Les émetteurs de chaleur Étude comparée Jean-Jacques BÉZIAN, Pierre BARLES, Claude FRANçOIS et Christian INARD sous la coordination de J-J BÉZIAN du centre d’Énergétique de l’École des Mines de Paris Les Presses de l’École des Mines Paris Cet ouvrage est le fruit d’un travail collectif coordonné par Jean-Jacques Bézian du centre d’Énergétique de l’École des Mines de Paris, à Sophia Antipolis. Y ont participé : Pierre Barles du département Ventilation et Climatisation du CETIAT à Villeurbanne ; Claude François du service Énergie, Environnement intérieur et Automatismes du CSTB à Champs-sur-Marne ; Christian Inard de l’équipe Équipement de l’Habitat du centre de Thermique de l’INSA de Lyon, à Villeurbanne. Il a été discuté, relu et corrigé par un comité de lecture, représentant l’ensemble de la profession impliquée, tant dans le domaine de la production d’énergie que de la climatique du bâtiment. © École des Mines de Paris, 1996 60, Boulevard Saint-Michel, 75272 Paris cedex 06 FRANCE email : [email protected] http://www.ensmp.fr/Presses ISBN : 2-911762-03-7 Dépôt légal : janvier 1997 Achevé d’imprimer en janvier 1997 (imprimerie Durand, Luisant) Tous droits de reproduction, de traduction, d’adaptation et d’exécution réservés pour tous les pays AVANT PROPOS UN TRAVAIL COLLECTIF Cet ouvrage fait le point sur l’état des connaissances actuellement disponibles au sujet des émetteurs de chaleur les plus répandus sur le marché du bâtiment, tels que les convecteurs électriques, les radiateurs à eau, les planchers et les plafonds chauffants... Ces connaissances ont été acquises au sein du Groupe de Recherche sur les Émetteurs de Chaleur (GREC) qui a agi, de manière concertée, pendant plus de trois années, sous l’égide de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie, (ADEME, ex AFME, Agence Française pour la Maîtrise de l’Énergie). Les résultats qui y sont présentés sont le fruit d’un travail collectif, mené par 8 équipes de recherche françaises, qui, à des titres divers, ont contribué, après une analyse des informations disponibles, à développer des méthodes de calculs et d’essais innovantes, à analyser le fonctionnement des systèmes, et à émettre des recommandations d’usage. Ces équipes dépendent d’organismes aux pôles d’intérêts parfois divergents, représentant à la fois la recherche universitaire, des laboratoires, des centres d’essais, des organismes professionnels ou gouvernementaux. Il s’agit : • du CETIAT, Centre Technique des Industries Aérauliques et Thermiques, « Centre Technologique Industriel » selon la loi du 22 juillet 1948, dont les ressortissants sont les entreprises qui construisent, en France, les matériels de chauffage, ventilation... C’est le département Ventilation et Climatisation, basé à Villeurbanne, qui a participé aux travaux du GREC. • du CoSTIC, Comité Scientifique et Technique des Industries Climatiques, association selon la loi 1901, dépendant de la Fédération Nationale du Bâtiment, qui regroupe l’ensemble des professions de ce domaine en France. Son établissement de Digne les Bains a été acteur au sein du GREC. • du CSTB, Centre Scientifique et Technique du Bâtiment, Établissement Public à caractère Industriel et Commercial, qui mène, dans le domaine du 2 • • • Les émetteurs de chaleur bâtiment, trois types d’activité : la recherche, l’ingénierie de pointe et l’évaluation de la qualité des produits de construction. Il assure aussi une mission de diffusion des connaissances ainsi qu’une action de conseil technique auprès des pouvoirs publics dans le domaine du bâtiment. Deux de ses établissements, ont collaboré à ce travail, celui de Sophia Antipolis, pendant les deux premières années, et de Champs sur Marne, tout au long de la vie du GREC. de l’École des Mines de Paris, École Nationale Supérieure d’Ingénieurs, Établissement Public à caractère Administratif dépendant du ministère de l’Industrie, dont la mission est de former des ingénieurs, dont une partie de l’enseignement est enrichi par la recherche menée dans ses laboratoires. C’est le centre d’Énergétique, par son établissement de Sophia Antipolis, qui a été l’interlocuteur du GREC et en a coordonné les actions. de l’INSA de Lyon, Institut National des Sciences Appliquées, École Nationale Supérieure d’Ingénieurs, dépendant du ministère de l’Éducation Nationale, qui possède lui aussi de nombreux laboratoires participant à la formation des étudiants par la recherche. Le centre de Thermique de l’INSA de Lyon a participé, à travers son équipe Équipement de l’Habitat, à l’ensemble des actions du GREC. du LCIE, Laboratoire Central des Industries Électriques et du LNE, Laboratoire National d’Essais, Établissements Publics à caractère Industriel et Commercial ont, quant à eux, une mission principalement axée sur la métrologie et les essais de sécurité, avec émission d’avis normalisés sur la qualité des produits testés. Les interlocuteurs du GREC étaient basés à Fontenay aux Roses (LCIE) et à Trappes (LNE). Les actions de ces différents acteurs, définies de manière concertée, approuvées par un comité scientifique, et un comité de suivi, ont été, pour la plupart, cofinancées par l’AFME, puis par l’ADEME. Cependant, de nombreux résultats utilisés, notamment sur les émetteurs électriques, sont issus plus ou moins directement de travaux financés par la direction des études et des recherches d’Électricité de France. UNE ETAPE INDISPENSABLE Cet ouvrage n’est pas le seul résultat concret des travaux du GREC. Ceux-ci pourront aussi être valorisés par : • la mise à disposition d’un outil de conception permettant d’améliorer les performances des divers émetteurs, tiré du modèle de simulation développé ; Avant propos • • 3 une information des milieux professionnels, grâce à des articles spécialisés, des ouvrages didactiques pour les enseignants et les élèves ; la révision de méthodes de calcul normatives ou réglementaires... Il n’appartient pas aux laboratoires d’initier ces actions, qui devront être prises en main par la profession, au sens large. Cependant, cet ouvrage a été rédigé pour que tous les résultats capitalisés après ces années de travail puissent être mis à la disposition de l’ensemble des professionnels du bâtiment et du génie climatique, et, en particulier, des bureaux d’études chargés de concevoir et de calculer les systèmes de chauffage. Il n’est pas définitif, car, dans un domaine aussi complexe et atypique qu’est la thermique du bâtiment, on ne pourra jamais annoncer « la vérité universelle ». Par contre, il est indispensable, car de nombreux enseignements positifs ont pu être tirés des trois années de recherche concertée, tant sur le comportement des émetteurs eux-mêmes, que sur les interactions avec la pièce et les écoulements d’air y régnant. Si de nombreuses recommandations pratiques, à l’usage des concepteurs et des installateurs, émaillent cet ouvrage, il n’est pas possible d’en tirer des conclusions autres que celles qui y sont transcrites. Il faut notamment se garder d’effectuer certaines comparaisons brutales, toujours réductrices, que d’aucuns seraient tentés de faire entre tel et tel émetteur, en dehors du contexte décrit ici. De toutes façons, il n’existe pas, à l’heure actuelle, de critère pertinent et universel de comparaison, mais le GREC, de la manière la plus objective possible, dans la limite de ses moyens, a essayé de dégager des tendances, et de « caractériser dans des conditions réalistes de fonctionnement, l’efficacité énergétique de divers systèmes d’émission de chaleur ». Ce document veut rester fidèle à cet objectif. TABLE DES MATIERES AVANT PROPOS...................................................................................... 1 Un travail collectif...................................................................................... 1 Une étape indispensable ............................................................................... 2 INTRODUCTION ...................................................................................... 5 Des objets mal connus................................................................................. 5 Quoi de plus répandu, de plus commun qu'un émetteur de chaleur ?.................. 5 Qu'est donc un émetteur ? ........................................................................ 6 Comment émet-il ?................................................................................. 6 Que savions nous, fin 1989, des émetteurs de chaleur ?.................................. 7 Un groupe de recherche spécifique .................................................................. 8 Quel plan de travail pour le GREC ?.......................................................... 8 Quels acteurs ont participé aux travaux ?................................................... 11 Quel fut l’environnement de travail ?........................................................ 12 LE CADRE DE L’ÉTUDE......................................................................... 13 Rappel des objectifs .................................................................................. 13 Un fonctionnement en régime dynamique................................................... 13 Un environnement plus proche de la réalité ................................................ 13 La notion d’efficacité énergétique.............................................................. 14 Les moyens expérimentaux......................................................................... 14 Le recalage des cellules d’essais................................................................ 15 La détermination du comportement des émetteurs ........................................ 15 Les essais de « validation » du modèle complet couplé................................ 15 Les émetteurs étudiés................................................................................. 16 Le convecteur électrique.......................................................................... 16 Le radiateur à eau .................................................................................. 16 Le panneau radiant................................................................................. 17 Le plafond rayonnant ............................................................................. 17 Le plancher chauffant............................................................................. 17 Le modèle de comportement........................................................................ 18 Modèle zonal........................................................................................ 18 Renouvellement d’air............................................................................. 19 Régime dynamique................................................................................ 19 Entrées, sorties du modèle....................................................................... 20 Les critères du confort................................................................................ 20 Qu’est le confort ?................................................................................ 20 Le profil GRES .................................................................................... 21 Les cas tests ............................................................................................ 22 Pourquoi des cas tests ? ......................................................................... 22 ii Les émetteurs de chaleur Les caractéristiques générales................................................................... 23 Les différents cas................................................................................... 24 La présentation des résultats........................................................................ 24 LE RADIATEUR À EAU .......................................................................... 27 Avertissement.......................................................................................... 27 Deux radiateurs à l’étude......................................................................... 27 Introduction............................................................................................. 27 Une grande famille ................................................................................ 27 Des formes variées ................................................................................ 27 Radiatif ou convectif ?........................................................................... 28 Une réglementation bien établie............................................................... 28 Un élément d’une boucle ........................................................................ 28 Toujours des évolutions... ...................................................................... 29 Le modèle de comportement........................................................................ 30 Les résultats du cas test pour le radiateur HT.................................................. 33 Les résultats du cas test pour le radiateur BT .................................................. 42 Conclusion : le radiateur à eau dans tous ses états........................................... 49 LE CONVECTEUR ÉLECTRIQUE ............................................................ 53 Introduction............................................................................................. 53 Simplicité dans le principe et l’emploi...................................................... 53 Différents types .................................................................................... 53 La sécurité........................................................................................... 54 Une régulation performante..................................................................... 54 Des évolutions sensibles ........................................................................ 55 Le modèle de comportement........................................................................ 55 Les résultats du cas test.............................................................................. 58 Conclusion : le convecteur électrique dans tous ses états................................. 68 LE PANNEAU RADIANT......................................................................... 71 Introduction............................................................................................. 71 Une définition très générale..................................................................... 71 Principes de fonctionnement.................................................................... 71 Les différents types ................................................................................... 72 Radiants/convecteurs, ou convecteurs radiants ?.......................................... 72 Radiants fermés : seule l’enveloppe chauffe ............................................... 72 Radiants ouverts : on voit la source chaude................................................ 72 Norme internationale et définitions........................................................... 73 Textes réglementaires............................................................................. 73 Tendances du marché ................................................................................. 74 Un produit « moderne » en fort développement.......................................... 74 Systèmes de régulation associés............................................................... 74 Table des matières iii Le modèle de comportement........................................................................ 74 Introduction ......................................................................................... 74 Le modèle statique................................................................................. 75 Le modèle dynamique............................................................................. 75 Le modèle zonal adapté........................................................................... 75 Les résultats du cas test.............................................................................. 76 Conclusion : le panneau chauffant dans tous ses états..................................... 85 LE PLAFOND CHAUFFANT.................................................................... 89 Introduction............................................................................................. 89 La chaleur qui vient d’en haut ! ............................................................... 89 Un principe de fonctionnement très rayonnant............................................. 89 Les différents types................................................................................ 90 Tout est prévu dans les textes réglementaires et normatifs............................. 90 Tendances du marché : plutôt pour le tertiaire............................................. 91 Régulation : une évolution vers des thermostats plus radiatifs....................... 91 Le MODÈLE DE COMPORTEMENT ......................................................... 91 Introduction ......................................................................................... 91 Le modèle statique................................................................................. 91 Le modèle dynamique............................................................................. 92 Le modèle zonal adapté........................................................................... 92 Les résultats du cas test.............................................................................. 94 Conclusion : le plafond chauffant dans tous ses états......................................102 LE PLANCHER CHAUFFANT ................................................................103 Introduction............................................................................................103 Un émetteur réparti...............................................................................103 Deux types de source de chaleur ..............................................................103 Une puissance disponible limitée ............................................................103 Le plancher chauffant électrique ..................................................................104 Un émetteur stockeur............................................................................104 Ou un émetteur « au fil de l’eau »..........................................................104 Une puissance souvent volontairement limitée...........................................104 Une mise en œuvre classique..................................................................105 Une régulation en boucle fermée .............................................................105 Un système en devenir ..........................................................................105 Le plancher chauffant à eau........................................................................106 Une réputation ternie ............................................................................106 Un chauffage basse température...............................................................106 Des matériaux innovants .......................................................................106 Plusieurs conceptions possibles..............................................................106 Un système en devenir ..........................................................................107 Le modèle de comportement.......................................................................108 iv Les émetteurs de chaleur Chaque plancher est unique ....................................................................108 Un modèle couplé en régime dynamique ...................................................108 Modèle zonal appliqué au plancher chauffant .................................................110 Renouvellement d’air............................................................................110 Le CAS TEST : définition, résultats, analyses..............................................111 Conclusion : le plancher chauffant dans tous ses états ....................................119 L’ÉTAT DES CONNAISSANCES APRÈS LE GREC..................................121 Les émetteurs localisés .............................................................................122 La consommation : quels écarts ?...........................................................123 La qualité d’ambiance, des comportements légèrement typés.........................126 Les émetteurs répartis...............................................................................132 La consommation : des résultats contrastés...............................................133 La qualité d’ambiance, une répartition confortable.......................................135 Les performances comparées des 6 émetteurs.................................................139 Les émetteurs en étage intermédiaire de bâtiments collectifs..........................140 Les émetteurs en bâtiments individuels à un niveau ....................................142 BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................147 ANNEXE 1 : LES ACTEURS DU GREC...................................................149 ANNEXE 2 : LES CAS TESTS................................................................153 Généralités .............................................................................................153 Les sollicitations extérieures ..................................................................153 Le traitement du rayonnement visible.......................................................154 La sonde de régulation...........................................................................154 Les apports internes..............................................................................154 La ventilation......................................................................................155 Les occultations...................................................................................155 Le dimensionnement des émetteurs..........................................................155 Les dimensions des ouvrants ..................................................................155 Description des cas tests............................................................................155 Table des matières v INTRODUCTION DES OBJETS MAL CONNUS QUOI DE PLUS REPANDU, DE PLUS COMMUN QU'UN EMETTEUR DE CHALEUR ? Présents dans l'immense majorité des bâtiments, c'est par millions qu'ils dispensent, en fonction de la météorologie, des besoins des usagers, et de la source d'énergie disponible, la douce chaleur qui rend notre environnement immédiat si douillet. Au commencement était le feu, qui servait tant à chauffer nos lointains ancêtres qu'à cuire leur alimentation et à les protéger contre les prédateurs carnivores. Alliée, très souvent, aux apports gratuits procurés par la proximité de quelques têtes de bétail, cette technique fruste et grande consommatrice de biomasse a perduré pendant plusieurs millénaires. La cheminée, parfois ornée du blason de la caste, est restée pendant longtemps, et, même dans nos pays, jusqu'à récemment, le centre de chaleur et de vie autour duquel on partageait les longues soirées d'hiver, avant de rejoindre les chambres glacées. Depuis, les progrès techniques apportent chaque jour, à chacun, du moins dans la plupart des pays développés, plus de puissance énergétique disponible. La demande permanente, en temps et en espace, de la continuité dans le confort thermique peut être alors exaucée dans la plupart des bâtiments. La solution passe, le plus souvent, par un système de chauffage, interface matérielle entre une énergie primaire (électricité, carburant) et notre propre corps, qui a besoin d'un équilibre thermique pour son bien-être. Il est composé, schématiquement, d'un générateur, d'un vecteur et d'un émetteur de chaleur. Nous avons ainsi, en entrée, une plus ou moins grande quantité d'énergie, sous une forme ou sous une autre, et en sortie une ambiance plus ou moins contrôlée, que l'on essaie de rendre toujours plus agréable à vivre. Pour un 6 Les émetteurs de chaleur chauffage électrique indépendant par convecteur, les trois éléments sont concentrés dans un même appareil, alors que pour un système à eau chaude, l'émetteur vient en aval d'une chaudière et d'un tuyau. D'autres configurations plus ou moins complexes existent sur le marché, mais globalement, on retrouve toujours ces trois fonctions. Énergie Système de chauffage Confort Vecteur Générateur Émetteur QU'EST DONC UN EMETTEUR ? C'est l'élément d'un système de chauffage, qui, directement en contact avec l'environnement à chauffer, permet au fluide caloporteur (eau ou air chaud, électricité) de libérer l'énergie qu'il transporte. Il reçoit une certaine quantité d'énergie, en distribue une partie vers sa zone d'influence (émission), en utilise, en régime transitoire, une autre pour lui-même (inertie thermique), et en laisse passer quelques quantités vers l'aval (efficacité d'échangeur). COMMENT EMET-IL ? Tous les émetteurs de chaleur émettent par conduction, par rayonnement, et par convection, les trois modes de transferts thermiques. La conduction, directement par contact au sein d’un solide, gère localement le transport à l'intérieur des émetteurs répartis (planchers, plafonds). Elle peut aussi avoir lieu au travers de ponts thermiques, comme les supports de radiateurs. Dans ces cas là, elle est souvent négligeable, toujours négligée. Par contre, quand elle correspond aux pertes par l'arrière des émetteurs répartis, elles-mêmes tributaires des conditions extérieures, elle est très fortement combattue, par des isolations spécifiques. Le rayonnement, qui se propage à la vitesse de la lumière, est le père étymologique de familles entières d'émetteurs : la famille des rayonnants (panneaux, plafonds...), la famille des radiants (ouverts, fermés...), et les radiateurs eux-mêmes (à eau, à gaz, électriques...). Même si ces appellations sont parfois abusives, car certains « radiateurs » n'émettent que pour 20 % par rayonnement, ce mode d'échange peut constituer jusqu'à 60 %, voire plus, de l'émission d'autres émetteurs. La caractéristique de ce type d'émission est qu'il est « instantané », et que ce phénomène de surface s'instaure dès que deux objets, en contact visuel, accusent le moindre écart de température. Introduction 7 La convection est le mode de transfert privilégié de la plupart des émetteurs, d'autant plus s’ils sont verticaux. Qu'elle soit forcée par un ventilateur ou naturelle, elle agit directement sur la température de l'air, qui entraîne la création de courants thermo aérauliques à l'intérieur de la zone à chauffer. Les convecteurs lui doivent leur nom, mais elle est majoritaire dans la plupart des bilans d'échange. Elle agit quand un fluide à une certaine température (air) vient lécher une paroi plus chaude (émetteur). Ce n'est d'ailleurs qu'une application pratique de la poussée d'Archimède, qui fait que l'air, échauffé au contact de la paroi, plus léger, s'élève, et la pompe à convection est amorcée ! Qualitativement, on sait donc très bien comment fonctionne un émetteur de chaleur, et cela a suffi aux quelques générations de chauffagistes qui séparent le règne de la cheminée de l'avènement de celui du « chauffage central délocalisé à régulation terminale optimisée thermostatiquement ». Dit autrement, le « poids de la fonte » n'est plus une information suffisante pour concevoir des installations modernes, capables de gérer en temps réel, avec le meilleur rapport confort/coût, la demande d'usagers de plus en plus exigeants, face à une météorologie toujours capricieuse, dans des bâtiments de plus en plus variés. QUE SAVIONS NOUS, FIN 1989, DES EMETTEURS DE CHALEUR ? Vis-à-vis des produits industriels, fabriqués par millions d'exemplaires mais dispersés en sous ensembles disparates, on connaissait bien, généralement de manière empirique, leurs caractéristiques de comportement en régime permanent dans des conditions d'essais très rigoureusement normalisées. Cela permettait, néanmoins, par un calcul de la puissance de déperditions, toujours effectué en régime permanent, de choisir, dans telle gamme d'émetteurs, lequel installer. Avec deux biais : • On ne tient aucun compte de la dynamique, parfois très variable, des émetteurs et de l'ensemble du système de chauffage. Ce point acquiert d'autant plus d'importance que l'on pratique de nos jours une intermittence presque systématique. • On ne connaît pas le comportement de l'émetteur couplé à son environnement, tant au niveau des répartitions de températures qu'il génère, que de la part émise par rayonnement, de l'influence du taux de renouvellement d'air... De plus, si les essais normalisés permettent, avec l'application systématique d'un bon coefficient de sécurité, de choisir une puissance dans une gamme d'émetteurs, le choix de cette gamme est très souvent imposé à l'usager, ou au maître d'ouvrage, par les goûts personnels de l'architecte, ou le talent de 8 Les émetteurs de chaleur persuasion du commercial de l'installateur local, quand ce n'est pas tout simplement le coût brut d'investissement du système. Quant aux systèmes construits à l'unité (cheminées, planchers chauffants...) l'expérience de l'installateur, associée à quelques règles de dimensionnement (calcul des déperditions...), permet de concevoir des installations la plupart du temps satisfaisantes, bien que souvent épaulées par un chauffage d'appoint, pris comme une assurance, mais pas toujours utilisé. Alors, quelles sont les qualités spécifiques d'un convecteur électrique, d'un plancher chauffant... ? Comment réagissent-ils à une brusque variation de consigne ? C'est à ces simples questions que le Groupe de Recherche sur les Émetteurs de Chaleur (GREC) a tenté de répondre au cours des années 1990-1993. Cet ouvrage vous fait maintenant part des résultats de ses réflexions. UN GROUPE DE RECHERCHE SPECIFIQUE Lorsque, en 1989, une nouvelle demande d'aide pour la construction d'une nouvelle cellule d'essais, dédiée aux émetteurs de chaleur, est arrivée au Service Habitat et Tertiaire de l'Agence Française pour la Maîtrise de l'Énergie (AFME), il a été décidé de regrouper l'ensemble des efforts menés dans le domaine par ses divers partenaires. Un appel à idées a été lancé, les différentes équipes ont répondu, et une réunion constitutive s'est tenue fin 1989, pour adopter le programme du Groupe de Recherche sur les Émetteurs de Chaleur (GREC). QUEL PLAN DE TRAVAIL POUR LE GREC ? La première des actions à mener a donc été de mettre au point en commun un programme ambitieux, mais réaliste, qui devait permettre, à terme, de « caractériser, dans des conditions réalistes de fonctionnement, l'efficacité énergétique de divers systèmes d'émission de chaleur ». Le terme était initialement fixé à 3 années, auxquelles devait s'ajouter une année de travail consacrée à la diffusion des connaissances acquises. La caractérisation sous-entendait une meilleure appréhension des phénomènes physiques participant à l'émission de chaleur, en régime dynamique, non seulement pour comprendre le fonctionnement des Introduction 9 différents émetteurs, mais encore pour se donner les moyens, ultérieurement, d'en améliorer la conception. Les conditions réalistes devaient rapprocher les calculs d'une configuration d'utilisation plus courante que celle correspondant à une chambre d'essais en régime permanent, tant en environnement qu'en commande régulation. En fait, on espérait reproduire plus fidèlement le comportement d'un émetteur dans une pièce d'habitation « normale ». L'efficacité énergétique est le vocable utilisé pour tenter d'approcher la notion de rendement d'émission, terme difficile à définir correctement. Cela sous-entend une approche des coûts en énergie, alliée à la notion de qualité d'ambiance créée. Enfin, nous n’avons étudié que certains systèmes, car, dans les temps impartis, et avec la force de travail disponible, nous ne pouvions les regarder tous. Notre choix s’est porté sur les plus répandus, dans le présent et l'avenir prévisible. Pour tenter d'arriver à cet objectif, une démarche de travail a donc été mise au point. Elle était basée sur 3 grands axes : 1 . Connaissance des émetteurs dans leur environnement : cette partie correspond à la phase de recherche, et contient les essais et modélisations. C'est sur elle qu'a porté l'essentiel des efforts du GREC, et elle a permis, après un état des lieux initial, l'acquisition des connaissances, au travers d'actions concertées. 2. Application à des configurations typiques de bâtiments : le but de cette partie est d'essayer de caractériser le comportement des différents systèmes dans différents environnements, grâce aux connaissances acquises en (1). C'est à ce stade que l'on peut mieux comprendre le comportement couplé d'un émetteur et de son environnement, tant en qualité d'ambiance créée qu'en coût énergétique. 3 . Enquêtes sur les pratiques du terrain : cette étude doit permettre de modérer les résultats de (2), en y introduisant le facteur "terrain". 1. CONNAISSANCE DES EMETTEURS DANS LEUR ENVIRONNEMENT 1.1 Définition des objectifs Dans un premier temps, on a listé les objectifs de chaque organisme impliqué. A partir d'une synthèse de ces objectifs, le GREC a délimité son propre champ de travail. 1.2 Recensement, typologie 10 Les émetteurs de chaleur Il s'agissait de faire un recensement de tous les systèmes d'émission de chaleur, et de faire l'état des connaissances actuelles le domaine, de connaître diffusion... Le GREC, à partir de cette étude, dans a déterminé des sujets d'étudesleur prioritaires. 1.3 Définition et choix des modèles Dans un premier temps, cette tâche a consisté en un inventaire des modèles existants, présentés de façon détaillée et uniforme par des fiches normalisées. Cela a permis une mise en relation de ces modèles et des objectifs définis au 1.1, y compris sur les problèmes de confort. Le GREC a alors choisi en fonction des divers objectifs : • d'adopter des modèles existants ; • de développer, ou de créer de nouveaux modèles. 1.4 Les protocoles expérimentaux Comment mesure-t-on ? Quelles mesures faisons-nous ? Pour répondre à ces questions, il a fallu faire le point sur les diverses pratiques opératoires. A partir de là, on a décidé, en fonction des objectifs, de la nécessité (ou non) de développer de nouvelles méthodologies de mesures, en fonction des modèles choisis. De plus, on a défini une base commune (noyau dur) de mesures, nécessaire sur tous les bancs d'essais à des fins de comparaison. 1.5 Recalage des bancs d'essais Pour pouvoir utiliser les résultats des essais d'autres laboratoires, il est nécessaire de recaler les bancs d'essais entre eux. Cette tâche a consisté en la définition d'un cas de référence sur un (ou plusieurs) émetteur(s). Après réalisation des essais, une comparaison et un bilan des résultats obtenus ont été présentés. 1.6 Acquisition des données expérimentales C'est la partie expérimentale du travail. Il s'agissait d'engranger le plus de résultats possibles, compatibles entre eux, afin qu'ils puissent être exploités par les autres équipes. L'ensemble des résultats a permis l'élaboration d'un catalogue de connaissances, sous forme d'une base de données, sur les divers émetteurs. 1.7 Validation des modèles Cette opération s'est déroulée en deux temps. Tout d'abord, les modèles d'émetteurs ont été comparés aux résultats des essais effectués en cellule. Puis, ils ont été confrontés à des expérimentations, en régime dynamique, dans une même cellule, la cellule CIRCE du CoSTIC à Digne, avec des conditions d'essais plus proches de celles rencontrées dans les bâtiments réels. Cette phase a permis de clore l'action recherche du GREC. 2. APPLICATION A DES CONFIGURATIONS TYPIQUES DE BATIMENTS 2.1 Définition des cas types Nous avons proposé : • des types de bâtiments à tester (habitat, tertiaire de bureaux) ; • des systèmes à y installer ; • des modèles de comportement. Introduction 11 Cela a donné 7 cas très précisément définis. 2.2 Simulation A partir des choix effectués en 2.1, les modèles validés en (1) ont été appliqués, pour une séquence météorologique réelle, correspondant à une semaine froide de janvier en région parisienne. 2.3 Bilans La synthèse des simulations effectuées en 2.2, après examen de la cohérence des résultats obtenus, est donc éditée dans cet ouvrage sous la forme de recommandations à l'usage des divers utilisateurs potentiels. 3. ENQUETES : QUELLES PRATIQUES SUR LE TERRAIN ? En interrogeant toutes les parties prenantes du domaine (maîtres d'ouvrage, usagers, maîtres d'œuvre, installateurs...), il a été déterminé un état de la pratique des émetteurs, tant sur leur utilisation, leur installation, leur dimensionnement, leur vieillissement, l'attente des usagers... Les résultats en terme de comportement, de pratiques, de confort, viennent en parallèle compléter les résultats « théoriques » obtenus en 2.3. Chaque sous chapitre a intéressé une ou plusieurs équipes, et leurs actions furent coordonnées par l'une ou l'autre des parties prenantes. De même, une coordination générale du groupe de recherche a été mise en place, afin d'harmoniser l'ensemble des travaux, de faire le lien avec des partenaires extérieurs, en bref, d'animer le tout. QUELS ACTEURS ONT PARTICIPE AUX TRAVAUX ? Au nombre de 8, dépendant de 7 organismes différents, ils étaient déjà des partenaires de l'AFME, et travaillaient déjà dans le domaine des émetteurs de chaleur. Certains, de plus, se rencontraient régulièrement, pour faire le point de l'état d'avancement de leurs travaux respectifs. Aussi, ils n'ont pas eu de difficultés à intégrer cette structure fédérative, et y ont tous participé, dans la limite de leurs moyens, avec une rare efficacité et une excellente prise en compte du fait collectif. Ils ont été cités dans l’avant propos. Une fiche détaillée par établissement est consultable en annexe 1. QUEL FUT L’ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL ? Le GREC s'est, dès le début de ces travaux, entouré de personnalités extérieures compétentes, réunies au sein de deux comités : le comité de suivi, et le comité scientifique. 12 Les émetteurs de chaleur Le comité de suivi, réuni en moyenne deux fois par an, était composé de représentants de l'ensemble de la profession, c'est-à-dire aussi bien les producteurs d'énergie (AFME, A.S. FIOUL, EDF, GDF) que les syndicats de fabricants de matériels (CMC, GIFAM, COCHEBAT), les bureaux d'études (AICVF), les exploitants (FG3E, FNB, CoSTIC)... Son rôle a été multiple, mais il a surtout servi d'intermédiaire entre les demandes du terrain, et les offres des chercheurs. Il a donc permis d'orienter un certain nombre de choix, été parfois un appui technique quant à l'adoption de telle ou telle règle, et il a dans son sein, désigné le comité de lecture du présent ouvrage, afin que celui-ci profite, au mieux, à l'ensemble de son lectorat potentiel. L'importance du travail mené au sein du GREC a eu comme meilleur écho la présence active et toujours constructive de tous les membres du comité de suivi, prouvant, s’il en était besoin, tout l'intérêt que portent les « industriels » aux travaux des chercheurs. Le comité scientifique, quant à lui, était formé de chercheurs du CNRS, et d'ingénieurs de l'AFME, d'EDF et de GDF, qui, bénévolement, en liaison permanente avec l'avancée des travaux, ont pris de leur temps de travail pour conseiller, discuter, proposer, adopter, guider le travail scientifique entre les écueils, d'une part d'un académisme superbe mais inapplicable, et d'autre part des simplifications abusives ou inefficaces. Ils ont été à la fois une caution morale pour l'ensemble des chercheurs, une somme d'expériences immédiatement exploitable, et des conseillers incisifs et toujours disponibles. Les émetteurs de chaleur, archétype du sujet de recherche appliquée, ont permis d'aborder aussi bien les problèmes théoriques liés à la dynamique du transport d'un fluide, à la caractérisation d'un panache…, que les questions relatives au positionnement d'un émetteur, ou au réglage de son heure de relance, en liaison avec des professionnels de terrain. Cette structure, qui a très correctement fonctionné, a rempli sans dérive excessive la majorité des objectifs qu'elle avait fixés. Des résultats, intéressant tant les scientifiques que les professionnels, sont donc maintenant disponibles et la perspective d'améliorer encore les connaissances dans le domaine est ouverte. La convivialité qui s'est instaurée au sein du Groupe a permis la création durable d'un réseau de recherche, qui continuera, de façon formelle ou institutionnalisée, à être un lieu d'échange et de réflexion. Tous y avons trouvé notre compte, et, nous l'espérons, nos lecteurs aussi. LE CADRE DE L’ETUDE RAPPEL DES OBJECTIFS « Caractériser, dans des conditions réalistes de fonctionnement, l’efficacité énergétique de divers systèmes d’émission de chaleur » Pour arriver à cet objectif ambitieux, il a fallu mieux définir les limites de la recherche, et les apports vis-à-vis de l’état antérieur des connaissances. UN FONCTIONNEMENT EN REGIME DYNAMIQUE Les règles de l’art, en matière de calcul de la puissance à installer, sont l’outil principal de l’installateur de systèmes de chauffage depuis des générations. Sous forme de règles de calcul, d’abaques, et de « coefficients de sécurité », elles ont, pendant longtemps et avec une énergie peu chère, largement rempli leur rôle. Maintenant, on peut avoir un système de chauffage intelligent, qui s’adapte aux évolutions météorologiques, aux besoins variables, qui reste en tout temps invisible et confortable, tout en consommant le moins possible. Il faut donc dimensionner autrement, prendre en compte l’inertie thermique de l’émetteur, l’intermittence des besoins de chauffage, s’adapter à la régulation tout en évitant les trains de chaleur et les hétérogénéités thermiques locales. Le GREC s’est donc attaché à mieux connaître le couplage, en régime dynamique, de l’émetteur de chaleur avec son environnement, tout en étudiant l’évolution des consommations et la qualité de l’ambiance créée. UN ENVIRONNEMENT PLUS PROCHE DE LA REALITE Dans le bâtiment, chaque réalité est unique. Elle n’est donc pas accessible. La connaissance de l’émission des différents systèmes de chauffage passait par : • l’analyse précise de leur fonctionnement dans des conditions de laboratoire normalisées, en régime permanent strict, donc très éloignées du terrain ; 14 • Les émetteurs de chaleur l’analyse globale d’essais in situ, à peu près fidèles au cas particulier traité, mais sans espoir d’une généralisation à d’autres configurations. Le GREC a donc essayé de mettre au point une procédure d’essais plus proche des conditions réelles, tout au moins au niveau des limites (scénarios variables reproduisant des conditions extérieures changeantes), et du comportement de l’émetteur, relié à un système de régulation. Le modèle développé a donc, lui aussi, été adapté à la définition de scénarios réalistes (en occupation, en météorologie...) sans pour autant tomber dans la copie du terrain qui demanderait la prise en compte de divers phénomènes difficiles à définir précisément (effets du mobilier, calculs précis de taches solaires...), ce qui aurait alourdi inutilement la programmation, tout en masquant les tendances spécifiques à chaque émetteur testé. LA NOTION D’EFFICACITE ENERGETIQUE La réglementation, issue de travaux datant du milieu des années 80, parle d’un « rendement d’émission forfaitaire », d’ailleurs différent pour le plancher et pour l’ensemble des autres émetteurs. Il paraît pourtant évident qu’un émetteur sera d’autant plus efficace, que, à consommation énergétique égale, le confort créé sera plus apprécié. Le GREC s’est donc attaché à mieux définir cette notion d’efficacité énergétique, en précisant quantitativement, aussi bien les notions de consommation énergétique, que de qualité d’ambiance thermique. LES MOYENS EXPERIMENTAUX La connaissance scientifique, et notamment dans des domaines aussi complexes que les échanges thermo aérauliques dans des volumes de la taille d’une pièce d’habitation, ne peut être acquise sans observation de la réalité. Cela entraîne obligatoirement le montage d’expérimentations, parfois très longues à mettre en œuvre, avec des métrologies lourdes. Dans le domaine des émetteurs, les essais phénoménologiques sur le terrain étant exclus, les expérimentations s’effectuent dans des cellules climatiques, dédiées. Toutes les équipes participant aux travaux du GREC étaient déjà dotées de tels équipements. Deux nouvelles cellules ont été conçues plus spécialement pour répondre aux besoins d’essais en régime dynamique. Une étude, menée par Christian Inard, de l’INSA de Lyon [INA90], en a fait l’inventaire. Chaque équipe ayant rempli un questionnaire élaboré à cette occasion, l’auteur en présente les principales caractéristiques communes et les spécificités. Le cadre de l’étude 15 L’ensemble des dispositifs expérimentaux à la disposition du GREC, et d’autres demandeurs éventuels, offre ainsi une large palette de possibilités d’essais. Il serait donc tout à fait possible d’utiliser ce matériel pour mettre au point et appliquer de nouvelles méthodologies d’essais, si le besoin s’en faisait sentir. Un important travail expérimental a été mené tout au long du GREC. Il n’est pas dans le sujet de cet ouvrage d’en faire une description exhaustive, mais on peut cependant décrire brièvement les trois grandes classes d’essais réalisés. LE RECALAGE DES CELLULES D’ESSAIS A partir d’un protocole d’essais, portant notamment sur la liste et le positionnement des mesures à effectuer, défini par l’INSA, et adopté par l’ensemble des expérimentateurs, un radiateur à eau a été testé, avec les mêmes scénarios, dans quatre cellules différentes (RAD1, EREDIS, CIRCE et ISO) par quatre expérimentateurs différents. La synthèse de Christian Inard [INA92] conclut à la bonne cohérence des résultats dans pratiquement tous les cas. Les rares différences que l’on a pu noter ont été facilement expliquées : elles sont liées à des spécificités géométriques. LA DETERMINATION DU COMPORTEMENT DES EMETTEURS Une deuxième série d’essais, certains en régime permanent, mais la plupart en régime dynamique, a été menée pour acquérir les connaissances empiriques nécessaires à la compréhension des phénomènes thermo aérauliques régnant dans une pièce en présence d’un émetteur actif. Ces expérimentations ont permis le choix et la mise au point du modèle de comportement des différents émetteurs, ainsi que du scénario des écoulements des masses d’air à l’intérieur de la pièce chauffée. Des essais avec renouvellement d’air ont par ailleurs permis de vérifier que ces écoulements n’étaient que peu perturbés par l’entrée d’air froid en partie haute. LES ESSAIS DE "VALIDATION" DU MODELE COMPLET COUPLE Le modèle global, complet, couplé du comportement thermique d’un émetteur de chaleur dans une pièce devait, avant d’être appliqué à une série 16 Les émetteurs de chaleur de configurations typiques, être confronté à une séquence d’essais adéquate. Ceux-ci, menés sur une longue période (entre 9 et 10 jours), ont tous eu lieu dans la cellule CIRCE, du CoSTIC, à Digne. La plupart des résultats des nombreux essais réalisés a été conservée sur papier, ou sous forme magnétique, et est disponible pour les équipes de recherche. LES EMETTEURS ETUDIES Une enquête, effectuée par le CoSTIC, a eu pour objet de recenser l’ensemble des émetteurs de chaleur disponibles sur le marché [PP91]. À partir de cette typologie, un long débat entre acteurs et membres du comité de suivi a permis de dégager quels émetteurs il serait judicieux d’étudier en priorité. Ce sont deux émetteurs « répartis », le plancher chauffant et le plafond rayonnant, et trois émetteurs « localisés », le convecteur électrique, le radiateur à eau (décliné dans les deux dimensionnements « classique » et « chaleur douce ») ainsi que le panneau radiant à bain d’eau chaude. Ci-dessous sont repris quelques arguments qui ont entraîné ces choix, avec une description plus précise des types mêmes des émetteurs étudiés. LE CONVECTEUR ELECTRIQUE Incontournable dans le contexte énergétique français, il équipe, au début des années 1990, plus de 60 % des logements neufs construits chaque année. De taille et de dimension très variables, le principe reste d’une grande simplicité : une résistance ailetée diffuse, par effet Joule, la puissance consommée. Cette résistance est protégée par un habillage qui accentue l’effet de cheminée. La puissance est modulée par une régulation, le plus souvent électronique, aisément programmable et intégrée à l’émetteur. Nous avons choisi d’en tester un de dimensions standard, à sortie frontale. LE RADIATEUR A EAU C’est le deuxième grand classique des émetteurs localisés. Avec encore plus de déclinaisons, dans les matériaux, les formes et les dimensions, il a su suivre les diverses modes, tout en étant capable, par le vecteur eau chaude, de s’associer à toutes sortes d’énergies primaires. Le cadre de l’étude 17 Nécessitant une installation hydraulique, il est associé à toutes sortes de régulations, dont l’optimisation de la conception est toujours un sujet de recherche d’actualité. Parmi la multitude de produits disponibles, le GREC a choisi de tester deux émetteurs de type panneau double à ailettes, l’un conçu pour une utilisation classique, avec une entrée d’eau nominale à 80 ou 90 °C, l’autre pour une utilisation plus moderne, avec une entrée d’eau à 55 °C. LE PANNEAU RADIANT Pour élargir leur gamme, et pour proposer des émetteurs un peu moins convectifs, les fabricants mettent en avant ce compromis de la simplicité électrique et du confort du rayonnement. Plusieurs types de panneaux radiants sont disponibles, l’élément chauffant pouvant être visible ou non. Le GREC a choisi d’étudier en priorité un panneau radiant fermé, à bain d’eau chaude, encore appelé panneau chauffant. Proche, par sa géométrie et ses caractéristiques d’émission, d’un radiateur à eau, avec, a priori, une part rayonnante plus importante, il a donc été possible de garder pour lui l’ensemble des hypothèses de calcul communes aux autres émetteurs localisés. LE PLAFOND RAYONNANT Considérés comme des procédés de chauffage innovants, ils comportent des éléments chauffants alimentés électriquement suspendus ou rapportés en plafond. C’est, dans le cas général, l’émetteur le plus rayonnant, et il est souvent adopté quand on veut rendre l’émission invisible, sans pour autant se doter d’un système lourd tel que le plancher chauffant. Le GREC a choisi d’étudier un des systèmes les plus installés à l’heure actuelle, le film chauffant, dimensionné selon les règles admises dans la profession. LE PLANCHER CHAUFFANT C’est l’émetteur réparti (à grande surface émettrice) qui est le plus utilisé à l’heure actuelle. Il permet la diffusion de la chaleur à plus faible température, et est donc, a priori, considéré comme très efficace. 18 Les émetteurs de chaleur Chaque plancher chauffant est unique. Nous avons donc expérimenté celui existant dans la cellule du CoSTIC à Digne, et modélisé un plancher à eau issu des règles de calcul en vigueur dans les bureaux d’études. Malgré les restrictions énoncées ci-dessus, force est de constater que le sujet traité par le GREC reste très vaste, et englobe une grosse majorité des configurations rencontrées dans les bâtiments tertiaires et d’habitation. Les équipes du GREC, cependant, sont conscientes d’avoir exclu un certain nombre d’émetteurs de la gamme de ces études, notamment les panneaux radiants ouverts, les ventilo convecteurs, les systèmes de chauffage aérauliques. Elles sont prêtes à en effectuer l’étude, suivant la trame déjà utilisée au sein du GREC, si tant est qu’une demande spécifique voit le jour chez les partenaires. LE MODELE DE COMPORTEMENT Le GREC s’est donné pour objet d’étude la caractérisation du comportement, en régime dynamique, d’un émetteur de chaleur couplé à son environnement immédiat, c’est-à-dire la pièce qu’il est censé chauffer. Les nombreux essais réalisés, bien que d’une grande variété, ne représentent que peu de configurations possibles de couple émetteur/bâtiment. Aussi, il a été décidé d’élaborer un modèle de comportement numérique, qui après « validation » par comparaison avec les résultats expérimentaux, permettra, à l’infini, mais dans des bornes bien définies, de faire varier les différents paramètres, soit de manière immédiate, soit moyennant quelques modifications, qui devront de toutes façons rester compatibles avec les hypothèses du modèle. En voici quelques-unes, brièvement rappelées ici mais qui font l’objet d’un développement plus complet dans les chapitres qui leur sont individuellement consacrés et dans la thèse de Hubert During [DUR94]. MODELE ZONAL C’est la base de la modélisation. Les échanges convectifs entre les diverses parois et l’émetteur sont traités par une méthode zonale. Celle-ci est un compromis entre la trop grande simplicité d’un modèle à température d’air isotherme, et la trop grande complexité d’un modèle par résolution des équations fondamentales. Le principe est initialement basé sur le découpage du volume de la pièce en un nombre restreint de zones à comportement aéraulique constant, par Le cadre de l’étude 19 exemple, la zone du panache au dessus de l’émetteur, la zone en contact avec le plancher... RENOUVELLEMENT D’AIR ZONE PLAFOND ECOULEMENT PRINCIPAL PAROI FROIDE z ZONE EMETTEUR <<<<zz AIR EXTRAIT ZONE PLANCHER Les échanges conductifs ont été traités en mono dimensionnel dans les parois, tandis que les échanges radiatifs sont pris en compte de façon très précise par la méthode des éclairements - radiosités. Dans le cadre des émetteurs répartis (planchers, plafonds), l’écoulement principal se fait plutôt dans le sens inverse, généré par la paroi froide. Ce modèle a été validé, tout d’abord, en régime permanent, pour tous les émetteurs. Puis, les résultats des simulations ont été confrontés avec succès aux mesures acquises lors d’essais spécifiques en régime dynamique. RENOUVELLEMENT D’AIR Dans la plupart des constructions récentes, un système de ventilation, naturel ou mécanique, permet le renouvellement d’air. Divers essais spécifiques effectués ont démontré que, dans la plupart des cas, l’introduction d’air neuf ne perturbe pas la géométrie des écoulements régnant dans la pièce chauffée. Il en a donc été tenu compte au niveau des bilans thermiques et massiques des zones plafond (entrée d’air frais) et plancher (extraction). REGIME DYNAMIQUE Mis au point initialement pour l’étude des régimes permanents, le modèle zonal s’est très bien adapté à la variable temps, ce qui a permis de mieux différencier les émetteurs en fonction de leur inertie, en relation avec la gestion de l’intermittence, l’inertie du bâtiment, la prise en compte des apports internes et la variation des conditions extérieures. 20 Les émetteurs de chaleur ENTREES, SORTIES DU MODELE Les entrées du modèle sont essentiellement un ensemble de valeurs descriptives de la pièce à modéliser, ainsi que du système de chauffage utilisé. Viennent ensuite les scénarios de simulation, la température de consigne, l’intermittence, l’occupation, la météorologie... Les sorties du modèle sont des séquences de valeurs de certaines variables physiques caractéristiques de l’évolution thermique de l’émetteur et de la pièce modélisée. On a ainsi accès à environ 15 températures d’air, à près de 100 températures de surfaces... À partir de ces valeurs, tout type de traitement numérique est disponible, notamment le calcul des besoins énergétiques, ou encore un certain nombre de valeurs relatives à la qualité thermique de l’ambiance. Le modèle GREC, dont la mise au point finale a été réalisée à l’INSA de Lyon, est actuellement un outil de recherche performant, validé sur un grand nombre d’expériences diverses. Il reste la propriété de l’ADEME (ex AFME) et des équipes qui ont participé aux travaux du GREC. Il a déjà été appliqué aux cas tests décrits ci-après. Il pourra certainement être appliqué à un grand nombre de configurations émetteur/bâtiment, dans la limite des restrictions décrites ci-dessus, mais demandera de la part des opérateurs une bonne connaissance des hypothèses sous-jacentes. Cependant, dans l’état actuel de son développement, il s’agit d’un outil unique, qui est capable de prédire la qualité de l’ambiance (le confort ?) à partir d’une description de la pièce, de son émetteur, et d’une régulation à définir, en fonction de conditions climatiques variées. Les équipes du GREC sont prêtes pour de nouveaux développements, ou d’autres études paramétriques. LES CRITERES DU CONFORT L’émetteur de chaleur a pour mission de distribuer l’énergie qu’il reçoit de façon à générer dans son environnement proche des conditions thermiques confortables, à un certain coût énergétique. QU’EST LE CONFORT ? Le confort est une notion subjective difficile à quantifier. Elle dépend non seulement des caractéristiques « météorologiques » de l’environnement (telles que la température, l’humidité, la vitesse d’air...) mais aussi de facteurs liés à l’activité de l’usager, à ses vêtements... C’est d’ailleurs plutôt l’inconfort que l’on essaie de déterminer, à partir d’études statistiques menées empiri- Le cadre de l’étude 21 quement sur un grand nombre de cobayes, dans un petit nombre de configurations. A partir de ces études, on peut définir un pourcentage de personnes insatisfaites dans telle ou telle condition. LE PROFIL GRES Un des traitements qui semblait aux équipes du GREC parmi les plus intéressants a été mis au point par le CSTB, sous forme d’une série de notes portant sur la qualité thermique d’une ambiance : le profil UCRES. C’est donc le CSTB qui a naturellement été choisi pour adapter ce critère aux caractéristiques du modèle GREC. Il fallait tenter de garder la précision d’UCRES, avec moins de points de mesure, en y ajoutant l’évolution au cours du temps. Cela a donné le profil GRES [FM92]. Loin des critères « analytiques », mais plus fin que la simple température d’air, le profil GRES nous semble en parfaite adéquation avec le niveau de précision pragmatique qui a été une exigence de toute la démarche de modélisation : simple, mais non simpliste. Il est basé sur quatre notes principales, elles-mêmes subdivisées : • La note G, pour confort Global, est évaluée par G = 5 + 1,15 (TRSm - 20) où TRSm est la moyenne sur 3 points, pour 15 verticales réparties dans la zone d’occupation. G est subdivisée en 2 positions, assis et debout, et 2 inconforts, froid et chaud, soit 4 notes (Gaf, Gac, Gdf, Gdc, pourcentages d’insatisfaits par le froid en position assise...) • La note R, pour Rayonnement, est subdivisée en 4 notes pour quantifier l’asymétrie de rayonnement horizontale et verticale, en position assis et debout (Rha, Rhd, Rva, Rvd). Elles sont décrites dans [FM92]. • La note E, pour Écart tête-pied, est aussi subdivisée en 2 notes Ea et Ed, pour les positions assis et debout. Elle est calculée par deux expressions donnant le pourcentage d’insatisfaits, selon la valeur de l’écart (inférieur ou non à 4 °C). • La note S, pour température de sol, considère la neutralité, soit 5 % d’insatisfaits, à 23,5 °C. Elle est définie par deux exponentielles, pour les sols chauds ou froids. Avec ses 11 notes, calculées en plusieurs points de la zone d’occupation, le profil GRES est pour nous un bon indicateur de l’efficacité énergétique, et c’est, avec la consommation, une des sorties les plus synthétiques de ce que nous ont donné les simulations des cas tests. 22 Les émetteurs de chaleur LES CAS TESTS Prévus dès la première réunion du GREC, ils sont l’illustration, par une série d’exemples typiques d’installations en fonctionnement « normal », des caractéristiques du comportement de tous les émetteurs étudiés. Ces cas tests sont numériques, et montrent les possibilités offertes par tout l’environnement logiciel mis au point au cours de ces trois années. Les différents choix qui ont dû être effectués ont été l’objet de très nombreuses discussions, qui sont résumées dans les paragraphes suivants. L’énoncé précis de l’ensemble des simulations réalisées est reporté en annexe 2. POURQUOI DES CAS TESTS ? Le GREC a développé un modèle précis, complet, qui simule le comportement couplé d’un émetteur de chaleur fonctionnant dans une pièce. Cela aurait pu être un aboutissement du travail, libre aux différents possesseurs du logiciel, membres du GREC ou acheteurs éventuels, d’en faire une exploitation pour leurs besoins propres, ou sur commande. Cependant, il eut pu être dangereux de laisser des résultats partiels, ou même partiaux, être décrits avec une estampille, directe ou indirecte, GREC. De plus, quoi de plus normal que de poursuivre l’étude, par une exploitation en commun des potentialités du modèle ? Mais quelle type d’exploitation ? Quelles valeurs adopter pour quels jeux de paramètres à faire varier ? Nous avons étudié prioritairement 6 émetteurs. Ceux-ci sont adaptés à des pièces de maisons individuelles, de logements collectifs, de bâtiments tertiaires. Ces pièces peuvent être petites, grandes, de différentes hauteurs sous plafond... Elles peuvent avoir une orientation Sud, Nord-Est, Ouest SudOuest... avec une ou plusieurs ouvertures vers l’extérieur, plus ou moins grande, avec ou non occultation nocturne, protection solaire... Il est bien évident que la liste des paramètres peut encore s’allonger quasiment indéfiniment, et le nombre de leurs combinaisons devient incommensurable, tout en restant dans les limites de l’utilisation normale du logiciel. Nous avons donc choisi de ne définir que 7 pièces, ce qui, pour 6 émetteurs, dont certains peuvent être positionnés en allège ou en opposition, fait exactement 58 cas de simulation. C’est, et ce sera, la seule exploitation « officielle » du modèle GREC. Ces 7 cas, définis très précisément (voir annexe 2), tentent de décrire 7 pièces « normales » de 7 bâtiments usuels, 5 bâtis selon les normes en vigueur actuellement, 2 correspondant à des bâtiments anciens. Tous les choix prêtent le flanc à des contestations, qui d’ailleurs seraient pour la plupart recevables. Le cadre de l’étude 23 Mais ils ont déjà été l’objet de dizaines d’heures de réflexion, et ne seront pas remis en cause au sein du GREC. Par contre, rien n’empêche les différents possesseurs du logiciel, a priori conscients des limites du modèle, de faire varier telle ou telle valeur, pour telle ou telle étude paramétrique. Cela ne fera qu’enrichir les débats. LES CARACTERISTIQUES GENERALES Un certain nombre de paramètres a été volontairement bloqué. Beaucoup pourraient varier, dans le cas d’études ultérieures, sans ou avec de très légères modifications des algorithmes. En voici une synthèse qui ne se veut pas exhaustive. Les simulations ont été effectuées pour une période froide réelle enregistrée à la station météorologique de Trappes, près de Paris, avec une température extérieure moyenne de 0,5 °C. Seuls 8 jours seront analysés, après 3 jours « d’initialisation ». Les sollicitations extérieures à la pièce se limitent à : • la température extérieure ; • l’ensoleillement. Les locaux adjacents évoluent de façon identique à la pièce simulée. Les locaux simulés sont tous de 20 mètres carrés, un grand côté de 5 mètres de long étant en contact avec l’extérieur. Les apports internes sont liés au scénario d’occupation, alors que les apports solaires sont traités de manière identique, tout en étant fonction de l’orientation. Les occultations sont globalement prises en compte dans le Kjour-nuit du vitrage. Il n’y a ni voilage, ni revêtement spécifique de sol. Les émetteurs, anonymes, mais dont les caractéristiques sont issues de données constructeurs, et/ou de résultats d’essais, ont été dimensionnés d’après un calcul des déperditions de base. La ventilation est à débit constant, et égal à 1 volume par heure. La bouche d’entrée d’air est toujours située au dessus du vitrage, l’extraction est faite sous la porte, dans la zone plancher. Le système de régulation est en boucle fermée pour les systèmes électriques. Pour les systèmes à eau chaude, la régulation en boucle fermée, en tout ou rien sur le débit, est couplée à une loi d’eau sur la température extérieure, elle-même déconnectée en période de relance à pleine puissance. La sonde est simulée à 1,50 m du sol, dans la zone centrale. Pour les émetteurs localisés, c’est la température d’air qui est prise en compte, alors que pour les émetteurs répartis, c’est une température résultante sèche. 24 Les émetteurs de chaleur Ces principes généraux ont été appliqués à 7 configurations, décrites sommairement ci-dessous. LES DIFFERENTS CAS • • • • • • • Le cas n° 1 : c’est un séjour Sud d’une maison individuelle, à isolation intérieure, avec une petite surface vitrée. Elle est chauffée en permanence, par des émetteurs dimensionnés à 1 500 W. Le cas n° 2 correspond au séjour Sud d’une maison individuelle, à isolation extérieure, avec une grande surface vitrée. Son chauffage est ralenti la nuit, avec relance à heure fixe. Les émetteurs sont dimensionnés à 1 750 W. Le cas n° 3 représente un séjour Nord d’un immeuble d’habitation collectif, à isolation intérieure, avec une petite surface vitrée. Son chauffage est ralenti la nuit, avec relance à heure fixe. Les émetteurs sont de 1 750 W. Le cas n° 4 simule un bureau Ouest, dans un immeuble tertiaire à isolation intérieure, avec une grande surface vitrée. La consigne de chauffage est abaissée la nuit à 17 °C, et le week-end à 12 °C, avec relances à heures fixes (5 heures en semaine, 2 heures le lundi). Les émetteurs sont dimensionnés à 1 750 W. Le cas n° 5 représente un séjour Nord d’un habitat collectif ancien, de grande hauteur sous plafond, aux murs massifs non isolés, avec une grande surface vitrée. Son chauffage est ralenti la nuit, avec relance à heure fixe. Les émetteurs sont dimensionnés à 3 000 W. Le cas n° 6 représente un séjour Sud d’une maison individuelle ancienne, aux murs de béton non isolés, avec une grande surface vitrée. Son chauffage est ralenti la nuit, avec relance à heure fixe. Les émetteurs sont de 3 000 W. Le cas n° 7 correspond au séjour Sud d’une maison individuelle, à isolation extérieure renforcée, avec une grande surface vitrée. Son chauffage est ralenti la nuit, avec relance à heure fixe. 1 500 W ont été installés. LA PRESENTATION DES RESULTATS Le GREC s’est occupé de plusieurs émetteurs, au comportement souvent différent, aux caractéristiques bien spécifiques. Il a d’ailleurs travaillé en parallèle les différents systèmes d’émission, au sein de sous groupes ayant leur propre coordinateur, tout en respectant, bien entendu, la même démarche globale. Le cadre de l’étude 25 Aussi, nous avons décidé, dans un premier temps, de cloisonner les résultats obtenus type d’émetteur par type d’émetteur. Chacun fera l’objet d’une présentation autonome, selon un schéma commun identique. Les analyses qui seront proposées, tant celles issues des essais que celles obtenues par examen des résultats des cas tests ne seront pas directement comparables d’un émetteur à un autre. Nous nous sommes efforcés de qualifier et quantifier le comportement de chaque émetteur, avec des outils identiques, mais de façon objective, sans référence aux « performances » de tel autre. Cependant, à l’analyse des essais effectués, et des résultats obtenus par la simulation des cas tests, il nous a semblé intéressant, malgré la taille un peu faible de l’échantillon, de dégager des considérations générales sur le comportement de tel ou tel émetteur par rapport à tel ou tel autre, tant pour donner aux industriels des pistes pour l’amélioration de la qualité de leur produit, qu’aux concepteurs des recommandations d’installation. C’est ce que l’on peut lire dans la conclusion, présentée après les cinq chapitres consacrés aux émetteurs. LE RADIATEUR A EAU AVERTISSEMENT DEUX RADIATEURS A L’ETUDE Pour mieux cerner l’influence de la taille de cet émetteur sur ses performances, nous avons étudié en parallèle un radiateur de petites dimensions, alimenté en eau à haute température, pouvant aller de 80 à 90 °C suivant les cas, dans les conditions nominales, et le même type de radiateur, de dimensions largement supérieures, alimenté en eau à température plus faible (50 °C). Dans la suite de cet ouvrage, on appellera radiateur haute température (ou RHT) le premier, et radiateur basse température (ou RBT) le second. INTRODUCTION UNE GRANDE FAMILLE Les radiateurs à eau font partie de la famille des corps de chauffe alimentés en eau chaude ou, beaucoup plus rarement dans les bâtiments, en vapeur, qui comptent essentiellement les radiateurs et les convecteurs. Tous ces corps de chauffe sont des échangeurs thermiques alimentés en eau chaude ou surchauffée, en vapeur d’eau à basse ou haute pression et émettant de la chaleur par rayonnement et convection naturelle [BAR91]. DES FORMES VARIEES Les principaux types de radiateurs à eau que l’on rencontre sont : • les panneaux simples, ou multiples, à circulation horizontale ou verticale ; • les panneaux à ailettes (ouvertes ou fermées) simples ou multiples ; • les panneaux à nervures ou « lamellés » (avec ailettes à circulation interne) ; • les éléments à sections transversales à colonnes ; 28 • Les émetteurs de chaleur les éléments tubulaires, nus, à ailettes ou à persiennes, incorporées ou non dans un carter. En général, les matériaux qui constituent ces radiateurs sont soit de la fonte coulée, soit de l’aluminium coulé sous pression ou extrudé, soit de l’acier. RADIATIF OU CONVECTIF ? Les radiateurs à eau sont des corps de chauffe émettant aussi bien par rayonnement que par convection. Suivant le type de radiateur, 15 % (cas du panneau triple à ailettes) à 50 % (cas du panneau simple) de la puissance totale est émise par rayonnement. Les radiateurs installés dans les bâtiments sont donc en général plus convectifs que radiatifs ! Ils sont, pour la plupart, alimentés en eau chaude. Ce sont, comme les convecteurs électriques, des émetteurs localisés, par opposition aux émetteurs répartis comme les planchers ou les plafonds chauffants. UNE REGLEMENTATION BIEN ETABLIE Les caractéristiques des corps de chauffe alimentés en eau chaude ou en vapeur sont précisées dans la norme NF P 52-012 (1987) : caractéristiques dimensionnelles (corps de chauffe, raccordement, visserie) ; caractéristiques de construction (matériaux et robustesse, assemblage et soudures, étanchéité, tenue mécanique à la pression, fixation des ailettes, montage des éléments amovibles) ; caractéristiques de fonctionnement (puissance thermique, perte de charge dans le corps de chauffe). La puissance thermique est mesurée selon la norme NF P 52-011 (1987). Elle est exprimée, pour les radiateurs à eau, sous la forme : P = KΔTn avec : • K et n : coefficients de la loi d’émission ; • ΔΤ : écart entre la température moyenne du caloporteur et la température de référence de l’air dans la chambre d’essais, au centre, à 0,75 m de hauteur. La puissance nominale correspond à un écart Δ T = 60 °C, pour des dimensions classiques (RHT). Par contre, la tendance actuelle est à la diminution de cet écart, et le radiateur « chaleur douce » est plutôt calculé pour un écart de 30 °C. UN ELEMENT D’UNE BOUCLE Le radiateur à eau fait partie d’une boucle de chauffage comprenant la Le radiateur à eau 29 plupart du temps une chaudière et un réseau de distribution formé de tubes et alimentant plusieurs émetteurs. En général, la boucle est régulée de façon centralisée (sonde de température extérieure ou thermostat d’ambiance agissant sur la chaudière ou sur une vanne mélangeuse en tête du réseau) et éventuellement complétée par des régulations terminales disposées sur les radiateurs : robinets thermostatiques (sauf dans la pièce où est placé le thermostat d’ambiance, s’il existe). S’ils ne sont pas munis de tels robinets, qui sont obligatoires dans les bâtiments neufs, les radiateurs sont simplement pourvus de robinets manuels. TOUJOURS DES EVOLUTIONS... Le bon vieux radiateur en fonte n’est pas mort... il s’est adapté aux modes, aux tendances : forme, couleur, ailettes. La variété des radiateurs est toujours grande : on a vu fleurir les « sèche serviettes » radiateurs tubulaires en forme d’échelle destinés aux salles de bains... certains sont d’ailleurs munis de résistances électriques, permettant un chauffage local indépendant. La tendance est aussi à la « chaleur douce » : radiateurs de plus grande surface, fonctionnant à des températures plus basses que la « normale », de l’ordre de 50 °C de température moyenne entrée - sortie (au lieu de 80 °C). Un des avantages principaux est d’obtenir une meilleure homogénéité des températures. Cela est d’ailleurs confirmé par les résultats donnés dans les pages suivantes. De plus, en chauffage individuel centralisé, on bénéficie ainsi d’une « réserve » de puissance pouvant compenser, par exemple, des déperditions vers des locaux voisins inoccupés [IM89]. De même, cette réserve de puissance permet une meilleure relance après un ralenti nocturne, ou hebdomadaire dans les locaux tertiaires de bureaux. Soulignons au passage que la future norme européenne EN 442 sur les « radiateurs, convecteurs et appareils similaires » retiendra un écart de température de 50 °C avec l’ambiance au lieu de 60 °C actuellement (soit une température moyenne de radiateur de 70 °C au lieu de 80 °C). Enfin, un phénomène supplémentaire bénéficie de ce faible écart de température entre l’émetteur et l’ambiante : l’auto régulation du système couplé. En effet, la puissance émise, pour les systèmes à vecteur fluide, décroît avec l’augmentation de la température ambiante, contrairement aux systèmes pilotés en puissance. Cela est d’autant plus vrai que la température de l’émetteur est moins haute. 30 Les émetteurs de chaleur LE MODELE DE COMPORTEMENT Comme nous l’avons vu, il existe une très grande diversité de corps de chauffe à eau. Les différences portent sur les matériaux, la forme, la taille et le mode de circulation interne. Ces disparités se retrouvent, bien entendu, au niveau du comportement dynamique et de l’émission thermique des émetteurs. Ainsi, les constantes de temps entre les différents radiateurs peuvent varier dans un rapport de 1 à 3 (10 à 30 minutes), et, rappelons-le ici, la fraction radiative de la puissance totale émise est comprise dans un intervalle de 15 % à 50 %. La réponse en régime dynamique des radiateurs à eau peut sommairement être attribuée à deux phénomènes physiques qui sont d’une part les capacités thermiques du métal et du fluide, et d’autre part le temps de transport du fluide dans l’émetteur. Dans le cadre du GREC, il a été décidé de traiter le second phénomène de manière très simplifiée. L’écoulement du fluide dans l’émetteur est supposé de type « piston » c’est-à-dire que l’émetteur est représenté à l’aide de tranches à mélange couplées en série. Cela implique que tous les éléments sont irrigués par le débit total du radiateur, et que la température d’entrée d’une tranche est celle de la sortie de la tranche précédente. Ainsi, le régime dynamique des radiateurs est simulé en utilisant la notion de nœuds capacitifs auxquels nous attribuons les capacités thermiques du fluide et du métal. L’émission thermique des radiateurs recouvre une combinaison de phénomènes très différents. Il y a convection entre l’eau et l’enveloppe, conduction à travers le métal et le transfert convecto radiatif de la surface extérieure vers l’enceinte. Dans le cas où la température du fluide est proche de la température de surface de l’émetteur, nous pouvons négliger la convection entre l’eau et le métal ainsi que la conduction à travers ce dernier. Cela limite donc l’étude aux cas où l’hypothèse émise est applicable. Quant à la puissance totale émise par l’émetteur, nous avons opté pour un découplage en une part radiative et une part convective. À partir des températures de l’émetteur et de celles des parois du local, un calcul des échanges radiatifs est effectué ce qui permet d’accéder aux puissances radiatives émises vers l’avant et vers l’arrière. Pour la puissance convective, nous utilisons pour chaque type d’émetteur des corrélations reliant la puissance à l’écart de température entre le radiateur et l’air. Ces corrélations ont été obtenues en régime statique à partir d’une étude réalisée Le radiateur à eau 31 conjointement par le CETHIL et le CETIAT [INA88]. Elles concernent les principaux types de radiateurs. Enfin, nous supposons que la température de sortie du fluide d’un élément est sa température moyenne. Grâce à ces hypothèses, chaque élément constituant l’émetteur est représenté par un nœud capacitif qui échange à la fois une puissance radiative et convective, irrigué par le débit total du fluide à la température du nœud précédent. L’écriture du bilan thermique de chaque nœud donne accès aux valeurs des températures du radiateur. Les résultats de ce type de modèle ont été comparés à des expérimentations en régime dynamique menées au CETIAT [INA92]. Lors de ces manipulations, les sollicitations thermiques appliquées aux émetteurs étaient de trois types : • des créneaux montants de la température d’entrée du fluide ; • des créneaux descendants de la température d’entrée du fluide ; • des coupures du débit pour différentes valeurs de la température d’entrée du fluide. Il est à noter que ces sollicitations couvrent l’ensemble de celles qui seront appliquées à l’émetteur lors de la simulation des cas tests. Dans le cas d’un créneau montant de la température d’entrée d’eau, le modèle reproduit de manière satisfaisante la température moyenne de l’émetteur ainsi que la température de sortie du fluide, avec quatre éléments couplés en série. En ce qui concerne les créneaux descendants de la température d’entrée du fluide, nous n’avons pas observé un comportement symétrique de la température de l’émetteur par rapport au cas précédent alors que les équations de comportement du radiateur le sont. En fait, dans ce cas, l’écoulement réel du fluide dans le radiateur est totalement différent avec notamment la présence d’une zone de court-circuit. Le radiateur ne se refroidit pas par « remplissage » de type « piston » mais par entraînement du fluide chaud au sein de l’écoulement de court-circuit qui le traverse de part en part. Le modèle ne reproduit plus que de manière approximative les températures de sortie du fluide et moyenne de l’émetteur [INA92]. Cependant, ce phénomène est à pondérer par la « rudesse » des sollicitations appliquées. Ainsi, de meilleurs résultats ont été obtenus lors de la comparaison des simulations avec les expérimentations menées dans la cellule CIRCE du CoSTIC et comportant des sollicitations thermiques du même type 32 Les émetteurs de chaleur mais plus proches de la réalité, c’est-à-dire avec des pentes plus douces [DUR94]. Enfin, pour une annulation brusque du débit de sollicitation pour laquelle le radiateur est dans une phase de relaxation thermique, le modèle reproduit de manière satisfaisante la température moyenne du radiateur. Pour plus de détails sur le modèle de radiateur à eau se reporter à [DUR94]. Pour ce type d’émetteur, le modèle zonal a été mis au point, en régime statique, par le CETHIL [INA88]. Une représentation du scénario d’écoulement d’air retenu est donnée figure n° 3.1. RENOUVELLEMENT D’AIR ZONE PLAFOND PAROI FROIDE ECOULEMENT PRINCIPAL RADIATEU R z AIR EXTRAIT ZONE PLANCHER <<<<zz Figure n° 3.1 : modèle zonal pour le radiateur à eau Le principe de ce modèle zonal est basé sur la connaissance de l’écoulement ascendant donné par le panache thermique, issu de l’émetteur, qui s’étend ensuite au plafond. L’entraînement de l’air ambiant dans le panache induit un écoulement descendant très lent dans la partie centrale du volume d’air intérieur. La détermination des températures d’air est faite en écrivant les bilans massique et thermique de chaque zone. Cependant, il apparaît un nombre d’inconnues supérieur au nombre d’équations disponibles indépendantes. Afin d’assurer la fermeture du problème, une étude expérimentale menée conjointement par le CETHIL et le CETIAT sur le panache thermique issu des corps de chauffe a été effectuée [IMA91]. Celle-ci a permis de dégager des lois générales, notamment au niveau du débit massique et du flux convectif échangé le long de la paroi des panaches thermiques induits par les radiateurs à eau. La cohérence de ce type de démarche, en régime statique, a été vérifiée grâce à des expérimentations menées au CETIAT [IM89]. L’application au régime dynamique a été faite en introduisant à chaque nœud d’air une capacité Le radiateur à eau 33 équivalente à la capacité thermique du volume d’air associé. Une expérimentation spécifique menée au CETIAT qui a consisté à solliciter thermiquement le volume d’air intérieur par un créneau de puissance convective a permis de montrer que les résultats obtenus par le modèle zonal en régime dynamique représentent correctement, à quelques minutes de décalage près, les phénomènes convectifs observés [INA92]. Dans le cadre des cas tests, il a été décidé de simuler une entrée d’air neuf audessus de la paroi froide c’est-à-dire à un niveau proche du plafond avec un débit imposé par la ventilation mécanique contrôlée (VMC). La reprise est effectuée sous la porte, près du plancher. En réalité, la prise en compte du renouvellement d’air est relativement complexe. En effet, suivant les endroits où sont situées les bouches d’entrée et de sortie d’air, il peut coexister, au sein du volume d’air, des zones où l’air neuf se mélange à l’air intérieur et des zones peu affectées par le renouvellement d’air. Toutefois, le débit induit par le taux de renouvellement d’air neuf, de l’ordre de 1 volume par heure pour des locaux d’habitation, est généralement faible par rapport au débit du panache de l’émetteur. Dans ces conditions, et compte tenu des positions respectives des bouches d’entrée et de sortie adoptées pour les cas tests, nous considérons que le débit de l’air neuf ne perturbe pas le schéma des écoulements convectifs défini a priori. Ceci revient à ajouter en parallèle aux débits initiaux un débit d’air de renouvellement. Dans chaque zone, nous tenons donc compte du débit et de la puissance supplémentaire dans les équations de bilans massique et thermique. Le modèle zonal couplé au modèle d’émetteur a tout d’abord été testé en régime dynamique sur un essai mené dans la cellule CIRCE du CoSTIC ce qui a permis de vérifier la pertinence des hypothèses simplificatrices. Il a ensuite été adapté aux cas tests, déjà définis dans le chapitre 2 et en annexe 2. Nous en avons extrait, pour chacun des deux radiateurs testés, une des simulations qui, selon le principe de présentation de l’ensemble des résultats, donne une bonne idée du comportement caractéristique de chaque émetteur. LES RESULTATS DU CAS TEST POUR LE RADIATEUR HT Le cas test choisi pour observer de manière fine le comportement du radiateur à eau, pour les deux dimensionnements, est le cas test 1 (émetteur placé en allège) qui correspond au séjour d’une maison individuelle conforme à la réglementation thermique de 1988 (applicable en 1989). 34 Les émetteurs de chaleur Nous avons, pour ce cas, décidé de ne pas faire varier la température de consigne, qui reste, tout au long de la simulation, fixée à 20 °C. La régulation est assurée par une action tout ou rien sur le débit, avec 0,4 °C de différentiel, et une loi d’eau fonction de la température extérieure. La description précise de l’ensemble des données qui caractérisent ce cas figure en annexe 2. Courbe n° 3.1 : température d’air à 1,50 m Ce cas est le seul pour lequel les émetteurs ont été testés en régime de consigne constant. C’est pourquoi l’échelle des températures est très dilatée, tandis que l’échelle des temps correspond à 8 jours de simulation. Cela explique en partie l’aspect haché de l’évolution de la température d’air à 1,50 m (courbe n° 3.1). Cet effet visuel, subjectif, serait très atténué pour un cas intermittent, ou avec une présentation sur 24 heures. L’analyse des résultats chiffrés permet de noter quelques points importants. Tout d’abord, le différentiel dynamique, lié au modèle utilisé, a un comportement en train de débit, différent de celui d’un robinet thermostatique, plutôt proche d’un régulateur proportionnel. Par ailleurs, en dehors des surchauffes entraînées par les apports internes et solaires, ce différentiel dynamique est équivalent au différentiel statique (19,9 °C +/- 0,2 °C), et la consigne est très bien suivie. Enfin, les apports internes du soir, traités par l’ajout d’une puissance convective sur les nœuds supérieurs, semblent avoir une plus grande influence, que les apports solaires, essentiellement pris en compte au niveau radiatif. La courbe n° 3.2 correspond à l’évolution de la température dans la zone la plus proche du plancher. Son allure globale, sur la semaine, est sensiblement influencée par les conditions extérieures (pertes par le sol) avec des minimales le 6e jour. Le différentiel dynamique est plus resserré (0,15 °C environ), par la proximité d’une paroi inerte. Le flux solaire étant « absorbé » par le plancher, son importance sur cette température devient équivalente à celle des apports internes. Cette température n’est jamais Le radiateur à eau 35 inférieure à 19 °C, même dans les conditions les plus sévères du test. Courbe n° 3.2 : température d’air à 0,10 m La température résultante sèche à 1,50 m (courbe n° 3.3) ajoute à l’information température d’air le rayonnement directement issu des parois. Ces dernières sont inertes et influencées préférentiellement par les apports solaires. Cela explique donc les écarts de comportement observables par rapport à la courbe n° 3.1, c’est-à-dire un différentiel dynamique légèrement réduit (0,3 °C), une légère influence des apports solaires et une très légère sous-chauffe de près de 0,2 °C. Courbe n° 3.3 : température résultante sèche à 1,50 m Il ne faut pas confondre la courbe de la puissance émise (courbe n° 3.4) avec celle de la puissance appelée, fournie par le réseau. En effet, l’inertie de l’émetteur entraîne une émission résiduelle (relaxation thermique) même si le débit est arrêté (puissance appelée nulle). Ceci explique pourquoi, même en cas de sur-chauffe, cette courbe ne s’annule jamais. On peut, de plus, en tirer les enseignements suivants, avec une lecture à deux échelles de temps : d’une 36 Les émetteurs de chaleur part, sur la période, la puissance est reliée aux besoins du bâtiment, liés, entre autres, à la température extérieure, plus froide le 6 e jour. D’autre part, au niveau d’une journée, on peut noter l’influence des apports, qui sont donc nettement pris en compte par la régulation. Par ailleurs, l’analyse fine des périodes de relance et de relaxation conduit à estimer une constante de temps de l’émetteur d’environ 20 minutes en échelon montant, 30 minutes après un arrêt de débit. Enfin, la puissance maximale émise, malgré des conditions extérieures sévères, mais éloignées des conditions de base, ne dépasse pas 950 W, pour un dimensionnement de 1 500 W. On vérifie donc bien que, en régime de chauffage à consigne constante, la sur-puissance est ici de 500 W. Une des conséquences de ce « faible » niveau de puissance, compte tenu de la régulation choisie, sera un fonctionnement à relativement basse température, intéressant pour le confort et éventuellement pour les performances de l’émetteur. Courbe n° 3.4 : évolution de la puissance émise Courbe n° 3.5 : température de la face avant de l’émetteur On peut faire, sur l’évolution de la température de la face avant de l’émetteur