
Logique 5
l’expression ‘A est une loi logique’. On a donc :
|=Assi M |=A, pour tout modèle M.
B1. Quand on fait varier l’interprétation d’une phrase, on ne fait pas varier
l’interprétation de toutes ses composantes. Des expressions comme ‘est’, ‘ou’, ‘il
n’est pas vrai que’, ‘tous’, ‘et’, etc. s’interprètent toujours de la même manière
dans tous les mondes possibles. Pour cette raison, on les considère comme
des expressions logiques. D’autre part, des expressions qui, comme ‘neige’,
‘corbeau’, ‘noir’, etc. peuvent recevoir diverses interprétations, dans ce monde-ci
ou dans d’autres mondes, sont des expressions réputées non logiques.
2. L’interprétation des éléments non logiques d’une phrase ne peut cependant
être totalement arbitraire. On peut sans doute interpréter ‘la neige’ par « So-
crate » et ‘noir’ par le concept « grec », mais l’inverse n’est pas admis. Les règles
d’interprétation étant assez compliquées, bornons-nous à signaler qu’une inter-
prétation doit seulement respecter la structure, les catégories et les fonctions
grammaticales dans les grandes lignes. En particulier, l’interprétation d’un syn-
tagme nominal, comme un nom propre, doit être un objet ou un individu et
l’interprétation d’un syntagme verbal doit être une propriété.
3. Si on fixe, une fois pour toutes, le sens de certains mots, comme on l’a fait
ci-dessus, alors il y a des énoncés qui sont toujours vrais et d’autres qui parfois
ne le sont pas. En distinguant ainsi deux sortes de mots, les mots logiques et
les mots non logiques, ceux qui recevront une même interprétation dans tout
modèle et ceux dont l’interprétation sera variable, on distingue également deux
types d’énoncés.
Si on définit un connecteur logique comme étant une expression qui est
interprétée de la même façon dans tout modèle, on définit également un
modèle comme un monde dans lequel une expression logique reçoit un sens
dit « standard ». L’extension de la notion de modèle varie donc avec celle de la
notion de mot logique.
Plus généralement, supposons qu’en fixant le sens d’un mot, on le promeuve au
rang de constante logique. En ce cas, on ne considérera comme modèle que ceux
qui satisfont à cette définition. Par exemple, si on décide que ‘homme’ est une
constante logique en assimilant son extension à ce qui est vérifié par ‘animal’
et par ‘raisonnable’, alors ‘Tout homme est animal’ devient une loi logique, à
condition bien sûr que ‘tout’ et ‘est’ aient leur rôle usuel de constante logique.
On a ainsi fait ce qu’on pourrait appeler une logique du mot ‘homme’. Celle-ci
peut ensuite être complétée par une logique de ‘animal’ et de ‘raisonnable’. En
général, faire la ou une logique d’un mot, c’est en fixer le sens intégralement
(définition explicite) ou partiellement (définition implicite).