larci er 11
Préface
dante du niveau de richesse des pays de distribution. Et l’on aurait une
certaine ouverture à la concurrence. Notre auteur relève une tendance
nouvelle de la Cour suprême des États-Unis qui a commencé à limiter
les droits de propriété intellectuelle. Et – ce qui est peut-être plus
prometteur – une évolution des laboratoires eux-mêmes qui pense-
raient qu’un système fort de propriété intellectuelle n’est pas nécessai-
rement le meilleur moyen de favoriser l’innovation.
Espoir utopique ? Autant qu’il nous en souvienne, c’est l’économiste
Stiglitz, prix Nobel d’économie, qui n’a pas hésité à affirmer que les
pauvres n’étaient pas le problème, mais la solution. Pour une raison
économique : même en matière de santé, il faut élargir les marchés.
Et, raison propre à la santé : compte tenu des déplacements de popula-
tion et de l’accélération des activités, une épidémie dans un pays peut
devenir vite une épidémie mondiale à laquelle n’échapperaient même
pas les villes et les sites protégés (les gated communities). Donc, il en
sera bientôt de la santé comme de l’environnement : un souci commun
de l’humanité.
Ceci dit, le plus convaincant travail de l’auteur est consacré aux
détournements auxquels donnent lieu les brevets, dont la finalité, dit-
elle, est souvent transformée en un outil d’assurance de l’investissement
au lieu d’être un instrument au service de l’innovation. Les promesses et
les engagements ne manquent pas. Les références au « droit à la santé »
sont impressionnantes. Mais, comme elle l’écrit, « ce qui est concédé
sur un terrain… est récupéré au centuple sur un autre ». La paralysie du
droit au médicament est, par exemple, réalisée au niveau de la rétention
douanière…
En réalité, les détournements du droit de brevet en matière de médi-
caments nous choquent particulièrement parce qu’ils concernent la
santé, condition « substantielle » de la vie des personnes juridiques, sans
aller jusqu’à leur bonheur, objectif ambitieux de la Constitution du pays
guide de la mondialisation, les États-Unis. Mais ils sont évidemment
liés à la propriété intellectuelle en général. Nous sommes en présence
d’un détournement général de la propriété intellectuelle. Evidemment,
les brevets de protection (on ne détient pas encore l’innovation, mais le
laboratoire travaille dessus), qui protègent l’invention éventuelle contre
un concurrent qui serait plus rapide, nous scandalisent compte tenu de
leur objet. Mais c’est une pratique absolument générale. Et une pratique