La couverture sanitaire dans la Wilaya de Souk

publicité
La couverture sanitaire dans la Wilaya de Souk Ahras
Pr. Larbi ABID
La wilaya de Souk Ahras se situe à l’extrême est du pays, prés de la frontière
tunisienne, à 640 kilomètres d’Alger. Elle est limitée au nord-est par la wilaya de Tarf, au
nord-ouest par la wilaya de Guelma, au sud par la wilaya de Tébessa, au sud-ouest par la
république tunisienne. Souk-Ahras, le chef-lieu de la wilaya est la ville natale de Saint
Augustin. La wilaya de Souk Ahras occupe une superficie de 4360 km² et est subdivisée en 10
daïras et 26 communes qui regroupent prés de 487.624 habitants. En général, la population
est concentrée au niveau des communes à caractère urbain telles que Souk-Ahras, Sedrata
et M’Daourouch.
Daïras de la wilaya : 1. Bir Bou Haouch, 2. Heddada, 3. M'daourouch, 4. Mechroha,
5. Merahna, 6. Ouled Driss, 7. Oum El Adhaim, 8. Sedrata, 9. Souk Ahras, 10. Taoura.
La spécificité géographique du relief de Souk Ahras permet de subdiviser la wilaya en
trois régions principales qui se présentent comme suit :
La région nord-est : C’est une région montagneuse qui est formée principalement
d’une chaîne de montagnes telliennes couvertes par une richesse forestière appréciable aux
reliefs divers. L’altitude de ses montagnes se situe entre 1260 et 1400m. Cette région
pratique l’élevage bovin à grande échelle et l’arboriculture fruitière.
La région sud-est : C’est une région d’altitude moyenne et de relief régulier
comportant des plaines orientées vers l’activité agricole en raison de la fertilité de ses terres
et de la bonne qualité de ses produits agricoles.
La région du sud : constituée de hautes plaines et de pâturage englobant 14
communes sur une superficie de 2480,07 Km2, soit 57% du territoire de la wilaya. Cette zone
est à forte dominance en élevage ovin et production céréalière.
Le climat de Souk Ahras est influencé par des facteurs qui lui donnent des
caractéristiques spécifiques. Distante de 80 kilomètres de la mer Méditerranée, la
pénétration des courants marins humides est aisée. Le nord de la wilaya bénéficie d'un
climat semi-humide alors que le sud subit un climat semi-aride. Souk Ahras se distingue par
un été chaud et sec et un hiver froid et humide. La pluviométrie atteint 650 mm par an au
nord et 350 mm par an au sud. Les hauteurs enregistrent une chute de neige importante
durant l'hiver, la température oscillant entre 1 et 15 degrés en hiver et entre 25 et 32 degrés
en été. Le sirocco et des vents nord-ouest soufflent sur Souk Ahras.
La Wilaya est traversée par trois (03) Oueds avec des débits irréguliers : l’Oued
Mellegue (d’une superficie de 1.442 Km2 avec un débit moyen de 210 Mm3/an), l’Oued
Medjerda (d’une superficie de 1.377 Km2 avec un débit moyen de 400 Mm3/ an), l’Oued
Cherf (d’une superficie de 1.040 Km2 avec un débit moyen de 99 Mm3/an). Elle dispose d’un
réseau hydrographique assez important pouvant être utilisée pour promouvoir toute
spéculation agricole nécessitant le recours à l’irrigation, ce réseau appartenant au bassin
hydrographique Constantinois Seybouse-Mellegue.
Le domaine forestier occupe près de 20% du territoire de la wilaya en matière de
patrimoine sylvicole, à cela s’ajoute les 35.000 hectares des terres à vocation forestière, le
chêne liège et chêne zen prédominent au Nord, tandis que le pin d’Alep et les maquis
dégradés de chêne vert et genévrier occupent le Sud, ces massifs forestiers d’une richesse
écologique indéniable présentent un intérêt économique non négligeable à travers
notamment l’exploitation de bois et de récolte de liège.
En matière d’agriculture, la configuration géomorphologique de la wilaya fait
apparaitre deux ensembles non homogènes : une zone Nord à forte dominante d’élevage
bovin et arboriculture fruitière et une zone Sud à forte dominante d’élevage ovin et
production céréalière. La surface agricole totale de la Wilaya est estimée à 311.492 hectares
et sa superficie agricole utile est estimée à 253.606 hectares. Souk-Ahras constitue l’un des
principaux bassins laitiers du pays.
Point de croisement des routes de Constantine, Guelma, Tébessa et Annaba, SoukAhras est une wilaya à l'aspect rude et austère, dominée sur le plan économique par la
céréaliculture qui occupe une place prépondérante, malgré les quelques unités industrielles
qui y sont implantées.
Dotée d’un important réseau routier, la wilaya de Souk-Ahras constitue un axe
stratégique et un carrefour entre les wilayas de l’Est particulièrement en raison
d’importance des routes nationales N° 16, 81, 82,80 et 20. Ce réseau est composé de 2.351
Kms dont 453 Kms de routes nationales ; 202 Kms de chemins de wilaya, 1696 Kms de
chemins communaux et 758 Kms de pistes.
Sur le plan touristique, la wilaya compte d’importants vestiges romains.
Anciennement appelée " Thagasta " Souk-Ahras, la ville natale de Saint Augustin, a été une
base de contrôle entre le nord et le sud et une voie de pénétration importante à l'époque
Romaine. La wilaya s'enorgueillit aussi de posséder à l'intérieur de ses limites territoriales, la
ville de "Madaourouch ", plus connue sous le nom de Madauros, cette vieille ville Numide
érigée en colonie Romaine vers la fin du 1er siècle, célèbre pour ses écoles qui formèrent
bon nombre d'érudits de l'époque dont les plus célèbres sont certainement "Saint Augustin
"et le philosophe "Apulée ". A 37 km de Souk-Ahras, se trouve l'important site archéologique
de "Khamissa" (Tubirsicun-Numidarium) érigé sous le règne de l'empereur Romain "Trajan".
Outre ces vestiges de l’antiquité, Souk Ahras jouit de l’existence de sites naturels
dont les forêts (tourisme de montagne de détente et de loisir), où le patrimoine sylvicole
occupe près de 20% du territoire ainsi que de hammams thermaux (Ouled Ziad, El Ma
Lahmar, El F’Hiss et Tassa).
Sur le plan sanitaire, le secteur public dispose des infrastructures suivantes :
-03 Etablissements Publics Hospitaliers, totalisant 740 lits (1,6lits/1000 habitants).
-
o L’EPH Ancien hôpital S/Ahras, totalisant 216 lits dont 160 lits organisés ;
o L’EPH Ibn-Rochd, S/Ahras, totalisant 286 lits dont 182 lits organisés ;
o L’EPH Houari Boumédiène de Sedrata, totalisant 238 lits.
21 polycliniques.
-
06 polycliniques avec maternité intégrée disposant de 37 lits ;
77 salles de soins ;
-
15 Unités de Dépistage et de Suivi en milieu scolaire(UDS) ;
02 Centre Intermédiaire de Santé Mentale : (CISM) ;
01 Centre Intermédiaire de Soins de Toxicomanie (CIST) ;
02 Unités de Contrôle de la Tuberculose et des Maladies Respiratoires ;
-
01 centre de contrôle sanitaire ;
17 Agences pharmaceutiques ENDIMED ;
01 Agence pharmaceutique de la CNAS (Caisse de sécurité sociale).
Ressources humaines
Les 03 établissements hospitaliers disposent du personnel suivant : 124 médecins
spécialistes, 100 médecins généralistes, 03 chirurgiens dentistes et 03 pharmaciens,
702 paramédicaux, 05 psychologues, 519 agents administratif, technique et de service.
Les structures de proximité (polycliniques, maternité salles de soins etc.)
fonctionnent avec 06 praticiens spécialistes, 247 médecins spécialistes, 93 chirurgiens
dentistes, 05 pharmaciens, 726 paramédicaux, 12 psychologues, 345 agents
administratifs, technique et de service.
Les différentes actions entreprises durant l’année 2012 ciblant l’ensemble des
paramètres qui déterminent la qualité de la prise en charges des usagés de la santé par
la modernisation et réhabilitation des structures, développement de la prise en charge
de la fonction hôtelière hospitalière, réalisation des nouvelles structures légères au
profit des localités dépourvues afin de consacre de concept simple de santé de
proximité et d’accessibilité à des soins de qualités.
En cours de réalisation :
-
01 Complexe mère - enfant de 180 lits à Souk Ahras, au niveau de la cité Ibn Roch ;
01 hôpital de 120 lits à M’daourouche ;
01 Hôpital 60 lits à Taoura (20 km à l’Est de Souk Ahras) en phase d’équipement ;
Extension de l’ancien hôpital de Souk Ahras ;
01 hôpital psychiatrique à Oum ladhaîem ;
01 école paramédicale 300 places ;
02 centres d’hémodialyse à Sedrata et M’daourouch ;
01 centre de transfusion sanguine ;
07 polycliniques dans les communes de Souk Ahras, H'nancha, Safel el Ouiden,
Ragouba, Ouled Moumen. Bir Bouhouche et Zouabi ;
01 centre intermédiaire pour toxicomanes (CIST) ;
10 salles de soins.
Le secteur privé se compose de :
-
02 Cliniques médico-chirurgicales disposant de 40 lits ;
03 Cliniques d’hémodialyse ayant une capacité de 46 générateurs ;
03 Centres de diagnostic et de soins ;
40 cabinets de médecins spécialistes ;
-
64 Cabinets de médecins généralistes ;
35 Cabinets de chirurgiens-dentistes ;
110 Officines pharmaceutiques ;
03 Cabinets de sages femmes ;
03 salles de soins de paramédicaux ;
06 Ateliers d’Optique médicale ;
04 Laboratoires de prothèse dentaire ;
02 Cabinets de psychologues ;
06 Unités de transport sanitaire.
Ratios de couverture sanitaire






01 lit / 462 hab ;
01polyclinique / 43.331 hab. ;
01 salle de soins / 7100 hab ;
01médecin / 1.184 hab ;
01 chirurgien dentiste 1/ 4.924 hab ;
01 officine pharmaceutique/4433 habitants.
Contraintes
Malgré l'existence d'un grand nombre d'infrastructures de la santé, le secteur
rencontre d'énormes difficultés pour assurer une prise en charge convenable d'une
demande en constante évolution, du fait de la vétusté de la majorité de ces
infrastructures. Le parc hospitalier constitué de trois hôpitaux totalisant dont deux situés
au chef-lieu de wilaya, datant de l'ère coloniale (un hôpital construit en 1876 et un
sanatorium construit en 1952) nécessite une réhabilitation, rénovation et aménagement,
particulièrement l'hôpital Ibn Rochd (Ex Sanatorium, dans un état de vétusté avancée).
Beaucoup de centres de santé ont été érigés en polycliniques sans qu’on ait mis les
équipements et la ressources humaine qui va avec. Enfin, des unités légères doivent être
réalisées dans la partie Sud de la wilaya.
En matière de ressources humaines, le secteur de la santé de Souk Ahras souffre
également d’un « important » déficit en matière d’encadrement médical, seulement 58
(2,1%) médecins spécialistes sur un effectif global de 2679 employés. Un important
déficit en matière de personnel paramédical est également noté et qui n’a pu être
comblé par les postes ouverts dans le cadre du service civil puisque seuls 13 sur 54
médecins spécialistes ont rejoint la wilaya au cours de l’année 2014.
Si pour le corps paramédical on espère que la prochaine réalisation de l’école de
formation paramédicale de 300 places pédagogiques et une résidence de 150 lits, finira
par combler le déficit, pour régler le problème du déficit en médecins spécialistes, les
autorités de la wilaya suggère le jumelage des hôpitaux de la wilaya avec le CHU de
Annaba.
Ce jumelage est perçu sous forme d’une prestation médicale et chirurgicale de la part
des médecins du CHU, 2 jours par semaine au niveau des hôpitaux de la wilaya. Est-ce
vraiment la solution à ce déficit ? ne devrait on pas chercher les causes de la non
attractivité des wilayas des Hauts Plateaux de l’Est et plus particulièrement des wilayas
de Souk Ahras, Tébessa et Khenchela par les médecins spécialistes devant effectuer leur
service civil ?
Par ailleurs, le CHU de Annaba pourra t-il régler avec ses effectifs tous les déficits en
médecins spécialistes des wilayas limitrophes (sans parler du jumelage de ce CHU avec
certaines wilayas du Sud) ? Enfin jumelage veut-il dire corriger le déficit en médecins
spécialistes ou plutôt formation complémentaire des médecins et personnel soignant de
la wilaya pour améliorer la qualité des prestations et diminuer les évacuations des
patients vers les CHU (plus de 1500 évacuations chaque année !) ?
Téléchargement