40 Moyen-Orient 05 • Avril - Mai 2010
Les Arabes israéliens : un enjeu pour Israël et le futur État palestinien
D O S S I E R
En revanche, le vote arabe pour le Parti national
religieux peut apparaître plus étonnant, puisque
ce parti fut le fer de lance de la colonisation des
Territoires occupés à partir de 1967. En fait, ce
vote répondait à une logique clientéliste. Le
Parti national religieux, parti pilier de la coali-
tion gouvernementale, détenait des portefeuilles
ministériels protables aux intérêts des Arabes :
l’Intérieur, l’Éducation et les Aaires religieuses.
Le ministère de l’Intérieur décide en eet pres-
que à discrétion de l’allocation des budgets pour
les municipalités, et avoir de bonnes connexions
au sein de ce ministère était donc important pour
les municipalités arabes. De la même façon, avoir
des contacts au sein du ministère de l’Éducation
intéressait les Arabes, car la majorité des diplômés
arabes sont recrutés dans le secteur d’éducation en
langue arabe. La même logique clientéliste s’ap-
plique au ministère des Aaires religieuses, qui
nance la construction de mosquées en Israël et
paie le salaire de certains imams.
À partir du milieu des années 1980, les choses
changent radicalement, puisque les Arabes com-
mencent à voter pour des partis nationalistes
palestiniens, c’est-à-dire des partis qui rejeent
l’identité d’« Arabes israéliens » et revendiquent
l’appartenance à la nation palestinienne et le sta-
tut de minorité nationale palestinienne en Israël.
Jusqu’à cee date, il n’existait qu’un parti protes-
tataire parmi la population arabe, le Parti commu-
niste israélien. Il n’était pas formellement arabe,
la direction étant juive, mais la base militante et
les électeurs dans leur écrasante majorité étaient
arabes. En tant que parti antisioniste, il rencontrait
peu de succès parmi la population juive et, pla-
fonnant à moins de 30 % des voix, il ne faisait pas
concurrence aux partis du consensus sioniste dans
la population arabe. Au milieu des années 1980,
émergent, à côté du parti communiste, de nou-
veaux partis qui font une large place à l’identité
palestinienne en se réappropriant le discours na-
tionaliste de l’OLP. Toutefois, ils soulignent qu’ils
ne souhaitent pas l’anéantissement d’Israël, mais
l’égalité totale entre Juifs et Arabes en Israël, d’une
part, et l’établissement d’un État palestinien dans
les frontières de 1967, d’autre part. Aux dernières
élections de 2009, 82 % des Arabes en Israël ont
voté pour ces partis que l’ont peut qualier de na-
tionalistes palestiniens, dans lesquels on compte
le parti communiste ; aux élections précédentes
de 2003 et 2006, ils étaient 75 %. Ces chires tra-
duisent une tendance lourde, révélant un vote de
contestation de la population arabe d’Israël.
Aujourd’hui, trois grandes listes recueillent
leurs voix : la Liste arabe unie pour le renou-
veau (Raam-Taal en hébreu), qui est une coalition
Les partis politiques israéliens
Le Parlement israélien, ou Knesset, compte 120 députés, élus à la
proportionnelle intégrale, même si la loi électorale de 1992, entrée
en vigueur en 1996, a institué le vote direct pour le Premier minis-
tre. Le vote arabe se concentre à 40 % sur les partis du consensus
sioniste et à 60 % sur les partis judéo-arabes (Hadash) et les listes
« ethniques » arabes. La Knesset issue des élections de 2009 compte
107 députés juifs, 9 arabes et 4 druzes (dont 3 élus sur des listes du
consensus sioniste Likoud, Kadima et Israel Beytenou).
Partis du consensus sioniste (de droite)
Likoud
Né en 1974 de la fusion entre le mouvement de
droiteHerout,lePartilibéraletd’autresformations
decentredroit,leLikoud(acronymede«Blocnatio-
naldeslibertés»)estaujourd’huileprincipalreprésentantdeladroite
israélienne,partisandel’économiedemarchéetdéfenseurdumaintien
deJérusalem«indivisible»etdesprincipauxcentresjuifsdeCisjor-
daniesoussouverainetéisraélienne.Majoritairepourlapremièrefois
àlaKnesseten1977(gouvernementMenahemBegin(1977-1983)),
ilformesousladirectiondeBenyaminNetanyahoudepuislesélec-
tionsdu24février2009unecoalitionavecIsraelBeytenou,Habayit
Hayehoudi, Shas,Yahdout Hatorah et le Parti travailliste. Un Druze
israélien,AyoubKara,faitpartiedes27députésduLikoud.
Israel Beytenou
Lepartinationalisterussophone«Israël,notremai-
son»,crééen1999parAvigdorLieberman,aob-
tenu15siègesauxélectionsde2009,cequienfaitlatroisièmeforce
politiquedupaysetapermisàsonfondateurd’occuperlepostede
ministredesAffairesétrangères.Endépitdesesdiatribesantiarabes,le
particompteunDruzeisraélien,HamadAmar,parmisesdéputés.
Shas
Acronyme des « Gardiens séfarades de laTorah », il fut
fondéen 1984 par des Séfaradesultraorthodoxes.Ils re-
vendiquentuneréparationpourlesdiscriminationssubies
parlesSéfaradesenIsraëletprônentleretouràl’âged’or
dujudaïsme.11membresduShassiègentaujourd’huiau
Parlementisraélien,contre4lorsdeleurpremièreparticipationélec-
toraleen1984.
Ichud Leumi
Fondéen1999,ceparti(littéralement«Unionnatio-
nale » en hébreu) formait jusqu’en 2003 un groupe
parlementaire avec Israel Beytenou. Il s’en sépare
en2006etcompteaujourd’hui4députés.
Yahdout Hatorah
Legroupeparlementaire«JudaïsmeuniédelaTorah»,quicompte
5membres,réunitdeuxpartisultraorthodoxesashkénazes:Agoudat
Yisrael(«Rassemblementd’Israël»)etDeguelHatorah(«Drapeaude
laTorah»)quidéfendentlecaractèrereligieuxdel’Étatets’engagent
pour l’obtention d’aides gouvernementales à la communauté ultra-
orthodoxe.
Habayit Hayehoudi (Mafdal)
C’estsouscenouveaunomques’estprésentéaux
dernières élections législatives le Mafdal, le Parti
national religieux. De tendance sioniste, le parti,
adeptedu«GrandIsraël»,s’estopposéauxaccordsd’Osloetsou-
tientlacolonisationdesTerritoiresoccupés.Ilcompte actuellement
3députés.