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- certains lieux très limités à fort enjeux, comme les espaces de jeux pour enfants ou les abris bus. Est-ce
qu’un abri bus est d’abord un support de publicité orienté pour être vu des voitures ou un lieu protégé
des vents dominants ?
La troisième interaction concerne la question de l’énergie. L’énergie la moins chère est l’énergie économisée. On
touche ici aux questions de morphologie urbaine (formes compactes notamment), de valorisation des apports
solaires. On sait que des constructions qui n’ont pourtant pas été conçues en tant que maisons solaires, mais dont
la façade principale est ensoleillée, obtiennent une amélioration de la performance énergétique de l’ordre de 15
% par rapport à des maisons du même type moins bien orientées.
La quatrième interaction est relative aux enjeux paysagers, aux enjeux d’intégration au site et à la végétation.
L’habitat traditionnel des bords de mer, par exemple, a été modelé par les données climatiques. Aussi, créer une
architecture contemporaine qui reprend les mêmes lignes de force contribue à garder son caractère au paysage.
Dès lors, l’intégration au site est aussi une approche culturelle. La question de la végétation en ville est
également importante : la végétation est –elle alibi ? ou a-t-elle une forte valeur d’usage?
Quels sont les outils disponibles en fonction des enjeux ? Au rang des premiers outils, il faut rappeler les règles
de bon sens qui peuvent être appliquées par n’importe quel concepteur avant d’envisager la mise en œuvre
d’outils sophistiqués. Les réponses aux enjeux doivent être graduées : le savoir-faire professionnel, puis des
outils d’évaluation un peu spécifiques, enfin des outils plus sophistiqués.
Les enjeux de la prise en compte du micro-climat : étude d’un site
Christian Charignon, bureau d’études Tekhné
En introduction, il faut souligner que les AEU doivent conserver leur caractère transversal, sinon il y a un risque
de dériver vers des solutions « technologisantes », peu efficaces au regard des finalités du projet.
Lorsqu’on parle de climat, on ne parle pas uniquement d’ensoleillement et de vent. Il faut aussi inclure les
précipitations, c’est à dire la thématique eau et le biotope, même s’il est urbain ; ceci inclut les questions de
biodiversité, de « paysagement », de minéralisation et de végétalisation…
La démarche est donc multi-critère et synthétique. Elle doit in fine se traduire par une forme urbaine qui sera
dépendante d’un certain nombre de considérants et qui aura nécessité des compromis. En Région PACA, par
exemple, la thématique vent et la thématique eau sont fondamentales, elles dictent les formes.
Enfin, il ne faut pas oublier que cette réflexion s’inscrit dans une dynamique globale, celle du réchauffement
climatique. Lorsqu’on réfléchit à l’urbanisme à l’horizon 30 ans, 50 ans ou 100 ans, il faut absolument tenir
compte de cette donnée. Aujourd’hui, certaines espèces ne doivent plus être plantées car les changements sont
déjà tangibles ! Dans la Région lyonnaise, par exemple, il faut désormais choisir des essences méditerranéennes.
A chaque degré de réchauffement climatique correspond une remontée d’environ 300 kms des biotopes ! Il faut
donc faire attention au peuplement végétal, notamment les strates montagnardes qui seront très touchées très vite
ou les peupliers, par exemple. Ainsi, la problématique Climat ne se résume pas à quelques phénomènes de
venturi ou à quelques considérations d’azimuts solaires, d’où la nécessité de cette approche transversale.
La question des enjeux est traitée ci-dessous à travers un exemple : l’AEU de la Tour de Salvagny. Il s’agit d’un
petit bourg de 3.500 habitants situé à l’extrémité de la communauté urbaine de Lyon. Le projet urbain consiste à
construire 150 logements. Le site est localisé sur un ubac (plein nord), à proximité de la route de Paris et entouré
par 2 petites routes campagnardes. Il possède un vallon avec une pièce humide.
I. Lecture du site et recueil de données
Les précipitations
Sur le site de la Tour de Salvagny, les eaux pluviales ruissellent, descendent hors de la communauté urbaine et
sont remontées en haut de la crête du bassin versant par une grosse pompe. Elles parcourent ensuite 35 kms pour
rejoindre la station d’épuration. En cas d’orage, on ouvre le réseau pour éviter qu’il ne cède et que l’eau sale se
déverse dans le Rhône.