Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur, de la Formation des Cadres et de la Recherche Scientifique Département de l’Education Nationale Ecole Normale Supérieure RABAT MEMOIRE DE LA DEUXIEME ANNEE DU CYCLE DE PREPARATION A L’AGREGATION DES SCIENCES PHYSIQUES OPTION PHYSIQUE Introduction à la Spectrométrie Optique Proposé et dirigé par : Pr. Abdelfattah BARHDADI Réalisé par : Mr. Abdellatif KASMI Département de Physique Juin 2006 Remerciements Remerciements Aucune dédicace ne saurait traduire les grandes estimes et les profonds respects que je porte à mon Professeur A. Barhdadi. Je tiens à le remercier beaucoup pour la direction de ce mémoire et pour tous ses conseils précieux et ses encouragements tout au long de sa réalisation. Mes remerciements vont aussi à toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin à l’élaboration de ce modeste travail. 2 Table des Matières Introduction Chapitre 1: Notions de base I- Les lois de réflexion et de réfraction I-1- Les lois de réflexion I-2- Les lois de réfraction II- Les interférences des ondes lumineuses II-1- Addition des vibrations lumineuses II-2- Etude de la figure d’interférence III- La diffraction des ondes lumineuses Chapitre 2 : Spectrométrie optique I- Définitions et généralités II- Notions de bases de la spectroscopie optique II-1- Propriétés et caractéristiques des spectres II-2- Spectre d’émission et spectre d’absorption II-3- Importance des spectres optiques II-4- Performance d’un appareil spectroscopique Chapitre 3 : Les systèmes dispersifs utilisés en spectrométrie I- Types de systèmes dispersifs II- Spectromètre à prisme III- Spectromètre à réseau III-1- Le réseau par transmission III-2- Le réseau par réflexion IV- Spectromètre interférentiel Chapitre 4 : Spectrométrie à prisme I- Réfraction dans un prisme : formules du prisme II- Spectromètre à prisme II-1- Schéma de principe de l’appareil II-2- Notion de dispersion angulaire et de dispersion linéique II-3- Pouvoir de résolution II-4- Ordre de grandeur Chapitre 5 : Spectrométrie à réseau I- Introduction II- Théorie élémentaire du réseau II-1- Différence de marche entre deux rayons consécutifs II-2- Maxima d’intensité lumineuse et formation des Spectres III- Calcul de l’intensité lumineuse diffractée III-1- Représentation scalaire d’une onde lumineuse III-2- Expression de l’onde lumineuse diffractée III-3- Etude de la courbe Iθ (φ) III-4- Amélioration de l’intensité de l’onde diffractée Iθ (φ) IV- Formation des spectres IV-1- Réseau éclairé en lumière blanche 3 IV-2- Angle de déviation des spectres IV-3- Etalement normal du spectre V- Conclusion Chapitre 6 : Spectrométrie par transformation de Fourier I- Introduction II- Interféromètre de Michelson III- Principe de la spectrométrie par transformation de Fourier IV- Conclusion 4 Par définition, l’instrumentation optique est l’ensemble des instruments et techniques de mesure, de contrôle et d'analyse utilisés dans le domaine de l’optique. Depuis les années quatre-vingt, on a commencé à voir parfois figurer le terme d’instrumentation simultanément avec les mesures. En réalité, bien que ce terme paraisse plus "accrocheur" à certains, il n’y a vraiment pas de différence fondamentale de sens entre les deux mots. Les mesures se font avec des instruments, et les instruments, dans le domaine qui nous préoccupe, sont bien destinés aux mesures. Comme le domaine de l’optique englobe plusieurs filières, il y a donc lieu de considérer l’instrumentation optique spécifique à chaque filière. D’où l’existence de plusieurs familles d’instrumentation optique dont les plus connues sont la focométrie, la photométrie et la spectrométrie optique. La focométrie c’est l’ensemble des techniques et méthodes de détermination expérimentales des éléments d’un système centré dans l’approximation de Gauss (voir le cours sur l’optique géométrique). La photométrie s’occupe de la mesure des grandeurs physiques relatives aux rayonnements lumineux, telles que l'intensité lumineuse, le flux lumineux ou l'éclairement, selon l'impression produite sur l'œil. Par extension, la photométrie concerne également la mesure de l'énergie de tout rayonnement électromagnétique. Ainsi, elle est utilisée dans des domaines aussi variés que la photographie, l'astronomie ou l'industrie de l'éclairage électrique. Quant à la spectrométrie optique, qui nous intéresse plus particulièrement dans ce travail, elle constitue l’ensemble des instruments et techniques utilisés dans l'étude et l’analyse des spectres optiques. Le but de ce travail est d’introduire la spectrométrie optique en se limitant à la présentation et la description de ses instruments les plus représentatifs. 5 Chapitre 1 I- Les lois de réflexion et de réfraction : L'optique géométrique repose sur la notion fondamentale de rayon lumineux. Les rayons lumineux se propagent en ligne droite dans des milieux homogènes transparents. Leur comportement à la surface d'un dioptre ou d'un miroir est décrit par les lois de Snell-Descartes. I-1- Les lois de réflexion : 1°) Le rayon réfléchi est dans le plan d'incidence. 2°) L'angle d'incidence i et l'angle de réflexion i’ sont égaux : i = i’ i et i’ sont respectivement les angles que font les rayons incident et réfléchi avec la normale au dioptre. Figure 1-1 6 I-2- Les lois de réfraction : Il y en a également deux (figure 1-2) : 1°) le rayon réfracté est dans le plan d’incidence. 2°) l’angle d’incidence i et l’angle de réfraction r sont liés par la relation : n1 sin i = n2 sin r Figure1-2 i et r sont respectivement les angles que font les rayons incident et réfracté avec la normale au dioptre. n1 et n2 sont respectivement les indices de réfraction absolus du milieu d’incidence et de réfraction. • lorsque n2 > n1 (le second milieu est plus réfringent que le premier), on peut toujours calculer l’angle r tel que sin r = n1 / (n2 sin i) < 1; le rayon réfracté existe toujours. • Lorsque n2 < n1 (le second milieu est moins réfringent que le premier), l’angle r ne peut pas être calculé si n1 / (n2 sin r) > 1. Il existe une valeur limite supérieure l de l’angle d’incidence i telle que sin l = n2 / n1. Pour les incidences telles que i < l, il n’y a pas de rayon réfracté; on dit alors qu’il y a réfraction totale. l est appelé l’angle de réfraction limite. Notons que toutes ces lois sont contenues dans le principe de Fermat qui est à la base d’une présentation de l’optique des rayons lumineux, indépendante de la nature ondulatoire de la lumière. 7 II- Les interférences des ondes lumineuses : Lorsque deux ou plusieurs ondes lumineuses se superposent, on ne peut généralement pas décrire d'une manière simple les phénomènes observés. Prenons le cas de deux ondes provenant d'une même source lumineuse ponctuelle et monochromatique. Dans la région de superposition, l'intensité lumineuse varie d'un point à l'autre entre des maxima qui dépassent la somme des intensités de deux ondes prises séparément et des minima qui peuvent être nuls. Ceci constitue le phénomène d'interférence où la nature ondulatoire de la lumière joue un rôle essentiel. L'obtention d'interférences en optique est plus délicate et fait apparaître de façon fondamentale la notion de cohérence entre les vibrations qui doivent interférer. II-1- Addition des vibrations lumineuses: Termes d'interférence : Considérons différents rayons lumineux arrivant au même point M de ρ l'espace. Le champ E (M, t ) est donné, en ce point, par la somme des champs ρ E j (M, t ) associés aux différents rayons : ρ ρ E (M, t) = ∑ E j (M, t) j ρ Nous nous limitons ici au cas où les différents termes E j (M, t ) correspondent à des vibrations monochromatiques de même pulsation ω et de ρ même état de polarisation caractérisé par le vecteur unitaire u tel que : ρ ρ E j (M, t ) = S j ( M, t ) u Avec : = S j(M , t) Et : S(M, t ) = a j ( M ) exp i [ ϕ j ( M ) − ω t ] ∑ S ( M, t ) j ∑ a (M) exp i [ϕ (M) − ωt ] = j j j j Ou encore : S(M, t ) = a (M ) exp (− iωt ) Avec : a (M ) = ∑ a (M) exp i [ϕ (M)] est l’amplitude complexe de S(M, t ) . j j j Notons que les termes de phases φj jouent ici un rôle décisif. 8 A partir de l'expression de S(M, t ) on calcule l'intensité au point M à un instant t donné : I(M ) = S(M ) . S ( M ) * Après le calcul, on obtient le résultat suivant: I( M ) = ∑a ∑ ∑ 2a + 2 j j j l< j j a l cos [ϕ j (M ) − ϕl (M )] En posant I j = a j , on écrira la dernière formule de manière équivalente, mais peut être plus parlante : 2 I(M ) = ∑ I (M) j + ∑∑2 j j l< j I j (M ) I l (M ) cos [ϕ j (M ) − ϕl (M )] Le premier terme correspond à la somme des intensités, et le deuxième correspond au terme d'interférences. Intéressons nous maintenant au cas de deux vibrations lumineuses issues de deux sources s1 et s2 et calculons l'intensité lumineuse résultante de leur superposition en un point M d’un écran d’observation : S(M, t ) = S1 (M, t ) = S2 (M, t ) On a directement : I(M) = I1(M) + I2 (M) + 2 I1(M) I2 (M) cos[ϕ2 (M) − ϕ1(M)] Pour mettre en évidence les interférences dans le domaine lumineux, il faut qu'en chaque point M de l'écran, le terme φ2 (M) – φ1 (M) demeure constant dans le temps à fin d'obtenir un phénomène stable. Lorsqu'il en est ainsi, les sources s1 et s2 des vibrations lumineuses sont dites cohérentes ou synchrones. Soient deux sources lumineuses s1 et s2 ponctuelles monochromatiques et synchrones (cohérentes). Les vibrations de s1 et s2 en un point M sont de la forme : ρ ρ E1 (M, t ) = E10 (M) cos [ωt − ϕ1 (M)] et ρ ρ E 2 (M, t ) = E 20 (M) cos [ωt − ϕ 2 (M )] Avec : ϕ1 = 2 π / λd1 et Alors : 9 ϕ 2 = 2 π / λd 2 ϕ2 − ϕ1 = 2π / λ (d2 − d1) = 2π / λ δ Où la quantité δ = d2 – d1 est appelée la différence de marche entre les deux rayons. Les lieux des points de même intensité I sont obtenus pour ϕ2 − ϕ1 = Cte. Ils constituent des hyperboloïdes de révolution de foyers s1 et s2. Ainsi, des hyperboloïdes d'amplitude maximale sont obtenus pour Φ = 2kπ ou δ = d2 – d1 = kλ et des hyperboloïdes d'amplitude minimale sont obtenus pour Φ = (2k + 1) π ou δ = (k + 1/2) λ. II-2- Etude de la figure d'interférence : On a : δ = s 2 M − s1M = d 2 − d 1 ; s1s 2 = 2 a ; O' O = d ; OM = x Pour d >> x et d >> a, et en faisant un développement limité, on trouve que : δ = d2 − d1 ≈ 2ax/ d Ainsi, les franges brillantes sont obtenues pour : δ = kλ = 2axk / d ou xk = kλd / 2a et les franges sombres sont obtenues pour : δ = (k' + 1/2) λ = 2axk’ / d ou xk’ = (k' + 1/2) λd / 2a Le terme i = λd/2a est appelé interfrange ; il représente la distance entre deux franges homologues consécutives. La quantité p = δ/λ = 2ax/λd = x/i est appelée ordre d'interfrange. La frange centrale correspond donc à un ordre d'interférence nul. Il convient de préciser que l'observation des interférences lumineuses nécessite un certain nombre de conditions : • Les sources s1 et s2 doivent être synchrones, c'est-à-dire que les deux sources vibrent à la même fréquence : ν1 = ν2 = ν 10 • Les vibrations de s1 et s2 doivent être cohérentes, c'est-à-dire que ∆ϕ = φ2 – φ1 = Constante (au cours du temps). • Les deux vibrations doivent être peu inclinées ou presque parallèles. L'un des dispositifs les plus utilisés pour obtenir des interférences est celui des trous d'Young; son importance historique a été importante car il a permis, pour la première fois, d'évaluer des longueurs d'ondes lumineuses. Remarque: Le même raisonnement peut être appliqué dans le cas des interférences à ondes multiples. III- La diffraction des ondes lumineuses : La diffraction est le phénomène d'éparpillement de la lumière observé lorsqu'une onde électromagnétique rencontre une ouverture, un obstacle ou un bord d'écran. De ce fait, elle joue un rôle de la plus haute importance dans toutes les branches de la physique où la propagation des ondes intervient. Ce phénomène est associé à des écarts par rapport à l'optique géométrique. Contrairement aux prévisions de cette dernière, les variations de l'éclairement au voisinage de l'ombre d'un diaphragme D ne sont pas brutales, mais présentent des oscillations. Figure1-3 11 L'étude générale du phénomène de diffraction repose sur le principe de Huygens Fresnel qui a permis de prévoir toutes les figures de diffraction. Considérons une onde plane monochromatique tombant sur un diaphragme D comme le montre la figure 1-4. Figure 1-4 L'amplitude de l'onde dans le plan du diaphragme est ψ0(M). Au un point P, son amplitude complexe est la somme des amplitudes complexes des ondes sphériques, émises par les points M situés à l'intérieur du domaine de D, et pondérées par la fonction ψ0(M) nulle à l'extérieur de D. Par conséquent : ρρ ψ(P) = ∫ ψ 0 (M ) Q exp (ik r ) / r ds où r = MP et k = 2π/λ D Désignons par Oxy le plan pupillaire, par Oz la normale à ce plan et par (X, Y, Z) les coordonnées du point P. En supposant que R est suffisamment grand devant les autres dimensions de telle sorte que le coefficient d'inclinaison Q soit une constante, et en utilisant l'approximation dite de Fraunhofer, on arrive à l'expression suivante: ρρ ρ ρ ρ Q exp (ik r ) ψ(P) = ψ ( M ) exp ( − i k OM ) ds avec k = k e = (2 π / λ ) ( OP / OP ) 0 ∫D r 12 En introduisant les fréquences spatiales u ≡ α/λ et v ≡ β/λ avec α et β sont ρ respectivement les composantes de e = OP / OP suivant les axes Ox et Oy, l'amplitude complexe s'écrit alors: ρρ Q exp (ik r ) ψ(P) = ∫D ψ 0 ( x, y) exp [− i2π (ux + vy)] dx dy r On remarque alors que l'amplitude de l'onde diffractée est proportionnelle à ∫ψ 0 ( x , y) exp [ − i 2π(ux + vy)] dxdy D Cette expression n’est rien d’autre que la transformation de Fourier de ψ 0 ( x , y) . Lorsque l'onde incidente est plane et tombe normalement sur le diaphragme, la fonction ψ 0 ( x, y) s'identifie à la fonction caractéristique du diaphragme appelée encore transmittance que l'on définit par le rapport des amplitudes complexes immédiatement avant et après le diaphragme : + ψ 0 ( x, y ) t ( x, y ) = − ψ 0 ( x, y ) Dans ces conditions, l'amplitude complexe diffractée s'écrit : ρρ Q exp (ik r ) ψ(P) = iλ r ∫∫ t ( x, y) exp [− i2π (ux + vy)] dxdy D et l'intensité de l'onde diffractée se déduit aisément de ce qui précède : 2 * I ( u , v ) = ψ ( u , v ) ∗ ψ ( u , v) = ψ ( u , v ) 2 ≈ ∫∫ t (x, y) exp [− i2π(ux + vy)] dxdy D 13 Chapitre 2 I- Définitions et généralités : La spectrométrie optique c’est le nom attribué à l’instrumentation associée à l'étude des spectres optiques. C’est donc l’ensemble des instruments et techniques de mesure, de contrôle et d'analyse des spectres optiques. La spectrométrie optique a un grand rapport de sens avec la spectroscopie optique. Pour préciser la différence entre les deux, on se propose de faire un petit rappel sur les notions de base à travers lequel on essayera de lever un certain nombre d'ambiguïtés. Toutefois, il convient de signaler au passage que la spectroscopie optique est très souvent appelée spectroscopie tout court. II- Notions de base de la spectroscopie optique : Lorsqu’elle traverse les gouttes d’eau de la pluie, la lumière blanche du soleil se décompose en ses constituants colorés: c’est l’arc-en-ciel. Cet effet est dû à la réfraction qui est un phénomène par lequel la lumière subit un changement de direction quand elle passe d’un milieu à un autre. La même décomposition s’observe lorsque la lumière blanche traverse un prisme transparent dont l’indice de réfraction et, par conséquent, l’angle de réfraction dépendant de la couleur de la lumière (figure 2-1). La spectroscopie est une technique d’analyse fondée sur ce phénomène. Cette technique est tellement importante qu’elle a pu constituer à elle seule tout un nouveau domaine de la physique fondamentale qui a eu un impact considérable lors de la naissance de la physique moderne. Figure 2-1 : Lumière décomposée par un prisme transparent. Lorsqu'un faisceau de lumière blanche traverse un prisme transparent, il est réfracté et décomposé en rayonnements monochromatiques. 14 Du point de vue expérimental, la spectroscopie optique utilise principalement un système dispersif (ou "disperseur"), constitué d’instruments optiques, qui permet de disperser non seulement la lumière blanche mais tous les rayonnements électromagnétiques en général. L’image donnée par ce système dispersif constitue ce qu’on appelle le spectre de la lumière dispersée. Celui ci n’est généralement rien d’autre qu’une représentation graphique de l’intensité lumineuse en fonction de la longueur d’onde λ de la lumière dispersée. Le système dispersif se trouve habituellement intégré dans des appareils de caractérisation et de mesure optique que les "spectroscopistes" regroupent dans ce qu’ils appellent l’appareillage dispersif ou encore l’appareillage spectroscopique optique. Chaque appareil a un nom inspiré de sa fonction spécifique et surtout de la nature de l’information qu’il délivre à sa sortie. Parmi les appareils spectroscopiques optiques les plus connus on trouve: • Le spectroscope optique (spectroscope): il produit de la lumière dispersée et permet l’observation visuelle directe du spectre de cette lumière. • Le spectrographe optique (spectrographe): il produit de la lumière dispersée et permet l’enregistrement photographique du spectre de cette lumière grâce à un système de réception des images. En fait, le spectrographe n’est rien d’autre qu’un spectroscope dont le viseur est remplacé par un appareil photographique. Il n'est pas nécessaire d'employer la photographie couleur pour distinguer les différentes couleurs sur le spectre car les longueurs d'onde correspondantes peuvent être calculées d'après leurs positions sur le film. Dans le cas particulier où la source lumineuse étudiée est le soleil, on emploie alors un spectrographe adapté, appelé spectrohéliographe, qui photographie les détails de la surface solaire. • Le spectromètre optique (spectromètre): il produit de la lumière dispersée et permet d’effectuer une mesure directe et précise des longueurs d’ondes de cette lumière ainsi que de l’intensité lumineuse correspondante grâce à un système de réception du flux. Aussi, Il permet d’analyser la répartition spectrale de l’énergie dans cette lumière. Les spectromètres enregistrent les spectres élément par élément à l’aide d’un détecteur photoélectrique suivi d’une chaîne de mesure appropriée. Les détecteurs employés sont très variés: photomultiplicateur, photodiode, photopile, cellule photorésistante, phototransistor, etc. Actuellement, les spectromètres optiques classiques sont de plus en plus remplacés par une nouvelle génération de spectromètres multicanaux. Ceux ci permettent l’enregistrement simultané des éléments d’un spectre grâce à l’utilisation de détecteurs multicanaux tels que les barrettes et les matrices de photodiodes. Ces instruments, souvent couplés à des systèmes informatiques d’acquisition, de traitement et de stockage des données, connaissent un développement très rapide. 15 • Le spectrophotomètre optique (spectrophotomètre): il associe un spectroscope et un photomètre, qui est appareil de mesure de l'intensité lumineuse, et permet la comparaison quantitative d’un spectre produit avec un spectre étalon. Le spectrophotomètre est généralement muni d'un détecteur adapté à la mesure et l’analyse des spectres infrarouges et ultraviolets. • Le monochromateur: il n’est muni d’aucun récepteur et sert à transmettre un élément spectral de largeur déterminée vers un autre instrument optique. On voit donc bien que la fonction du spectroscope est surtout qualitative alors que celle du spectromètre est plutôt quantitative. Par extrapolation, on peut dire alors que la spectroscopie optique s’intéresse à l’étude qualitative des spectres optiques tandis que la spectrométrie optique s’occupe plutôt de leur étude quantitative. Ainsi, l’utilisation d’une terminologie équivoque serait évitée. II-1- Propriétés et caractéristiques des spectres optiques : Généralement, les spectres optiques se présentent soit sous forme discontinue (spectre de raies) soit sous forme continue (spectre de bandes). Le spectre de raies est obtenu lorsque la lumière dispersée comprend un nombre restreint de composantes (figure 2-2), chacune d’entre elles a une longueur d’onde λ bien définie et, de ce fait, appelée radiation monochromatique. Le spectre de bande, appelé aussi spectre continu, est obtenu lorsque les composantes de la lumière dispersée sont trop larges et trop serrées pour être distinguées par le système dispersif. Il est d’usage courant en spectrométrie de caractériser les radiations monochromatiques de la lumière dispersée par leur longueur d’onde λ plutôt que par leur fréquence ν. En outre, au lieu de considérer la fréquence ν d’une radiation monochromatique donnée, les "spectroscopistes" ont depuis longtemps pris l’habitude de considérer une autre grandeur qui est proportionnelle ν et connue avec la même précision que λ. Cette grandeur est appelée le nombre d’onde dans le vide σ et définie par : σ= 1 =ν λ c où c est la vitesse de la lumière dans le vide. 16 Figure 2-2 : Spectres de raies de quelques éléments chimiques Quand un composé est vaporisé et que sa vapeur est chauffée jusqu'à émission de lumière, une couleur unique prédomine, comme le jaune des lampes à vapeur de sodium, le rouge des lampes au néon et le bleu-vert des lampes à vapeur de mercure. Le spectre du composé vaporisé est alors formé de plusieurs raies séparées par des zones de noir absolu. II-2- Spectre d’émission et spectre d’absorption : Il existe en général deux grandes classes de spectres optiques: les spectres d’émission et les spectres d’absorption. Un spectre d’émission est constitué de toutes les composantes de lumière d’une source lumineuse donnée, tandis qu’un spectre d’absorption résulte de l’arrêt d’une partie de la lumière émise par la source lumineuse par un échantillon matériel placé sur le trajet du rayonnement. Les raies ou les bandes d’absorption apparaissent alors en noir sur le fond coloré du spectre de la source lumineuse (figure 2-3), et sont caractéristiques de la composition chimique de l’échantillon. Ainsi, l’étude du spectre d’absorption d’une substance permet d’analyser ses constituants et de la caractériser. Un spectre d’émission peut être caractérisée par la fonction L(σ) qui représente la luminance L de la source lumineuse émettrice des radiations en fonction du nombre d’onde σ de ces radiations. De même, un spectre d’absorption peut être caractérisé par la fonction A (σ) qui représente le facteur d’absorption A de la substance traversée par la lumière dispersée en fonction du nombre d’onde σ des radiations composant cette lumière. Un des rôles essentiels des appareils utilisés en spectrométrie c’est fournir le maximum possible d’informations sur les fonction L (σ) et A (σ). 17 Figure 2-3 : Spectre du Soleil Le rayonnement émis par le Soleil est photographié par un spectrographe puis analysé. Les raies noires sont les raies d'absorption; elles sont dues à l'absorption des rayonnements par les éléments présents dans l'atmosphère du Soleil. L'étude de ces raies permet aux scientifiques d'identifier les éléments constitutifs du Soleil. Par exemple, les raies dans le jaune indiquent la présence de sodium. Si la source lumineuse considérée donne, après dispersion de sa lumière, un spectre de raies, alors sa luminance L est parfaitement définie pour chaque valeur de σ. Si, par contre, elle donne un spectre de bandes, alors dans ce cas sa luminance L ne peut être définie pour chaque valeur de σ mais plutôt pour un petit intervalle spectrale de nombres d’ondes dσ. Pour cela, on introduit une nouvelle grandeur physique notée Lσ, définie par Lσ = ∂L/∂σ et appelée luminance par unité de nombres d’ondes ou encore densité spectrale de luminance. Ainsi, la luminance dL de la source lumineuse dans un petit intervalle spectrale de nombres d’ondes dσ est donnée par : dL = ∂L ∂σ dσ = Lσ d σ Dans ces conditions, le spectre de bandes de la source sera donc caractérisé par la fonction Lσ = f(σ) et c’est bien cette fonction que devra fournir l’appareil spectroscopique optique utilisé. II-3- Importance des spectres optiques en physique : Les spectres optiques que l’on obtient grâce aux appareils spectroscopiques précités constituent un outil puissant pour connaître la structure électronique des atomes et des molécules. La haute résolution fournit même avec les structures hyperfines des données sur la structure des noyaux atomiques. Ces spectres permettent aussi l’étude de sources hors de notre portée (astrophysique, hautes températures, plasmas), l’analyse minérale ou organique. La majeure partie des connaissances actuelles de l’univers a pour origine l’étude d’un spectre (analyse 18 et synthèse de la lumière blanche par Newton, théorie du quanta de Planck, théorie atomique de Bohr, mécanique quantique de De Broglie et ses successeurs, atmosphères planétaires et stellaires, expansion de l’univers). Les analyses chimiques des contrôles de processus industriels, les analyses biomédicales, les analyses de pollutions atmosphériques sont pour une grande part faites par spectrométrie optique. II-4- Performances d’un appareil spectroscopique : Pour déterminer le mieux possible la fonction Lσ = f (σ) d’un spectre de bandes, l’appareil spectroscopique optique utilisé doit découper la région spectrale étudiée en petits intervalles de largeur ∆σ nécessairement finis, appelés éléments spectraux, et fournir un signal proportionnel à la luminance ∆L de la source lumineuse pour chacun d’entre eux. Suivant la complexité du spectre étudié et selon la qualité des informations recherchées, l’élément spectral ∆σ considéré devra être plus ou moins grand. Plus ∆σ est petit, plus le spectre est finement résolu; c’est pourquoi ∆σ est aussi appelé l’élément spectral résolu. Très souvent, à la place de l’élément spectral résolu ∆σ on considère plutôt la quantité R, appelée pouvoir de résolution ou "résolvance", définie par: R = σ = λ ∆σ ∆λ où σ et λ sont respectivement les valeurs mesurées au milieu des plus petits éléments spectraux résolus ∆σ et ∆λ, c-à-d qui correspondent à la limite de résolution. Les pouvoirs de résolution des appareils spectroscopiques optiques vont de quelques centaines pour les plus simples à plusieurs millions pour certains montages interférentiels. En fait, pour qu’un appareil spectroscopique optique présente de bonnes performances, il ne suffit pas que sa valeur de R soit bien grande. Mais, en plus, pour chacun des éléments spectraux ∆σ, il doit permettre une mesure aussi précise que possible de la luminance ∆L de la source lumineuse. Autrement dit, il doit fournir un signal, proportionnel à ∆L, d’une amplitude suffisamment élevée. 19 Chapitre 3 I- Types de systèmes dispersifs : En spectrométrie optique, les spectromètres utilisés sont très variés. Certains sont plus résolvants, d’autres plus rapides, certains plus sensibles ou plus simples d’emploi. Seule une estimation complète des avantages et des inconvénients d’un spectromètre donné permet de faire un choix judicieux, et ce choix reste spécifique. On a souvent l’habitude de classer les spectromètres en fonction du type du système dispersif (le "disperseur") qu’ils utilisent. Rappelons que le système dispersif est un dispositif constitué d’instruments optiques qui permet de disperser et séparer les radiations émises par une source lumineuse. On distingue, en général, deux types de systèmes dispersifs: • Les systèmes dispersifs classiques dont le principe repose sur la dispersion de la lumière soit par le phénomène de la réfraction, soit par les phénomènes de la réflexion ou de la diffraction. Ceux qui provoquent la dispersion de la lumière en exploitant le phénomène de la réfraction sont constitués d’instruments optiques dont l’élément principal est tout simplement un prisme homogène, transparent et réfringent. Ces systèmes ont permis de mettre au point les spectromètres à prisme. Ceux qui provoquent la dispersion de la lumière en exploitant les phénomènes de la réflexion ou de la diffraction sont constitués d’instruments optiques dont l’élément principal est un réseau. Ces systèmes ont permis de mettre au point les spectromètres à réseau. Les spectromètres à prisme et les spectromètres à réseau sont aussi appelés spectromètres à fentes et disperseur parce qu’ils sont généralement équipés de 2 petites fentes (fines ouvertures): une fente d’entrée, du côté de la source lumineuse, pour limiter l’étendue du faisceau incident et une fente de sortie, du côté de l’observateur, pour éventuellement isoler une bande dans le spectre fourni par le disperseur. • Les systèmes dispersifs modernes ou évolués dont le principe repose sur la dispersion de la lumière par le phénomène des interférences. Ils sont constitués d’instruments optiques dont l’élément principal est un interféromètre. Ces systèmes ont permis de mettre au point les spectromètres interférentiels. 20 II- Spectromètre à prisme : Cet appareil spectroscopique optique comporte (figure 3-1) une fente, qui laisse entrer la lumière provenant d'une source lumineuse extérieure, un groupe de lentilles, un prisme et un détecteur (qui peut être visuel, graphique ou autre). La lumière émise par la source lumineuse traverse d'abord un collimateur, qui permet d'obtenir un faisceau de rayons parallèles, puis le prisme. L'image de la fente est enfin focalisée dans le détecteur. Si la source lumineuse extérieure émet de la lumière blanche, on observe alors un spectre optique composé d’une série de bandes de différentes couleurs, qui résultent de la dispersion de la lumière par le prisme. Si l'on place la substance à analyser juste avant le système dispersif, on remarque dans le viseur une série de raies noires qui correspondent aux longueurs d'onde absorbées par l'échantillon. Figure 3-1 : Spectromètre à prisme Le spectromètre à prisme comprend une fente laissant entrer les rayons d'une source de lumière, un prisme et plusieurs lentilles. En plaçant l'échantillon à analyser juste avant le prisme, le détecteur enregistre une série de raies noires correspondant aux longueurs d'onde absorbées par la substance étudiée. III- Spectromètre à réseau : Le réseau dont il s’agit est un instrument optique utilisé pour analyser les différentes longueurs d'onde d'un faisceau de lumière. Parce qu’il possède la propriété de disperser la lumière blanche en fonction de sa longueur d’onde, le réseau optique est très utilisé en spectrométrie optique. On distingue, en général, deux types de réseaux optiques: ceux qui fonctionnent par transmission en exploitant le phénomène de la diffraction de la lumière (réseaux par transmission) et ceux qui fonctionnent par réflexion en exploitant le phénomène de la réflexion de cette lumière (réseaux par réflexion). 21 III-1- Le réseau par transmission : Le réseau par transmission est une sorte de structure périodique qui a la forme d’un petit écran rigide percé d’un grand nombre N de fentes très fines, identiques, parallèles, équidistantes et situées dans un même plan. La distance qui sépare deux points homologues de deux fentes consécutives est appelée la période spatiale ou le pas du réseau. Ce réseau est généralement constitué d'une surface réfléchissante sur laquelle ont été gravés plusieurs milliers de sillons étroits et parallèles. Lorsqu'il atteint une telle surface, un faisceau lumineux est dispersé, ou diffracté, dans toutes les directions à partir de chaque sillon. Pour chaque longueur d'onde de la lumière, on observe au-delà du réseau des maxima d'interférences dans certaines directions et des amplitudes nulles dans d'autres. Ces directions d'interférences constructive et destructive dépendent de la longueur d'onde. Les effets caractéristiques des réseaux par transmission peuvent aussi être observés sur des ailes de papillons, des écailles de poissons, des enregistrements CD ou d'autres surfaces rayées. III-2- Le réseau par réflexion : Le réseau par réflexion est le plus souvent utilisé en spectrométrie. Il est généralement obtenu en traçant, à la surface d’une couche métallique déposée sur une lame de verre plane, des traits réguliers qui se comportent comme des bandes opaques. Le support de verre n’est pas traversé par la lumière et ses défauts d’homogénéité n’interviennent donc pas dans le fonctionnement de ce réseau, ce qui constitue un grand avantage sur le réseau par transmission. D’autre part, le réseau par réflexion peut être utilisé dans l’ultraviolet ou l’infrarouge alors qu’un support en verre ne pourrait plus convenir dans ces régions. Les premiers réseaux furent mis au point en 1814 par le physicien allemand Fraunhofer. Ils étaient obtenus en enroulant un fil fin de cuivre sur deux tiges filetées parallèles permettant ainsi de former une série de fentes parallèles et équidistantes et, donc, réaliser des réseaux par transmission. Vers la fin du 19ème siècle, le physicien américain Rowland fabriqua des réseaux par transmission très performants qui peuvent comporter jusqu’à environ 8000 rainures par cm. Ces réseaux fut réalisés en gravant, au moyen d’un diamant, une série de sillons équidistants sur des plaques de verre et en considérant que deux sillons consécutifs délimitent une fente très fine. Ensuite, des réseaux par réflexion ont été également fabriqués, selon le même concept, en gravant des sillons équidistants sur des surfaces métalliques tendres et réfléchissantes. Aujourd'hui, l'utilisation des interféromètres permet de fabriquer des réseaux de très bonnes 22 performances comportant environ 50 000 lignes par cm; on utilise aussi des lasers pour fabriquer ces réseaux. Si un faisceau, provenant d’une source lumineuse ponctuelle infiniment éloignée (ou placée au foyer d’une lentille de collimation), éclaire un réseau par transmission, on peut voir que cette lumière sera transmise non seulement dans la direction de transmission rectiligne, mais aussi dans un certain nombre d’autres directions très bien déterminées qui sont des maxima d’interférences. De même, si le faisceau considéré éclaire un réseau par réflexion, on peut aussi voir que cette lumière sera réfléchie non seulement dans la direction de réflexion régulière, mais aussi dans un certain nombre d’autres directions très bien déterminées qui sont aussi des maxima d’interférences. Comme, dans les deux cas, les positions des maximas d’interférences dépendent de la longueur d’onde λ, la lumière émise par la source ponctuelle est alors dispersée et on peut obtenir des spectres optiques. Ces derniers sont d’ailleurs plus détaillés par rapport à ceux obtenus par prisme car un réseau possède un pouvoir de résolution nettement meilleur. Remplaçons maintenant la source lumineuse ponctuelle par une fente parallèle aux sillons du réseau par transmission et arrangeons nous pour que cette fente soit placée dans le plan focal d’une lentille L1, et l’observation de la lumière dispersée s’effectue dans le plan focal d’une lentille L2 placée après le réseau. Si on éclaire la fente en lumière polychromatique, on voit l’image géométrique F0 de la fente, qu’on aurait s’il n’y avait pas de réseau, et de chaque côté de cette image F0 des spectres qui sont des juxtapositions des images de la fente correspondant au maximas d’interférences pour les diverses longueurs d’ondes présentes dans la lumière polychromatique. Puisque les réseaux optiques donnent des spectres optiques bien résolus, ils ont très vite remplacé avantageusement les prismes, en particulier dans les domaines de l’infrarouge et de l’ultraviolet, pour lesquels il n’existe pas de substance transparente et où l’on peut employer des réseaux par réflexion. IV- Spectromètre interférentiel : Dans les spectromètres interférentiels, l’analyse de la lumière émise par une source est due au phénomène des interférences lumineuses obtenues à l’aide d’un interféromètre à deux ondes du type Michelson (spectromètre interférentiel de Michelson), ou bien à l’aide d’un interféromètre à ondes multiples du type Fabry Pérot (spectromètre interférentiel de Fabry Pérot). Au lieu de séparer les différentes radiations monochromatiques de la lumière incidente à l’aide d’un prisme ou d’un réseau de diffraction, on sépare les franges d’interférence produites par chacune de ses radiations. On peut ainsi analyser la structure fine 23 d’une radiation lumineuse et mesurer avec une très grande précision les longueurs d’onde qu’elle contient. Dans le cas d’un spectromètre interférentiel de Fabry Pérot, on fait passer la lumière à analyser dans l’interféromètre et on étudie les franges d’interférence qui apparaissent. Si la lumière incidente est composée de n radiations monochromatiques, on observe alors n systèmes de franges qui peuvent être distincts. Dans le cas d’un spectromètre interférentiel de Michelson, lorsque l’interféromètre est éclairé par une source lumineuse quelconque, le flux lumineux qui en sort est fonction de la composition spectrale de la source et de la différence de marche entre les faisceaux lumineux qu’elle émet. En mesurant le flux lumineux sortant en fonction de la différence de marche, on peut alors en déduire la composition spectrale de la source. Les spectromètres interférentiels de Michelson ont évolué rapidement et se sont enrichis par de nouvelles méthodes d’investigation et d’analyse qui ont conduit au développement récent de la spectrométrie par transformation de Fourier que nous allons étudier dans la quatrième leçon de ce cours. 24 Chapitre 4 I- Réfraction dans un prisme : Formules du prisme Le prisme est un milieu réfringent, transparent, homogène, isotrope, limité par deux dioptres plans formant un dièdre. Actuellement, il est surtout employé pour changer le sens de propagation de la lumière. On s'en sert aussi pour analyser une lumière complexe grâce à ses propriétés dispersives. Considérons le prisme représenté par la figure 4-1. Pour rappeler les formules du prisme, plaçons nous dans le cas où le prisme, d'indice n, est plongé dans l'air et les rayons lumineux incidents contenus dans le plan de section principale (cas du rayon lumineux monochromatique). Les quatre équations qui relient l'angle A du prisme, les angles d’incidence et de réfraction à l'entrée (i et r), les angles à la sortie du prisme (r', i') ainsi que la déviation D sont les suivantes: sin i = n sin r sin i = n sin r' A = r + r' D = i + i’ – A Les deux premières équations traduisent la loi de Snell-Descartes à l'entrée et à la sortie, alors que les deux dernières sont des relations géométriques. Figure 4-1 25 II- Spectromètre à prisme : II-1- Schéma du principe de l'appareil: Figure 4-2 Le système est éclairé par un faisceau de lumière parallèle. A la sortie, on obtient pour chaque longueur d'onde λ un faisceau émergent. Cette décomposition du rayonnement lumineux suivant la longueur d'onde permet l'analyse de sa répartition spectrale. II-2- Notion de dispersion angulaire et dispersion linéique: On appelle dispersion angulaire la quantité Da donnée par : Da = (b / a).(dn / dλ) où a désigne la largeur du faisceau émergent et b la base du prisme. Le facteur dn /dλ est caractéristique du matériau. On montre d'ailleurs qu'en se plaçant au minimum de déviation, on a : dD / dn = b / a Dans le cas où le spectre est observé dans le plan focal d'une lentille, on introduit alors la dispersion linéique Dl exprimée par : Dl = f . Da = f . (b / a) . (dn / dλ) où f est la distance focale de la lentille. 26 II-3- Pouvoir de résolution : Notons ∆λ le plus petit écart en longueur d'onde détectable dans le plan d'observation, le pouvoir de résolution P.R. est défini par : P.R. ≡ λ / ∆λ Si la fente source est suffisamment mince, on montre que : P.R. ≡ b . dn / ∆λ Si l'image de la fente source dans le plan de détection est élargie afin de recevoir davantage de lumière, ∆λ est défini par la largueur ε de cette image : ∆λ = ε / Dl d’où P.R. ≡ λ / ∆λ = Dl . λ / ε Les conditions idéales de travail (source suffisamment large pour le confort lumineux et limitation par diffraction) sont celles qui réalisent l'égalité entre la largueur de l'image de la fente et la largueur du pic de diffraction. On a alors : ε =λf/a et P.R. = Dl . λ / ε = a Dl / f = b . (dn / dλ) II-4- Ordre de grandeurs : Pour f = 20 cm, a = 2 cm, λ = 0.5 µm et Dl = 20 µm/nm, on obtient un pouvoir de résolution P.R. d’une valeur égale à 2000. Généralement, la largeur de la fente limite ce pouvoir de résolution. Ainsi, si ε = 40 µm, ∆λ = ε / Dl = 0.5 nm et P.R. = λ / ∆λ = 1000. De nos jours, les spectromètres à prisme optique, avec leur pouvoir de résolution théorique de l'ordre de 2000, sont pratiquement remplacés par les spectromètres à réseaux qui sont plus performants. L’étude de ces derniers fait l’objet du chapitre suivant. 27 Chapitre 5 I- Introduction : Un réseau optique est un dispositif composé d'une série de fentes parallèles (réseau par transmission), ou de rayures réfléchissantes (réseau par réflexion). Ces traits sont identiques et espacés de manière régulière. Leur espacement est appelé la période spatiale ou le pas du réseau. Ce pas est généralement très petit, facilement inférieur au 1/100 mm. Un réseau optique possède la propriété de disperser la lumière polychromatique en fonction de sa longueur d’onde. De ce fait, il est très utilisé en spectrométrie optique. Il existe deux types de réseaux optiques: les réseaux par transmission et les réseaux par réflexion. Nous allons nous limiter dans la présente leçon à l’étude théorique du premier type de réseaux sachant que des conclusions analogues sont valables pour l’autre type. II- Théorie élémentaire du réseau optique : Considérons un réseau optique par transmission constitué par un diaphragme percé de N fentes fines, identiques, parallèles et équidistantes de a (le pas du réseau est donc égal à a). D’après le principe d’Huygens Fresnel, chaque fente du réseau peut-être considérée comme une source secondaire. Si le réseau est éclairé de façon cohérente, ces sources secondaires vont diffracter la lumière transmise et interférer entre elle (figure 5-1). Pour une direction donnée, on peut faire interférer les rayons lumineux issus des N fentes du réseau et on aura donc un phénomène d’interférences à ondes multiples par division du front d’onde. La figue 5-2 schématise les rayons lumineux diffractés par les N fentes du réseau dans une direction θ donnée. Ces rayons viennent interférer au point M dans le plan focal de la lentille L. Il y a autant de rayons lumineux qui interfèrent en M qu’il y a de fentes sur le réseau. 28 Figure 5-1 Division du front d’onde: schéma du principe d’un réseau optique par transmission θ M θ Réseau Lentille (L) F’ Plan focal de L Figure 5-2 Intérférence au point M des différents rayons lumineux issus des fentes du réseau. La figure utilise le fait que le rayon passant par le centre de la lentille L n’est pas dévié II-1- Différence de marche entre deux rayons consécutifs : Considérons maintenant le cas où le réseau est éclairé par un faisceau parallèle de lumière monochromatique de longueur d’onde λ, sous un angle d’incidence i. Nous allons nous placer dans le cas d’une diffraction à l’infini et nous allons nous intéresser au faisceau diffracté dans la direction repérée par l’angle θ (figure 5-3). 29 J θ i a H K i θ I Figure 5-3 : Calcul de la différence de marche Pour le faisceau incident (l’onde incidente) comme pour le faisceau diffracté (l’onde diffractée), les surfaces d’onde (ou surfaces équiphases) sont des plans perpendiculaires à la direction des rayons lumineux. Les traces de ces surfaces d’onde sont représentées par IH et JK (figure 5-3). Ainsi, le rayon lumineux marqué d’une seule flèche parcourt le trajet supplémentaire HJ, alors que celui marqué de deux flèches parcourt le trajet supplémentaire IK. Calculons la différence de marche δ entre ces deux rayons lumineux consécutifs diffractés dans la direction repérée par l’angle θ: δ = JH – IK = a sin θ – a sin i soit: δ = a (sin θ – sin i) (4) Les rayons lumineux consécutifs diffractés présentent donc entre eux un déphasage φ "à l’infini" égal à : φ = 2πδ / λ = 2π a (sin θ – sin i) / λ (5) φ est donc le déphasage "à l’infini" entre les ondes diffractées par deux fentes successives. II-2- Maxima d’intensité lumineuse et formation des spectres : On sait très bien que, quand il y a un phénomène d’interférences lumineuses, un maximum d’intensité est obtenu pour: δ = k λ ⇔ φ = 2πδ / λ = 2π k 30 où k est un nombre entier (6) Donc, le maximum d’intensité lumineuse est obtenu lorsque les deux rayons consécutifs présenteront un déphasage φ multiple de 2π et il est évident, de proche en proche, que tous les rayons diffractés seront en phase entre eux (à un multiple de 2π près). Les maxima d’intensité lumineuse seront donc observés dans les directions θk telles que: (7) sin θk = sin i + k (λ / a) On voit donc que la direction de ces maxima dépend de la valeur de l’entier k et, pour un k donné, elle dépend de la longueur d’onde λ. Pour k = 0, on a sin θk = sin i, donc la position des maxima d’intensité lumineuse est obtenue par prolongement du faisceau incident. Pour k ≠ 0, leur position sera fonction de la longueur d’onde λ. On peut observer ceci sur un écran d’observation éloigné ou, mieux, dans le plan focal d’une lentille convergente (figure 5-2). Sur cet écran, on obtiendra des franges très fines parallèles aux fentes du réseau et correspondant aux différentes valeurs du nombre entier k. Si notre réseau est éclairé par de la lumière blanche, la formule précédente montre que la lumière transmise présente des maxima dans des directions qui dépendent de la longueur d’onde λ. Dans ce cas, sur l’écran d’observation, à la place des franges préalablement obtenues, on trouvera plutôt des spectres optiques qui correspondent aux différentes valeurs du nombre k. |k| est appelé ordre du spectre. III- Calcul de l’intensité lumineuse diffractée : Ce que nous venons de voir nous permet de dire qu’un réseau par transmission fonctionne comme un interféromètre à N ondes lumineuses issues des N fentes de ce réseau. Les interférences lumineuses qu’il produit apparaissent sur un écran d’observation situé dans le plan focal d’une lentille convergente. Elles se manifestent ou bien sous forme de franges très fines, parallèles aux fentes du réseau, dans le cas d’une lumière monochromatique, ou bien sous forme d’une série de spectres optiques pour une lumière polychromatique. Dans ce qui suit, nous allons calculer l’intensité lumineuse Iθ diffractée dans la direction θ en supposant toujours que les fentes sont très fines et le réseau est éclairé en lumière monochromatique. III-1- Représentation scalaire d’une onde lumineuse : Jusqu’à maintenant, nous nous sommes contentés de représenter les ondes lumineuses par des rayons. Cette représentation simplifiée est très convenable lorsqu’il s’agit de déterminer mathématiquement les conditions dans lesquelles 31 la lumière diffractée donne des franges d’interférence ou bien des spectres optiques bien positionnés sur l’écran d’observation. Toutefois, quand il s’agit de déterminer l’expression de l’intensité lumineuse diffractée sur cet écran, une autre représentation des ondes lumineuses doit être considérée. On sait que le long d’un rayon lumineux monochromatique se propage les vibrations d’une grandeur physique vectorielle s ayant une amplitude so qui varie sinusoïdalement dans le temps avec la fréquence angulaire ω. La nature physique de s a été précisée dans le cours d’optique de l’année dernière. Dans l’étude des interférences et de la diffraction de la lumière, sauf dans le cas particulier d’une lumière polarisée, on peut négliger le caractère vectoriel de la grandeur s et l’assimiler plutôt à une grandeur scalaire s. Ceci permet de ne dégager que l’essentiel de ces phénomènes dont la multitude des aspects sort du cadre de ce cours. Si nous nous limitons au cas très courant où les ondes lumineuses sont supposées planes et monochromatiques, la grandeur scalaire associée s s’écrit généralement de la manière suivante : s = so cos (ωt + φ) en notation réelle et s = so exp i (ωt + φ) en notation complexe (8) (9) Dans ces expressions, la phase φ dépend de la position du point considéré sur le rayon lumineux. III-2- Expression de l’intensité lumineuse diffractée Iθ Désignons par : s1 = so exp iωt l’onde lumineuse diffractée par la 1ère fente du réseau s2 = so exp i (ωt + φ) = so exp (iωt) exp (iφ) l’onde lumineuse diffractée par sa 2ème fente sp = so exp (iωt) exp i(p-1)φ l’onde lumineuse diffractée par sa pième fente. Dans ses expressions, φ n’est rien d’autre que le déphasage "à l’infini" entre les ondes lumineuses diffractées par deux fentes successives. Son expression est donnée par la formule (5). L’amplitude so des ondes diffractées dépend à priori de l’angle θ; mais comme on a supposé que les fentes du réseau sont très fines, on peut alors admettre en première approximation que so reste constante. 32 En un point M de l’écran d’observation, les ondes lumineuses diffractées par les N fentes du réseau dans la direction de l’angle θ (figure 5-3) vont s’ajouter pour donner une onde lumineuse totale telle que : [ N s = ∑ sp = soe iωt 1 + e iϕ+ e 2iϕ+ e 3iϕ+........+ e i(N − 1)ϕ p =1 s = s oe Soit : ] e iNϕ 1 − e iϕ iωt 1 − (10) (11) Transformons maintenant l’expression (11) : s = soe iωt e i ( Nϕ / 2 ) e i (ϕ/ 2) e i ( Nϕ / 2 ) − e −i ( Nϕ / 2 ) e i ( ϕ / 2 ) − e −i ( ϕ / 2 ) (12) sin (Nϕ / 2 ) sin (ϕ / 2 ) (13) Soit encore : s = soe iωt e i ( N −1) ( ϕ / 2 ) On remarque que l’amplitude totale a la phase de l’onde lumineuse diffractée par la fente du milieu du réseau. L’intensité lumineuse diffractée Iθ est donc : sin (Nϕ / 2 ) Iθ = s . s∗ = so2 sin (ϕ / 2 ) avec φ est tel que : 2 2 sin (Nϕ / 2 ) = Io = Iθ (ϕ) sin (ϕ / 2 ) (14) φ = 2π a (sin θ – sin i) / λ III-3- Etude de la courbe Iθ(φ) : Les fentes du réseaux étant supposées très fines, l’amplitude Io de l’intensité lumineuse diffracté Iθ (φ) est alors considérée constante. L’expression de Iθ (φ) montre que : Iθ (φ ) = 0 pour sin (Nφ/2) = 0 et sin (φ/2) ≠ 0 c’est-à-dire : Iθ (φ) = 0 pour Nφ/2 = pπ avec p est un nombre entier ≠ 0 et non multiple de N. 33 Pour sin (φ/2) = 0, c’est-à-dire pour φ = 2kπ (où k est entier), l’expression de Iθ (φ) est indéterminée. Mais, étant donnée la périodicité de Iθ (φ), on peut lever cette indétermination en examinant le comportement de Iθ (φ) au voisinage de φ = 0. En effet, près de φ = 0, on a: sin (Nφ/2) ≈ Nφ/2 sin (φ/2) ≈ φ/2 et 2 2 sin (Nϕ / 2 ) Nϕ / 2 lim Iθ (ϕ) = lim Io = Io = Io N 2 ϕ→0 ϕ→0 ϕ sin ( / 2 ) ϕ / 2 donc : (15) La figure 5-4 représente les variations de l’intensité lumineuse diffractée Iθ(φ). Pour obtenir une figure claire, nous nous sommes contentés de considérer un réseau optique constitué de N fentes. En réalité, N est évidemment beaucoup plus grand. Iθ(φ) Iθo = IoN² Iθ1 −2π N 0 Iθ2 Iθ3 Iθ4 2π N 4π N 6π N 8π N 10π N 2π 4π φ Figure 5-4 Variation de l’intensité lumineuse Iθ, diffractée par les N fentes du réseau (N = 6) dans la direction définie par l’angle θ, en fonction du déphasage φ entre deux ondes lumineuses diffractées par deux fentes successives. Entre 2 minima nuls on obtient des maxima secondaires (ou des maxima principaux, deux fois plus larges, pour un déphasage φ = 2kπ). Une discussion graphique de la dérivée dIθ/dφ = 0 permet de montrer que les maxima secondaires sont très peu marques. On peut facilement vérifier ceci en calculant l’intensité Iθ1 pour φ = 3π/N, c-à-d pratiquement pour le 1er maximum secondaire bordant le maximum principal correspondant à φ = 0 : 34 2 Iθ1 2 −1 Io sin (3π / 2 ) = Iθ (3π / N) = Io = Io = 2 sin (3π / 2 N) sin (3π / 2 N) sin (3π / 2 N) si N >> 1, on a alors: sin (3π / 2N) ≈ 3π / 2N dans ce cas, Iθ1 devient : Iθ1 ≈ Io . 4N2 / 9π2 ≈ 4.10-2 N2 Io or, N2 Io n’est rien d’autre que Iθo qui représente l’intensité lumineuse du maximum principal correspondant à φ = 0. Ainsi : Iθ1 / Iθo ≈ 4.10-2 Les maxima secondaires sont donc pratiquement invisibles, seuls seront observés les maxima principaux qui correspondent à φ = 2kπ. Comme le déphasage φ s’exprime par : φ = 2π a (sin θ – sin i) / λ , on a alors : sin θ = sin i + kλ / a On retrouve alors la relation (7) donnée plus haut dans le paragraphe II-2, qui spécifie les directions θk dans lesquelles les maxima d’intensité lumineuse seront observés. En résumé, lorsqu’un réseau par transmission, dont les fentes sont équidistantes de a, est éclairé par une onde lumineuse monochromatique de longueur d’ondeλ, on obtiendra alors des maxima principaux d’intensité lumineuse dans les directions de diffraction définies par: a (sin θk – sin i) = kλ avec k est un nombre entier. Ces maxima principaux d’intensité, dont la position sur le plan d’observation est prévue par la théorie, sont entourés par des maxima secondaires invisibles dans la pratique. III-4- Amélioration du calcul de l’intensité lumineuse diffractée Iθ Dans le calcul de l’intensité lumineuse diffractée Iθ que nous venons de présenter, nous avons supposé que les fentes du réseau considéré étaient tellement fines que l’on puisse négliger la variation de l’amplitude so des ondes lumineuses diffractées en fonction de l’angle de diffraction θ. Si l’on tient compte de la largeur des fentes, on doit alors appliquer à chacune d’entre elles les résultats de la théorie de la diffraction à l’infini par une fente rectangulaire de largeur bien définie. 35 IV- Formation des spectres : Nous venons d’étudier le fonctionnement d’un réseau par transmission lorsqu’il est éclairé par une lumière monochromatique de longueur d’onde λ. On va maintenant voir ce qui va se passer lorsqu’il est éclairé par une lumière blanche. IV-1- Réseau éclairé en lumière blanche : Considérons le montage expérimental schématisé par la figure 9. Dans ce montage, une petite fente rectangulaire F est éclairée par une source de lumière blanche (non représentée sur le schéma). La fente F est située dans le plan focal objet d’une lentille convergente L1; ce qui permet d’éclairer le réseau R sous une incidence donnée. On choisira pour cette expérience une incidence normale au plan du réseau. Une seconde lentille convergente L2 permet d’observer sur un écran d’observation, confondu avec le plan focal image de L2, les phénomènes de diffraction "à l’infini" produits par l’éclairement du réseau. Comme on a choisi le cas d’une incidence normale au plan du réseau (i = 0), la formule (7), précédemment établie, sin θ = sin i + kλ/a, devient alors : sin θ = kλ / a (16) Cette relation montre que pour une valeur donnée de k ≠ 0, chaque radiation lumineuse monochromatique de longueur d’onde λ sera diffractée suivant un angle de diffraction θ dépendant de λ. Autrement dit, pour une valeur donnée de k ≠ 0, on obtiendra un spectre optique. A chaque valeur de k ≠ 0 va donc correspondre un spectre optique que l’on appelle spectre d’ordre k et qui sera visible sur l’écran d’observation comme indiqué sur la figure 5-5. Pour k = 0, on a sin θ = 0 quel que soit la valeur de λ. Ceci veut dire que la lumière incidente n’est pas diffractée et on obtient alors une image "blanche" de la fente source sur le plan focal image de la lentille L2. On retiendra donc qu’un réseau optique disperse de lumière blanche comme un prisme. Le mécanisme qui régit cette dispersion est cependant très différent dans les deux cas. En particulier, pour un réseau optique, les radiations rouges sont plus déviées que les radiations bleues pour un ordre k donné. Ce qui est le contraire de ce qu’on obtient avec un prisme. 36 k=-3 R k=-2 V R k=-1 V R V k=0 k=1 V k=2 R V k=3 R V R Image de la fente Lentille L2 Réseau R Fente source Lentille L1 Figure 5-5 Formation de spectres optiques par un réseau en transmission L’expérience que nous venons de présenter montre que, à partir d’une certaine valeur de k, on assiste à un phénomène d’empiètement des spectres les uns sur les autres. Ce phénomène est facile à comprendre. En effet, il y a empiètement des spectres lorsqu’une même direction de diffraction (même angle θ) correspond à deux valeurs différentes de λ et à deux valeurs différentes de l’ordre k. Cherchons alors à partir de quel ordre k commence l’empiètement des spectres optiques obtenus par le réseau. D’après l’expression (16) de sinθ, l’empiètement commence entre les spectres d’ordre k et k + 1 tels que: k λ1 = (k + 1) λ2 où λ1 et λ2 sont deux longueurs d’onde du spectre optique visible. Autrement dit, elles appartiennent au domaine [0.39 µm, 076 µm]. La valeur de k est alors : k = λ2 / (λ1 - λ2) Pour obtenir la valeur minimale de k, on minimise le numérateur et on maximise le dénominateur. Autrement dit, on prend λ1 = 0.76 µm et λ2 = 0.39 µm. Ainsi, on obtient : k = 0.39 / 0.37 = 1.05 37 La valeur minimale de k correspond à l’entier immédiatement supérieur à 1.05, soit: kmin = 2. L’empiètement des spectres optiques commence donc entre les spectres du 2ème et 3ème ordre. IV-2- Angle de déviation des spectres : Dans l’expérience que nous venons de présenter, nous avons considéré le cas le plus simple d’un éclairement sous incidence normale au plan du réseau (i = 0). Dans le cas général où le réseau est éclairé sous un angle d’incidence i ≠ 0 et diffracte la lumière dans la direction θ, les spectres optiques obtenus sur l’écran d’observation se trouvent déviés. L’angle de déviation D est, par définition: (17) D=θ–i Or, on sait que, pour un maximum d’intensité d’ordre k, et une certaine longueur d’onde λ, les angles d’incidence i et de diffraction θ sont liés par la relation (7) : sinθ = sini + kλ / a soit, en différenciant: cosθ dθ = cosi di Calculons alors la dérivée dD/di: dD/di = dθ/di - 1 = cos i / cos θ - 1 = (cos i - cos θ) / cos θ Soit: θ +i θ −i sin . sin 2 2 dD = −2 di cos θ (18) L’angle de déviation D est extrémale lorsque la dérivée dD/di est nulle. Cette condition est satisfaite lorsque: θ = i ou bien θ = - i ou bien les deux à la fois. Si θ = i et θ = - i à la fois, on aura donc θ = i = 0. Ce qui veut dire que la lumière arrive sur le réseau sous une incidente normale et elle n’est pas diffractée par les fentes du réseau. On obtiendra donc une image "blanche" de la fente source sur le plan focal image de la lentille L2 (voir figure 5-5) Si θ = i, le rayon lumineux diffracté sera donc un prolongement du rayon lumineux incident (rayon direct). La différence de marche δ ainsi que le déphasage φ entre deux rayons consécutifs seront nuls. Conformément à la 38 courbe Iθ(φ) de la figure 5-4, nous allons donc obtenir un maximum d’intensité lumineuse Iθo = Io N2 dans une image "blanche" de la fente source sur l’écran d’observation. La position de cette image est justement repérée par l’angle de diffraction θ (voir par exemple la figure 5-2). Si θ = - i, l’angle de déviation D est extrémale et on peut facilement vérifier qu’elle est minimale. Pour calculer la valeur Dm de D qui correspond à un minimum de déviation, partons de la relation (7). On a donc: θ −i θ +i a (sin θ − sin i) = k λ = 2 a sin . cos 2 2 Or, on sait que: D = θ – i et, pour θ = – i, on a: D = Dm. Ainsi : sin (Dm/2) = kλ / 2a où k est l’ordre du spectre (19) On voit que ce résultat ne dépend pas de l’angle d’incidence i qui doit d’ailleurs être très bien réglé de façon que l’on soit justement dans la condition du minimum de déviation. Si l’on connaît le pas a du réseau, en mesurant Dm pour une valeur de k donnée, on peut alors déterminer la longueur d’onde λ de manière "absolue". Cette méthode manque cependant de précision et elle n’est plus utilisée de nos jours. Notons que si l’on mesure les angles de déviation minimale Dm et D'm pour deux radiations monochromatiques différentes λ et λ’ avec un même réseau optique, on aura alors d’après la relation (19) : D' sin m 2 λ' = k λ k' D sin m 2 on peut ainsi comparer deux longueurs d’onde λ et λ’. 39 (20) Réseau i i θ D Figure 5-6 Calcul de l‘angle de déviation D pour un réseau de transmission IV-3- Etalement normal du spectre : Partons toujours de la relation (7) qui donne les directions des maxima d’intensité lumineuse sur l’écran d’observation: a (sin θ - sin i) = kλ, et cherchons maintenant comment varie l’angle de diffraction θ en fonction de la longueur d’onde λ pour un angle d’incidence i donné : a cos θ dθ = k dλ soit dθ / dλ = k / (a cos θ) Pour cos θ = 1 (c-à-d θ = 0), on a: dθ / dλ = k / a = Cte ce qui correspond à un étalement normal du spectre autour de la longueur d’onde λ considérée. Les conditions d’utilisation du réseau sont celles de la figure 5-6. réseau Figure 11 Etalement normal du spectre 40 V- Conclusion : Les réseaux optiques sont des éléments constitutifs de nombreux appareils spectroscopiques optiques tels que les spectromètres, les spectrophotomètres et les monochromateurs. Nous avons, dans la présente leçon, considéré des réseaux optiques par transmission, mais il existe aussi des réseaux optiques qui fonctionnent par réflexion. Ceux ci remplacent avantageusement les prismes en verre, en particulier dans le domaine de l’infrarouge où ces derniers présentent une absorption optique très importante. C’est en utilisant des mesures spectrométriques avec des réseaux optiques sous incidence rasante que l’on a pu obtenir les premières déterminations précises des longueurs d’onde des rayons X. Ces derniers, très utilisés dans l’étude de la diffraction par des cristaux, ont permis de relier les dimensions de la maille des cristaux à la longueur d’onde λ utilisée. 41 Chapitre 6 I- Introduction : Si on dispose d'un spectre formé de N intervalles élémentaires et on veut mesurer le flux correspondant à ce grand nombre d'éléments spectraux différents à l'aide d'un seul récepteur, on est conduit à envisager une technique s'apparentant à celle bien connue dans le domaine des télécommunications et permettant de disposer de nombreux "canaux d'informations" sur une seule ligne. Pour distinguer les différents éléments spectraux, il suffit de leur appliquer, avant qu'ils ne tombent sur le récepteur, des modulations sinusoïdales de fréquences différentes. A la sortie du récepteur, le signal complexe obtenu est formé par la superposition de N signaux sinusoïdaux, ayant chacun une amplitude proportionnelle au flux lumineux transporté par l'élément spectral correspondant. Pour obtenir le spectre, c'est-à-dire pour connaître la grandeur du flux associé à chacun de ces éléments spectraux, il suffit de faire subir au signal issu du récepteur une analyse harmonique dite analyse de Fourier; ce qui justifie le nom de spectrométrie par transformation de Fourier donné à cette méthode. Cette dernière repose entièrement sur l'interférométrie pour moduler à une fréquence différente chacun des éléments spectraux à étudier. Pour ceci on utilise le plus souvent un interféromètre de Michelson. Aussi convient-il avant d'aller plus loin de faire un petit rappel sur cet instrument optique très utilisé pour faire de l'interférométrie. II- Interféromètre de Michelson: C'est un interféromètre à deux faisceaux séparés. Il se composé essentiellement de (figure 6-1) : • 2 miroirs plans M1 et M2 situés dans deux plans perpendiculaires. • 2 lames de verre plan parallèles identiques S (la Séparatrice) et C (la Compensatrice) inclinées à 45ْ par rapport aux plans des miroirs. 42 La face ab de la séparatrice S est semi réfléchissante. Grâce à la compensatrice C, les faisceaux (1) et (2) effectuent chacun 4 traversées de lames, et la symétrie des chemins optiques est conservée. Cependant la réflexion en O se fait dans le sens air → verre pour le rayon (1) et dans le sens verre → air pour le rayon (2); ce qui introduit une différence de marche supplémentaire λ/2 entre les deux rayons. Selon que les miroirs sont ou non exactement perpendiculaires, on obtient des systèmes d'interférences différents. Nous ne traiterons ici que le cas des miroirs exactement perpendiculaires, c'est-à-dire le cas du système d'interférences en anneaux d'égale inclinaison. Soit M'1 le miroir symétrique de M1 par rapport au plan ab. Si M1 et M2 coïncident, les rayons (1) et (2) présentent alors une différence de marche quelle que soit l'orientation du rayon incident S1O. On dit qu'il y a contact optique entre les deux miroirs et il n'y aura donc pas de figures d'interférences. Si M'1 et M2 sont parallèles sans coïncider, la différence de marche entre les rayons (1) et (2) est, au terme λ/2 près, celle que créerait la réflexion sur une lame d'air à faces parallèles comprises entre les plans M'1 et M2 (figure 6-2). L'interféromètre étant éclairé par un faisceau de lumière convergente, les d'interférences sont pour des raisons de symétries évidentes des anneaux. De plus, les rayons émergents (1) et (2) étant parallèles, ces anneaux sont localisés à l'infini et on les observe dans le plan focal d'une lentille. La différence de marche entre les rayons (1) et (2) est : δ = 2 e cos i + λ/2 Au centre de la figure d'interférences, la différence de marche est: δ0 = 2 e + λ/2 = p λ Pour une épaisseur quelconque e, p n'est entier, ni demi-entier et le centre des anneaux n'est ni clair ni sombre. 43 Figure 6-1 Figure 6-2 Différence de marche entre les rayons (1) et (2) La différence de marche géométrique δg est telle que : δg = (IJ + JK) – IH = 2 e cos i La différence de marche physique δp est telle que : δp = δg + λ/2 = 2 e cos i + λ/2 Au centre, on a: i = 0 ⇒ (δp)0 = 2 e + λ/2 Il est facile de monter que cet interféromètre, de la même façon qu'un réseau, réalise une séparation dans l'espace des différentes radiations qui l'éclairent et joue donc le rôle de disperseur. 44 III- Principe de la spectroscopie par transformation de Fourier : Supposons d'abord que l'appareil est éclairé par en lumière monochromatique. En tout point M du champ d'interférences, la différence de marche qui existe entre les deux faisceaux qui interfèrent (dans le cas des interférences à deux ondes) est bien déterminée. Cette condition est en effet nécessaire pour assurer une visibilité correcte du système de franges. Au point M considéré, l'ordre d'interférences p varie donc seulement avec le nombre d'onde σ de la radiation incidente puisque p = σ δ (avec σ = λ-1). Toute variation dσ de σ se traduit en M par une variation dp de l'ordre d'interférences p telle que dp/p = dσ/σ et par un déplacement dx des franges. Ce déplacement est tel que dx = i dp = i p dσ/σ puisque entre deux franges brillantes consécutives, séparées par l'interfrange i, l'ordre p diffère d'une unité. Si, maintenant, l'interféromètre est éclairé simultanément par deux radiations de nombres d'ondes voisins σ et σ + dσ, ils forment deux systèmes de franges décalés l'un par rapport à l'autre de la quantité dx précédente. La séparation des radiations de nombres d'ondes σ et σ + dσ se ramène donc à la séparation des franges d'interférences correspondantes. Il est ainsi possible de calculer la résolvance théorique qu'un interféromètre, utilisé comme appareil dispersif, est susceptible de fournir. Si on admettra que deux franges d'interférences voisines sont séparées si la distance de leurs centres est au moins égale à leur largeur à mi-hauteur. De point de vue largeur, les franges d'interférences peuvent être caractérisées par le coefficient de finesse F, défini par le rapport de l'interfrange à la largeur à mihauteur d'une frange. Ainsi, il est facile de montrer que la résolvance théorique de l'instrument est donnée par l'expression : R0 = σ/dσ = p F Aucun facteur ne limitant, à priori, l'ordre d'interférences p que l'on peut utiliser; donc la résolvance théorique R0 d'un spectromètre interférentiel est en principe illimitée. En un point du champ d'interférences correspondant à la différence de marche δ se superposent les franges brillantes dues à toutes les radiations dont les nombres d'ondes sont données par la relation σ = k / δ dans laquelle k peut prendre toutes les valeurs entières positives. Cette suite de valeurs de σ forme une progression arithmétique dont la raison définie par ∆σ 0 = 1/δ est l'intervalle spectral libre qui représente l'étendue du domaine spectral que l'instrument peut recevoir sans qu'il y ait superposition des spectres d'ordres différents. Puisque ∆σ 0 = 1/δ = σ / p et ∆σ = σ / R0, il vient : 45 ∆σ 0 / ∆σ = R0 / p = F Ce rapport est donc égal au coefficient de finesse des franges, alors que dans le cas des réseaux, il est égal au nombre total de traits. Il est souhaitable que le rapport ∆σ 0 / ∆σ, qui représente le nombre d'éléments spectraux qu'un appareil dispersif peut étudier simultanément sans superposition d'ordres, soit le plus élevé possible. Même si le coefficient de finesse F ne dépasse jamais quelques dizaines, on peut utiliser un appareil interférentiel pour analyser des spectres étendus sans sacrifier les avantages primordiaux de ce type de disperseur : une résolvance illimitée est une luminosité bien supérieure à celle des spectromètres à réseaux. Supposons maintenant que l'interféromètre est éclairé par un rayonnement complexe et appelons Фσ(σ) le flux monochromatique incident qui correspond au nombre d'ondes σ. Le flux élémentaire transporté par l'élément spectral dσ est Фσdσ et le flux émergent total s'écrit : ∞ Φ1 (δ) = 1 / 2 ∫ Φ σ (σ) [1 + cos (2 π σ δ)] dσ 0 Sa partie variable : ∞ Φ (δ) = 1 / 2 ∫ Φ σ (σ) cos (2 π σ δ)] dσ (1) 0 n'est autre, au coefficient 1/2 près, que la Transformée de Fourier en cosinus de la fonction Фσ (σ), elle-même proportionnelle à la fonction source Lσ (σ) qui représente les variations, en fonction du nombre d'onde, de la luminance monochromatique de la source étudiée. On peut donc énoncer le résultat fondamental suivant : Si l'on fait varier la différence de marche δ introduite par un interféromètre à deux ondes éclairé par un rayonnement complexe et que l'on enregistre la partie variable du signal issu d'un récepteur recevant le flux transmis par l'instrument, on obtient une fonction de δ, appelée interférogramme. Celle-ci est égale, à un coefficient près, à la Transformée de Fourier en cosinus de la fonction Lσ (σ) qui représente les variations, en fonction du nombre d'ondes σ, de la luminance monochromatique de la source éclairant l'appareil. La transformation de Fourier étant une opération réciproque, le problème de l'analyse du rayonnement incident est donc, en principe, résolu. Il suffit de calculer la transformée de Fourier de l'interférogramme pour obtenir la fonction source Lσ (σ). La fonction enregistrée (1) s'identifiant, à un coefficient près, à la 46 fonction (2) ci-dessous que nous désignons dorénavant sous le nom d'interférogramme : ∞ L (δ) = ∫ L σ (σ) cos (2 π σ δ)] dσ (2) 0 L (δ) est évidement une fonction paire, tandis que Lσ (σ) n'est définie que pour les nombres d'ondes positifs; les valeurs négatives de σ n'ayant pas de signification physique. La formule d'inversion de l'intégrale de Fourier (2) s'écrit, pour les valeurs positives de σ : +∞ +∞ −∞ 0 L σ (σ) = 2 ∫ L (δ) cos (2 π σ δ)] dδ = 4 ∫ L (δ) cos (2 π σ δ)] dδ (3) Comme prévu, le spectre s'obtient donc par le calcul de la transformée de Fourier de l'interférogramme. Malheureusement cette opération est souvent extrêmement laborieuse. La forme de l'intefrérogramme dépend de celle de la fonction source Lσ (σ). Dans le cas idéal d'une radiation incidente strictement monochromatique, la fonction L(δ) est sinusoïdale. Lorsque le rayonnement incident est contenu dans une bande spectrale étroite ∆σ, on a pour interférogramme une pseudo-sinusoїde amortie, dont l'amplitude décroît d'autant plus vite avec δ que ∆σ est plus grand. Quand le spectre du rayonnement incident est étendu, les sinusoïdes correspondantes aux différentes vibrations monochromatiques qui le composent sont déphasées de manière quelconque les unes par rapport aux autres, sauf au voisinage de δ = 0, position pour laquelle elles sont toutes en phase. L'interférogramme paraît alors se réduire à quelques franges au voisinage de l'abscisse δ = 0. Dans ce qui suit, nous donnons quelques exemples d'interférogrammes qui mettent en évidence l'influence de la largeur spectrale du rayonnement incident (figure 6-3): a. Radiation de longueur d'onde λ = 5461 Å émise par une lampe à mercure à basse fréquences. b. Bande spectrale de largeur ∆λ ≈ 1000 Å vers λ = 10 000 Å. c. Rayonnement émis par une lampe à incandescence, le récepteur étant une cellule au sulfure de plomb. 47 Figure 6-3 L'expression (3) montre que, pour calculer Lσ (σ), il faudrait connaître la fonction L (δ) pour toutes les valeurs de la différence de marche entre 0 et ∞. Matériellement, on ne peut évidemment faire varier δ que jusqu'à une valeur maximale δM. Ce qui signifie, en d'autre terme, qu'au lieu de la fonction L (δ), on ne connaît que son produit par la fonction rectangulaire rect (δ/2 δM) de largeur 2 δM et de hauteur unité. Lorsque l'on effectue le calcul du spectre, c'est donc la transformée de Fourier F (σ) de ce produit que l'on obtient, et non celle de L (δ). Or, on sait que la transformée de Fourier du produit de deux fonctions est égal au produit de convolution de leurs transformées. Au lieu de la fonction source Lσ (σ) cherchée, on obtient donc : F (σ) = Lσ (σ) * A 0 (σ) (4) Où A0 (σ) désigne la transformée de Fourier de la fonction rectangulaire rect (δ/2 δM). La relation (4) montre que A0 (σ) joue le rôle de fonction d'appareil pour le spectromètre par transformation de Fourier. Son expression, bien connue, est, à un coefficient près : A0 (σ) = sin (2 π σ δM ) / (2 π σ δM ) La résolvance théorique correspondante serait égale à : R0 = 2 σ δM Le spectre s'obtient, à partir de l'interférogramme, par une transformation de Fourier, d'après la relation (3). Dans la réalité, l'interférogramme L (σ) étant 48 d'abord multiplié par la fonction apodisante H (σ), on a donc pour obtenir le spectre à calculer l'intégrale : F (σ) = +∞ ∫ L (δ) H (δ) cos (2 π σ δ)] dδ (5) 0 Cette intégrale doit nécessairement être remplacée par une somme portant sur un nombre discret de valeurs relevées sur l'interférogramme. On relève donc sur l'interférogramme les valeurs L0, L1, …, Ln correspondantes à des abscisses équidistantes 0, h, …, nh (avec nh = δM) et on calcule la somme : F' (σ) = h (1/2 H0 L0 + H1 L1 + …+ Hn Ln) Où H0, H1, …, Hn sont les valeurs prises par la fonction apodisante H (σ) pour les valeurs correspondantes de δ. Lorsqu'on remplace l'intégrale (5) par la somme F' (δ) précédente, on peut dire que l'on multiplie l'inteférogramme par la somme d'une infinité de distributions de Dirac d'abscisses équidistantes δ = k h, formant ce que l'on appelle quelques fois une distribution en peigne de Dirac : +∞ ρ (δ) = ∑ δ (δ – k ) −∞ Le produit de convolution de la fonction d'appareil A (σ) par cette distribution se traduit par la répétition de A (σ) avec la période 1/h. Le fait de remplacer alors l'intégrale de Fourier (5) par une somme discrète portante sur des valeurs de L (δ) équidistantes de H, a pour conséquence que la fonction d'appareil, au lieu de présenter un maximum isolé, est formée d'une infinité de pics distants de 1/h. L'interférogramme s'étend entre 0 et δM, et l'intervalle spectral résolu ∆σ est égale à : ∆σ = 1 / δM Le nombre minimal de points à relever sur l'interférogramme est δM / h. Ce nombre varie entre 2 (σ2 - σ1) ∆σ et 4 (σ2 - σ1) / ∆σ, c'est-à-dire entre 2N et 4N, où N désigne le nombre d'éléments spectraux résolus contenus dans la portion du spectre étudié qui s'étend entre des nombres d'ondes σ1 et σ2 . IV- Conclusion : Les résultats obtenus lors de l’analyse des spectres de certaines planètes à l’aide de cette spectroscopie par transformation de Fourier, à savoir la présence 49 absolument imprévue, d’acide chlorhydrique et d’acide fluorhydrique dans l’atmosphère de Vénus, confirment pleinement l’intérêt de la méthode qui différent notablement de toutes les autres, cependant, il reste beaucoup de travail à accomplir pour tirer pleinement parti de ses possibilités. 50 Notre étude de la spectrométrie optique nous laisse distinguer, en général, deux types de systèmes dispersifs : classiques d’une part et modernes d’autre part. les premiers où figurent les spectromètres à prisme ou à réseau qui se basent soit sur le phénomène de réfraction soit sur les phénomènes de réflexion et de diffraction, et les seconds qui reposent sur le phénomène des interférences et qui ont permet de mettre au point les spectromètres interférentiels. Malgré cette variété, le but de la spectrométrie demeure le même : analyser le spectre d’un échantillon afin d’enlever la voile sur sa face cachée tout en en cherchant les conditions optimales d’emploi de notre système. Une étude rigoureuse des propriétés de ces systèmes a permet de mettre en œuvre des dispositifs de plus en plus compliqués aux performances parfois surprenants. Ainsi la spectroscopie dans le sens très large du mot a connu une évolution très rapide dans les années dernières à tel point qu’elle trouve souvent des applications dénombrables dans de nombreux domaines de la science :physique fondamentale, astrophysique, métrologie, microélectronique et bien d’autres. Grosso modo, on peut dire que c’est grâce à la spectrométrie que notre connaissance du monde physique a été développée, même tout ce que nous savons sur l’Univers, nous le devons à cette branche de physique qui a pu analyser la lumière qui nous parvient des profondeurs de l’espace et qui à partir de certaines sources, met des milliards d’années à nous atteindre. 51 Bibliographie (1) P.Pousquet. « Spectroscopie instrumentale » (2) P. et J. Provost. « Optique-vol.2 optique ondulatoire et cohérence » (3) José-Philippe PEREZ. « OPTIQUE -Fondements et applications- » (4) Encyclopédie « Universalis » 52