Les médias de masse au service de la communication de

Suma Psicológica
ISSN: 0121-4381
Fundación Universitaria Konrad Lorenz
Colombia
Serrano, Yeny
LES MÉDIAS DE MASSE AU SERVICE DE LA COMMUNICATION DE GUERRE
Suma Psicológica, vol. 15, núm. 2, septiembre, 2008, pp. 423-435
Fundación Universitaria Konrad Lorenz
Bogotá, Colombia
Disponible en: http://www.redalyc.org/articulo.oa?id=134212610008
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Les médias de masse au service de la communication de guerre 423
Suma Psicológica, Vol. 15 N° 2: 423-435, septiembre 2008, Bogotá (Col.)
Suma Psicológica, Vol. 15 N° 2
Septiembre de 2008, 423-435,
ISSN 0121-4381
1 Doctorante en sciences de linformation, de la communication et des médias.
Correpondencia: [email protected]
LES MÉDIAS DE MASSE AU SERVICE DE LA
COMMUNICATION DE GUERRE
Yeny Serrano1
Université de Genève (Suisse)
ABSTRACT
Cet article propose une réflexion autour de la question Comment les
médias de masse informent-ils les citoyens à propos dune confrontation
armée et quelles variables interviennent dans la mis-e en discours dune
guerre par les médias? Nous faisons lhypothèse que ce travail informatif
est déterminé non seulement par des variables propres aux médias
mais aussi par les contraintes propres à une situation de guerre.
Cette hypothèse, qui semblerait a priori évidente, met laccent sur le
fait que la production de linformation, en situation de guerre, ne
dépend pas exclusivement des intentions et du travail des
professionnels de linformation. En effet, de nombreuses contraintes
militaires et stratégiques entrent en contradiction avec les principes
de neutralité, dimpartialité, etc. défendus par les médias de masse
et leurs professionnels.
Mots clés: médias de masse, information, communication, guerre.
Yeny Serrano
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Suma Psicológica, Vol. 15 N° 2: 423-435, septiembre 2008, Bogotá (Col.)
INTRODUCTION
Lenjeu du traitement de
nimporte quelle confrontation
armée par les médias de masse
réside, en partie, dans le fait que dans
les sociétés démocratiques à économie
de marché les individus sont sans
cesse appelés à sexprimer, voire à
prendre des décisions sur différents
sujets de société. La question se pose
lorsquon sait que pour beaucoup de
RESUMEN
Este artículo propone una reflexión entorno a la pregunta ¿Cómo los me-
dios de comunicación informan a los ciudadanos acerca de una confronta-
ción armada y cuáles variables intervienen en la puesta en discurso de la
guerra? Planteamos que ese trabajo informativo está determinado no sólo
por variables propias de los medios sino también por las restricciones pro-
pias de una situación de guerra. Esta hipótesis, que parece apriori eviden-
te, enfatiza que la producción de la información en situación de guerra no
depende exclusivamente de las intensiones y del trabajo de los profesiona-
les de la información. En efecto, numerosas imposiciones militares y estra-
tégicas entran en contradicción con los principios de neutralidad,
imparcialidad, defendidos por los medios de comunicación y por los profe-
sionales.
Palabras clave: medios de comunicación; información; guerra.
 lorsquil sagit des opérations [militaires] sur le terrain, Il faut bien
admettre que les exigences de transparence des médias ne sont pas compatibles
avec le souci defficacité des armées Les armées communiquent plutôt
quelles informent.
(Moisy, 2001, p. 202)
citoyens il sagit de prendre des
décisions sur des réalités quils
connaissent mal, voire pas du tout.
Dans ce cas, les citoyens ont tendance
à puiser des éléments de jugement
dans leur contexte le plus immédiat
(García & Romero, 2001; Iyengar,
1991). En effet, dans les démocraties
occidentales, les médias de masse sont
un des principaux fournisseurs de ces
éléments de jugement.
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Divers travaux (Bougnoux, 1999;
Chalaby, 1998; Charaudeau, 2005;
Iyengar, 1991; Lemieux, 2000; Lochard,
Boyer, 1998; Serrano, 2006a, 2006b,
pour ne citer que quelques uns)
soulignent que les médias de masse
sont des entreprises qui, malgré leur
souci de rentabilité, sinvestissent
dune mission informative à légard des
citoyens au nom de la démocratie.
Ainsi, le rôle informatif quils jouent
tout en préservant leur santé
économique, amène les entreprises
médiatiques à implémenter différentes
stratégies. Certains accorderont plus
dimportance à leur rentabilité alors
que pour les autres la mission
principale est de fournir un service
public, autrement dit, les informations
dont les citoyens ont besoin. Le
résultat, est lapparition de différents
types de discours qui sont plus ou
moins descriptifs de la réalité ou plus
ou moins engagés.
Puisquil sagit dune question
largement travaillée par de nombreux
chercheurs, dont nous avons cités
quelques uns, nous préférons centrer
notre analyse sur le travail informatif
que les médias accomplissent en
situation de guerre. En général, pour
informer à propos dune réalité
quelconque (une guerre, une
catastrophe naturelle, les résultats
dune élection, etc.), les journalistes
doivent entrer en contact avec les
acteurs sociaux impliqués directement
(témoins, acteurs, victimes,
représentants politiques et militaires,
etc.). Autrement dit, le premier contact
des journalistes avec la réalité passe
généralement par les sources ou
acteurs sociaux qui interprètent en
premier la réalité. La matière
première des journalistes est le
discours tenu par les sources
(Esquenazi, 2002). Ainsi et sachant
que les intérêts défendus par les uns
et les autres ne suivent pas forcément
la même voie, lobjectif de cet article
est de proposer une réflexion à propos
des variables qui interviennent dans
la production de linformation lorsquil
sagit dune guerre.
LOGIQUE DE GUERRE
Tout dabord, il faut préciser que par son
caractère de violence continue et par ses
conséquences sur les acteurs sociaux,
les guerres représentent pour les médias
des réalités particulièrement intére-
ssantes. Elles offrent des faits suscepti-
bles dattirer lattention des audiences
et fournissent ainsi une matière
première idéale pour lélaboration
dévénements médiatiques. De plus, une
confrontation armée se prête facilement
à la simplification des rôles des acteurs
sociaux concernés: le bon, le méchant
ou le héros. En outre, lévolution des
guerres fournit aux médias des histoires
toujours en suspens qui retiennent
lattention des citoyens qui restent à
laffût de toute information concernant
cette guerre. Toutefois, les règles qui
régissent la stratégie militaire peuvent
aller à lencontre de la logique
médiatique (informer tout en assurant
le profit économique de lentreprise
médiatique) ce qui va certainement
influencer le travail de production
médiatique. À ce propos, Mathien
Yeny Serrano
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(2001) affirme que dans des situations
de guerre, les logiques de production
et de diffusion de linformation ne sont
pas les mêmes. Nous allons voir par
la suite en quoi ces logiques peuvent
être différentes.
LA GUERRE ET SES COMPOSANTES
Depuis toujours, toute guerre comporte
deux composantes: une composante
physique à lintérieur de laquelle les
actions militaires classiques peuvent
être regroupées, et une composante
psychologique à lintérieur de laquelle
sont regroupées les actions psycholo-
giques et la guerre psychologique. Les
actions psychologiques, comprennent les
procédés propres au temps de paix alors
que la guerre psychologique est propre aux
temps de guerre. Avant de définir ce qui
est une arme psychologique, il est
nécessaire de rappeler à quel point les
grands stratèges militaires, tels que
Sun Zi, Gengis Khan ou Clausewitz,
ont signalé la supériorité des procédés
psychologiques sur les actions
militaires classiques. En fait, moins
coûteuses, elles peuvent assurer des
victoires à moindre coût. De même,
dans certaines occasions, les
manuvres psychologiques sont
capables déviter les actions militaires
classiques si elles sont suffisamment
efficaces pour dissuader lennemi
dentrer en guerre (Géré, 1997).
GUERRE ET ARME PSYCHOLOGIQUE
Larme psychologique fait partie de la
stratégie militaire générale (Géré,
1997). Elle est non seulement
destinée à lennemi mais également
à son propre camp. Les procédés
psychologiques qui visent ladversaire
cherchent à ruiner le moral de ses
combattants et à les dissuader de
participer à une guerre. En ce qui
concerne son propre camp, les
procédés psychologiques sadressent
dune part à la population civile et
dautre part à ses propres troupes dans
le but de renforcer et de maintenir
leur moral de combat2. Les actions
destinées à la population civile ont
pour objectif avant tout de justifier la
guerre, de légitimer sa cause tout en
délégitimant limage et la cause de
lennemi (Mandron, 1992).
Donc, lutilisation de larme
psychologique se révèle considéra-
blement importante pour les armées,
car elle permet de produire des effets
non seulement sur lennemi mais
aussi sur ses troupes et sur la
population civile qui pourrait ne pas
soutenir la guerre. Toutefois, au cas
où les procédés psychologiques ne
suffisent pas pour provoquer les effets
recherchés, la logique militaire im-
plique que des opérations physiques
soient envisagées dans le but de
renforcer les effets des premières. Il
sagit du cas typique de la menace et
2De nombreuses enquêtes ont démontré que des levées classiques de citoyens-soldats, peu aguerris,
consacraient jusquà 90% de leur activité à se protéger sans même se soucier de recourir à leurs armes
offensives.(Géré, 1997, pp. 40-41).
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