50 adsp n° 65 décembre 2008
rubriques
Objectifs dudispositif: améliorer
laqualité deprise encharge,
réduire lavariabilité despratiques
etinformer lespatients
Comme les systèmes analogues de
paiement aux résultats des médecins,
notamment aux États-Unis, le Quality and
Outcomes Framework a pour but de réduire
la variabilité des pratiques médicales autour
d’objectifs précis. En effet, rappelons que
les premiers programmes de pay for perfor-
mance américains ont été instaurés suite
au constat que, dans plusieurs domaines,
les critères de qualité n’étaient pas remplis
par tous les praticiens4, un constat éga-
lement fait en Angleterre5.
Réduire la variabilité des pratiques
répond également à un objectif d’équité
entre patients de régions ou de milieux
socio-économiques divers: il s’agit de
garantir à tous les patients un niveau
minimal de qualité.
Outre leur aspect incitatif, de tels dispo-
sitifs ont également pour but de fabriquer de
nouvelles informations: à travers le Quality
and Outcomes Framework, les autorités
anglaises ont investi dans la constitution
d’une vaste base de données exhaustives
sur l’état clinique de leur population et sur
leur suivi par les professionnels de santé.
Les indicateurs utilisés dans les pro-
grammes de rémunération à la performance
sont souvent rendus publics, an d’informer
les usagers sur la qualité des soins des
cabinets qu’ils choisissent. Ainsi, en Angle-
terre, les résultats pour chaque cabinet
sont librement disponibles en ligne6.
Quatre années après
soninstauration,
laqualité dessoins s’est
amélioréedanslesdomaines
concernés
Les indicateurs du Quality and Outcomes
Framework ont été aisément atteints par les
généralistes. Lors des négociations avec
les professionnels, le NHS avait estimé
4. Corrigan J. M., Kohn L. T., Donaldson M. S., Maguire
S. K., Pike K. C. Crossing the quality chasm: a new
health system for the 21st century. Washington, DC:
National Academy Press ; 2001. « Entre la santé que
nous avons et celle que nous devrions avoir, il n’existe
pas seulement un fossé, mais un véritable gouffre ».
5. Par exemple: Hippisley-Cox J., Pringle M. « Pre-
valence, care, and outcomes for patients with diet-
controlled diabetes in general practice: cross sec-
tional survey ». Lancet, 364 (9432): 423-8.
6. Sur ce site gouvernemental, http://www.qof.
ic.nhs.uk/search.asp, taper « Smith » par exemple.
que les généralistes atteindraient 75%
des points du Quality and Outcomes Fra-
mework la première année ; or, dès 2005,
le taux de réussite était supérieur à 90%.
Rappelons que, la situation initiale des
professionnels à l’égard des indicateurs
étant mal connue avant l’introduction du
dispositif, il n’était pas aisé pour les négo-
ciateurs de déterminer a priori les objectifs
à atteindre.
De plus, comme expliqué plus haut, l’ob-
jectif du Quality and Outcomes Framework
est de garantir à tous les patients un socle
minimal de qualité, ce qui explique que
certaines cibles soient assez basses. Par
exemple, l’indicateur sur « le pourcentage
de patients diabétiques dont le niveau
HbA1C est inférieur ou égal à 10 dans les
15 derniers mois » apparaît peu ambitieux.
Pourtant, les taux de réussite n’ont cessé
d’augmenter depuis l’introduction du Quality
and Outcomes Framework: 91% des 1 050
points existants en 2005 ; 96,2% en 2006.
En 2007, année de révision du dispositif,
95,5% des 1 000 points sont atteints, puis
96,8% en 2008. Pendant cette période,
le nombre de cabinets ayant atteint 100%
des points a également crû (de 2,6% en
2005 à 7,5% en 2008)7.
Cependant, il n’est pas possible d’at-
tribuer l’augmentation des taux de réussite
décrits supra à la seule introduction du
Quality and Outcomes Framework. En effet,
on observait déjà une amélioration de la
qualité du suivi de certaines pathologies
chroniques (maladies coronariennes,
diabète, asthme) avant sa mise en place,
vraisemblablement sous l’inuence d’ini-
tiatives plus anciennes: protocoles de
soins avec les National Service Frameworks,
audits cliniques, prols comparatifs…
Pourtant, après l’introduction du
paiement à la performance, l’amélioration
s’est accélérée: le taux de croissance de
la qualité de la prise en charge a augmenté
signicativement pour le diabète et l’asthme
entre2003 et20058.
De plus, depuis l’introduction du Quality
and Outcomes Framework, on constate une
augmentation de la prévalence, vraisem-
7. Rapports annuels du NHS sur le Quality and Out-
comes Framework: http://www.ic.nhs.uk/statistics-and-
data-collections/audits-and-performance/the-quality-and-
outcomes-framework
8. Campbell S., Reeves D., Kontopantelis E., Mid-
dleton E., Sibbald B., Roland, M. « Quality of Primary
Care in England with the Introduction of Pay for Per-
formance ». New England Journal of Medicine, 2007,
357 (2), 181-190.
blablement liée à un enregistrement plus
systématique des pathologies9.
Enn, les médecins recueillent plus sys-
tématiquement les facteurs de risque dans
les registres ; les facteurs de risque que
les médecins sont nancièrement incités
à marquer dans les registres sont plus
enregistrés que les autres (10 points de
pourcentage de plus)10.
La rémunération àlaperformance
anglaise a contribué àréduire
lesinégalités desanté entre
lesrégions deniveaux socio‑
économiques différents
Lors de l’introduction du dispositif, les
cabinets situés dans les zones géogra-
phiques les moins favorisées avaient des
taux de réussite moindres11. Mais, dès la
première année, les différences se sont
globalement estompées, bien qu’elles
restent marquées dans certains domaines
(suivi des épileptiques, enregistrement des
événements signicatifs…). La différence
entre le score moyen dans les cabinets
appartenant au quintile le plus défavorisé et
celui des cabinets plus favorisés est passée
de 64 à 30 « points Quality and Outcomes
Framework » entre2004 et200612.
Une étude plus récente conrme que les
inégalités régionales de qualité des soins
se sont réduites dans les trois années
suivant l’introduction du dispositif: la
différence entre les taux de réussite des
cabinets les plus précaires et des plus
favorisés est passée de 4% à 0,8%, les
cabinets des zones défavorisées ayant eu
9. Par exemple, le taux de prévalence de l’hyper-
tension est passé de 11,3% à 12,5% entre2004
et2007, ce qui correspond à 740 000 cas supplé-
mentaires.
10. Sutton M., Elder, R., Guthrie, B. and Watt, G.
(2007), « What quality improvement did the Quality and
Outcomes Framework produce ? » Health Economics
Study Group, septembre2007.
11. Wright J. et al., « Overall quality of outcomes
framework scores lower in practices in deprived
areas, » The British Journal of General Practice: The
Journal of the Royal College of General Practitioners
56, no. 525 (avril2006): 277-9McLean G., Sutton
M., Guthrie B., « Deprivation and quality of primary care
services: evidence for persistence of the inverse care
law from the UK Quality and Outcomes Framework, »
Journal of Epidemiology and Community Health 60,
no. 11 (novembre2006): 917-22, doi: 60/11/917.
12. Ashworth M. et al., « The relationship between
social deprivation and the quality of primary care: a
national survey using indicators from the UK Quality
and Outcomes Framework » The British Journal of
General Practice: The Journal of the Royal College of
General Practitioners 57, no. 539 (juin2007): 441-8.
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