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Rédigé par Axel Bojanowski
LA  TERRE  EST  SOUMISE  A  une  très 
grande  pression.  D’énormes  forces  sont 
exercées  sur  les  masses  terrestres,  et  en 
conséquence  des  continents  entiers  déri-
vent. A  certains  endroits,  cette  contrainte 
de compression et de  pression  peut à tout 
moment  déclencher  de  puissants  séismes, 
comme par exemple en Afghanistan il y a 
quelques jours. Heureusement que dans ce 
cas, le séisme ne toucha qu’une région peu 
peuplée.
Plusieurs douzaines de grandes villes sont 
toutefois situées dans des régions extrême-
ment soumises aux risques de séisme. Ceci 
est également confirmé par l’édition actu-
elle de la dénommée “World Stress Map” 
(Carte des plaques  tectoniques) laquelle a 
été récemment présentée à Bremerhaven à 
l’occasion du symposium Alfred-Wegener.
Cette carte des contraintes de compression 
et de pression documente régulièrement les 
forces  exercées  sur  les  plaques  à  environ 
14 000 différents endroits de la terre. Des 
géophysiciens travaillant avec Birgit Mül-
ler de l’université de Karlsruhe ont marqué 
ces différents endroits d’un trait lequel in-
dique les mouvements relatifs des plaques 
occasionnés par les contraintes.  Des  traits 
rouges montrent des contraintes dues à une 
divergence, des lignes vertes signalisent un 
déplacement horizontal des blocs de roches 
occasionnant  également  des  contraintes. 
Finalement, les endroits marqués de  traits 
bleus  indiquent  une  subduction  des  cou-
ches terrestres.
Les  traits  ne  fournissent  toutefois  aucune 
information sur l’intensité des contraintes. 
Il  est  cependant  possible  de  reconnaître 
nettement des endroits soumis à d’extrêmes 
risques  de  séismes.  Le  danger  est  en  fait 
présent, là où les contraintes peuvent aisé-
ment se décharger le long de zones de rup-
ture – donc en fait aux limites des plaques 
tectoniques.
La  surface  terrestre  est  une  mosaïque  de 
ces  plaques  d’une  épaisseur  d’environ 
cent  kilomètres.  Les  plaques  avancent  de 
quelques  centimètres  chaque  année.  Elles 
se tassent à leurs limites provoquant ainsi 
une formation d’énergie. Par exemple dans 
l’océan  indien,  au  large  de  l’île  indonési-
enne  Sumatra,  où  une  des  plus  grandes 
catastrophes  naturelles  de  tous  les  temps 
eut lieu il y a tout juste un an. A cet end-
roit, la plaque tectonique indo-australienne 
glisse sous la  plaque  eurasienne ainsi que 
le montrent les lignes de contraintes bleu-
es sur  la carte.  Le 26  décembre  2004, les 
plaques ne furent plus en mesure de résis-
ter aux contraintes et la roche brisa – le sol 
marin  commença  a  trembler.  Plus  de  200 
000 personnes  furent victimes des  vagues 
de tsunami.
Il faut s’attendre à des séismes d’une mag-
nitude semblable partout où les limites de 
plaques tectoniques sont marquées de traits 
bleus. Différents endroits situés à d’autres 
limites  de  plaques  tectoniques  sont  toute-
fois  également menacés.  Tokyo,  avec  une 
population  de  30  millions  d’habitants,  est 
par exemple une ville tout particulièrement 
menacée – la “ville qui attend sa mort” ain-
si que  l’a  formulé, sans  mâcher  ses mots, 
Bill  McGuire,  chercheur  dans  le  domaine 
des dangers du University College de Lon-
dres.
Et  un  grand  nombre  d’autres  très  grosses 
villes sont également situées  dans  des  zo-
nes à risques de séisme. Le danger ne cesse 
de grandir, étant donné que, selon les indi-
cations  des  Nations  Unies  (UN),  le  nom-
bre  d’habitants  dans  la  plupart  des  villes 
double en l’espace de 15 ans. Dans dix ans, 
25  villes  compteront  plus  de  dix  millions 
d’habitants  dans  des  régions  à  risques  de 
séisme.  Selon  les  pronostics  du  géologue 
Roger  Bilham  de  l’université  Boulder 
(Etats-Unis), il faudra bientôt compter avec 
un million de morts par an suite à des séis-
mes. Selon ses dires, ce siècle sera marqué 
par  un  nombre  inimaginable  de  catastro-
phes sismiques.
Les  contraintes  des  plaques  tectoniques 
sont immenses. La carte montre que la col-
lision  des  plaques  tectoniques  détermine 
les  contraintes  dans  les  roches  encore  au 
cœur  des  continents,  bien  loin  des  limi-
tes  des  plaques.  “Nous  nous  attendions  à 
ce  que  des  mouvements  régionaux  aient 
plus  d’influence”,  dit  Müller.  En  Europe 
par  exemple,  l’influence  des  contraintes 
exercées  par  l’Afrique qui dérive de  deux 
centimètres par an vers le nord, est ressen-
tie bien plus loin au Nord. Les Alpes sont 
situées dans la zone de collision. La monta-
gne n’absorbant  toutefois pas entièrement 
l’énergie  de  l’impact,  les  forces  de  colli-
sion  du  sud  sont  également  ressenties  au 
nord des Alpes.
L’Europe  du  sud-est  par  contre  est  sous 
l’influence de la petite plaque anatolienne, 
laquelle est poussée – comme dans un étau 
- vers l’ouest entre la plaque africaine et la 
plaque européenne – les lignes de contrain-
te s’écoulent de l’est vers l’ouest.
Au cours des 64 dernières années, des sé-
ismes  catastrophiques  le  long  de  la  faille 
nord anatolienne ont réduit la pression des 
roches.  Seule  leur  extrémité  occidentale 
figure maintenant encore dans un extrême 
état de tension : l’arc de Marmara sur une 
longueur  de  160  kilomètres,  au  sud  de  la 
métropole Istanbul avec plusieurs millions 
d’habitants.
Une des failles probablement la plus dange-
reuse de la croûte terrestre traverse la Ca-
lifornie – la faille San Andreas. La plaque 
nord-américaine et la plaque pacifique glis-
sent le long de cette faille, ceci provoquant 
souvent des séismes, même à Los Angeles 
Article paru dans l’édition n° 1 du journal “WELT AM SONNTAG” --- 1er JANVIER 2006
(traduction faite de la langue allemande par la Société GTM-France)
et à  San  Francisco. Toutefois,  sur la carte 
établie par les chercheurs de Karlsruhe, la 
faille San Andreas se révèle être plutôt do-
cile.  “La  faille  San Andreas  est  une  zone 
de perturbation à faible friction”, ainsi que 
l’explique Müller. Les lignes de contrainte 
pratiquement  perpendiculaires  à  la  faille 
démontrent  cette  constatation.  La  cont-
rainte  est  relativement faible  dans  le  sens 
du  mouvement  des  plaques  tectoniques. 
Un forage à travers les limites des plaques 
est  actuellement  effectué  afin  d’expliquer 
pourquoi alors de graves séismes ont  tou-
jours lieu à cet endroit.
La “World Stress Map” (Carte des plaques 
tectoniques  terrestres)  repose  principale-
ment  sur  des  données  scientifiques  résul-
tant de séismes. Il est possible de visualiser 
gratuitement sur Internet  des découpes de 
cartes pour  chaque  région  du  monde.  En-
viron 1000 sociétés, surtout des sociétés de 
l’industrie  pétrolière,  font  d’ailleurs  tous 
les mois usage de cette offre.
La carte ne peut toutefois pas être utilisée 
comme système avertisseur de séismes. Les 
coups frappent encore de manière très inat-
tendue,  les  sismologues  n’ont  pas  encore 
pu détecter de nets signes avertisseurs. Les 
chercheurs déterminent aujourd’hui cepen-
dant la probabilité de  séismes  –  leurs cal-
culs résultent  d’une suite  de  puissants sé-
ismes ayant touché une région précise dans 
le passé. Les sismologues supposent que la 
contrainte augmente au fil des années. De 
plus  longues  phases  de  calme  signalisent 
en  fait  une  augmentation  de  la  probabili-
té  des  séismes.  Les  signaux  émis  par  des 
satellites  enregistrant  des  mouvements  de 
plaques sont considérés comme des indica-
teurs  de  contrainte  croissante.  Par  contre, 
personne ne sait exactement quand la con-
trainte sera  trop  grande et  à  quel moment 
la  terre  commencera  vraiment  à  trembler. 
Cela peut en fait arriver à tout moment.
Terre dynamique
PLAQUES MOBILES
Il y a plusieurs millions 
d’années, l’Amérique du Sud 
et l’Afrique formaient une seule 
masse. Alors que ces deux 
continents s’éloignaient l’un de 
l’autre, les Indes se déplacèrent 
de l’Afrique orientale vers le 
nord et entrèrent ainsi en colli-
sion avec le continent eurasien. 
Cette dérive des continents est 
due à la fragmentation de la 
croûte terrestre en de nombreu-
ses plaques lesquelles flottent 
sur le manteau terrestre en 
étant entraînées par la chaleur 
sortant de l’intérieur de la terre. 
Et les plaques se déplacent 
encore aujourd’hui.
ALFRED WEGENER
Alfred Wegener, né le 1er 
novembre 1880 à Berlin, fut le 
premier à constater la dyna-
mique des plaques tectoniques. 
La théorie qu’il développa à 
partir de 1910 fut toutefois reje-
tée pratiquement à l’unanimité 
par tous les scientifiques lors de 
congrès spéciaux. Ce n’est que 
dans les années cinquante que 
ses idées gagnèrent une recon-
naissance internationale dans 
le cadre de la tectonique des 
plaques. Et depuis, Wegener 
est considéré comme le “Père 
de la dérive des continents”. Il 
décéda au mois de novembre 
1930 lors d’une expédition arc-
tique dans les glaciers éternels.