CENTRE NATIONAL
DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
dossier de presse
Michel Champenois : Chargé de communication CRPG/CNRS.
tél : 03 83 59 42 36/06. fax : 03 83 51 17 98
jeudi 15 septembre 2005
Une première hypothèse serait que le jeune Soleil ait croisé la route d’une
géante rouge anormale semblable à HR4019 lors de sa formation et que cette
étoile ait ensemencé le système solaire. Cette hypothèse soulève de nombreu-
ses questions sur l’environnement immédiat de notre étoile lors de sa forma-
tion ainsi que sur la nucléosynthèse dans les géantes rouges qui ne permet pas
d’expliquer les compositions que nous observons.
Cette situation énigmatique nous a emmené à proposer une explication
alternative : la condensation dans le jeune système solaire d’un réservoir
d’oxygène «anormal» produit par irradiation. Les observations des étoiles
jeunes de masse solaire ont montré que la plupart de ces étoiles possèdent un
disque de gaz et de poussières orbitant autour de l’étoile centrale. Ces étoiles
passent par un stade très actif associé à une intense émission de rayons X et
des éjections violentes de matière appelées jets moléculaires. Lors de cette
phase agitée, le jeune Soleil a pu produire d’intenses ux de particules légères
(des noyaux d’hydrogène et des noyaux d’hélium) accélérés à haute énergie
(environ 10% de la vitesse de la lumière) susceptibles d’induire des réactions
nucléaires avec le gaz environnant. L’irradiation d’un gaz de composition
solaire par de telles particules produit un réservoir d’atomes de noyaux
d’oxygène présentant des compositions isotopiques tout à fait semblables à
celles observées dans nos grains. Ce réservoir d’oxygène a ensuite pu se
condenser sous forme de grains riches en silice dans un environnement riche
en monoxyde de silicium, un gaz qui est couramment observé dans les jets
moléculaires des étoiles similaires au Soleil en formation. Le modèle proposé
permet d’expliquer à la fois les compositions isotopiques d’oxygène et de sili-
cium de nos grains et leur mode de formation.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, nous pensons que ces grains ne
sont pas des grains présolaires, mais qu’ils se sont formés autour du Soleil
jeune. Le modèle que nous proposons pose de nouvelles questions sur l’astro-
physique des poussières cosmiques : une composition isotopique «extrême» ne
suft plus pour prouver que des grains sont des grains interstellaires formés
autour d’autres étoiles, la découverte de ces grains suggère un rôle important
de l’irradiation lors de la synthèse des briques du système solaire. Les réactions
nucléaires dûes à l’irradiation peuvent non seulement expliquer une partie des
radioactivités (maintenant éteintes) observées dans les météorites, mais elles
peuvent aussi changer drastiquement la composition isotopique des éléments
majeurs du système solaire comme l’oxygène qui est le troisième élément
le plus abondant dans l’Univers. Ce travail se place dans la continuité d’étu-
des débutées depuis longtemps par nos équipes sur les éléments légers dont
un regard nouveau sur l’astrophysique des poussières cosmiques
une nouvelle preuve de l’irradiation intense émise par le soleil jeune