
JtCQUES tLLIÈRES
Le troisième écueil à éviter soigneusement consiste à confondre les plans
morphologique et syntaxique: la simple préfixation de ba-, bait-
ou
al-,
comme la suffixation de -n (du Complétif),
-la, -larik
ou -lakotz à une série de
formes donnée ne suffisent pas plus à en faire des tiroirs spécifiques que la
combinaison d'un paradigme verbal français avec les diverses conjonctions de
subordination
(si, parce que, que, lorsque, parre que),
les pronoms relatifs ou
certaines tournures exclamatives («puissé-je», etc.). Cette confusion multi-
plie artificiellement les formes et dilue les structures fondamentales dans une
jungle inutilement inquiétante.
Avant de passer en revue les diverses présentations du verbe proposées
dans ]es monographies ou grammaires variées qui ont vu ]e jour depuis le
XVIII° siècle des deux côtés des Pyrénées, nous exposerons d'abord en
détail notre propre classement et notre formalisation des structures verbales
basques, pour examiner ensuite dans quelle mesure les ouvrages en question
se rapprochent de ce modèle «idéal».
Notre propre conception remonte à 1961, année où nous l'avons
exposée pour la première fois à l'occasion de la publication de notre
Petit atlas
linguistique basque français «Sacaze» II',
pp. 107-111. Elle est directement
inspirée de la présentation qu'en a faite le chanoine Pierre Lafitte dans sa
Grammaire basque,
mon livre de chevet d'adolescent, où j'ai appris à peu près
tout ce que je sais sur le basque, sous sa forme «navarro-labourdine» du
moins:
DUKE
DUKEEN
il peut avoir,
qui peut, qui
i
l
doit avoir,
doit, qu'il
il
aura... peut, qu'il
doit avoir,
qui aura...
Impératif
Infinitif
BU
UKAITE
qu'il ait
avoir
BUKE
UKANEN
qu'il ait,
devoir avoir
qu'il puisse
avoir
(un jour)
PRÉSENT
Indicatif
Conjonctif
DU
DUEN
il
a
qui a, qu'il a,
qu'il
ait...
1.
VIA DOMITIA
VIII
(Annales publiées
par la Faculte des
Lettres et Sciences Humaines
de
Toulouse),
pp. 81-126 + I—X (les
cartes
16-84
sont présentées dans
un
encart spécial).
38
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