409.034 ha en 2004, 53,8 %)
et les prairies permanentes (348.480 ha, 45,9 %)
prédominent, les autres types d’utilisation du sol étant
marginaux (2.258 ha). Les productions dominantes sont
des grandes cultures (céréales et plantes industrielles),
des cultures fourragères et des productions animales,
surtout bovines, liées au sol. Dans les cultures, les
céréales prédominent (23,5 % de la SAU, du froment
pour près des trois-quarts) par rapport aux cultures
industrielles (11,5 % de la SAU, surtout des pommes de
terre, des betteraves sucrières, de la chicorée à inuline
et du lin). Les cultures fourragères (7,8 % de la SAU)
sont à 89,1 % des champs de maïs ensilés en plante
entière. Au niveau des prairies, les prairies temporaires
(cultures d’herbes) progressent mais restent encore
très minoritaires (7 % de la SAU) ; les prés et prairies
représentent 49,7 % de la SAU, parmi elles 39 % sont
déclarées comme prés de fauche (ensilages et foin). Les
jachères couvraient à peine 4 % de la SAU en 2004.
Les principales régions
géographiques
De manière simplifiée, la Wallonie peut être subdivisée
en neuf régions (Fig. 6) : les plateaux limoneux
hennuyer et brabançon, le sillon sambro-mosan, la
Hesbaye, le Condroz, le Pays de Herve, l’ensemble
Fagne – Famenne – Calestienne, l’Ardenne et la
Lorraine. Dans le présent travail, pour la facilité de
lecture des cartes, ont été regroupés d’une part les
plateaux limoneux hennuyer et brabançon, le sillon
sambro-mosan et la Hesbaye, d’autre part le Condroz
et le Pays de Herve.
Régions limoneuse du Hainaut et du
Brabant, Hesbaye
Ces bas plateaux correspondent à la région dite
limoneuse. Avec des altitudes allant de moins de 20 m
dans la plaine de l’Escaut à plus de 200 m, le relief
est plus ou moins collinéen en Hainaut (région des
Collines, Haut Pays, bassin de la Haine, par exemple)
et en Brabant ; il est moins vallonné en Hesbaye. Les
assisses sableuses (Brabant, Campine hennuyère),
argilo-crayeuses ou celles du socle Primaire sont en
La Wallonie. Repères géographiques
Fig. 6 :
Principales régions
géographiques de
Wallonie.
grande partie couvertes d’un épais manteau de limons
loessiques Quaternaires dont la fertilité explique la
mise en place de vastes étendues intensivement
cultivées. Même si elle contient d’importants massifs
forestiers en Brabant et dans le bassin de la Haine,
cette région est la moins boisée de Wallonie, même
si le XXe siècle a vu la plantation de nombreuses
peupleraies dans les vallées et fonds humides, ce
qui a contribué à donner un aspect plus boisé au
paysage. Conjointement aux efforts de drainage et au
comblement de petites zones humides, ce boisement
n’a pas favorisé l’herpétofaune.
Le sud de la région est largement occupé par l’axe
industriel et urbain qui va de la région du « Centre »
(Mons) à l’ouest au bassin liégeois à l’est, en passant
par le « Borinage » et la région de Charleroi. La déprise
industrielle et notamment l’arrêt des charbonnages
y a laissé de nombreuses traces, notamment des
centaines de terrils charbonniers et de friches
industrielles.
La vallée de la Sambre et surtout celle de la Meuse sont
remarquables par leur relief, leurs versants boisés et
les affleurements de schistes, grès et surtout calcaires.
Les pelouses semi-naturelles qui s’y sont développées,
parfois sur des sols intoxiqués (pelouses calaminaires),
sont d’importance pour l’herpétofaune.
Condroz et Pays de Herve
Cette région alterne des plissements grosso
modo orientés est-ouest, en suivant les directions
hercyniennes et recoupés par les vallées encaissées
des affluents de la Meuse, en fonction de l’érosion
différentielle des couches Primaires. Cette structure
conduit à une alternance de campagnes et de bandes
boisées qui se composent surtout de feuillus, avec une
végétation plus opulente sur les sols calcaires. Dans le
prolongement nord-est du Condroz, l’Entre-Vesdre-etMeuse, souvent assimilée à sa composante « Pays de
Herve », offre un paysage vallonné largement couvert
de prairies et d’un bocage traditionnellement piqueté
de vergers à haute tige.
Au nord du Condroz, à proximité du Sillon Sambre-etMeuse, la Marlagne et le Condroz ardennais constituent
une crête d’affleurements dévoniens, largement boisés,
qui s’atténuent vers l’ouest pour faire place aux bas
plateaux de la Thudinie, couverts de loess et aussi
intensivement cultivés que la Moyenne Belgique.
Fagne, Famenne et Calestienne
De part et d’autre de la vallée de la Meuse, la Fagne
et la Famenne composent une région géographique et
naturelle formant dépression (140-300 m d’altitude)
15
La Wallonie. Repères géographiques
entre les plateaux condruziens au nord et le massif
ardennais au sud. Cette région, étirée sur 120 km
d’ouest en est, correspond géologiquement à l’extension
des assises schisto-calcaires du Dévonien. Il s’agit donc
de roches sédimentaires du Primaire qui affleurent
en bandes plus ou moins parallèles au piémont
ardennais. La physionomie régionale résulte entre
autres de l’érosion différentielle des roches, largement
due aux rivières qui ont davantage creusé les schistes
et psammites tendres que les calcaires qui forment
la partie la plus proéminente du paysage, appelée
bourrelet de la Calestienne. Les sols de la dépression
de Fagne-Famenne sont en général peu perméables,
secs en été mais régulièrement inondés aux abords
des rivières en hiver et au début du printemps. Ils sont
donc assez peu favorables à l’agriculture ; les herbages
et les bois prédominent.
Ardenne
Région la plus forestière et élevée (ca 300 à 694 m)
du pays, l’Ardenne est un haut plateau entaillé de
vallées profondes sur sa périphérie. Elle englobe de
vastes et anciens massifs dominés par les feuillus
dans deux grandes bandes forestières (Hertogenwald,
massif de Saint-Hubert, bois de la région de
Daverdisse et Gedinne, Croix-Scaille, Thiérache dans
une bande nord-ouest, Forêts d’Anlier, de Rulles, de
Chiny et de la région de Bouillon - Herbeumont au
sud) qui enserrent un plateau central peu boisé et
16
largement herbager. Les grandes zones enrésinées
s’étendent en bordure de ces massifs et sur les hauts
plateaux, où subsistent encore des vastes complexes
tourbeux, en particulier dans la région de SaintHubert, sur le plateau des Tailles et dans les Hautes
Fagnes. Le relief des plateaux de Haute Ardenne
(500 à 694 m d’altitude) voit une transition naturelle
entre chênaies et hêtraies, et constitue un barrage
pour les vents atlantiques dominants. Ainsi exposée,
une région comme les Hautes Fagnes se caractérise
par une abondance exceptionnelle des précipitations
(200 jours et 1366 mm en moyenne par an), des
hivers prolongés (en moyenne 118 jours de gel par
an), des étés frais et humides.
Lorraine belge
A l’extrémité du bassin parisien, la Lorraine belge
(200 à 465 m d’altitude) prolonge le Gutland grandducal et la Lorraine française. Elle se caractérise par
les plissements orientés grosso modo est-ouest de trois
cuestas, dont deux sont largement boisées (cuestas
dénommées « sinémurienne » et « bajocienne »). Les
forêts de feuillus divers prédominent, avec surtout
des chênes sur sols acides et pauvres, des hêtres
et d’autres essences ailleurs. Les campagnes sont
dominées par des herbages plus ou moins bocagers
dans les vallées et sur certaines pentes, par des
cultures ailleurs, avec des dégradations du paysage
devenues très perceptibles dans certains terroirs.
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