L’EFS de l’hôpital Henri Mondor possède un laboratoire de production
et de mise à disposition de cellules à usage thérapeutique.
Les laboratoires de L’EFS* au
service de l’hématologie
« Après plusieurs étapes de transformation
plus ou moins complexes, des prélèvements de
moelle et de sang, périphérique ou placentaire,
constituent des greffons de cellules souches
hématopoïétiques » résume le Dr Hélène
Rouard. « Nous serons également habilités à
préparer des médicaments cellulaires pour des
thérapies innovantes utilisées dans le cadre des
protocoles cliniques du service d’hématologie »
ajoute-t-elle. Toutes ces activités sont
extrêmement réglementées. Outre l’autorisation
de l’ANSM(1), le laboratoire de thérapie
cellulaire a effectué la démarche volontaire
d’accréditation JACIE** et utilise le référentiel
FACT(2). Neuf des 12 banques de sang de
cordon françaises sont exploitées par l’EFS.
« Les prélèvements de sang placentaire sont
réalisés dans des maternités agréées. Ils
doivent satisfaire à un ensemble de critères et
subir une chaîne de qualification pour, in fine,
pouvoir être inscrits sur le registre FGM(3) »
précise le Dr Eric Gautier.
« Le consentement de la maman est inscrit
dans la loi de bioéthique de 2011, qui prévoit
aussi l’anonymat et la gratuité du don »
enchaîne-t-il.
Pour assurer ses missions, le laboratoire
HLA doit être accrédité par l’EFI(4)
« Le laboratoire HLA effectue le typage
(caractérisation partielle) qui précède l’inscription
des unités de sang placentaire ou des
donneurs volontaires sur le registre FGM »
explique à son tour le Dr Florent Delbos. Ayant
accès, à l’échelon international, aux registres
de donneurs volontaires et aux banques de
cordon, le biologiste est également chargé de
trouver des donneurs HLA compatibles pour
les patients qui le requièrent. « Le biologiste est
également chargé de trouver « le meilleur »
donneur, en priorité HLA compatible, pour le
patient. Il est l’interlocuteur privilégié de FGM
pour organiser l’acheminement du greffon au
laboratoire de thérapie cellulaire qui le qualifie.
Il faut compter 1 à 3 mois entre recrutement du
donneur et greffe, et beaucoup moins en cas de
recrutement de cordons » conclut le Dr Delbos
* Etablissement Français du Sang
** JACIE : Joint Accreditation Commitee EBMT-Euro-ISHAGE =
Europeen- International Society of Hematotherapy And Graft
Engineering
(1) Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits
de santé
(2) FACT : Foundation for the Accreditation of Cellular Therapy
(3) FGM : France Greffe de Moelle
(4) EFI : European Federation for Immunogenetics
en Hématologie - Juin 2013
Allogreffe : un circuit parfaitement
défini, des progrès constants
Bien qu’inscrite dans la routine, l’allogreffe de cellules souches
hématopoïétiques suppose une organisation complexe, tant pour la
prise en charge des receveurs que pour la recherche de donneurs,
issus de la famille du patient ou du fichier international de volontaires.
Qu’il s’agisse de leucémies aiguës ou de myélodysplasies,
l’intégralité du parcours de soins du patient est assurée sur place :
du diagnostic au traitement, allogreffe comprise, en passant par la
gestion des complications.
« De nombreux patients sont suivis pour
une leucémie aiguë. Très impliqués dans
le GRAAL(1) et l’ALFA(2), nous participons
à l’élaboration de protocoles » souligne le
Dr Cécile Pautas. Depuis une dizaine
d’années les progrès se succèdent
permettant d’adapter les traitements, de
guérir bon nombre de patients, et de
prolonger la survie des autres. Ils se
traduisent par une meilleure compréhension
des mécanismes physiopathologiques,
l’apparition de nouvelles molécules
ou encore l’identification de facteurs
pronostiques et de sous-groupes. « Des
puces génomiques nous donneront bientôt
le moyen de poser un diagnostic moléculaire
rapide à partir d’un panel de gènes mutés
et de classer les maladies en sous-groupes
» précise la spécialiste. L’équipe a de plus
une expertise internationale reconnue sur les
infections en hématologie, expertise qui a
conduit Catherine Cordonnier à créer l’ECIL.
« Du fait de l’augmentation de l’espérance
de vie, notre cohorte de patients
myélodysplasiques (plus de 500 personnes)
ne cesse d’augmenter » enchaîne le
Dr Andréa Toma. « Des thérapeutiques
innovantes sont proposées aux malades,
notamment dans le cadre des protocoles
nationaux du GFM(4), dont nous sommes
centre actif » indique l’hématologue. « A
court terme nous souhaitons renforcer la
collaboration avec les médecins généralistes
et également les gériatres, et optimiser
la prise en charge des complications
infectieuses tout en développant la
recherche clinique et biologique » explique-
t-elle. « De nombreux protocoles sont en
cours avec l’ALFA, le GRAAL, le GFM ou
l’EBMT(5) et avec l’industrie pharmaceutique.
Certaines études internationales portent
sur le traitement et la prophylaxie des
complications virales, bactériennes et
fongiques » confirme Ludovic Cabanne.
(1)GRAALL : Group for Research in Adult Acute
Lymphoblastic Leukemia
(2) ALFA : Acute Leukemia French Association
(3)ECIL : European Conference on Infections in Leukemia
(4)GFM : Groupe Francophone des Myélodysplasies
(5)EBMT : European for Blood and and bone Marrow
Transplantation
Ref :
-Pautas C. et al. Randomized study of intensified
anthracycline doses for induction and recombinant
interleukin-2 for maintenance in patients with acute myeloid
leukemia age 50 to 70 years: results of the ALFA-9801 study.
J Clin Oncol. 2010 Feb 10;28(5):808-14.
-Toma A, Fenaux P, Dreyfus F, Cordonnier C. Infections
in myelodysplastic syndromes. Haematologica. 2012
Oct;97(10):1459-70. Epub 2012 Jun 24.
Les leucémies et les myélodysplasies
intégralement prises en charge
De gauche à droite :
Drs Andréa Toma
et Cécile Pautas
PH en hématologie
Ludovic Cabanne
Assistant de recherche
clinique
De gauche à droite : Pr José Cohen - PUPH, Institut Mondor de Recherche Biomédicale et Centre d’Investigation Clinique en biothérapies - Pr Sébastien Maury -
PUPH dans le service d’hématologie - Dr Rabah Redjoul - CCA, suivi des patients greffés - Valérie Ravry - Infirmière coordinatrice de greffe
« Ouvert aux collaborations extérieures,
l’hôpital Henri Mondor n’en est pas moins
autonome. Il dispose de tous les outils et de
toutes les compétences nécessaires à cette
thérapeutique complexe afin d’optimiser le
parcours des patients » assure le Pr Sébastien
Maury. « Nous travaillons notamment à
développer la thérapie cellulaire » indique-
t-il. L’innovation naît du laboratoire puis est
déclinée en clinique grâce à une étroite
collaboration. « Ce fonctionnement valorise le
cursus des jeunes collaborateurs médecins et
biologistes » note l’hématologue. Après une
greffe de cellules souches hématopoïétiques
pour leucémie, « si l’effet antitumoral est
insuffisant ou à l’inverse se complique de
maladie du greffon contre l’hôte, ou GVH, il
est possible, soit d’amplifier, soit de freiner
la réponse immunitaire en modulant l’activité
des lymphocytes T régulateurs » explique le
Pr José Cohen. « Nous utilisons surtout des
modèles murins » précise-t-il. Valérie Ravry
coordonne le difficile parcours du patient greffé
qu’elle n’a de cesse d’améliorer. « En relation
avec de nombreux intervenants, j’interviens à
l’interface. Cet accompagnement s’étend de
l’accueil du futur greffé à son retour chez lui. Je
participe par exemple au projet de consultation
de sortie. » détaille-t-elle. Après leur départ
de l’unité stérile, les patients bénéficient, les
premiers temps, d’un suivi très rapproché. « Il
consiste à surveiller la récupération progressive
des lignées sanguines (via le chimérisme :
proportions de cellules du donneur et
du receveur) et à traquer d’éventuelles
complications (infections ou GVH, redoutée),
afin de les traiter au plus tôt » insiste le
Dr Rabah Redjoul.
Réf : Maury S, Lemoine FM, Hicheri Y, Rosenzwajg M, Badoual
C, Cheraï M, Beaumont JL, Azar N, Dhedin N, Sirvent A, Buzyn
A, Rubio MT, Vigouroux S, Montagne O, Bories D, Roudot-
Thoraval F, Vernant JP, Cordonnier C, Klatzmann D, Cohen
JL. CD4+CD25+ regulatory T cell depletion improves the
graft-versus-tumor effect of donor lymphocytes after allogeneic
hematopoietic stem cell transplantation. Sci Transl Med. 2010
Jul 21;2(41)
Aujourd’hui, il s’agit de définir les
associations médicamenteuses capables
de guérir une leucémie myéloïde chronique
(LMC) et de savoir si l’arrêt des traitements
est envisageable. « Nous participons à
des protocoles nationaux et internationaux
dans ce sens et à des travaux de recherche
fondamentale. Tester des combinaisons
thérapeutiques in vitro permet de savoir si
elles présentent un intérêt » explique le Pr
Stéphane Giraudier. « Les autres syndrômes
myéloprolifératifs (maladie de Vaquez,
thrombocythémie essentielle, myélofibrose
primitive) sont aujourd’hui un vrai sujet de
préoccupation car les thérapeutiques sont
moins développées » poursuit-il. Le FIM(1) est
né en 2008 afin d’unifier et de coordonner la
recherche sur ces maladies rares.
« Pour progresser, nous nous nous sommes, là
aussi, orientés vers des co-thérapies, testées
d’abord in vitro sur des lignées cellulaires »
indique le Pr Giraudier. L’hématologie évolue
très vite et la prise en charge des syndromes
myéloprolifératifs est très spécialisée. «
Après un bilan minimal, il ne faut pas hésiter
à adresser d’emblée les patients en milieu
spécialisé pour qu’ils puissent bénéficier de
moyens diagnostiques
et thérapeutiques de pointe » recommande
le spécialiste. Après l’étape des lignées
cellulaires, les traitements sont testés sur
des cellules de patients. « De nombreuses
molécules à venir sont concernées par
cette activité de transfert. Travailler en lien
avec les patients pour mettre au point des
applications directes est très motivant »
confie Carole Conejero-Tonetti.
(1) FIM : France Intergroupe des syndromes Myéloprolifératifs
®
De gauche à droite : Pr Stéphane Giraudier - PUPH dans le laboratoire d’hématologie
Carole Conejero-Tonetti - Ingenieur de recherche à l’Université Paris-Est Créteil
Syndromes myéloprolifératifs : du laboratoire aux
applications cliniques
Autrefois synonymes de décès à moyen terme, les syndromes myéloprolifératifs ont connu en 1999
une révolution thérapeutique avec l’arrivée du premier inhibiteur de tyrosine kinase pour les leucémies
myéloïdes chroniques (LMC).
De gauche à droite : Dr Eric Gautier - Laboratoire de thérapie cellulaire,
responsable de la préparation - Dr Hélène Rouard - Responsable de l’Unité
d’ingénierie et de thérapie cellulaire de l’EFS-IDF - Dr Florent Delbos -
Biologiste, laboratoire HLA-ILP (Immunologie LeucoPlaquétaire) de l’EFS