Prise de position de la Société d'Ophtalmologie (SSO) sur l'ordonnance de prismes de manière indépendante par les opticiens La société suisse d'ophtalmologie se prononce contre l'ordonnance de prismes par les opticiens de manière indépendante pour les raisons suivantes: La médecine L'hétérophorie (strabisme latent) est fréquemment observée. Il peut s'agir d'un état normal mais aussi d'un état pathologique derrière lequel se cache une maladie sérieuse (diabète sucré, migraine, troubles dégénératifs ou inflammatoires du système nerveux central comme par exemple une sclérose en plaque, une tumeur cérébrale, etc.). L'hétérophorie ne correspond à un état pathologique et ne doit être traitée que lorsque des problèmes de la vue apparaissent (fatigue, vision trouble, vision double, yeux irrités et rouges, maux de tête, etc.). Il faut souligner que ces mêmes problèmes peuvent avoir d'autres causes. Chez les enfants, dont l'examen est particulièrement difficile, existe en outre le danger du développement d'un strabisme manifeste à partir d'un strabisme latent avec pour conséquence une perte de la vision stéréoscopique et éventuellement une diminution mono latérale de l'acuité visuelle liée au strabisme. L'hétérophorie ne peut pas être à l'origine de la légasthénie, problème complexe de lecture, d'écriture et de langage. L'examen Des examens minutieux et approfondis selon différentes méthodes sont indispensables pour définir le rôle d'un strabisme latent dans la survenue des problèmes répertoriés ci-dessus. Les plaintes des patients, la présence d'une erreur de réfraction, la capacité d'adaptation de l'oeil à la vision de près, l'état de l'organe de la vue de même que l'état de santé général aussi bien organique que psychique du patient doivent être pris en considération. Une attention particulière doit être accordée à la mesure et à l'interprétation de la divergence constatée (objective) et de la divergence éprouvée par le patient (subjective) en comparaison avec une vision binoculaire normale. L'examen de la réfraction, en particulier chez les enfants, doit être effectué après suppression de l'accommodation (adaptation pour la vision de près). La coordination des mouvements des deux yeux doit être mesurée avec et sans correction pour la vision de loin et de près ainsi que dans les différentes positions du regard de manière à différencier les diverses formes de strabisme ou de trouble de la motilité. Un seul type d'examen est insuffisant à cet égard. Le traitement Si le traitement d'un strabisme latent s'avère nécessaire, il faut apprécier avec soin la meilleure thérapeutique à appliquer. Des prismes correcteurs peuvent entre autres être utiles. Comme mentionné ci-dessus, il est absolument nécessaire pour leur prescription de s'appuyer sur des examens approfondis et non sur un seul type d'investigation. Des prismes ordonnés à tort peuvent renforcer un strabisme latent et entraîner finalement une opération du strabisme qui aurait pu être évitée. Selon les connaissances actuelles, des lunettes avec prismes ne sont pas appropriées pour traiter les problèmes de lecture, d'écriture ou de langage (légasthénie). Les conséquences Pour les raisons évoquées ci-dessus, l'ordonnance de lunettes avec prismes pour les patients souffrant d'un strabisme latent est de la seule compétence de l'ophtalmologue. Lui seul dispose d'une formation complète lui permettant de juger de la nécessité d'une correction avec prismes selon tous les critères médicaux et de protéger ainsi le patient contre l'utilisation abusive de cette possibilité thérapeutique. Adopté par l’Assemblée générale ordinaire de la Société suisse d’Ophtalmolgie (SSO) le 15 septembre 1994 La Secrétaire Le Président Dr. Méd. Simone Cornaro Prof. Dr. Méd. Peter Speiser