© M. Maesschalck, 2007-2008, Filo 2130
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[1] Dans son évolution historique, la philosophie de la religion a privilégié une
conception du phénomène religieux centrée sur l’expression des croyances et sur
l’expérience individuelle qui en découle.
[2] La dimension d’action collective du phénomène religieux comme processus
impliquant des pratiques de groupe et des acteurs collectifs est donc restée en
retrait, et ceci pas uniquement dans le domaine de la philosophie de la religion.
[3] Pourtant, cette dimension doit être interrogée spécifiquement aujourd’hui, à
partir d’approches nouvelles proposées dans d’autres champs disciplinaires, si
l’on veut être capable de mieux comprendre les interactions entre religions et
espaces publics démocratiques, du point de vue non d’une philosophie politique,
mais précisément d’une philosophie de la religion (c’est-à-dire en reprenant ces
enjeux du point de vue d’un devenir des religions). L’intérêt d’un regard porté à
partir de la philosophie de la religion réside aussi dans sa propre capacité
évaluative à l’égard des nouvelles pistes proposées.
1. La voie généalogique :
Aperçu sur le développement historique de la philosophie de la religion.
Nous reprendrons l’exposé en cinq points : point de départ, point d’arrivée et
trois étape intermédiaires.
1- La philosophie de la religion est née dans un contexte conflictuel
caractérisé par trois grandes crises qui ont secoué le milieu académique
allemand de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle
1
:
- La querelle du Panthéisme (der Pantheismusstreit) : 1780-1789,
initié par Jacobi à l’encontre du théisme prôné par les philosophes
éclairés comme Lessing, jugés trop proches des thèses de Spinoza.
- La querelle de l’Athéisme (der Atheismusstreit) : 1798-1806, de
nouveau initié par Lessing contre la philosophie transcendantale de
Fichte et poursuivi par les attaques de Eschenmaier contre
Schelling. Cette fois, le conflit se radicalise, car les philosophes
sont accusés de rejeter la foi en Dieu au profit de la seule raison.
- La querelle des choses divines (der Streit um die göttlichen Dinge):
1806-1812 (avec des prémices dès 1799), le débat entre Jacobi et
1
Cf. L’introduction de Jean Greisch à sa trilogie (communiqué dans la farde de lecture).
Dans son évolution historique, la philosophie de la
religion a privilégié une conception du phénomène
religieux centrée sur l’expression des croyances et sur
l’expérience individuelle qui en découle.