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Enfin, le Maroc régresse ou stagne dans la plupart des classements internationaux.
Malgré tous ces points d’attention, d’aucuns continuent d’utiliser les trois arguments suivants
pour justifier de l’existence d’une stratégie cohérente de développement économique :
Les progrès indéniables en prenant comme point de référence les années 90.
L’effet retard : nous ne verrions pas encore les effets sur la croissance de tous les " chantiers "
initiés récemment.
Le dynamisme du triptyque " tourisme – immobilier – infrastructures ".
Ces trois arguments ne résistent pas à l’analyse, en effet :
Le point de référence utilisé pour la comparaison (les années 90) est peu exigeant. Cette
décennie, post ajustement structurel, a marqué le point bas de la croissance marocaine.
Ajoutons à cela que la seule comparaison qui vaille est celle de nos progrès par rapport à
ceux de nos compétiteurs (la course au progrès se fait entre nations).
L’effet retard, s’il est acceptable jusqu’à une certaine limite, ne peut tout justifier : depuis le
temps, nous devrions être en mesure de déceler au minimum quelques signes annonciateurs,
or peu de choses laissent à penser que c’est le cas (concentration des exportations, déficit
de la balance commerciale, insuffisance des IDE...).
Si le dynamisme du tourisme est à encourager et l’investissement raisonné dans des
infrastructures utiles à développer, il n’en demeure pas moins qu’aucun argument
économique sérieux ne justifie d’en faire l’alpha et l’oméga de la croissance économique.
Quant au secteur de l’immobilier résidentiel, il s’agit là d’un secteur ne générant pas
d’externalités économiques globalement positives.
En conclusion de la première partie, il nous apparaît difficile de trouver des éléments factuels
soutenant la thèse que le Maroc possède effectivement une stratégie de développement
économique. Depuis le début des années 2000, nous n’avons pas réalisé de performances
particulièrement exceptionnelles. Nous avons bénéficié, comme beaucoup, d’une conjoncture
internationale favorable et en avons profité, mais pas mieux que nos concurrents, loin s’en
faut. Le chemin à parcourir reste long : notre croissance demeure beaucoup trop faible, et nos
indicateurs de développement humain insuffisants.
Les méta-contraintes
Pour passer à un palier de croissance supérieur, celui à même d’assurer à la prochaine génération
un niveau de vie meilleur (comparable à celui des Malais par exemple), nous devons nous
interroger sur les causes profondes (méta-contraintes) de cette croissance insuffisante. C’est ce
que nous nous attachons à identifier dans la seconde partie du rapport. Pour ce faire nous
suivons les modèles d’analyse économique dits de recherche des " déterminants profonds de
la croissance " (institutions, géographie, intégration dans l’économie mondiale). Dans le cas
du Maroc, nous laissons de côté les facteurs géographiques et d’intégration dans l’économie
mondiale et identifions deux méta-contraintes principales :
La première méta-contrainte est celle de l’économie politique du pays. Il convient tout d’abord
de reconnaître qu’il n’y pas de relation empirique entre démocratie/autocratie et croissance.
Pour le Maroc, après analyse, nous concluons que l’organisation politique est considérablement
défavorable au développement économique car le pays est bloqué dans un équilibre politique
stable de bas niveau qui ne permet de bénéficier pleinement ni des avantages économiques de
la démocratie, ni de ceux de l’autocratie (dans la mesure où l’autocratie peut avoir des avantages
économiques) :
1)
2)
3)
(a)
(b)
(c)
(d)
(g)