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Vol. 16 No. 5 2005 FMH-Quiz / Quiz FMH
néphropathies sévères. Une gynécomastie
survient fréquemment comme effet secon-
daire de traitements médicamenteux. Les trai-
tement hormonaux sont bien sûr au premier
plan. Il est important de rechercher des com-
posants avec des analogues d’oestrogènes (p.
ex. des phyto-oestrogènes). D’autres subs-
tances incriminées qui peuvent induire une gy-
nécomastie (liste non exhaustive!) sont les
antibiotiques (p. ex l’isoniazide), beaucoup de
médicaments pour le cœur, des psychotropes,
des médicaments pour les chimiothérapies
anti-cancéreuses, les inhibiteurs de la pompe
à proton (p. ex l’oméprazole). Chez les ado-
lescents, il faut penser en particulier aux abus
d’alcool et de drogues.
Gynécomastie lors de syndrome
de Klinefelter:
La gynécomastie qui apparaît dans presque la
moitié des cas est caractéristique du syn-
drome de Klinefelter2). D’autre part on trouve
pendant la puberté chez presque 75% de tous
les garçons en bonne santé une gynécomastie
discrète3). Lors de vraie gynécomastie, on pal-
pe une hyperplasie sub-aréolaire de la glande
mammaire de >0,5cm. Celle-ci ne devrait pas
être confondue avec la lipomastie de l’obèse,
où typiquement on ne palpe pas de glande
mammaire, mais du tissu adipeux. Une gy-
nécomastie apparaît lorsque chez le garçon
grandissant la valeur des oestrogènes plas-
matiques dépasse celle de la testostérone
plasmatique; souvent donc à partir de l’âge de
13–14 ans jusqu’à la fin de la puberté, ou jus-
qu’à ce que le taux de testostérone plasma-
tique ait atteint les valeurs adultes. Chez le ga-
rçon puis chez l’homme, les oestrogènes sont
formés dans le tissu adipeux périphérique par
transformation d’androgènes (hormones mâ-
les) provenant des surrénales et des testicu-
les. Les hommes obèses sont donc prédis-
posés à développer une gynécomastie4), 5). Des
recherches récentes montrent que les hom-
mes avec une gynécomastie due à un syn-
drome de Klinefelter n’ont, en comparaison
avec la population normale et contrairement
à l’hypothèse d’études plus anciennes, pas de
risque accru de développer un carcinome du
sein2). Une gynécomastie dérangeante peut
être corrigé chirurgicalement.
Informations complémentaires
Avec une incidence moyenne d’environ
1:600, le syndrome de Klinefelter est une des
causes les plus fréquentes d’infertilité chez
l’homme6). Le risque d’engendrer un garçon
Klinefelter 47,XXY augmente avec l’âge
avancé du père, moins fréquemment de la
mère. 60% des deux chromosomes X hérités
proviennent du père, 40% de la mère; cela
est dû dans la plupart des cas à une non-
disjonction pendant la méïose7).
Dans les textes reconnus, le patient Kline-
felter typique est décrit comme ayant une
taille au dessus de la moyenne avec un
aspect eunuquoïde, un léger retard du dé-
veloppement, ainsi que des testicules petits,
des poils pubiens moyennement développés
et une gynécomastie.
Les garçons avec un syndrome de Klinefel-
ter ont effectivement une tendance à une
grande taille avec une disproportion en fa-
veur des extrémités longues (quotient taille
assise/longueur des jambes <0.9)8). Ils at-
teignent en moyenne une taille adulte au-
dessus de 184cm9).
Le syndrome de Klinefelter se caractérise par
un hypogonadisme hypergonadotrope. La
fonction des testicules est contrôlée par les
gonadotropines hypophysaires LH et FSH. La
FSH stimule la prolifération des cellules de
Sertoli du testicule qui font partie des tubes
séminifères où a lieu la spermatogénèse.
Dans le syndrome de Klinefelter, on constate
déjà in utero une fibrose des tubes sémini-
fères et pendant la puberté une absence de
prolifération des cellules de Sertoli malgré la
stimulation par la FSH. La LH de son côté sti-
mule les cellules de Leydig qui, en réponse
à ce stimulus, produisent la testostérone. La
fonction des cellules de Leydig étant per-
turbée de façon variable, 80% des patients
ont un taux plasmatique de testostérone à la
limite inférieure de la norme. Le feed-back
insuffisant à l’hypothalamus et à l’hypophy-
se de la part du testicule a pour conséquence
une augmentation des gonadotrophines, la
FSH étant toujours élevée et la LH, en fonc-
tion de la production de testostérone, dès le
début ou seulement avec la progression de
la puberté ou de l’âge10).
La spermatogénèse est pratiquement nulle
lors de syndrome de Klinefeler 47,XXY,
la fonction des tubes séminifères étant
compromise par la fibrose et la formation
d’hyaline. Cela a pour conséquence une oli-
gospermie ou même une azoospermie. Mal-
gré cela, quelques spermatozoïdes peuvent
être fonctionnels et des cas isolés de pa-
ternité ont été décrits2).
Le traitement du syndrome de Klinefelter dé-
pend de la situation clinique. Le déficit en
testostérone doit être corrigé. Nous adminis-
trons la testostérone par voie transdermique
avec des patches ou par injection intramus-
culaire. En cas de traitement intramusculaire,
nous conseillons de commencer par une
dose de 50–100mg et d’augmenter toutes
les 2–4 semaines de 50–100mg pour at-
teindre une dose de 200–400mg 1–2x par
mois11). Le traitement de substitution ne peut
pas corriger l’infertilité de l’homme Kline-
felter. Mais la substitution de la testostéro-
ne est importante pour prévenir l’ostéopo-
rose due au déficit d’androgènes, qu’on ob-
serve chez 15% des patients. Il est par ailleurs
aussi important de garantir un apport adé-
quat en calcium et en vitamine D11).
La réponse à la question, si les hommes avec
un syndrome de Klinefelter souffrent plus
souvent d’endocrinopathies auto-immunes
comme le diabète du type 1 ou les maladies
auto-immunes de la thyroïde est controver-
sée. Par contre un risque accru pour l’obé-
sité, la résistance à l’insuline et le diabète du
type 2 est fréquemment décrit2). Il semble
exister également un risque accru pour des
accidents thrombo-emboliques2). Enfin sont
décrits chez les patients avec un syndrome
de Klinefelter une plus grande fréquence de
tumeurs embryonnaires du médiastin, de leu-
cémies et de lymphomes2).
Referenzen/Références
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Korrespondenzadresse/Correspondance:
Tiziana Gozzi, Christa E. Flück
Pädiatrische Endokrinologie und Diabetologie
Universitäts-Kinderklinik Bern
Freiburgstrasse 15, 3010 Bern