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explique, dans son livre Les publics des festivals, cette difficulté: « la vocation d'un festival
intègre cette dimension d'exception de parenthèse vis à vis du cours normal des choses qui,
pour se distinguer d'une offre saisonnière ou de la programmation annuelle d'un théâtre a
quelque chose de festif »2. Beaucoup de festivals sont nés avec la volonté de mettre ce
caractère exceptionnel en avant. Pour la France, le premier à faire parler de lui à un niveau
national fut le Printemps de Bourges en 1977. Créé avec l'impulsion de la Maison de la
Culture à Bourges, Daniel Colling et Alain Meilland, la manifestation a vu descendre de
Paris une jeunesse vivante et envoutée par ce genre d'évènement. Dès la première édition,
le succès fut si convaincant que le Printemps de Bourges a poursuivi son chemin à travers
les années et a surtout donné naissance à une multitude d’autres festivals de musique, à
commencer par les Francofolies de la Rochelle en 1984, qui a pour mission notamment de
promouvoir la langue française à travers la chanson. Les Eurockéennes de Belfort ont fait
leur apparition en 1989, afin de dynamiser la région du Ballon d'Alsace. En 1992, c'est au
tour des Vieilles Charrues, dans le souhait de mélanger les genres et d'être accessible à tous
les publics.
Certains grands festivals sont nés dans un contexte différent et ultérieur, comme le festival
de musique classique et d'opéra d'Aix en Provence en 1948, concentré sur l'œuvre de
Mozart et tentant d'encourager l'activité musicale de la région marseillaise. C'est aussi le
cas du festival Interceltique des Cornemuses de Lorient, né en 1971 avec des missions de
création, diffusion et de valorisation du patrimoine. Certains autres ont eu du mal à résister
à la floraison abondante de l'offre culturelle en matière de festivals, comme le plus ancien
festival de musique classique de France, le festival de musique de Strasbourg, créé en 1932.
En 2014, le panel de festivals français n'a jamais été aussi étoffé et victorieux. Le grand
nombre de festivals a aussi contribué à l'augmentation des pratiques culturelles. Ces
dernières années, avec la crise économique, les français ont réduit leur budget consacré aux
loisirs, incluant la musique et les sorties. Les festivals répondent aussi à ce désir de réunir
toutes les conditions nécessaires pour profiter vraiment d’un concert. La plupart propose un
festival off plus ou moins dense, qui complète de manière artistique l'esprit festif de
l'évènement, les artistes y paraissent plus accessibles que dans une salle de concert, et bien
souvent le cadre en plein air ajoute la touche unique et propre aux festivals. Concernant la
programmation, il est important pour les organisateurs de s'adresser à un large public. Pour
être certain d’atteindre les taux de fréquentation espérés, il faut tabler sur une
2 Les publics des festivals, Emmanuel Négrier, Aurélien Djakouane et Marie Jourda, Editions France Festi-
vals, Michel de Maule, Avril 2010