CENTRE NATIONAL
DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
dossier de presse
Michel Champenois : Chargé de communication CRPG/CNRS.
tél : 03 83 59 42 36/06. fax : 03 83 51 17 98
jeudi 31 mars 2005
dans le système solaire. Les observations astrophysiques les plus récentes des
étoiles jeunes et des disques protoplanétaires qui les entourent montrent que,
très tôt dans l’histoire du disque, des grains dont la taille et la composition
évoluent sont présents dans le disque. Par ailleurs, la datation des météorites
différenciées, qui sont des fragments de petits corps planétaires de taille pluri-
kilométrique, montre que ces objets se sont formés et ont fondu quelques mil-
lions d’années seulement après le début de la formation du système solaire.
Quels sont donc les processus essentiels qui ont gouverné l’évolution de la
composition de la matière du système solaire lors du passage du gaz aux pre-
miers minéraux et aux premières planètes ?
Une des approches suivies pour répondre à cette question est de rechercher
dans les météorites les plus primitives, c’est à dire dans celles qui peuvent
être considérées comme des «fossiles» des premiers temps de l’évolution du
système solaire, des changements de composition chimique et isotopique spé-
ciques de certains processus physiques ou chimiques. A cet égard , la décou-
verte il y a plus de 30 ans par Robert Clayton (Université de Chicago) que
les différents composants des météorites primitives recélaient de très grandes
variations de la composition isotopique de leur oxygène a démontré que la
composition isotopique de l’oxygène était sans doute l’un des traceurs les plus
efcaces de ces processus. L’oxygène a trois isotopes stables (les isotopes d’un
élément chimique se différencient par leur nombre de neutrons dans le noyau
atomique, c’est à dire par leur masse) de masses atomiques respectives 16, 17
et 18, 16O étant l’isotope le plus abondant et 17O et 18O représentant en moyenne
sur Terre respectivement 0,04 % et 0,2 % de l’oxygène total. Dans les météori-
tes primitives ces proportions varient de plus de 5 % en relatif alors que l’oxy-
gène est l’un des éléments chimiques essentiels des météorites et des planètes
(il constitue environ la moitié de la masse totale des minéraux et des roches).
Une telle hétérogénéité de composition dans le système solaire est, jusqu’à
présent, restée une des grandes énigmes de l’étude des météorites.
Des considérations théoriques et de nombreuses études expérimentales ont
montré que la manière dont variaient les compositions isotopiques de l’oxy-
gène ne pouvait pas être expliquée par les processus physiques et chimiques
«classiques» tels que l’évaporation, la condensation, la fusion, la cristallisa-
tion ou l’interaction avec de l’eau. Plusieurs hypothèses ont été proposées pour
expliquer cette hétérogénéité à grande échelle des compositions isotopiques de
l’oxygène, comme par exemple l’injection dans le système solaire en forma-
tion de grains riches en 16O provenant d’une supernova, mais aucune de ces
hypothèses ne fait l’unanimité ou n’a pu être démontrée jusqu’à présent. La
raison essentielle de cette incertitude est qu’en fait la composition isotopique
des processus atypiques pour des compositions isotopiques exotiques
composition isotopique de l’O2 : l’inconnue de l’évolution du Soleil