#vérité : la comédie du complot
Par Mia Borel
C’est dans la salle de spectacle de la
Fabrique, à Valence que nous sommes
reçus par Benjamin Villemagne, le co-
metteur en scène de la pièce #vérité qui
se jouera du 17 janvier au 6 février. Il
commence par nous présenter l’équipe
Il nous explique qu’il a rencontré le
deuxième co-metteur en scène, Yann
Métivier, car ils étaient dans la même
école de théâtre, et avaient envie de tra-
vailler ensemble. Ils avaient déjà colla-
boré, mais cette pièce est leur première
co-mise en scène. Cependant, Benjamin
Villemagne insiste sur le fait que toute
l’équipe participe à la création de la
pièce, car elle contient par exemple des
vidéos et un logiciel créés spécialement
pour ce spectacle.
Cette pièce est une commande de La
Comédie de Valence pour son pro-
gramme destiné aux adolescents, Les
Controverses, bien que les metteurs en
scène aient eu l’idée depuis plus long-
temps. Au départ, elle était censée être
jouée dans les collèges-lycées, mais
quand La Comédie a demandé une
pièce, elle a été adaptée pour une salle
de spectacle, ce qui, selon Benjamin Vil-
lemagne, ore beaucoup plus de libertés
techniques.
Le thème de la pièce est la théorie du
complot et d’Internet, elle a pour but
d’aiguiser le sens critique des specta-
teurs, de les amener à décortiquer les
informations pour distinguer le vrai du
faux, tout en riant, car, de ce que l’on a
pu voir, cette pièce est avant tout une
comédie.
Benjamin Villemagne nous raconte que
beaucoup de personnes de son entou-
rage croient à des théories du com-
plot. « Ce sont des personnes adultes
et responsables, mais elles croient, par
exemple, que ce sont les reptiliens qui
gouvernent le monde, nous raconte-t-il.
Les Illuminatis étaient une société se-
crète à l’époque des Lumières, et le secret
amène automatiquement la méance.
Ça s’était perdu, mais c’est ressorti en
puissance ces dernières années. »
Il nous explique en riant que sa théo-
rie du complot préférée est celle qui
est abordée dans le spectacle, celle qui
tourne autour des chats. « Elle semble lé-
gère et nous permet de parler d’un sujet
grave. Aujourd’hui, on stigmatise n’im-
porte quel groupe pour n’importe quelle
raison, alors en s’acharnant sur les chats,
on ne prend pas de risque ». Devant la
multitude de théories qui eurissent sur
le web, il reste lucide. « Très peu de théo-
ries du complot se révèlent vraies, parce
qu’en fait, on ne nous cache pas tant de
choses que ça. Le seul véritable complot,
c’est notre dépendance à l’argent. Mais
autrement, ce sont juste des histoires
parce que les gens ont besoin de se faire
peur. On dit souvent «ils font ça », mais
qui est ce « ils », au juste?».
La pièce se sert majoritairement d’un
ordinateur dont la navigation est proje-
tée en direct, ainsi qu’un logiciel grâce
auquel le spectateur peut interagir tout
au long du spectacle. Ainsi, le contact
humain est établi. « Sinon, autant regar-
der un lm ! » s’amuse Benjamin Ville-
magne.
Pour l’instant, l’équipe n’a pas vraiment
rencontré de dicultés, mais une in-
quiétude persiste : celle de la réaction du
public. « Pour les adolescents, il n’y aura
pas de problème, mais le public plus
âgé pourrait nous reprocher un théâtre
peu conventionnel, ils pourraient même
considérer que ce n’est pas du théâtre.
Mais nous avons simplement des codes
diérents. ». Les autres dicultés sont
uniquement liées au technique, comme
les câbles de l’ordinateur qui doivent
descendre jusque sur scène, ou bien le
logiciel qui nécessite des lignes de code,
ce qui est une tâche longue et dicile.
Benjamin Villemagne nous explique
qu’ils ont passé une semaine au collège
de Saint-Rambert-d’Albon avec toutes
les classes de troisième. Ils leur ont de-
mandé de produire des vidéos de théorie
du complot, ou de réagir à des théories
existantes. « Les enfants sont bien moins
crédules que ce que les adultes peuvent
penser », avance le metteur en scène.
Il conclut en nous disant qu’une théorie
du complot sera toujours diérente d’un
lm-catastrophe, car elle est faite pour
diviser.
#VERITE
Écriture, mise en scène : Benjamin
Villemagne et Yann Métivier – Jeu : Benjamin
Villemagne et Hadrien Mekki – Programmation
interactive Antoine Vanel – Blindsp0t - et Benoit
Bregeault – Production : Comédie de Valence et
Quincaillerie Moderne / Collectif AOI - A la Fa-
brique du 17 janvier au 6 février à 20 heures.
Benoit Bregeault, comédien et programmeur, sur la scène de La Fabrique – Photographie Léon Grandvoinet