Formation complémentaire en développement durable Description des modules, année académique 2016-2017 L'histoire récente et les contextes du développement durable Ce module se propose de retracer le contexte d’émergence du concept de développement durable et son histoire. Il s’attachera à décrire le berceau dans lequel est née la notion de développement durable. Il soulignera enfin les évolutions internes du développement durable, ses apports, ses critiques, depuis le rapport Brundtland en 1987 jusqu’à nos jours. De l’environnement au développement durable : la construction d’une politique européenne En Europe, les préoccupations environnementales ont émergé dans les années 70, dans les programmes d’action européen avant de s’affirmer dans les traités fondateurs, traité de Rome et aujourd’hui traité de Lisbonne. En matière d’environnement comme de développement durable, l’Union européenne a un rôle que le module se propose de mettre en évidence en examinant successivement les questions suivantes. 1°) Les principes et objectifs de la politique européenne d’environnement et de développement durable (prévention, correction par priorité à la source, pollueur- payeur, précaution, intégration). Ces principes ont une importance particulière car ils se diffusent aussi dans le droit des Etats membres 2°) Les grands acteurs de la politique européenne. Ceci désigne les acteurs institutionnels européens (Commission, Conseil Parlement, juridictions) mais aussi les Etats membres, les pouvoirs privés, groupes transnationaux, organisations non gouvernementales intervenant, comme le montre la réglementation REACH, pour faire pression lors de la conception ou de la mise en œuvre du droit européen 3°) Les outils et domaines d’action du droit européen. Ceci désigne non seulement des instruments classiques comme les directives, les règlements ou les communications mais aussi des formes de régulation douce comme les codes de bonne conduite, les conventions environnementales ou la co-régulation .Le processus d’adoption de ces outils relève du droit mais aussi la science politique. Enfin le module s’attache à cerner le rôle de l’Union européenne qui s’affirme comme acteur et moteur du droit international de l’environnement, comme le montrent les négociations sur le changement climatique. La normalisation en matière d’environnement et de développement durable Normalisation est un terme large. La « norme » évoque la règle de droit, qui impose un comportement déterminé, mais elle évoque aussi le standard, l’étalon ou la référence technique. Souvent exprimée sous la forme d’un texte, la norme peut aussi prendre une forme numérique (p.ex. une norme de rejet) ou graphique (p. ex. plans annexés à un permis d’urbanisme). description_modules 1 juillet 2016 La première partie du module propose donc une typologie des normes en matière d’environnement et de développement durable : suivant leur nature juridique ou technique ; suivant leur force obligatoire, contraignante ou indicative ; suivant leur objet (norme d’émission ou norme d’immission) ; suivant leur destinataire (citoyen ou puissance publique) ; suivant leur mode d’expression (littérale, numérique ou graphique). La deuxième partie du module analyse quelques domaines montrant la diversité des normes applicables : le management environnemental (EMAS, ISO, etc.), les normes contraignantes réglementant les produits (loi du 21 décembre 1998 relative aux normes de produits, REACH), les déchets ou encore les conditions d’exploitation des établissements soumis à permis d’environnement. On évoquera aussi des normes fort techniques qui existent pour protéger l’environnement comme les normes de qualité des eaux ou pour restaurer l’environnement comme les normes en matière de sols. La pollution des sols fournit un bon exemple de normalisation complexe. Le décret du 5 décembre 2008 relatif à la gestion des sols comporte des définitions techniques, impose des obligations et des procédures. Il est explicité par un « Code Wallon de Bonnes Pratiques (CWBP) » et un « Compendium wallon des Méthodes d’Echantillonnage et d’Analyse » (CWEA) qui font des centaines de pages. Economie de marché et intervention publique : politiques de développement durable L’intervention des pouvoirs publics s’est considérablement développée, à la faveur de la crise environnementale. L’apparition du développement durable n’a pas remis en cause cette tendance qui doit se concilier avec la loi du marché, de plus en plus invoquée. L’intervention des pouvoirs publics est complexe car elle repose sur des outils très divers qui se combinent: normes législatives ou réglementaires, mécanismes de police administrative, accords de branche et autres phénomènes contractuels, organisation de services publics, etc. Une première partie tente de donner un aperçu d’ensemble des leviers d’une politique de développement durable. Celle-ci peut s’exprimer de plusieurs façons. 1°) Des réglementations contraignantes (dites command and control) de tous ordres, normes juridiques et techniques à caractère général mais aussi mesures de police administrative (permis, agréments) qui peuvent interdire ou prescrire tel ou tel type de comportement. 2°) Les instruments consensuels reposent sur l’accord de ceux qui y adhérent ou dont ils orientent le comportement, parfois moyennant certains avantages. Les formes en sont très variées : accords volontaires au niveau européen, conventions environnementales en Région wallonne, contrats de gestion etc. 3°) Certains instruments exploitent les mécanismes de marché. Il en va ainsi des taxes et des quotas d’émission utilisés dans la lutte contre le changement climatique. 4°) Les instruments incitatifs peuvent être utilisés pour l’éducation et la sensibilisation du citoyen. Dans la même ligne, la certification environnementale permet au producteur de biens et de services d’augmenter sa visibilité auprès des consommateurs (v. modules sensibilisation et participation). Cet aperçu d’ensemble permet, dans une deuxième partie, de définir et de qualifier le rôle des pouvoirs publics et plus particulièrement de l’Etat ou des entités fédérées : régulateur, gestionnaire, exemplaire, partenaire, providence, visionnaire (ou prospectif). Au-delà, on peut essayer de qualifier le rôle des pouvoirs publics dans une phase de transition et les dilemmes que 2/6 cela pose (v. sur ce point, le module transition énergétique). Les changements globaux Ces 10000 dernières années, notre environnement planétaire a été particulièrement stable. Toutefois, depuis la révolution industrielle, les impacts humains sont tels que nous avons quitté cette période de stabilité (l’Holocène) pour entrer dans une nouvelle ère, l’Anthropocène, au sein de laquelle les actions humaines sont le premier facteur de changement environnemental global. En conséquence, nous sommes entrés dans une période d’instabilité qui pourrait impacter dramatiquement de nombreuses parties du monde. En particulier, nous avons franchi les limites de trois grands systèmes planétaires : le changement climatique, le cycle de l’azote, et la perte de biodiversité. Nous aborderons ces trois systèmes, en insistant en particulier sur le changement climatique et la perte de biodiversité. Nous évoquerons en particulier l’importance de l’agriculture dans la nécessaire transition écologique pour un développement durable. Nous proposerons également certains outils et solutions pour favoriser cette transition. La responsabilité sociétale des organisations La responsabilité sociale ou sociétale des entreprises est un phénomène récent qui est en pleine évolution comme le montre une terminologie fluctuante qui passe de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) à la responsabilité sociétale des organisations (RSO). Le module essaie donc de définir le concept et de le mettre en perspective par rapport au concept de développement durable. L’intérêt pour la RSE / RSO est croissant et comporte des enjeux importants. Les organisations qui font le choix de l’adopter doivent intégrer le développement durable dans leur stratégie, ce qui implique une analyse des parties prenantes et du cycle de vie. De façon plus générale, l’organisation doit intégrer le développement durable dans une perspective d’éco-innovation et innovation sociale. La matière connaît des évolutions institutionnelles et un phénomène de normalisation (ISO 26 000 – Responsabilité sociétale). Pour être crédible, la responsabilité sociétale doit être soumise à contrôles (certifications, rapports sociaux, reporting). Dans sa partie finale, le module synthétise les impacts positifs et négatifs de la mise en œuvre d’une stratégie de responsabilité sociétale sur la performance des entreprises ainsi les critiques et les limites de cette approche. Le bien être humain et loi des marchés : pour une autre prospérité 1) Redéfinir la prospérité et une prospérité durable Prospérité avec ou sans croissance ? (cf Travaux T Jackson) Croissance et équité Les mesures de la prospérité PIB et indicateurs alternatifs (cf travaux I Cassiers et de la Commission Stiglitz) 2) Acteurs d'une autre prospérité Acteurs traditionnels : Pouvoirs publics, Entreprises industrielles, Institutions financières, etc (Renvoi au module RSE) Nouveaux acteurs de l'économie solidaire : coopératives de crédit, finance solidaire, agriculture bio etc 3) Techniques et mécanismes Fonds éthiques et solidaires 3/6 Nouvelles formes contractuelles et sociétaires Nouvelles formes monétaires et de crédit 4) Comment réaliser la transition ? La mobilité et l’aménagement du territoire Les liens entre mobilité et développement durable sont nombreux. D’une part, la mobilité est un élément essentiel pour les échanges nécessaires à toute économie. Elle est aussi un facteur permettant de favoriser le lien social. Mais, d’autre part, elle est source de nombreuses nuisances environnementales, que ce soit, sans être exhaustif, les émissions polluantes (en 2007, le secteur du transport était responsable de près de 20% des gaz à effet de serre), le bruit ou les coupures paysagères. Par ailleurs, la mobilité est également intrinsèquement liée à l’aménagement du territoire. En effet, on ne se déplace pas pour le plaisir de se déplacer mais parce que l’on a à faire quelque chose quelque part. Et où est situé ce « quelque part » dépend bien entendu de l’aménagement du territoire. Par conséquent, un objectif de mobilité durable, part du développement durable, ne peut se concevoir indépendamment de l’aménagement du territoire. Dans ce module, nous ferons dans un premier temps l’état de la situation en Belgique à la fois en ce qui concerne la mobilité et en ce qui concerne l’aménagement du territoire. Nous analyserons ainsi quelles sont les craintes que cette situation actuelle peut faire peser sur un futur durable. Ensuite, nous présenterons les pistes déjà suivies ou à suivre pour mener vers une mobilité durable et vers un aménagement du territoire plus respectueux du développement durable. La sensibilisation et la participation Comment se pratiquent la sensibilisation et la participation au développement durable dans notre université ? Le regard sociologique que nous proposons permet de pointer les éléments qui font progresser et les nœuds qui font obstacle à la dynamique du développement durable dans notre université. Un bref historique montre que cette dynamique est vieille de plus de 20 ans. Nous partons de plusieurs projets bien précis, comme par exemple les circuits courts des forêts d’Haugimont, la guindaille responsable, la gestion des déchets, les projets sur la mobilité. Parmi les conditions de réussite/d’échec, nous pointons en particulier la nature de l’objet (certains objets « prennent » et d’autres « méprennent »), le type de preneurs d’initiatives (les étudiants, les membres du personnel, les services, les instances hiérarchiques, …), le soutien de l’institution, etc. En plus de ces catégories d’analyse de nature classique, nous introduirons des catégories d’analyse émergentes telles que l’intelligence collective, les émotions, la gouvernance participative et d’autres concepts propres à la philosophie de la transition. L'économie écologique Ce module a pour objectif de différencier l’économie de l’environnement de l’économie écologique pour mieux comprendre les enjeux du développement durable et ses différentes interprétations. L’économie de l’environnement et des ressources naturelles (nous parlerons maintenant « d’économie de l’environnement ») correspond à la branche de l’économie néoclassique qui étudie les questions d’environnement et de ressources naturelles. Pour la théorie économique néoclassique (conception dominante de la science économique), la prise en compte de l’environnement naturel est difficile, car, en dehors de certaines ressources précises (comme 4/6 les produits alimentaires tels que les céréales etc.), il n’existe pas de marchés correctement établis pour les « biens et services environnementaux ». Par conséquent, il est difficile de leur attribuer un « prix » et donc une « valeur ». L’objectif de l’économie de l’environnement est donc, soit de corriger les prix des biens marchands pour refléter l’intégralité des coûts de production, soit d’attribuer un prix pour les services rendus par les écosystèmes. Or, comme le remarque Joan Martinez-Allier (2001), pour des raisons de comparabilité et de commensurabilité (comme nous l’étudierons), il est impossible de fixer un « juste » prix écologique. Au contraire, l'économie écologique reconnaît que l'environnement naturel est l’objet d’un ensemble complexe de considérations éthiques et évaluatives. Se démarquant du courant néoclassique, l’économie écologique conçoit l’économie comme imbriquée dans l’écosystème. Cela permet de définir l’activité économique en termes de production jointe de biens et services économiques concomitante à la reproduction et au renouvellement de services et supports naturels. En résumé, le courant de l’économie de l’environnement cherche à intégrer l’environnement naturel dans la sphère économique par l’extension des mécanismes de marché. Alors qu’à l’inverse, le courant de l’économie écologique, se propose de définir les conditions d’insertion de l’activité économique dans la biosphère par le biais de normes socio-environnementales. Nous verrons d’abord quels sont les concepts centraux et les méthodes de l’économie de l’environnement. Ensuite nous verrons comment l’économie écologique s’en démarque et quelle est la critique qu’elle fait de l’économie de l’environnement. Nous traiterons particulièrement la question de la soutenabilité forte vs faible, la question de l’évaluation de la nature qui en découle notamment les limites de l’évaluation monétaire et quelles sont les alternatives qui existent. Enfin, nous discuterons les différences entre l’économie verte et le développement durable. Le module comprendra trois parties : une théorique qui présentera les concepts centraux des deux courants, ensuite nous aborderons la question des méthodes utilisées pour l’évaluation environnementale et l’évaluation de la durabilité. La troisième partie du module sera dédiée à un travail pratique en groupe permettant d’illustrer ce qui aura été vu dans les deux premières parties. L'enjeu des énergies et des ressources La consommation des sources d'énergie fossile en forte croissance depuis la révolution industrielle est impossible à tenir sur le long terme. Notre addiction récente aux hydrocarbures est principalement due à la grande facilité avec laquelle les combustibles gazeux etliquides peuvent être stockés et utilisés, le tout pour un prix modique. Un peu partout cependant, l'ère postpétrolière se prépare. Le module passera en revue les différentes formes d'énergies utilisables sur Terre. Les combustibles traditionnels (bois, charbons,pétrole, gaz naturel) que notre planète a accumulé depuis sa formation étant limités, on se tourne vers des combustibles de substitution(matière nucléaire fissible, sources géothermales, hydrogène, biocarburants, schistes bitumeux, gaz de houille et gaz de schistes…). L'alternative durable consiste à capter en temps réel l'énergie sous toutes ses formes (hydraulique, chaleur, lumière, vent, vagues, marée ...). Capter l'énergie est une chose, la stocker et la distribuer en est une autre. L'électricité est, et restera longtemps, le meilleur vecteur de transport d'énergie présentant cet avantage énorme qu'elle peut être utilisée directement pour le chauffage, la lumière, la locomotion. Le module comparera aussi les rendements énergétiques des différents combustibles, leur conversion en électricité ainsi que leurs coûts écologiques qui peuvent être considérables 5/6 (production de gaz à effet de serre, produits de fission radioactifs, pollution chimique …), abordera la question mal posée des réserves et présentera les avantages et inconvénients des énergies renouvelables (essentiellement énergies solaire et éolienne), etc. La solution pour demain réside probablement dans le déploiement de la plus grande diversité possible de sources d'énergie, des plus petites (quelques watt) aux plus puissantes (plusieurs gigawatt). La gestion de projets en développement durable Cette formation offre l'occasion au participant d'aborder de nombreux enjeux du développement durable, mais également de développer sa propre réflexion sur ceux-ci. Néanmoins, la notion de développement durable sous-entend aussi les idées de prise en compte, d'évolution des comportements et de changement à mettre en œuvre. Dans ce module consacré à la gestion de projets, nous examinerons ensemble comment passer de la réflexion sur le développement durable à des projets concrets pouvant être intégrés sur le lieu professionnel. En effet, il ne suffit pas de mentionner que l'on veut prendre en compte le développement durable pour que cette volonté devienne directement effective. Ce n'est pas si simple. Dès lors, nous passerons en revue ensemble différents éléments et outils spécifiques au développement durable, utiles afin de concrétiser sur le terrain les différents acquis engrangés lors de cette formation. Afin de rendre les outils plus concrets, nous utiliserons à titre d'exemple et comme fil rouge, la mise en place de projet dans le domaine de l'alimentation durable et du bio. La responsabilité citoyenne face aux ressources Après avoir montré différents volets de la problématique de l'eau (l’accès à l'eau de par le monde, sa reconnaissance en tant que droit de l’homme, la pollution et l’assainissement de l’eau, les enjeux aux 21ème siècle…), nous comparerons trois manières différentes de gérer cette ressource : en tant que bien privé, bien public ou bien commun. Nous nous attarderons sur ce dernier concept de « bien commun » et nous élargirons notre approche à d'autres ressources : forêt, savoir etc. 6/6