No 3 Septembre 2015 L’actualité du monde pétrolier. Editeur: Union Pétrolière www.petrole.ch Un fait occulté par les milieux officiels: la correction à la hausse de l’évolution démographique a aussi une influence sur les émissions. Photo: Keystone Politique climatique «de luxe»: des risques économiques plutôt que la protection du climat Sommaire 1 Politique climatique «de luxe»: 2 Personnel 4 Voyage de presse 2015 dédié à la des risques économiques plutôt que la protection du climat sécurité d’approvisionnement 6 Vérités réconfortantes sur les perspectives de la Suisse 7 Les énergies fossiles continuent de donner le ton 8 Spots Comme prévu, en amont du sommet climatique de Paris, l’activité générale autour de la pro­ tection du climat augmente. Ces prochaines années, la place économique suisse devra supporter, en plus du choc du franc fort, celui d’une protection du climat ayant perdu tout sens de la mesure. La nouvelle augmentation de la taxe sur le CO₂ est inopportune. U n nouveau cycle de renchérissement des énergies est annoncé. La taxe sur le CO₂ pour le mazout et le gaz naturel doit être augmentée de 40% et passer de 60 à 84 francs par tonne de CO₂. C’est la taxe sur le CO₂ la plus élevée dans le monde. La nouvelle augmentation annoncée par le Conseil fédéral au 1er janvier 2016 est inopportune et inutile pour plusieurs raisons. Premièrement, l’économie affiche des signes de tempête. Les entreprises suisses luttent déjà suffisamment contre un franc fort. Les propositions visant à atténuer la force du franc sont examinées les unes après les autres, les obstacles administratifs actuels pourraient être supprimés. Cela paraît vraiment cynique lorsque d’autre part l’énergie, important facteur de production, est renchérie. Deuxièmement, la réduction du taux de CO₂ est engagée, ce qui n’est pas dû aux initiatives politiques mais résulte du progrès technique. Les émissions de CO₂ des carburants sont en diminution depuis sept ans, malgré l’augmentation du parc automobile. La Suisse rejette ­aujourd’hui moins de CO₂ qu’en 1990, bien que le produit intérieur brut ait augmenté de 36% au cours de cette période. Nous pourrions, au regard de cette performance, être un peu plus sereins. Les émissions de CO₂ reposent sur des suppositions et des estimations Troisièmement, l’objectif de réduction des émissions des combustibles a de nouveau été manqué de très peu. 0,5% de réduction seulement 1 Pétrosphère No 3 / Septembre 2015 Personnel Dans le débat sur le «tournant énergétique», on entend dire qu’il serait économiquement plus judicieux d’in­ vestir en Suisse l’argent transféré vers les seigneurs du pétrole et la Russie pour payer l’or noir et le gaz naturel. Cela afin d’exploiter les énergies renouvelables indi­ gènes au profit de notre industrie et de ses emplois, en fin de compte pour le bien de toute notre économie. Que faut-il penser de cette ligne d’argumentation? Commençons par un constat quantitatif: la Suisse ne transfère à l’étranger qu’environ 9,3 milliards de francs pour ses importations de pétrole et de gaz naturel (source: Statistique globale de l’énergie de la Confédé­ ration, situation de 2014), alors que le total de nos im­ portations s’élève à près de 178 milliards de francs (donc env. 5% de ce total). A titre de comparaison, les taxes fédérales (comme l’impôt sur les huiles minérales, la taxe CO₂ , la taxe à la valeur ajoutée) représentent chaque année environ 7,5 milliards de francs. Notre pays profite donc aussi directement – et assez large­ ment – du commerce des produits fossiles. Ceux qui veulent bannir le pétrole et le gaz naturel de notre mix énergétique devraient donc répondre à la question du «contre-financement»: que faire pour compenser ces pertes de recettes pour le secteur public? Ensuite, cet argument fondé sur une vision purement ­indigène ne perçoit pas la logique d’une économie mondiale interconnectée, au sein de laquelle tout le monde s’accorde pour dire que nous vivons. Dans cette logique, les pétrodollars et ceux consacrés au gaz entrent dans un circuit dont profitent aussi les «pays ­industrialisés» comme la Suisse et les activités éco­ nomiques «suisses». Une partie de notre industrie pro­ duit des machines destinées à la production pétrolière et gazière, les banques suisses abritent des pétro­ dollars au même titre que notre tourisme accueille de nombreux visiteurs venus des pays arabes, d’Europe orientale et d’ailleurs, qui créent à leur tour une demande pour les produits de luxe helvétiques. Nous profitons donc directement de nos fournisseurs en énergie. Là aussi, tout n’est pas tout noir ou tout blanc. Rien ne s’oppose aux sources d’énergie indigènes lorsqu’elles sont concurrentielles et peuvent subsister sans subsides publics. Si ces conditions étaient remplies, la question de notre prétendue dépendance insupportable ­de l’étranger se réglerait d’elle-même. L’implacable logique économique, c’est aussi cela. Rolf Hartl, président de l’Union Pétrolière 2 nous séparent du seuil qui, selon l’ordonnance sur le CO₂, ­ urait généré une augmentation de 12 francs au lieu de a 24 francs par tonne de CO₂. Il faut aussi rappeler que le calcul des émissions de CO₂ repose toujours sur des suppositions et des estimations. Des modèles de calcul développés de façon continue fournissent constamment de nouveaux résultats, ce qui fait que seuls les initiés de la Confédération comprennent encore le bilan CO₂; ce seul élément devrait déjà appeler à une certaine tolérance. Quatrièmement, l’évolution démographique a été omise dans les statistiques du CO₂. La forte immigration ne fait pas seulement croître la population et l’économie, elle augmente aussi les émissions. Ce «défaut de conception» dans la formulation des objectifs a eu ces dernières années des répercussions particulièrement fortes en raison du flux d’immigration relativement élevé et a rendu ainsi caducs les objectifs de consommation énergétique de la Confédération. Enfin, la cinquième raison pour laquelle l’augmentation de la taxe CO₂ est inopportune est décisive: sa contribution à la protection du climat est nulle. La taxe ne réduit pas la consommation de mazout et de gaz naturel. Et, même si c’était le cas, rappelons que la Suisse est à l’origine de seulement 1,5‰ des émissions mondiales de CO₂. Il n’est pas besoin d’être particulièrement savant pour voir que nous n’obtiendrons pas d’effet de levier en Suisse. Une augmentation malgré un recours en suspens Dès le printemps 2014, les importateurs de produits pétroliers ont déposé un recours contre l’augmentation de la taxe sur le CO₂ de 36 à 60 francs entrée en vigueur le 1er janvier 2014. Cette procédure est encore en suspens au Tribunal admi­ nistratif fédéral. La nouvelle augmentation ressemble aujourd’hui à une action punitive contre les près de trois quarts de la population qui chauffent leurs logements à l’aide de combustibles fossiles. Cela revient donc avant tout plus cher, pour les entreprises comme pour les ménages. Les entreprises pourraient sans doute conclure des accords sur les objectifs avec l’Agence de l’énergie pour l’économie et réclamer le remboursement de la taxe sur le CO₂, mais les économies potentielles supplémentaires sont de plus en plus difficiles à réaliser. L’investissement financier pour économiser la prochaine tonne de CO₂ est largement disproportionné. Pouvons-nous vraiment nous le permettre? Naturellement, un tel tour de force en matière de politique climatique est possible. Un regard sur l’environnement international montre cependant à quel point notre politique a perdu tout sens de la mesure. L’objectif de réduction de CO₂ post-Kyoto de la Suisse est nettement plus ambitieux que l’ensemble des objectifs de l’UE-28. Ceux-ci s’octroient jusqu’en 2020 (malgré les initiatives isolées de l’Allemagne) des «pauses» de réduction d’émissions qui, grâce au ralentissement économique actuel et à l’assouplissement des «tolérances d’émissions» acquises dans le cadre de l’élargissement vers l’est, se feront à peine sentir. Pendant ce temps, les Etats-Unis, moteur de la conjoncture mondiale, s’orientent – contrairement à la Suisse – dans une voie de baisse des émissions réaliste, rendue possible par la révolution des gaz de schiste. En bref: tandis que les principaux partenaires commerciaux de la Suisse maintiennent pour l’instant leur cap, Berne continue de planifier une rapide mutation structurelle. L’activisme en faveur de la protection du climat de la Berne fédérale ne devrait pas nous faire oublier que les entreprises ont accompli leurs devoirs au cours des années Pétrosphère No 3 / Septembre 2015 ­passées. L’Agence de l’énergie pour l’économie et la Fondation Centime Climatique témoignent du succès des initiatives économiques privées en faveur de la protection du climat. Outre ces dernières, les propriétaires fonciers sont également de nouveau rappelés à l’ordre aujourd’hui. Celui qui a investi récemment dans un système de chauffage moins énergivore voit aujourd’hui l’Etat tirer profit d’une partie des coûts d’exploitation économisés grâce au gain d’efficacité. La Suisse ne doit plus croire au mythe selon lequel elle ferait trop peu pour le climat. Notre version «de luxe» de la protection du climat ne trouvera sans doute aucun émule dans le monde et suscite en Suisse même un scepticisme grandissant et bien compréhensible. Emissions de gaz à effet de serre en comparaison internationale 0,63 0,7 0,75 0,8 0,79 0,9 0,78 kg par USD de PIB 0,07 0,14 0,1 0,13 0,17 0,21 0,20 0,2 0,23 0,25 0,24 0,26 0,30 0,3 0,29 0,4 0,40 0,43 0,44 0,43 0,5 0,45 0,47 0,6 0,0 5 ie e e e e e d e e e e a il g n ie n d is ie ie ss hin Su Ira ral nd Ind ad Su Un po our gn E-1 tal ich gn rés nc èd iss op Ru . C du 23. Aust mo 41. . Can e du ats- 5. Ja emb lema U 89. I Autr reta 5. B 4. Fra 8. Su . Su Ethi 2 t B [ 0 l . . 6 4 é 1 x 15. 16 que 2 . E 3 1 5 A 1 1 4 Cor 0. 1 139 9 nde 37 . Lu 82. 5 fri . ra 70 .A 46 .G 18 9 9 99,9% E n 2014, la Suisse a importé au ­total 11,3 millions de tonnes de pétrole brut et de produits finis. Si l’importation de produits finis (conditionnée par la demande plus faible en mazout) a diminué de près de 16%, les importations de pétrole brut ont légèrement augmenté. Plus de 70% du pétrole brut importé provenait de Libye (29,8%), du Nigeria (22,0%) et du Kazakhstan (19,7%). 99,9% des produits finis provenaient de l’UE. Plus de la moitié des produits importés en 2014 venaient d’Allemagne. Les groupes de produits les plus importants ont été le gasoil (mazout et diesel) avec près de 3 millions de tonnes devant le kérosène (1,6 million de tonnes) et l’essence automobile (1,3 million de tonnes). L’année précédente, environ 2,7 millions de tonnes de produits finis ont été acheminés par rail vers la Suisse. Plus des trois quarts de ces importations provenaient d’Allemagne et environ 9% d’Italie et de Belgique. En rapport avec son produit intérieur brut, la Suisse est l’un des pays du monde ayant les plus faibles émissions de gaz à effet de serre. Source: OFEV (2014): Indicateurs de l’évolution des gaz à effet de serre en Suisse Moyens de transport par lesquels les produits finis sont arrivés en Suisse 99,9% des produits finis importés en 2014 provenaient de l’UE* (en tonnes) de la France des Pays-Bas de lʼItalie de lʼAllemagne 2 030 922 t 277 t par chemin de fer 188 907 t 242 978 t 69 820 t par camion 572 039 t 1 035 538 t d’autres pays de l’UE de Belgique/ Luxembourg 10 469 t 233 032 t 132 857 t 4508 t 17 252 t 11 130 t 753 216 t par bateau 324 763 t 702 658 t par pipeline Source: Administration fédérale des douanes * C’est le moyen de transport utilisé au passage de la frontière qui fait foi. Les importations par voie aérienne ne sont pas représentées sur ce graphique. Au total, 2,1 millions de tonnes de produits finis ont été déchargés dans les ports rhénans de Bâle (cf. à ce sujet page 5). Cela correspond à un recul de plus de 30% par rapport à l’année précédente. Ce recul est lié principalement à la diminution de la demande en huile de chauffage extra-légère ­durant l’année précédente. Sur le territoire suisse, le transport des produits finis depuis les ports rhénans des deux cantons de Bâle a été effectué à 60,5% par rail et à 39,5% par route. Le rapport annuel 2014 de l’Union Pétrolière contient d’autres chiffres et faits relatifs à l’économie pétrolière. Le rapport annuel 2014 peut être téléchargé en français et en allemand sur notre site www.petrole.ch (PDF ) ou commandé en version papier auprès de l’Union Pétrolière ([email protected]). 3 Pétrosphère No 3 / Septembre 2015 Voyage de presse 2015 dédié à la sécurité d’approvisionnement En juillet 2015, l’Union Pétrolière a organisé un voyage de presse à l’intention des journalistes de Suisse romande. Le groupe a fait halte chez Sappro SA à Vernier, exploitant du pipeline à produits pétroliers, et chez Saraco SA, qui est responsable du système d’avitaillement des avions à l’aéroport de Genève. Ce voyage d’information était clôturé par la visite de TAU Tanklager Auhafen SA, à Muttenz. Les principales voies d’importation de pétrole brut et de produits pétroliers en Suisse par bateau par chemin de fer par camion par pipeline raffinerie A A Schaffhouse Kreuzlingen Importations en 2014 par moyen de transport* 50,1% par pipeline 23,5% par chemin de fer A Oléoduc du Jura Neuchâtelois (pétrole brut de Marseille à Cressier) Bâle Cressier B Sappro (produits pétroliers de Marseille à Vernier) Vernier B B Chiasso 18,7% par bateau Oléoduc du Rhône (pétrole brut de Gênes à Collombey) 7,7% par camion * Les importations par voie aérienne ne sont pas représentées en raison du volume très faible (moins de 0,1%). C e voyage de presse a permis de démontrer que la sécurité énergétique de la Suisse n’est pas menacée, même après la fermeture tempo­ raire de la raffinerie de Collombey (VS). Tandis que le pétrole brut est livré exclusivement par oléoduc, les produits ­pétroliers sont acheminés dans notre pays aussi bien par le rail que par ­bateaux, camions-citernes ou pipeline. Les moyens de transport assurant les Le réseau de canalisations de la société Sappro SA s’étend sur près de 11 kilomètres et assure le transport des différents produits vers les citernes de stockage correspondantes. Photo: UP 4 importations de produits sont donc largement interchangeables. Les goulets d’étranglement (par exemple crue ou étiage trop bas du Rhin, ou grève des chemins de fer) peuvent être compensés par un transfert vers un autre moyen de transport. La multiplicité des points de passage de la frontière utilisables dans notre pays (p. ex. Bâle, Genève ou Stabio) augmente encore la flexibi­lité. En 2014, 6,2% des produits finis importés en Suisse ont été acheminés par pipeline. Sappro SA (Société du pipeline à produits pétroliers sur territoire genevois) exploite depuis 1967 une canali­ sation reliant la Suisse au pipeline Méditerranée Rhône, qui s’étend de Lavéra (près de Marseille) à Saint-Julien via Lyon et aboutit au terminal de Vernier. Sappro SA assume la responsabilité des 12 derniers kilomètres – ceux situés sur territoire suisse – de ce pipeline qui en totalise à peu près 600. Outre le mazout et les carburants, du kérosène est acheminé en Suisse par ce moyen. Actuellement, le transport de biocarburants par le pipeline Sappro n’est pas autorisé. Les différents groupes de produits se distinguent les uns des autres par leur densité. C’est suffisant pour qu’ils ne se mélangent pas, abstraction faite d’une zone de mélange entre chaque «pack de produits». Ces packs sont pompés à haute pression de Marseille en direction de la Suisse. Les produits arrivent au terminal de Vernier en l’espace d’une semaine. En 2014, près de 900 000 tonnes de produits finis ont été acheminées en Suisse par ce moyen. Thomas Uriot, ­directeur de Sappro SA, s’attend à ce que les importations augmentent de 10% suite à la fermeture de la raffinerie de Collombey. Il n’y a cependant pas de quoi s’alarmer, car comme son débit est réduit pendant la nuit et le weekend, le pipeline n’est exploité qu’au tiers de sa capacité maximale. Il y a donc de la marge. Selon Thomas Uriot, un allongement des temps d’exploitation ne n ­ uirait nullement à la sécurité. La mise à disposition écologique et sûre des produits est prioritaire pour Sappro, raison pour laquelle Thomas Uriot en personne ­effectue régulièrement des contrôles à vélo tout le long du pipeline. Pétrosphère No 3 / Septembre 2015 La société TAU Tanklager Auhafen SA a été fondée en 2012. Basée à Muttenz, elle est issue de la fusion des ­sociétés AVIA SA et Tankanlagen Auhafen SA. Elle emploie 27 collaborateurs. 134 réservoirs, représentant une capacité totale de près de 530 000 m³, sont à disposition pour le stockage et le transbordement de produits pétroliers (mazout, diesel, essence). 90% des produits sont livrés par péniches sur le Rhin, les 10% restants étant acheminés par le rail. Le transport des produits vers les dépôts indigènes s’effectue par chemin de fer, alors que les clients en bout de chaîne (stations-service, livraisons de mazout) Olivier Waldner sont approvisionnés par camions-ciDirecteur de TAU ternes. Tanklager Auhafen SA Photo: UP Pétrosphère: Quels sont les thèmes d’actualité dans l’agenda de TAU Tanklager Auhafen SA? Olivier Waldner: Nous sommes en train de conclure deux grands projets qui nous ont occupés pendant trois ans. Il s’agit d’une part de l’assainissement du revêtement de divers bacs de rétention destinés à recueillir les hydrocarbures en cas d’avarie. D’autre part, nous avons entièrement remplacé le système de mesure assurant la saisie correcte des quan­ tités de produits déstockés. Des matières dangereuses sont stockées dans votre dépôt d’hydrocarbures. Quelles sont les mesures de sécurité prises pour prévenir par exemple les incendies ou le débordement de réservoirs? O. W.: En raison des quantités de produits dangereux stockées chez nous, notre entreprise est soumise à l’ordonnance sur les accidents majeurs. Cela nous oblige à prévoir les mesures adéquates. Il est essentiel que les prescriptions de ­sécurité soient scrupuleusement observées. Nos réservoirs sont ­équipés de dispositifs d’arrosage stationnaires qui, en cas d’incen­die, sont alimentés par notre propre station de pompage de l’eau du Rhin. Les tests et exercices réguliers du ­service d’intervention constituent un élément de prévention ­important. Pour prévenir le débordement de réservoirs, il faut d’une part un bon planning des espaces vides. Chaque réservoir est muni en outre de sondes à autosurveillance, qui interrompent automatiquement le remplissage lorsqu’elles sont sollicitées. La fermeture de la raffinerie de Collombey VS a remis la sécu­ rité d’approvisionnement au centre des préoccupations. Cela a-t-il déjà eu un effet sur vos taux de roulement pendant les deux premiers trimestres de 2015? O. W.: Nous avons constaté une augmentation des taux de roulement au cours des deux premiers trimestres de 2015. La fermeture de la raffinerie de Collombey y a certainement contribué. D’autre part, le niveau du Rhin a été constamment favorable à la navigation pendant cette période, ce qui a permis aux bateaux de naviguer à pleine charge. La crue du Rhin a provoqué des interruptions du trafic fluvial au cours du printemps. Les ports rhénans sont-ils vraiment en mesure de garantir l’approvisionnement de la Suisse en produits pétroliers? O. W.: Les interruptions de trafic dues aux crues du Rhin n’ont jamais duré plus de quelques jours. Elles ne mettent pas en péril l’approvisionnement de la Suisse, car les stocks de notre pays sont suffisants pour y faire face. La fermeture de Collombey a montré que vous pouviez réagir rapidement. Où voyez-vous les limites de capacité de TAU Tanklager? O. W.: Nous travaillons actuellement en deux équipes, cinq jours et demi par semaine (samedi matin inclus). A l’étranger, les parcs de réservoirs sont exploités normalement six jours par semaine et 24 heures sur 24. L’allongement des temps d’exploitation et les optimisations supplémentaires nous offrent la possibilité d’augmenter considérablement notre capacité de transbordement. Photo: UP De Vernier, le kérosène (Jet A-1) est transporté par pipeline à l’aéroport de Genève, où la société Saraco SA (Geneva Fuelling Services) est responsable de l’avitaillement des avions. Près de 470 millions de litres de kérosène ont été livrés ainsi en 2014. Les carburants sont stockés dans six citernes enterrées, dont la capacité totale de 3,1 millions de litres garantit une autonomie de 1,5 jour même en cas de goulet d’étranglement des livraisons pendant la haute ­saison des vols charters. Abstraction faite des basses émissions de CO₂ par tonne-­ kilomètre, quels sont les avantages du transport fluvial sur le Rhin par rapport à d’autres moyens de transport? O. W.: Le Rhin est le seul axe de transport qui est encore loin d’avoir atteint sa limite de capacité. Contrairement à nos autoroutes, qui sont déjà proches de la saturation. Le trafic ferroviaire, lui aussi, ne dispose plus que d’une très faible capacité d’extension. De plus, une péniche sur le Rhin permet de transporter, de manière écologique, l’équivalent de 100 camions-­ citernes ou de deux trains de vingt wagons-citernes chacun. Merci de nous avoir accordé cet entretien. Vous trouverez d’autres informations sur le site www.tau-ag.ch 5 Pétrosphère No 3 / Septembre 2015 Vérités réconfortantes sur les perspectives de la Suisse La suppression du taux plancher de l’euro par la Banque nationale, le 15 janvier 2015, et ses conséquences attendues pour la Suisse et l’industrie pétrolière ont été au cœur de l’assemblée générale de l’Union Pétrolière de cette année. Dans son exposé, Beat Kappeler s’est montré confiant. Selon lui, l’économie suisse se porte toujours bien en dépit du délabrement durable des monnaies des pays partenaires. B ien que le pétrole brut et les produits pétroliers se négocient en dollars, l’industrie pétrolière a ressenti très rapidement la suppression du taux plancher de l’euro. La réévaluation brutale du franc – de près de 15% – a immédiatement inversé le mouvement de «tourisme à la pompe» entre la Suisse et les pays voisins (voir encadré). Rolf Hartl, président de l’Union Pétrolière, a rappelé que le taux de change Beat Kappeler, conférencier invité lors de l’assemblée générale 2015, considère que les chances de pouvoir augmenter la productivité sont intactes; une manière efficace de digérer le ­dernier choc monétaire. Photo: UP Tourisme à la pompe Dans les régions limitrophes de la Suisse, la concurrence entre stations-­ service est transfrontalière. Quand le carburant est moins cher en Suisse, l’afflux de clients étrangers peut entraîner des hausses de chiffres d’affaires considérables. Mais si cet avantage concurrentiel disparaît (comme cela s’est produit suite à la suppression du taux plancher de ­l’euro), le mouvement s’inverse au profit des ­stations-service situées de l’autre côté ­de la frontière. 6 entre l’euro et le franc suisse atteignait parfois 1.65 il y a huit ou dix ans. A l’époque, les pleins de carburant faits par des automobilistes frontaliers représentaient 10 à 15% des ventes d’essence en Suisse. Ce temps est révolu! Un coup d’œil sur l’évolution des ventes dans les régions frontalières depuis le début de l’année permet de constater que les stations-service enregistrent parfois des taux de baisse à deux chiffres. Ça et là, la branche de ces ­régions limitrophes a réagi en limant ses marges jusqu’à la limite, mais cette évolution n’en a pas moins une influence négative sur les résultats de l’industrie pétrolière. Rolf Hartl attire l’attention sur le fait que la Confédération fait partie des perdants, puisque pour chaque litre de carburant non vendu en Suisse, la caisse fédérale est privée de 75 centimes de taxes sur les huiles minérales. Au Parlement, la conseillère fédérale Widmer-Schlumpf a chiffré la perte de recettes consécutive à la baisse de perception de ces taxes entre 200 et 300 millions de francs. Selon Rolf Hartl, la Confédération doit revoir d’urgence sa politique fiscale concernant les carburants. Les projets comme la hausse de six centimes par litre de la taxe sur les huiles minérales dans le cadre du ­F ORTA seraient inopportuns. Il s’agit aujourd’hui d’alléger la charge reposant sur les consommateurs et l’économie. Une augmentation de la taxe sur les carburants serait toxique pour la place économique suisse. La Suisse est incontestablement placée face à de grands défis. Ceux-ci ne sont toutefois pas insurmontables, comme l’a expliqué Beat Kappeler, le conférencier invité de cette année, en présentant ses «sept vérités réconfortantes». La conclusion de Beat Kappeler, pour qui la richesse d’un pays ne se construit pas «malgré, mais grâce à sa carence en matières premières (pétrole, charbon)», était d’un intérêt tout particulier pour l’industrie pétrolière. En effet, les prix des matières premières ont la plupart du temps baissé, au cours des 100 dernières années, par rapport à ceux des produits industriels. Les pays comme la Suisse, qui ont pu acheter leurs m ­ atières premières à bon compte, se concentrer sur la production industrielle et vivre de leurs exportations, s’en sont mieux sortis. Contrairement aux pays riches en matières premières, dont l’industrie n’existe guère. Pour Beat Kappeler, la solidité du franc «booste» non seulement celui-ci depuis 1971, elle porte également des fruits. Sa dernière appréciation a entraîné en un an une baisse de 9,9% des prix des importations. La chute du prix du pétrole, l’année dernière, a également contribué à une baisse considérable des coûts. Beat Kappeler a également relevé les autres points forts de notre économie, comme la faible imposition des entreprises ou un partenariat social ­ fonctionnant bien dans la plupart des cas. Grâce à sa stabilité politique et à sa ­sécurité juridique, la Suisse est devenue, au cours des 200 années écoulées, une plaque tournante mondiale des matières premières. Le conférencier considère que le marché de l’emploi est l’élément essentiel de notre compétitivité, avec une proportion record (plus de 82%) de personnes en âge de travailler. Il se félicite notamment que l’apprentissage rende les jeunes «employables» dès l’âge de 20 ans. Malgré ces perspectives rassurantes, Beat Kappeler indique que «la croissance horizontale que nous avons connue jusqu’à présent, avec toujours plus d’emplois mais pas d’amélioration de la performance par individu», est révolue. Mais les chances de pouvoir augmenter la productivité seraient en revanche intactes. Le texte intégral des discours prononcés lors de l’assemblée générale 2015 est disponible sur Internet. www.erdoel.ch/fr/evenements/ assemblee-generale Pétrosphère No 3 / Septembre 2015 Les énergies fossiles continuent de donner le ton Du côté de la demande, la consommation mondiale d’énergie primaire a certes légèrement augmenté en 2014 par rapport à l’année précédente, mais elle est cependant r­ estée bien en dessous de la moyenne de ces dix dernières ­années. L’année dernière, la demande avait été marquée par un affaiblisse­ ment de la conjoncture internationale, l­ e ralentissement de la croissance économique en Chine exerçant notamment un ­effet amortissant. L e document BP Statistical Review of World Energy de juin 2015 donne un aperçu condensé de l’état actuel du paysage énergétique mondial: en 2014, la consommation mondiale d’énergie primaire s’est élevée à 12 928,4 millions de tonnes d’équivalent pétrole. Cela représente certes une hausse de 0,9% par rapport à l’année précédente, mais celleci est largement inférieure à la moyenne sur dix ans de 2,1%. Tandis que la consommation a continué à régresser dans les pays de l’OCDE, les pays non-membres de l’OCDE ont vu leur consommation augmenter de 2,4% et leur part s’élève désormais à 57,5%. En matière de consommation de pétrole également, la part des pays non-membres de l’OCDE représente, pour la deuxième année consécutive, plus de la moitié de la consommation mondiale. L’observation de la structure de la consommation d’énergie primaire donne d’intéressants résultats – notamment lorsque l’on tient compte de l’évolution des deux dernières décennies: en 2014, les sources d’énergie fossile (pétrole, gaz naturel et charbon) représentaient 86,3%, une valeur quasiment inchangée par rapport à 1994 (87,5%). En revanche, leur structure s’est transformée. En 2014, le pétrole est resté l’agent énergétique le plus important dans la consommation mondiale d’énergie (32,6%), mais, pour la quinzième année consécutive, il a perdu des parts de marché (1994: 38,5%). Le gaz naturel et le charbon ont enregistré chacun ces 20 dernières années une croissance d’environ 40% (à peine 24% pour le pétrole). Sur la même période, la proportion de charbon dans l’énergie primaire consommée est donc passée d’un quart à 30%. Bien que la Chine ait vu sa consommation d’énergie faiblir l’année dernière, plus de la moitié de la consommation mondiale de charbon lui est imputée. Consommation d’énergie primaire La part de l’énergie nucléaire dans la consommation mondiale a globalement régressé ces 20 dernières années. En valeur absolue, l’énergie nucléaire a cependant progressé d’environ 12%. En 2014, elle a même connu pour la deuxième année consécutive un taux de croissance supérieur à la moyenne (hausse de 1,8% par rapport à 2013). Il est intéressant de noter que l’année dernière, pour la première fois depuis 2009, la proportion d’énergie nucléaire dans le mix d’énergies primaires a de nouveau augmenté, s’établissant à 4,4%. Cette augmentation est due notamment à la Corée du Sud, la Chine et la France.¹ La part des nouvelles énergies renouvelables (éolienne, géothermique, solaire, biomasse et déchets) dans la consommation mondiale s’est élevée, l’année dernière, à 2,5%. Par rapport à 2013, cela représente une augmentation de 12%. Les nouvelles énergies renouvelables sont appelées à voir leur part s’amplifier de manière continue ces prochaines années. Au début des années 2020, leur part sera plus importante que celle de l’énergie nucléaire et, au début des années 2030, elle devancera l'énergie hydraulique, également renouvelable. La contribution des sources d’énergie fossiles dans la consommation d’énergie primaire continuera à diminuer. En 2035, le pétrole, le gaz naturel et le charbon seront toujours les agents énergétiques dominants, avec 81%.² 1 BP Statistical Review of World Energy, June 2015 2 BP (2015): Energy Outlook 2035: www.bp.com/content/dam/bp/pdf/ Energy-economics/energy-outlook-2015/Energy_Outlook_2035_booklet.pdf NOUVEAU: www.movi-mento.ch L’Union Pétrolière a lancé, début septembre 2015, une nouvelle offensive de communication: www.movi-mento.ch. L’élément central de movi-mento.ch est l’«homme animé», avec ses besoins individuels de mobilité. L’industrie pétrolière couvre ces besoins à maints égards, à commencer ­naturellement avec l’essence et le diesel, qui constituent toujours les forces motrices de notre mobilité individuelle. 2014 en mio t d’équivalent pétrole pétrole gaz naturel énergie hydraulique Total: 8366,8 charbon énergie nucléaire pétrole gaz naturel énergies renouvelables Total: 12 928,4 charbon énergie nucléaire 316,9/2,5% 879,0/6,8% 574,0/4,4% 3881,8/30,0% 3065,5/23,7% 4211,1/32,6% 540,4/6,5% 504,2/6,0% 2230,2/26,6% 1875,3/22,4% 3216,7/38,5% 1994 énergie hydraulique Source: BP 7 Pétrosphère No 3 / Septembre 2015 SPOTS Nouvelle augmentation de la taxe CO₂ sur les carburants Le 3 juillet 2015, le Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC) faisait savoir qu’à partir du 1er janvier 2016, la taxe CO₂ sur les combustibles fossiles sera augmentée de 60 à 84 francs par tonne de CO₂. «L’objectif de réduction n’a pas été atteint», faisait observer le DETEC dans son communiqué, estimant par ailleurs que cette augmentation va renforcer l’effet inci­ tatif de la taxe pour réduire l’utilisation de combustibles ­fossiles et encourager le recours aux énergies renouvelables. L a statistique sur le CO₂, publiée le même jour par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), montre que les émissions de CO₂ provenant aussi bien des combustibles que des carburants ont baissé entre 2013 et 2014 (voir graphique). Les émissions de CO₂ des combustibles avec correction climatique pour l’année 2014 représentent 78,5% de celles de 1990. Si l’objectif intermédiaire de 78% avait été atteint, l’augmentation se serait limitée à 12 francs par tonne de CO₂ selon les dispositions prévues par l’ordonnance. Et pour éviter toute hausse, il eût fallu que la valeur intermédiaire se limite à 76% de celle de 1990. Extrapolée à un litre mazout, l’augmentation annoncée implique un surcoût passant de 16 à 22 centimes, ou de 12 à 17 centimes par mètre cube de gaz naturel. En janvier 2014, la taxe sur le CO₂ avait déjà été augmentée de 36 à 60 francs par tonne de CO₂. Certains importateurs d’huiles minérales ont fait opposition à cette augmentation, arguant que la base statistique de ce prélèvement n’est pas compréhensible. La procédure est encore en cours. Un tiers du produit de la taxe sur le CO₂, jusqu’à concurrence de 300 millions de francs, est consacré au programme prévoyant des mesures de réduction des émissions de CO₂ des bâtiments. Il est prévu qu’environ 650 millions de francs soient redistribués à la population par les caisses maladie et réinjectés dans l’économie par le truchement de l’AVS. Statistique sur le CO₂: émissions des combustibles et carburants en mio t de CO2 30 25 23,4 20 15 18,4 17,1 15,5 10 5 0 90 992 994 996 998 000 002 004 006 008 010 012 014 016 018 020 1 1 2 1 2 2 1 2 2 2 2 2 2 2 2 19 Emissions provenant des carburants Emissions provenant des combustibles (avec correction climatique) Valeurs seuils pour l’adaptation de la taxe CO₂ aux combustibles Source: OFEV Examens de fin d’apprentissage réussis Toutes nos félicitations à Sima Yeganeh et Willow Metzger, qui ont accompli avec succès leur apprentissage d’employé de commerce à l’Union Pétrolière. Nous leur souhaitons beaucoup de réussite dans leur avenir per­sonnel et professionnel. L e réseau d’entreprises formatrices de l’Union Pétrolière comprend quatre sociétés pétrolières de la région zurichoise qui unissent leurs efforts dans la formation des Willow Metzger et Sima Yeganeh. 8 Photo: UP ­ pprentis. Ceux-ci ont travaillé pendant un an a chez Carbura (l’organisation de stockage obligatoire de la branche des huiles minérales en Suisse), puis chez Socar Energy Switzerland, à l’Union Pétrolière ou chez le négociant en ­mazout Gerber, Energie & Logistik AG. Ils ont ­acquis ainsi, au cours de leur trois ans d’apprentissage, une expérience professionnelle variée et une vision élargie de l’industrie pétrolière. Leur domaine d’activité englobait entre autres la vente de mazout, la comptabilité fournisseurs, l’établissement de présentations, l’aide lors de l’organisation et de l’administration d’événements, ainsi que les tâches commerciales générales. Informations complémentaires sur le réseau d’entreprises formatrices sur www.erdoel.ch/de/ueber-uns/ lehrbetriebsverbund Impressum Tirage Allemand37 500 Français 12 200 Italien 3 100 Rédaction Francesca Romano Roland Bilang Contact Union Pétrolière Spitalgasse 5, 8001 Zurich Tél.044 218 50 10 Fax 044 218 50 11 [email protected] www.petrole.ch