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Université Abderrahmane Mira Bejaia
Département de langue et culture amazighes
Module : socio-anthropologie
Niveau : 1LMD/ semestre II
Enseignante : BELFAKED Fariza
Cours de l’anthropologie
Cours N° 1 : Quelques repères élémentaires d’une (ou de deux
disciplines ?) : Anthropologie et ethnologie :
Structure du premier cours :
- Introduction : éléments de définition
I -Objet : anthropologie (ou l’ethnologie) : sciences des sociétés primitives
II -Méthodes
- L’observation participante
- L’approche ethnographique (ethnographie intensive)
- L’approche monographique
III- Débat anthropologie et ethnologie (ethnographie) : synonymes pour dire la même
discipline ?
IV- Ethnologie / anthropologie : débat d’écoles (anglo-saxonne et française)
- Eléments bibliographiques
Introduction : éléments de définition
Comme toutes les autres sciences (sociales ou physiques) l’anthropologie (de son nom
synonyme l’ethnologie) ne peut se définir que par rapport aux éléments suivants :
1- Son objet d’étude
2- Ses méthodes
3- Et son objectif.
Définition étymologique de l’anthropologie et de l’ethnologie :
Ethnologie : est composé de deux mots : ethno : ethnie et logie : étude ou science ; i.e.
une étude des ethnies (sociétés structurées sur la base des ethnies; société sans écriture,
sans histoire, sans machinisme et sans Etat ou des sociétés dites primitives.)
Anthropologie : composée de deux mots : anthropo- qui veut dire l’homme et logie : qui
veut dire étude ; i.e. la science qui étudie l’Homme.
Les deux disciplines des sciences sociales qui expriment, en fait, la même chose ont
apparu après des travaux de terrain tant aux USA : Boas, Morgane, Malinowski, Mead,
Lévi-Strauss, en Angleterre : Evans Prichard, Radcliffe Brown, qu’en France Durkheim,
Mauss, Caillois (ou l’école de sociologie française).
Les deux disciplines ont été conçues comme des sciences qui servent à étudier les sociétés
traditionnelles, primitives, exotiques, colonisées, archaïques, etc.
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I- Objet d’étude de l’Anthropologie (et de l’ethnologie) :
L’ethnologie ou l’anthropologie est le plus souvent associée à la science des sociétés
exotiques.
A priori, le sens qu’on â voulu donner à l’ethnologie et l’anthropologie la conjonction entre
ces trois éléments qui leur donne sens à savoir :
- un objet d’étude privilégié, les sociétés traditionnelles ou dites primitives
- une méthode, l’enquête prolongée de terrain (avec des observations participantes)
mais surtout des problématiques classiques concernant par exemple le rituel et les croyances,
les structures de la parenté ou l’organisation sociale.(anthropologie sociale et culturelle)
Discipline de l’anthropologie (ou d’ethnologie)
Objets étudiés
Anthropologie sociale - Morphologie sociale (habitat)
- Démographie
-Organisation sociale (structure clanique,
parenté, économie, système politique,
système juridiques)
Anthropologie culturelle Techniques et phénomènes esthétiques (jeux,
musique, danse, masque..), langue, Mythes,
religions, valeurs culturelles, rites
saisonniers..
Toutefois on ne peut, en effet, se contenter de telle acception classique attribuée à
l’anthropologie : ainsi les recherches et les approches reconnues comme ethnologiques ou
anthropologiques dépassent désormais très largement le domaine classique : voir par exemple
la vision de Claude Lévi- Strauss
En outre, la discipline (ethnologie et anthropologie) s’est institutionnalisée de manière
différente en milieu anglo-saxon et en france. : Aux USA, avec F. Boas qui devient en 1899
titulaire d’une chaire de l’anthropologie (réunissant l’anthropologie physique et
l’anthropologie sociale et culturelle),
L’ethnologie ne s’est autonomisée que bien plus tard en France M. Mauss (le fondateur de
l’ethnologie en France) rattachée à l’école de sociologie durkheimienne (.l’Institut
d’Ethnologie fut fondé en 1925 et il â fallu attendre 1943 pour que soit créée la première
chaire d’ethnologie générale en France que devait occuper M. Griaule à la Sorbonne.)
L’ethnologie /anthropologie, sciences des « sociétés primitives »
Historiquement, l’objet de l’ethnologie comme l’anthropologie s’est donc constitué autour de
l’étude des « sociétés primitives », qui depuis le Renaissance (époque par excellence de la
découverte de nouveaux continents et de nouveaux peuples), se sont vues opposées aux
« sociétés civilisées ». De cette vision dualiste des sociétés vont naître les disciplines :
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sociologique (ayant pour objet d’étude les sociétés complexes (ou dites modernes) et
ethnologique (son objet d’études les sociétés traditionnelles (ou dites primitives)).
L’ethnologie et/ou, donc, l’anthropologie a longtemps constitué un moyen d’approche tout à
fait privilégié des « sociétés primitives ».
L’évolution des méthodes et des travaux de terrains et de la pensée anthropologique a fini de
dépasser les visions classiques de la discipline.
L’orientation récente des anthropologues vers l’étude des sociétés complexes, notamment
dans les domaines de l’anthropologie urbaine et industrielle, a remis en cause un objet
circonscrit aux sociétés traditionnelles.
Mais la délimitation de l’objet l’anthropologie aux seules sociétés traditionnelles est tout à fait
contradictoire au regard du projet de l’anthropologie qui tente de penser et comprendre
l’unité de l’homme à travers la diversité des cultures. :
C’est à ce titre que l’étude des sociétés complexes participe, à part entière, du projet de
l’anthropologie (Lenclud : 1986) ;
Claude Lévi Strauss dans son projet intellectualiste de l’anthropologie l’a défini comme suit :
l’anthropologie :
« L’anthropologie : est la connaissance globale de l’homme, dans tout son extension
historique et géographique : aspirant à une connaissance applicable à l’ensemble du
développement humain depuis les hominidés jusqu’aux races modernes ; et tendant des
conclusions, positives ou négatives, mais valables pour toutes les sociétés humaines,
depuis la grande ville moderne jusqu’à la plus petite tribu mélanésienne » Anthropologie
structurale : P 388.
Nous déduisons par que l’anthropologie ne concerne pas seulement l’étude des sociétés
anciennes (ou traditionnelles) mais elle sert à « l’étude de l’homme à travers son physique, ses
sociétés, sa production, ses modes de communications, ses langues et ses cultures.»
II- Méthodes de l’anthropologie
L’anthropologie, comme l’ethnologie, se base fondamentalement sur le travail de terrain dont
la technique d’enquête la plus privilégiée est l’observation participante.
1- L’observation participante
C’est à B. Malinowski que l’on doit ce concept d’ « observation participant », théorisé
notamment dans Les Argonautes du pacifique occidental. Il est le premier à voir, à travers ses
explorations de terrain, la nécessité d’observer de manière directe et durable les sociétés :
l’objet de l’étude ethnologique (ou anthropologique).
2- L’approche ethnographique :
Descriptions détaillée des données recueillies à travers l’observation et le travail de terrain :
exemple l’ethnographie intensive chez Marcel Mauss.
L’ensemble des observations doit intégrer pour donner à une totalité sociale.
3- Approche monographique
L’approche monographique se caractérise par une description ethnographique détaillée et
exhaustive de la vie sociale d’un groupe donné : village, ville, tribu, communauté large ou
restreinte. Elle décrit le groupe dans tous ses aspects : écologiques, démographiques, la
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langue, les activités matérielles et économiques, les relations de parenté, des échanges
matrimoniaux ou guerriers, de la vie religieuse, mythique et rituelle, des productions
esthétiques.
En somme : tout ce que M. Mauss appelle le « fait social total ».
Une monographie, disait Clause Rivière : (1995 : p 25), « doit idéalement être descriptive et
explicative, unique et comparable, atteignant le singulier et le général ».
Parmi les monographies (classiques) les plus célèbres, citons :
- Malinowski, Les Argonautes du pacifique occidental : 1989
- R. Firth, Nous, les Tikopia
- Evans Prichard, Les Nuers : 1968
4- Approche comparative :
L’une des méthodes de l’anthropologie ou de l’ethnologie es l’approche comparative. Elle sert
à comparer entre les groupes sociaux, les cultures et les civilisations dans le but de cerner les
points de différences et de ressemblances.
A celles _ci s’ajoute aussi des méthodes analytiques.
III- Débat anthropologie et ethnologie (ethnographie) : synonymes pour dire la même
discipline ?
Il y a eu tout un débat autour des deux disciplines. Au point certains ethnologues ou
anthropologues sont arrivés à distinguer les trois synonymes par rapport aux méthodes
qu’adopte chacune de celles-ci :
Ethnographie : désigne la transcription des données premières sur le terrain. Elle est le plus
souvent considérée comme la phase initiale de toute recherche ethnologique.
L’ethnographie, ethnologie, anthropologie, correspondrait ainsi à des étapes méthodologiques
différentes :
1- Observation et description (ethnographie),
2- Interprétation des données ethnographiques (ethnologie)
3- Enfin, généralisation et comparaison (anthropologie).
Cependant cette distinction n’est qu’illusoire elle ne peut avoir aucun fondement scientifique
ou épistémologique.
Comme l’ont bien souligné Géraude Marie-Odile, Lesvoisier Olivier, Poittier : 2000 : « Toute
ethnographie est déjà ethnologie, toute observation est déjà interprétation. »
Marcel Mauss distingue à ce propos deux types d’ethnographies : extensive et intensive dont
la deuxième est une approche indiscutable de l’ethnologie (Manuel d’ethnographie)
L’anthropologie : se veut encore plus génératrice que l’ethnologie J. Copans la voit comme :
1- ensemble d’idées théoriques référant aux hommes et aux œuvres, aux précurseurs,
contradicteurs et successeur menant des débats d’idées sur les groupes humains et leurs
cultures.
2- tradition intellectuelle et idéologique propre à une discipline ayant un mode d’appréhension
du monde.
3- pratique institutionnelle définissant ses objectifs, ses objets, ses idées
4- pratique de terrain
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Anthropologie sociale, incluse dans l’anthropologie générale, telle qu’elle a été surtout
définie par l’école britannique établit les lois de la vie en société séparément sous l’angle du
fonctionnement des institutions sociales telles que la famille, parenté, classe d’âge,
organisation politique…
L’anthropologie culturelle, née aux Etats Unies avec F. Boas, est une marche spécifique à
l’intérieur d’une discipline. Une importance est accordée aux traits culturels et aux
phénomènes de la transmission de la culture.
En France, le terme ethnologie continue d’être utili mais on tend à lui substituer celui
d’anthropologie sociale et culturelle.
L’anthropologie : démarche et préoccupations :
Certaines réflexions épistémologiques sur la discipline de l’anthropologie vont dans le sens de
clarifier sa démarche et ses grands questionnements dans l’étude des sociétés humaines.
- La démarche constitue bien à extrapoler le global à partir du local pour saisir des rapports
interindividuels et institutionnels des principes d’organisation et de production des valeurs
dirigeant la vie commune.
- Les grands questionnements de l’anthropologue :
Quelle est la nature et l’origine de coutumes et des institutions?
Quelle est la façon dont l’individu vit sa culture ?
Quelles significations revêtent entre groupes voisins des différences sociales et culturelles ?
IV- Ethnologie / anthropologie : débat d’écoles (anglo-saxonne et française)
Ethnologie et anthropologie méritent toutefois d’être précisées et rapportées en l’occurrence à
deux traditions scientifiques : l’une française et l’autre anglo-saxonne
1- Ethnologie : école française
En France, le terme ethnologie fut largement utilisé depuis la fin du XIX siècle jusqu’au
début des années cinquante, comme science des sociétés primitives : et l’anthropologie pour
designer plus précisément l’anthropologie physique.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, sous l’influence de la tradition anglo-saxonne,
l’usage du terme anthropologie sociale se répandit en France. C’était grâce à la contribution
des travaux de deux anthropologues français, Claude Lévi–Strauss et George Balandier.
Pour Balandier, il conteste la connotation péjorative d’une ethnologie qui est identifiée
essentiellement à l’étude sociétés primitives, en proposant de mettre au coeur de la réflexion
anthropologique surtout les bouleversements sociaux induits en Afrique par la décolonisation,
Balandier qualifie ses travaux d’anthropologie : anthropologie dynamique et politique.
Pour Lévi-Strauss, l’utilisation du terme anthropologie correspondait à la volonté de mettre
sur pied un projet intellectuel de vaste envergure visant à l’étude comparative de l’homme en
société
2- Anthropologie : Ecole anglo-saxonne
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