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© Université de Liège - http://reflexions.ulg.ac.be/ - 17 April 2017
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En termes moins savants, cela correspond à des périodes orbitales d'un jour et demi, de deux jours et demi,
et une troisième orbite comprise entre 4 et 20 jours. « Nous n'avons encore pu observer que deux transits
de la planète la plus éloignée, ce qui n'est pas suffisant pour en déterminer la période. » Toujours est-il que
ce système est bien différent du nôtre. À titre de comparaison, Mercure, la planète la plus proche du soleil,
a besoin de 88 jours pour en faire le tour, alors que la seule planète viable de notre système, la Terre, en
met 365,25.
En revanche il y a une ressemblance assez étonnante avec le système jovien. Les satellites de la planète
géante sont certes plus rapprochés, mais ils orbitent avec des périodes très similaires. « Cette similitude
n'est pas étonnante, commente Michaël Gillon. A leurs naissances, ces petites étoiles sont entourées de
disques protoplanétaires nettement plus compacts que les étoiles de type solaire. Les planètes se forment
donc plus près de leur étoile. Selon les prévisions théoriques, c'est ce que nous attendions. Ce qui est plus
surprenant, c'est d'avoir autant de planètes si proches de la taille de la Terre. Même si nous savons que les
disques protoplanétaires n'ont pas forcément une masse proportionnelle à la masse de l'étoile. Tout dépend
des conditions de formation, de la composition du nuage de gaz et de poussières initial, de la vitesse de
rotation du système, etc. Et surtout, on sait que des objets peuvent se former plus loin avant de migrer vers
leur étoile. Si je devais parier, je dirais que ces objets se sont formés au-delà de la ligne des glaces de cette
étoile, qui ne se trouve qu'à 0,06 unité astronomique. » « A cette distance, les températures ne dépassent
pas les -100°C, poursuit Emmanuël Jehin. Il fait suffisamment froid pour que les éléments volatiles restent
solides sous forme de glaces. Ils peuvent alors se joindre aux roches pour former les planètes. Il y a donc
plus de matériel à la base, et on imagine plus facilement la formation d'objets de la taille de la Terre, même
au sein de disques aussi petits. Il suffit ensuite que les planètes migrent en se rapprochant de leur étoile pour
que l'on se retrouve avec un système comme celui de TRAPPIST-1. »
De l'eau liquide ?
Imaginons maintenant que ces planètes franchissent effectivement cette ligne des glaces, mais qu'elles ne
s'approchent pas trop près de l'étoile. La glace n'est pas exposée à des températures trop élevées qui
la sublimeraient ou provoqueraient un dégazage finissant par assécher les planètes. « À bonne distance,
résument les deux chercheurs, cette glace peut fondre et former des océans. Les deux premières planètes
sont à la limite de la zone habitable. Elles sont trop proches de l'étoile. Mais des modèles ont montré qu'elles
pourraient abriter des zones d'habitabilité sur le limbe ouest, entre le côté jour et le côté nuit. » La chaleur, en
effet, n'est pas distribuée de manière homogène sur ces planètes. La proximité de leur étoile les coince dans
un état dit de rotation synchrone. Comme la Lune à la Terre, elles lui présentent toujours le même hémisphère,
le côté jour, beaucoup plus aride que le côté nuit. Les vents dominants, trop chauds pour maintenir de l'eau à
l'état liquide, ont tendance à souffler vers l'est, préservant une zone plus clémente et tout de même lumineuse
à l'ouest. La troisième planète semble encore plus prometteuse et pourrait être totalement habitable.
Un véritable Eldorado
La découverte est donc aussi encourageante qu'inédite. Mais c'est la nature du système qui en fera l'un des
objets les plus convoités des astrophysiciens dans les mois et les années à venir. « Comme le contraste
entre les tailles de l'étoile et de ses planètes est particulièrement favorable et que le système est très proche,
nous allons pouvoir étudier les compositions atmosphériques de chaque planète avec une précision inégalée,
explique Emmanuël Jehin. Nous espérons découvrir certains biomarqueurs, comme les molécules d'eau, de
dioxyde de carbone, d'ozone etc.. Si ces traces s'inscrivent dans des proportions proches de celles de la