Partie I Développement durable selon la norme NF ISO 26000 ISO 26000 en action.indd 1 10/09/2012 16:29:37 ISO 26000 en action.indd 2 10/09/2012 16:29:37 1 Développement durable et responsabilité sociétale Deux notions indissociables La norme internationale ISO 26000 est consacrée à la responsabilité sociétale des organisations. Elle s’intitule Lignes directrices relatives à la responsabilité sociétale. Issue d’un large processus de concertation, l’ISO 26000 suggère un certain nombre de lignes directrices destinées à contribuer au déve­ loppement durable. Le texte normatif pose des définitions de base, des repères internationaux, dans une double perspective : donner une réfé­rence commune quelle que soit la taille, la nationalité ou la nature de l’organisation et appréhender précisément de tels enjeux en vue de structurer sa stratégie. Il décrit les motivations nécessaires et incontournables si l’on souhaite se diriger vers un développement sur le long terme qui allie performances éco­ nomiques, sociétales et environnementales. Les auteurs de la norme ont volontairement privilégié et adopté le terme « sociétal » et donnent une définition de la « responsabilité sociétale » (cf. § 1.2). La norme ISO 26000 n’est pas certifiable et ne propose pas de système de management. Elle s’adresse à tout type d’organisation qu’elle invite à étudier et à tenir compte de ses impacts sur son environnement. En prenant ainsi conscience de l’étendue de sa responsabilité sociétale, l’entreprise pourra se servir de ce questionnement pour asseoir son modèle de management. L’ISO 26000 incite à se référer aux différents piliers du développement durable, aux normes internationales de comportement et à l’écoute ISO 26000 en action.indd 3 10/09/2012 16:29:37 ISO 26000 en action de l’ensemble de ses parties prenantes pour mettre en œuvre sa stra­ tégie de développement durable. Cette approche, source de progrès et d’innovation, vise une performance globale, à travers un arbitrage permanent entre les aspects économiques, sociétaux, et environ­ nementaux. Concoctée à partir des travaux de plus de cinq cents experts et autres observateurs issus de différentes parties prenantes (industrie, services, recherche, enseignement, pouvoirs publics, entreprises, syndicats, consom­ mateurs, travailleurs, ONG, consultants…) de plus de quatre-vingt-dix pays, l’ISO 26000 est le fruit de cinq années de négociation et de mobilisation internationales. Parmi les grandes organisations à avoir participé à cette élaboration : l’OIT (Organisation internationale du travail) ou l’OCDE (Orga­ nisation de coopération et de développement économique). Élaborée au sein de l’ISO (Organisation internationale de normalisation), cette norme a notam­ment été nourrie par une Commission française formée d’une centaine d’organisations réunies sous l’égide d’AFNOR (représentant fran­çais de l’ISO). « La norme ISO 26000 est une sorte de modèle idéal de la responsabilité sociétale », observe Christian Brodhag, qui a conduit la réflexion française autour de l’élaboration de cette norme (cf. l’encadré « Point de vue des concepteurs français de la norme » avec Christian Brodhag). 1.1 Contribuer au développement durable La définition du développement durable proposée par la norme NF ISO 26000 va au-delà de celle la plus souvent citée, issue du Rapport Brundtland : « (…) développement qui répond aux besoins du présent, sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. » Elle stipule : « Le développement durable vise à combiner les objectifs d’une haute qualité de vie, de santé et de prospérité avec ceux de justice sociale tout en maintenant la capacité de la Terre à supporter la vie dans toute sa diversité. Ces objectifs sociaux, économiques et environnementaux sont interdépendants et se renforcent mutuellement. Le développement durable peut être considéré comme une façon d’exprimer les attentes plus larges de la société en général. » Publiée en novembre 2010, cette norme internationale est entièrement dédiée à la responsabilité sociétale, à son identification et au dialogue avec les parties prenantes. 4| ISO 26000 en action.indd 4 10/09/2012 16:29:38 Développement durable et responsabilité sociétale L’objectif de l’ISO 26000 est de maximiser les contributions des organi­ sations au développement durable via la responsabilité sociétale. Elle souligne l’importance des améliorations des performances économiques, sociétales et environnementales, mais aussi des résultats réalisés en matière de développement durable. L’ISO 26000 est une invitation pressante à faire preuve de responsabilité sociétale pour contribuer à un monde durable, dans le sens de l’intérêt général. La norme NF ISO 26000 s’est fixée pour vocation d’« aider les organisations à contribuer au développement durable », de « promouvoir une compréhension commune dans le domaine de la responsabilité sociétale » et de « compléter les autres instruments et initiatives de responsabilité sociétale, non à les remplacer ». Pour cela, « elle vise à encourager les organisations à aller audelà du respect de la loi, tout en reconnaissant que le respect de la loi est un devoir fondamental pour toute organisation et une partie essentielle de sa responsabilité sociétale ». Une fois bien assimilés la définition même du développement durable et les enjeux qui en découlent, il s’agit de choisir parmi de nombreux outils de mana­ gement ceux qui seront les plus appropriés pour l’organisation et balaieront, effectivement, l’ensemble des aspects énoncés par la NF ISO 26000. 1.2 Assumer sa responsabilité sociétale et s’impliquer Se cantonner au volet environnemental des contributions des organisations au développement durable et n’en faire qu’une question d’image, n’est pas acceptable. Réduire le développement durable au respect de l’environnement, afficher des actions au regard de sa préservation sans réel fondement, ne constitue pas une stratégie probante sur le long terme. Selon la NF ISO 26000 : « (…) il convient qu’une organisation soit en mesure de répondre de ses impacts sur la société, sur l’économie et l’environnement. Ce principe suggère qu’il convient que l’organi­ sation accepte un examen approprié ainsi que le devoir de réponse correspondant. » Le texte normatif précise : « (…) la responsabilité sociétale implique aussi des actions allant au-delà du respect de la loi et de la reconnaissance d’obligations non juridiques vis-à-vis des autres. Ces obligations découlent, entre autres, de valeurs éthiques largement partagées. » |5 ISO 26000 en action.indd 5 10/09/2012 16:29:38 ISO 26000 en action L’organisation élabore et structure sa vision avec pour objectif d’aller audelà de l’écologie et des lois en vigueur, dans une posture, un état d’esprit, responsable. Faire du développement durable signifie se montrer socié­ talement responsable ; c’est-à-dire accepter de se préoccuper des consé­ quences de ses actes au regard du monde, des différents occupants de la planète5. Cela signifie assumer sa responsabilité sociétale et en rendre compte pour attester de sa réelle implication. La norme ISO 26000 parle de responsabilité sociétale des organisations (RSO) ; certains emploient plutôt l’appellation RSE (pour responsabilité sociale-sociétale de l’entreprise). La responsabilité sociétale est définie comme la responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et activités (qui comprennent des produits, des services et des processus) sur la société et sur l’environnement, et se traduit par un compor­ tement éthique et transparent qui : ff contribue au développement durable, y compris à la santé et au bien-être de la société ; ff prend en compte les attentes des parties prenantes (individu ou groupe ayant un intérêt dans les décisions ou activités d’une organisation) ; ff respecte les lois en vigueur tout en étant en cohérence avec les normes internationales de comportement ; ff est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre dans ses relations (qui correspondent aux activités de l’organisation au sein de sa sphère d’influence). 5 Cf. Qualité en mouvement, n° 310, novembre-décembre 2010. 6| ISO 26000 en action.indd 6 10/09/2012 16:29:38 Développement durable et responsabilité sociétale Avis d’expert... Hélène Valade, présidente du C3D, Collège des directeurs du développement durable Directrice du Développement durable à la Lyonnaise des Eaux – Groupe Suez, Hélène Valade a succédé à Patrick d’Humières à la tête du C3D, Collège des Directeurs du Développement durable, en mars 2009. Le C3D « réunit les Directeurs du Développement durable parti­culièrement convaincus et engagés dans leur fonction, souhaitant porter dans le débat public des propositions visant à renforcer le mouvement d’implication des entre­prises en faveur du Développement durable ». ¾¾ Développement durable : l’incarnation de la responsabilité de l’entreprise Depuis 2007, certains directeurs de développement durable ont choisi d’échanger leurs bonnes pratiques et de sensibiliser tous les acteurs à cette notion émergente. Aujourd’hui, le C3D compte soixante-quinze adhérents issus d’entreprises du CAC 40, d’organisations de taille moyenne, de certaines PME, de tous secteurs d’activité. « Notre credo est de montrer que le développement durable est créateur de valeurs, au pluriel, économiques, sociales, environnementales, à la fois sur l’aspect nouveaux produits et services », rappelle Hélène Valade (cf. Qualité en mouvement, n° 310, novembre-décembre 2010). Pour Hélène Valade, qui est aussi directrice déléguée en charge du déve­ loppement durable et de la stratégie d’opinion à la Lyonnaise des Eaux, intégrer le développement durable dans le management de l’organisation est une évidence : « Il doit être l’un des drivers du management en tant que tel, ceci est capital ! Pour cela, l’un des premiers axes choisis par les entreprises est d’intégrer des objectifs de développement durable dans les systèmes de management existants, avant d’aborder la question des normes… » Mais, surtout lorsque l’on est novice en la matière, comment s’y prendre ? Et s’assurer d’un résultat… « Une façon assez efficace de faire en sorte que le développement durable soit présent dans le système de management consiste à fixer des objectifs à atteindre en matière de développement durable et d’y introduire une corrélation avec une part de la |7 ISO 26000 en action.indd 7 10/09/2012 16:29:38 ISO 26000 en action rémunération ou les bonus… en tout cas de lier performance individuelle, performance collective et développement durable. Ceci est une façon très puissante d’inclure le développement durable dans le système managérial. » Ensuite, comment ne pas superposer les outils et autres normes qui couvrent de près ou de loin l’un des aspects du développement durable, comment introduire une certaine cohérence dans son système de management ? « Nous avons besoin de trouver une articulation entre ces différents outils et de disposer, en quelque sorte, d’une grille d’équivalence entre chacun d’eux pour ne pas, en permanence, ajouter des critères, des indicateurs et des objectifs à atteindre, a bien noté la présidente du C3D. Pour cela, nous regardons de près la norme ISO 26000, la plus proche traduction d’une démarche de RSE dans l’entreprise puisqu’elle en aborde tous les aspects. Encore faut-il bien l’articuler avec les systèmes existants à l’intérieur des entreprises… » Pour obtenir un système de management naturellement et pleinement axé développement durable, les bonnes pratiques échangées au sein du C3D mettent en évidence un impératif : celui d’une approche transversale. « Une stratégie de développement durable implique de regarder les choses autrement et en transversalité, insiste Hélène Valade. En transversalité, cela signifie travailler en plateforme, en réunissant la direction des achats, la DRH, la direction commerciale pour proposer des choses nouvelles, mais dont on pèse l’impact sur l’ensemble des dimensions (économiques, sociales, environnementales, sociétales…). » « Les politiques de dévelop­pement durable ne se résument pas à des normes, poursuit-elle. Certes, la question de formalisation du système de management est importante pour que le développement durable soit appréhendé de manière complèt­ement transversale dans l’entreprise… Mais à cela doivent impérativement s’ajouter des plans d’actions extrê­ mement concrets. Cela relève de la stratégie de l’entreprise ! Le sujet est bien l’incarnation de la responsabilité de l’entreprise. Derrière le développement durable, une conviction très forte est indispensable : les entreprises doivent incarner leur responsabilité sur un certain nombre d’aspects. Leur objectif est d’accroître leur rentabilité, mais la question cruciale est : de quelle manière et avec quel impact sur les territoires ? Fonder son système managérial sur une approche RSE, c’est organiser l’entreprise en tant qu’acteur responsable de la société. C’est réunir les conditions de la mise en œuvre d’une politique de développement durable, levier de l’innovation et du lancement de nouveaux produits et services. » 8| ISO 26000 en action.indd 8 10/09/2012 16:29:38 Développement durable et responsabilité sociétale Autrement dit, si la norme NF ISO 26000 est particulièrement structurante et devient « la » référence en matière de développement durable au vrai sens du terme, pour être crédibles et efficaces, les systèmes de management qui en découlent devront être suivis de plans d’actions concrets. « Il va falloir réconcilier actions et normes, que tout cela soit extrêmement opérationnel, prévient la présidente du C3D. Tout dépendra de la manière dont les entreprises vont s’approprier cet outil de pilotage… Le temps est venu de passer à l’acte ! » |9 ISO 26000 en action.indd 9 10/09/2012 16:29:38 ISO 26000 en action.indd 10 10/09/2012 16:29:38