Le bois-énergie, promesse d’emplois et pilier des objectifs du gouvernement français Synthèse suivant l’article de Frédéric Douard du 3 août 2012 pour Bioénergie international Les trois combustibles bois : le granulé, la plaquette et le bois-bûche (ALEC 27) Le Colloque National Biomasse organisé par le Syndicat des Energies Renouvelables (SER) s’est tenu Mardi 3 juillet 2012. Cette seconde édition, encore entièrement dédiée au bois-énergie, visait cette année les opportunités de la filière pour l’économie française. En ces temps de crise économique, le bois profite ainsi d’une attention accrue. A cette occasion, la ministre de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie a annoncé son objectif de faire du bois « une énergie majeure du mix énergétique français ». Le bois reste la première source d’énergie renouvelable en France. La biomasse regroupe en réalité 3 sources d’énergie : le bois, le biogaz et les déchets incinérés. Avec plus de 11 Mtep (millions de tonnes équivalent pétrole) d’énergie finale consommée en 2010, elle représente légèrement plus de la moitié de l’énergie renouvelable consommée en France (22 Mtep sur les 158 Mtep d’énergie finale consommée, toutes sources confondues). Le bois énergie contribue quant à lui à hauteur de 85% de la production d’énergie primaire issue de la biomasse hors biocarburants. Cette filière du bois, relativement méconnue, est aujourd’hui le principal levier de la production d’énergie renouvelable française. Les objectifs de développement des EnR en général et de la biomasse en particulier (fixés par l’Europe à la France) se traduisent dans les prévisions de production de la PPI (Programmation Pluriannuelle des Investissements). En ce qui concerne la production d’électricité, les objectifs fixés par la PPI pour la biomasse solide (bois et déchets) devra passer de 623 MW à 2382 MW en 2020. il est peu probable que le parc d’incinérateurs de déchets se développe significativement d’ici 2020. Il en résulte que le bois devra assumer la majeure partie de la production supplémentaire à fournir (puissance à installer multipliée par plus de 7). Concernant la production de chaleur, le bois énergie jouera également un rôle central puisque la filière s’est vue attribuer un objectif de 15 Mtep pour 2020, soit plus des trois quarts de l’objectif total de chaleur renouvelable (19,7 Mtep). Production d’énergie primaire à partir de la biomasse (hors carburants) en 2010 (Mtep) (source : magazine Bioénergie international) Le bois est également un sérieux atout pour l’économie française Le principal atout de la filière est son importante ressource. En effet, la forêt française, qui couvre près de 30% du territoire national, occupe le troisième rang européen en termes de volume. Cependant, seul 65% de l’accroissement naturel est exploité. Avec plusieurs millions de m3 de bois forestier mobilisable dans les forêts publiques (selon l’ONF), le potentiel de développement du bois énergie en France est donc considérable, et il le serait d’autant plus si le frein que représente le morcellement de la forêt française8 était en partie levé. De plus, la filière est un vecteur d’emplois locaux et non délocalisables puisque liés à la ressource. Sa montée en puissance pourrait voir augmenter le nombre d’emplois de plusieurs milliers, alors qu’il est aujourd’hui estimé par le Ministère à 60 000 pour l’ensemble des filières. Le secteur du bois énergie connait toutefois des freins persistants, notamment aux niveaux de la filière d’approvisionnement, qui manque de structuration, et des débouchés, trop peu nombreux. Plus globalement, la rencontre entre la ressource et les débouchés est une problématique majeure du secteur puisque les ressources se trouvent principalement dans des régions isolées, tandis que les débouchés sont le plus souvent dans les zones urbaines En plus de porter en grande partie la responsabilité des objectifs européens de réduction des émissions de GES pour 2020, et d’être un levier significatif pour l’indépendance énergétique de la France, le bois-énergie présente donc un enjeu économique certain. Cette filière doit par conséquent poursuivre son développement, et pour cela être correctement soutenue afin de lever les freins qui l’entravent. La filière doit être soutenue par des outils adaptés et stables Après des objectifs ambitieux fixés par l’Europe et un réel dynamisme qui a fait suite, il sera nécessaire de sécuriser les outils de soutien à la filière qui ont fait la preuve de leur efficacité : fond chaleur, tarif d’achat de l’électricité issu de la biomasse, … Le fonds chaleur a eu des effets très positifs sur la filière en permettant le lancement de 357 projets entre 2009 et 2011. Le fonds est le principal moyen de soutien aux débouchés de chaleur tels que les réseaux et est donc un levier crucial pour lever les freins du secteur (problèmes de rencontre entre ressources et débouchés) tout comme l’introduction de mesures visant à structurer la filière approvisionnement. Ensuite, concernant les appels à projets, la diminution des temps d’instruction, actuellement de l’ordre de 1 à 2 ans, et la stabilisation des modalités permettraient de sécuriser les investisseurs et donc de voir augmenter le nombre de dossiers déposés. Enfin, il semble qu’une gestion locale des problématiques liées au bois serait la plus avantageuse. Une décentralisation de la gestion des projets de bois énergie au niveau régional permettrait une meilleure gestion de l’approvisionnement et des débouchés, faciliterait la mise en relation des acteurs et permettrait un traitement simplifié des projets, en accord avec le contexte local.