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analyse du risque systémique
lundi 06
octobre 2014
Retour de la tension
Eric Jondeau* et Michael Rockinger**
Le risque systémique des grandes banques européennes augmente à nouveau
Après une vague de réglementations qui a conduit à de nombreuses restructurations, le risque systémique
des banques a fortement baissé jusqu’à la fin 2013. Il a de nouveau augmenté depuis quelques mois.
Dans le tableau ci-contre, notre mesure principale de risque systémique (SRISK) indique quels montants en
milliards d’euros une banque devrait trouver pour combler une sous-capitalisation en cas de nouvelle crise
financière.
Pour certains pays, on peut penser qu’en cas de nouvelle crise bancaire, la nécessité d’une nouvelle
intervention du gouvernement serait très coûteuse, compte tenu des niveaux déjà élevés du déficit budgétaire
et de la dette publique. Il est donc important que les banques centrales et les régulateurs restent vigilants.
D’où provient cette hausse du SRISK? Le LRMES, qui mesure la sensibilité des actions d’une banque à une
crise globale, montre une augmentation pour la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Cette composante du
risque a baissé de 5% pour la Suisse.
Qu’en est-il du levier financier des banques, mesuré comme le ratio entre les actifs et la valeur de marché des
actions (capitalisation boursière)? On observe que ce ratio a diminué dans tous les pays sauf pour
l’Allemagne. Une variation du levier peut s’expliquer par une variation des actifs et une variation de la
capitalisation boursière. Si on inspecte la capitalisation du secteur financier dans les divers pays, on observe
pour la France et l’Italie des hausses de 23 et de 14% en 2014. Pour le Royaume-Uni et la Suisse, les
variations sont plus modestes. Pour l’Allemagne, le chiffre est négatif. On peut se réjouir de l’augmentation de
la valeur boursière, qui enrichit les détenteurs d’actions. Comme notre mesure de levier fait intervenir les
actifs, il est aisé d’en déduire les changements de la valeur des actifs. Le calcul montre que l’augmentation
des actifs est de 15% pour la France et de 5% pour le Royaume-Uni. Pour l’Allemagne et l’Italie, il n’y a
quasiment pas de variations des actifs. La Suisse affiche une diminution de 7%. Dans un monde où l’on
souhaite que les banques soient plus petites, pour éviter qu’elles soient «too big to fail», le désengagement
des actifs semble être une bonne chose, étant généralement associé à une baisse de l’endettement.
Pour tous les pays, le SRISK a diminué au moins de moitié depuis juillet 2012. Sur un horizon plus récent,
entre le début de l’année et début septembre, les variations sont toujours importantes pour de nombreux
pays. L’Espagne, l’Autriche et les Pays-Bas ont vu une augmentation significative de leur SRISK. Il s’agit là de
tendances qu’il faut surveiller dans les mois qui viennent, d’autant plus que les variations proviennent d’une
augmentation du levier.
Par banque, l’entité avec le SRISK le plus élevé reste Deutsche Bank, suivie par BNP Paribas et Barclays. Au
cours des trois derniers mois, le risque a augmenté pour toutes les banques sauf Crédit Agricole. Le SRISK
d’UBS a augmenté de 64%. On ne peut que spéculer sur les causes, mais la plainte déposée par la France
joue peut-être un rôle… Le SRISK de Credit Suisse a augmenté de 18,4%. Il pourrait s’agir des
conséquences de l’amende américaine infligée début juillet. Les banques sont de plus en plus exposées à un
risque légal émanant de pays. Une nouvelle forme de chantage à grande échelle?
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Après la faillite de Banco Espirito Santo, il reste deux banques portugaises pour lesquelles nous disposons de
données. Pour la plus petite, Banco BPI, le SRISK a doublé d’avril à septembre, à 500 millions. Une hausse
importante mais loin du milliard observé fin 2013. L’autre banque, Banco Comercial Portugês, a été plus
chahutée ces derniers mois. Le SRISK est cependant redescendu à 1 milliard suite au remboursement d’un
prêt du gouvernement qui a beaucoup rassuré les marchés. Concernant Banco Espirito Santo, le financement
d’une banque reprenant les dépôts des particuliers a coûté 4 milliards à l’Etat, ce qui montre que notre
mesure du SRISK n’est pas théorique. Cet épisode démontre l’importance de la vigilance permanente des
autorités qui ont failli dans ce cas.
* HEC Lausanne
(Université de Lausanne)
et Swiss Finance Institute, directeur du CRML, [email protected]
** HEC Lausanne
(Université de Lausanne)
et Swiss Finance Institute, [email protected]
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