Avril
2016
L
a prévalence des déficiences
visuelles augmente avec l’âge.
Alors qu’on estime qu’une
personne sur neuf, âgée de 65
ans et plus, présenterait une
déficience visuelle, dix ans
plus tard, le taux de
prévalence augmente à une
personne sur quatre chez les
plus de 75 ans.
On constate également que les personnes
âgées malvoyantes consultent peu les
services d’ophtalmologie pour
déficiences visuelles et y sont
insuffisamment référées.
Les déficiences visuelles de la personne
âgée ne sont ni précocement, ni
systématiquement dépistées. Ce qui
entraine des conséquences néfastes chez
la personne âgée : des risques de chute
augmentent (risque de chute doublé,
risque de fracture de hanche quadruplé),
des actes de la vie quotidienne ne peuvent
plus être réalisés de façon autonome et
requièrent une assistance (par exemple
pour se repérer dans différents lieux, pour
identifier le contenu de son assiette, lire
un programme), des retentissements
psychologiques (difficultés d’acceptation
de la maladie, repli sur soi, dépression).
Les déficiences visuelles sont marquées
par le vieillissement physiologique de
l’œil et les pathologies liées à l’âge.
Le vieillissement physiologique de l’œil
est l’altération des fonctions visuelles
indépendantes d’atteintes particulières
cela est dû à certains changements : le
diamètre de la pupille devient plus petit ;
ainsi moins de lumière ne peut pénétrer
les milieux de l’œil (la cornée, cristallin
et corps vitré). Ces milieux perdent alors
leur transparence et la sensibilité de la
rétine diminue. Ce qui entraine une
diminution de l’acuité visuelle, une
augmentation du besoin en lumière, une
diminution de la vision nocturne et une
altération de la vision des couleurs. Une
consultation systématique chez
l’ophtalmologiste, à partir de 45 ans, et
une bonne hygiène de vie, à savoir la
consommation de fruits et légumes
(carottes, poivrons rouges, tomates,
épinards, abricot, mangue, papaye,
oméga 3 et tous les aliments verts), sont
nécessaires pour améliorer cette
détérioration physiologique. Eviter la
consommation d’alcool et tabac.
Plusieurs pathologies sont en cause mais
les plus rencontrées sont : la
dégénérescence maculaire liée à l’âge; la
rétinite pigmentaire ; la rétinopathie
diabétique ; le glaucome et la cataracte.
La dégénérescence maculaire (DMLA)
est une maladie liée au vieillissement et
plus précisément de la partie centrale de
la rétine appelée la macula, ce qui
explique de grandes difficultés à lire ou à
reconnaitre les visages par exemple.
Autres caractéristiques de cette
dégénérescence: une vision déformée des
lignes droites, une baisse de l’acuité
visuelle de loin et de près. Il n’existe pas
de traitement permettant de guérir la
dégénérescence maculaire liée à l’âge,
d’où l’intérêt de la prévention qui passe
par un dépistage précoce de la maladie
(réalisation d’un fond d’œil, examen
indolore chez l’ophtalmologiste à partir
de 55 ans) puis d’une prise en charge
permettant de stabiliser, de freiner
l’évolution. Il faut proposer au patient des
moyens pour l’aider à lire avec son
handicap : le port de loupe monoculaire
ou binoculaire, télescope avec lunette,
etc. Des conseils orthoptiques sont utiles
pour apprendre au patient à utiliser ses
capacités restantes pour se déplacer. Ce
soutien a aussi une grande valeur
psychologique pour éviter le
découragement.
La rétinite pigmentaire est une pathologie
d’évolution progressive et peut survenir
à tout âge. Elle atteint la vision
périphérique au début, puis la vision
centrale à un stade avancé. Le champ de
vision se rétrécit et après un certain
temps le malade voit comme à travers un
tube (vision en canon de fusil). Il est gêné
dans le repérage de ce qui arrive sur le
côté (piéton, véhicule etc.). Le malade lit
le journal mais droit devant lui. Le soir,
la gêne est majorée et cela est dû à une
atteinte des cellules rétiniennes
spécialisées dans la vision nocturne ou
crépusculaire : les bâtonnets. Des aides à
la basse vision peuvent être proposées
comme dans le cadre de la
dégénérescence maculaire.
La rétinopathie diabétique est une
complication du diabète ; c’est une
atteinte des petits vaisseaux qui
vascularisent la rétine. C’est la première
cause de cécité avant 50 ans dans les pays
développés. Elle fait suite à
l’hyperglycémie chronique et prolongée.
Le traitement repose sur l’équilibre des
facteurs de risque, le laser rétinien ou les
injections intraoculaires d’agents anti-
antigéniques.
Le glaucome, particulièrement le
glaucome primitif à angle ouvert, est la
première cause de cécité irréversible dans
le monde. Il s’agit d’une élévation de la
pression dans le globe oculaire qui va
progressivement léser le nerf optique de
manière irréversible. Les autres facteurs
de risque du glaucome sont : des
antécédents familiaux, une forte myopie,
certains troubles cardiovasculaires. Il est
donc nécessaire de vérifier régulièrement
la pression oculaire en consultant un
ophtalmologiste tous les deux ans à partir
de 45 ans, voire 40 ans en cas de
prédisposition familiale. Si une forme
débutante de glaucome est détectée, on
peut mettre en place des traitements et
médicaments à base de collyre, de laser
ou d’interventions chirurgicales.
La cataracte est la première cause de
cécité dans le monde et pose un véritable
problème de santé publique dans les pays
à faible revenu. Il s’agit d’une cécité
réversible après traitement, responsable
de difficultés visuelles particulièrement
gênantes et, à l’extrême, de l’aspect «
pupille blanche ». L’acuité visuelle
diminue aussi inexorablement, touchant
d’abord la vision de loin. C’est comme si
la vue était voilée et surtout les couleurs
sont altérées (tout parait jaune et fade).
L’âge est la principale cause de ce type
de cataracte dite sénile : les deux yeux
sont en général touchés, mais pas
forcément symétrique. D’autres
étiologies peuvent être en cause : le
traumatisme de l’œil, une inflammation
de l’œil, les troubles du métabolisme du
calcium qui peuvent rendre le cristallin
plus opaque. Le seul traitement de la
cataracte est l’intervention chirurgicale.
Elle consiste à retirer la partie opaque du
cristallin pour y implanter une nouvelle
lentille. Une bonne hygiène de vie et une
consultation précoce chez
l’ophtalmologiste sont également
nécessaires pour vite dépister cette
pathologie avant le stade de
complicationsl
1.Les yeux s’usent avec l’âge
Faux Ce n’est pas l’âge qui use les
yeux mais les maladies qui surviennent
avec l’âge : la cataracte, la
dégénérescence maculaire, etc.
2. L’hérédité joue un rôle dans la
déficience visuelle.
Vrai : ce rôle est clairement mis en
évidence pour la dégénérescence
maculaire et le glaucome.
3.L’hypertension est responsable de
la basse vision.
Vrai et Faux : il faut différencier
l’hypertension artérielle de
l’hypertonie oculaire à l’origine du
glaucome.
4.Les larmes abîment les yeux.
Faux : c’est l’insuffisance de larmes
qui peut être source de gêne oculaire.
5. Les écrans de télévision et
d’ordinateur sont dangereux pour
les yeux.
Faux : les écrans n’abîment pas les
yeux ; on les utilise même pour
stimuler la fonction visuelle grâce à des
logiciels spécifiques de réadaptation.
Par contre, l’utilisation abusive des
écrans peuvent altérer la vue.
6. La carence en vitamines est
responsable de la perte de vision.
Vrai : l’équilibre alimentaire favorise le
bon fonctionnement de l’œil. La
carence en vitamines est un facteur
aggravant favorisant la dégénérescence
maculaire, mais on ne peut imputer
cette maladie aux seuls facteurs
alimentaires. Consommez des
vitamines (A, B, E), des omégas 3, des
aliments antioxydants et anti-
radicalaires : la carotte, le soja,
l’épinard une alimentation riche en
fruits et légumes peu cuits, abusez des
aliments de couleur verte ! Ils en sont
très riches.
7.Le soleil est néfaste pour les yeux.
Vrai : les infrarouges et les ultraviolets
sont nocifs pour les différentes
structures oculaires. Protégez-vous en
portant des lunettes teintées.
8.Chacun possède un capital visuel ;
il ne faut pas le gaspiller.
Faux : plus on s’en sert, moins il s’use !
Comme la mémoire, votre vision
s’améliore avec l’entraînement.
9.Il ne faut pas hésiter à se faire
opérer pour améliorer sa vision.
Vrai et Faux : l’indication opératoire est
posée en fonction de la pathologie et
des risques éventuels. N’hésitez pas à
en parler à votre ophtalmologiste.
10. Il n’y a rien à faire et il est inutile
de consulter régulièrement un
ophtalmologiste.
Faux : la surveillance de l’état oculaire
est indispensable même chez les
personnes déficientes visuelles.
Continuez à consulter régulièrement
votre ophtalmologiste.
11.La rééducation visuelle n’est pas
efficace pour les personnes
vieillissantes.
Faux : il n’existe aucune limite d’âge
pour la réadaptation en basse visionl
D
SA-MEF/ ord n°2011-367 du 03 nov 2011 – N° Agrement A.1.1.4/13-04
N°RCCMCI-ABJ-2007-B-3519 N° CC720701S Vieux Cocody Lycée Technique, rue
Gautier.– B.P. 23 cidex 2 Abidjan 08 Tel. (225) :22 44 08 54 Fax : (225) 22 44 32 86
La santé des yeux en onze (11) questions
Troubles visuels chez les personnes âgées
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