spirituels que nous pouvons imaginer. Nous n’avons pas besoin de séduire Dieu ; il est
déjà séduit, avant même que nous ne le sachions. Nous ne sommes pas chrétiens
quand nous restons sur nos péchés, en nous repliant sur nous-mêmes, car alors nous
donnons plus d’importance au mal qu’à l’amour de Dieu, au péché qu’à la
rédemption offerte par le Christ. Or le péché n’a aucun poids devant l’amour de
Dieu : «
Allons ! Discutons ! dit Yahvé. Quand vos péchés seraient comme l'écarlate,
comme neige ils blanchiront ; quand ils seraient rouges comme la pourpre, comme
laine ils deviendront.
» (
Is
1, 18)
Thérèse de l’Enfant Jésus l’avait parfaitement compris. C’est un des messages qu’elle
nous répète : «
Si j’avais commis tous les crimes possibles, j’aurais toujours la même confiance.
Je sens que cette multitude d’offenses serait comme une goutte d’eau jetée dans un brasier
ardent. »
Tout cela ne veut pas dire que le péché n’est pas grave et qu’il est indifférent de pécher
ou pas. Bien sûr que non : le péché reste une catastrophe dans nos vies, puisqu’il nous sépare
de Dieu. Mais il y a plus grave encore : c’est le « péché du péché » ; c’est de ne pas oser revenir
vers Dieu à cause de lui. Et le génie de Dieu, c’est de se servir de ce qui devrait nous conduire au
néant pour nous faire découvrir son vrai visage : il tire d’un mal un plus grand bien, il en fait une
chance ; et lui seul est capable de le faire. Le péché nous cache Dieu ; mais la miséricorde de
Dieu transforme ce chemin vers la mort en un chemin où nous pouvons mieux le découvrir, à
condition de nous laisser faire par son amour.
Le sacrifice et la mort de Jésus n'ont certes pas aboli notre faculté de pécher, mais ils ont
produit une faculté autrement vertigineuse : celle de pouvoir nous approcher de Dieu en lui
disant :
« Père, j'ai péché contre Toi »
, mais je sais que Tu es mon Père, que Tu le restes et que
je reste ton enfant. Et l'accès à notre Père, qui nous est ouvert par Jésus, ne peut être fermé.
Nous seuls pouvons ne pas vouloir nous approcher, ne pas oser par manque de foi. Le Père, en
aucun cas, ne nous rejette :
« Mes petits enfants... il ne faut pas pécher... mais si nous
péchons... allons à notre Avocat... Il est auprès du Père. »
(cf.
Jn
11) En allant à notre Avocat,
nous sommes d'emblée auprès du Père. C'est là l'astuce de la Miséricorde de Dieu en nous
donnant Jésus, en faisant que son Verbe devienne homme. Il n'y a aucune distance entre lui et
le Père, et il n'y en a aucune entre lui et nous.
Se reconnaître pécheur et confesser son péché est la condition indispensable pour
vraiment découvrir Dieu, et donc entrer dans son Royaume. Dans l’Évangile, la phrase centrale
nous faisant comprendre cela est :
« Je ne suis pas venu pour les justes, mais pour les
pécheurs. »
(
Mt
9, 13) En nous reconnaissant pécheurs, nous reconnaissons notre besoin d’être
sauvés, nous reconnaissons que le Christ est notre Sauveur, nous découvrons la miséricorde du
Père. En nous croyant justes, nous n’avons pas besoin de Sauveur, nous n’avons pas besoin du
Christ, nous n’avons pas besoin d’être sauvés, nous ne le sommes donc pas, et nous ne pouvons
entrer dans son Royaume, puisque le Christ est le Royaume de Dieu lui-même. Les chrétiens les