Allemagne. La Convention est annulée et
le Rav Kook trouve refuge en Suisse.
Pendant deux ans, il réside à Saint-Gallen,
puis en 1916, il devient rabbin de la com-
munauté londonienne de Ma’hziké Hadat.
Les années à Jaffa ainsi que son séjour
forcé en Suisse ont rendu le Rav Kook très
prolixe. Sa production littéraire de cette
période est peut-être la plus créatrice. La
masse de ces écrits qui se composent
d’autant de révélations intuitives que
d’analyses personnelles profondes, est
recueillie dans des carnets de notes. Ces
textes ont un large champ d’application :
l’individu et la collectivité, le peuple juif et
les nations, le bien et le mal ou encore
l’Univers et Dieu. Des portions de ces
écrits seront publiées plus tard par le fils
du Rav Kook, le Rabbin Tzvi Yehouda
Kook, sous le titre d’Orot; la majorité des
textes sera récoltée et éditée par “le
Nazir”, le Rabbin David HaCohen dans
Orot HaKodech.
LAPREMIÈRE GUERRE MONDIALE
Peu de temps après l’arrivée du Rav
Kook à Londres débute l’activisme poli-
tique qui culminera avec la Déclaration
Balfour. Le Rav envisage la déclaration
britannique sur le “Foyer National Juif”
comme “le début de la rédemption” qui
transformera la vie de la nation. Il fonde à
cette époque “La Bannière de Jérusalem”,
organisation visant à unir toutes les fac-
tions des religieux avec les laïcs. Son
objectif est de parfaire les idéaux poli-
tiques et spirituels de la Nation. Il voyage
dans de nombreuses villes anglaises et
correspond avec les juifs européens ou
américains en s’efforçant de les convaincre
de rejoindre son camp.
Le décès de sa fille Esther Yael à l’âge
de quatorze ans, juste après Soukkot 5680
(1919) coïncide avec un tournant majeur
de la vie publique du Rav Kook. Vers la
fin de l’été 1919, le Rav quitte Londres
pour occuper le poste de Rabbin de
OROT
Jérusalem. Ses activités dans la Ville Sainte
sont motivées par les mêmes objectifs que
ceux qu’il a fixés pour “la Bannière de
Jérusalem”. L’un d’eux est d’établir un
Rabbinat et un Grand-Rabbinat pour tout
Eretz Israël. Il espère que les Maîtres les
plus réputés soutiendront son initiative et
que le Rabbinat d’Eretz Israël sera organi-
sé de telle manière qu’il deviendra l’auto-
rité rabbinique centrale pour tout le
peuple juif. Il dépense sans compter son
temps et son énergie pour la réalisation de
ce projet, ignorant l’opposition virulente
de ceux qui refusent de reconnaître
quelque Rabbinat que ce soit impliqué
dans le sionisme. 1920 voit la publication
d’Orot, qui lui vaut d’être mis au ban par
les deux autorités de l’ancien Yichouv : le
Rabbin Yit’hak Yerouham Leib Diskin et le
Rabbin Yosseph ‘Hayim Sonnenfeld, ou
plus exactement par les plus zélés de leur
entourage. Le Rabbin de Gour, Rabbi
Avraham Mordé’haï Alter, sera même
appelé d’Europe pour rétablir la paix entre
les communautés.
Une telle effervescence n’empêche pas
la majorité des Rabbins d’Eretz Israël de se
réunir durant l’été 1921 à Jérusalem et de
fonder le Grand-Rabbinat à la tête duquel
ils placent le Rav Kook ainsi que le Rabbin
Yaakov Meir, premier Grand Rabbin
Sépharade.
LEMERKAZ HARAV
Le second objectif du Rav Kook est la
création d’une Yéchiva Universelle qui ser-
virait d’institut d’études juives supérieures.
Le but de la Yéchiva est double : former
des Maîtres dans les études juives tradi-
tionnelles mais aussi neutraliser les
approches non-traditionnelles du Talmud
et de la Bible grâce à d’intensives
recherches dans le domaine des contro-
verses soulevées. Il pense également que
la renaissance d’une littérature juive reli-
gieuse est nécessaire pour répandre la
sainteté dans toute la nation.
En 1935 le Rav Kook tombe gravement
malade, atteint du cancer. Il combat
durant plusieurs mois avant de succomber
le 3 Eloul 5695 (1935) seize années jour
pour jour après son arrivée à Jérusalem
pour y servir en qualité de Rabbin de la
Ville Sainte.
partir de 1905. En 1906, il renouvelle ses
efforts visant à la sortie d’un mensuel ;
celui-ci doit s’appeler HaNir. Mais ce pro-
jet avorte une fois de plus. C’est encore à
la même époque qu’il publie un court
essai intitulé Ivké Hatzon dans lequel il
exprime les préoccupations de sa généra-
tion et leurs enjeux spirituels.
Préoccupé par l’essor économique du
pays, le Rav Kook presse de nombreuses
organisations de Diaspora d’acquérir des
terres en Eretz Israël et les assiste dans
leurs démarches. En 1907 il rédige un
ouvrage hala’hique consacré à l’étrog, Etz
Adar, dans lequel il établit clairement la
supériorité de l’étrog non-greffé qui pous-
se en Israël, espérant ainsi soutenir le sec-
teur agricole encore embryonnaire. A par-
tir de 1908, il assume certaines responsa-
bilités au sein de l’Ecole Mizra’hi, ce qui
lui vaut déjà des cris d’alarme de quelques
Rabbins du vieux Yichouv de Jérusalem
attachés au ban existant sur l’étude des
langues étrangères et des sciences pro-
fanes dans les écoles juives. Ce ‘Hérem
existe depuis la moitié du XIXème Siècle et
est dû en partie aux craintes suscitées par
les ravages de la Réforme. Mais depuis son
édit il ne cesse d’être combattu par de
grandes autorités rabbiniques comme le
Rabbin Yéhochoua Leib Diskin de Brisk.
C’est notamment son fils, le Rabbin
Yitz’hak Yerouham Diskin, qui signera le
‘Herem prononcé contre le Rav Kook lors
de la publication d’Orot où le Rav Kook
enjoindra à “découvrir les étincelles de
sainteté contenues dans les langages et la
sagesse des peuples”.
L’année sabbatique tombe en 1910.
S’engage alors une controverse hala’hique
acharnée sur le point de savoir s’il est
légitime de vendre la terre afin de ne pas
perturber l’agriculture naissante. Cette
année-là le Rav Kook publie Chabbat
Haaretz : c’est un traité concernant les
lois de la Chemitah aux termes duquel il
conclut que certaines formes d’agriculture
peuvent être permises sous certaines
conditions et après notamment que la
terre ait été vendue à des non-juifs pour
une durée déterminée.
Au début de l’année 1914, le Rav Kook
est à nouveau sous le feu des zélotes de
Jérusalem en raison du poste de respon-
sable spirituel qu’il a accepté de prendre à
l’Ecole Ta’hkémoni de Jaffa, où les
langues étrangères et les études profanes
sont enseignées aux étudiants. C’est éga-
lement au cours de cette année que le
Rav Kook accepte l’invitation qui lui est
faite d’assister à la Convention
Internationale de l’Agoudat Israël à Berlin.
Mais la première Guerre Mondiale le sur-
prend peu de temps après son arrivée en
5
ete 1997
Légendes
(1) Au XVIIIème Siècle, sous l’impulsion du Baal
Chem Tov, naît le ‘Hassidisme qui est un mouve-
ment de renouveau religieux insistant sur le servi-
ce divin dans la joie et la proximité de tous avec
Dieu par le travail de l’esprit. Ce mouvement ren-
contre un écho populaire sans précédent mais il se
heurte à des opposants dans les écoles talmu-
diques, les “mitnaguedim” dont la conception cen-
trée sur l’étude est plutôt empreinte de rigueur.