Recrutez sans discriminations

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Le présent guide est une production collective des
entreprises partenaires. Il a été élaboré dans le
cadre du programme européen «Equal» et du projet
villeurbannais «Accede» (acteurs concertés pour
l’égalité et contre les discriminations ethniques à
l’emploi), piloté par la Ville de Villeurbanne, avec
l’accompagnement de Khalid Hamdani du cabinet
Aequalis.
INTRODUCTION
Les sociétés partenaires ont souhaité laisser une trace
du travail réalisé au cours des deux dernières années.
Ce document matérialise l’engagement de chaque
entreprise participante à respecter un minimum de
règles communes et partagées, tout en conservant la
liberté de faire davantage, plus ou mieux. Surtout, ce
guide a vocation à être largement diffusé auprès des
acteurs économiques et sociaux de Villeurbanne et de
l’agglomération lyonnaise.
Ce guide constitue un outil de prévention des
discriminations dans le recrutement. Il se veut aussi
un point de repère pour les recruteurs.
Il rappelle les règles juridiques, attire l’attention sur les
risques et permet de fixer des axes de progrès dans les
recrutements. Il n’a donc pas vocation à se substituer
à la stratégie de l’entreprise en matière de gestion des
ressources humaines.
EN RÉSUMÉ
Recruter sans discriminations est une obligation
légale, une nécessité managériale
et un impératif éthique.
03
> CHAPITRE 1
Recrutez sans discriminations
Rappel
du cadre juridique
04
A / C’est le droit qui définit la discrimination
1 • La discrimination directe
Une discrimination directe se produit lorsque dans une situation comparable
on réserve un traitement défavorable à une personne ou à une catégorie de
personnes sur la base d’un ou de plusieurs motifs illégaux.
> cf. L 122-45 du code du travail > voir les 17 points, page <<<<
2 • La discrimination indirecte
Une discrimination indirecte se produit lorsqu’une disposition, un critère ou
une pratique, apparemment neutre (qui ne font pas partie des motifs prohibés),
est susceptible d’entraîner un désavantage particulier (et donc de causer un
préjudice) à une personne ou à une catégorie de personnes. A moins que
cette disposition, ce critère ou cette pratique, ne soit objectivement justifié par
un but légitime et que les moyens pour parvenir à ce but soient appropriés et
nécessaires. Exemple : pour une fonction technique, exiger une expérience
très longue (10 ans par exemple) alors que deux ans d’expérience suffiraient
pour être opérationnel, peut constituer une discrimination préjudiciable aux
jeunes.
!
ATTENTION
Il existe des cas de différences de traitement pouvant être justifiées,
chaque fois qu’un critère discriminatoire est indispensable à l’occupation
d’un poste, il devient toléré légalement.
> Exemple : pour un casting cinématographique, un acteur ou un figurant peut être
recruté en fonction de son âge, de sa couleur de peau ou de son apparence physique.
EN RÉSUMÉ
le Droit définit la discrimination comme une remise en cause de l’égalité
de traitement entre les candidats. Manquement basé sur des préjugés ou
des préférences, le plus souvent subjectives.
05
Article L122-45 du Code du travail
Aucune personne ne peut être écartée d’une procédure de recrutement ou de
l’accès à un stage ou à une période de formation en entreprise, aucun salarié
ne peut être sanctionné, licencié ou faire l’objet d’une mesure discriminatoire,
directe ou indirecte, notamment en matière de rémunération, au sens de l’article
L. 140-2, de mesures d’intéressement ou de distribution d’actions, de formation,
de reclassement, d’affectation, de qualification, de classification, de promotion
professionnelle, de mutation ou de renouvellement de contrat en raison de son
origine, de son sexe, de ses moeurs, de son orientation sexuelle, de son âge, de
sa situation de famille ou de sa grossesse, de ses caractéristiques génétiques,
de son appartenance ou de sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une
ethnie, une nation ou une race, de ses opinions politiques, de ses activités
syndicales ou mutualistes, de ses convictions religieuses, de son apparence
physique, de son patronyme ou, sauf inaptitude constatée par le médecin du
travail dans le cadre du titre IV du livre II du présent code, en raison de son état
de santé ou de son handicap.
Article 6 et 6 bis de la loi °83-634 du 13 juillet 1983
portant droits et obligations des fonctionnaires
Aucune distinction, directe ou indirecte, ne peut être faite entre les fonctionnaires
en raison de leurs opinions politiques, syndicales, philosophiques ou
religieuses, de leur origine, de leur orientation sexuelle, de leur âge, de leur
patronyme, de leur état de santé, de leur appartenance, vraie ou supposée, à
une ethnie ou une race.
(…) Aucune distinction, directe ou indirecte, ne peut être faite entre les
fonctionnaires en raison de leur sexe. Toutefois, des recrutements distincts pour
les femmes ou les hommes peuvent, exceptionnellement, être prévus lorsque
l’appartenance à l’un ou à l’autre sexe constitue une condition déterminante de
l’exercice des fonctions
06
B / Le recrutement obéit à des règles
1 • On ne peut pas s’informer sur un candidat à son
insu. > Article L 121-8 du Code du travail
Article. 121-8 du code du travail
Aucune information concernant personnellement un salarié ou un candidat
à un emploi ne peut être collectée par un dispositif qui n’a pas été porté
préalablement à la connaissance du salarié ou du candidat à un emploi.
2 • Les questions posées lors de l’entretien de recrutement
doivent avoir un lien direct avec le poste occupé et ne peuvent
porter atteinte à une liberté fondamentale ou à une liberté
individuelle. > Article L 121-6 du code du travail
En contre partie de cela, le législateur a prévu que le candidat
apporte des réponses véridiques et sincères aux questions
qui lui sont posées.
Article. 121-6 du code du travail
Les informations demandées, sous quelque forme que ce soit, au candidat à
un emploi ou à un salarié ne peuvent avoir comme finalité que d’apprécier
sa capacité à occuper l’emploi proposé ou ses aptitudes professionnelles.
Ces informations doivent présenter un lien direct et nécessaire avec l’emploi
proposé ou avec l’évaluation des aptitudes professionnelles. Le candidat à un
emploi ou le salarié est tenu d’y répondre de bonne foi.
Article. 120-2 du code du travail
Nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et
collectives de restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche
à accomplir ni proportionnées au but recherché.
07
C / Les différents recours de l’employé discriminé
et les sanctions encourues par l’employeur.
Une personne qui s’estime victime de discrimination à l’embauche dispose
de recours non juridictionnels et de recours juridictionnels.
1 • Recours non juridictionnels
La personne peut s’adresser à l’Inspection du travail pour lui demander de
diligenter une enquête et chacun connaît l’étendue des pouvoirs d’investigation
des inspecteurs du travail. En cas de faits discriminatoires avérés, l’Inspection
du travail peut saisir le procureur de la République.
La personne peut adresser une réclamation à la Haute Autorité de Lutte contre
les Discriminations et pour l’Egalité (HALDE) qui a un pouvoir de sanction
financière, de médiation avec transaction, et de saisine du procureur de la
République.
Face à cette première catégorie de risques le fait d’avoir un « process » de
recrutement rigoureux, professionnel et « tracé » permet de répondre aux
questions et interrogations de l’Inspection du travail ou de la HALDE. Mais
surtout, il permet d’abord de rendre plus efficace le système de sélection du
recruteur.
2 • Recours juridictionnels
Au Civil : Une personne qui a le sentiment d’avoir été victime d’une
discrimination à l’embauche peut saisir une juridiction civile (conseil des
prud’hommes, tribunal administratif). Les organisations syndicales et les
associations de lutte contre les discriminations constituées depuis cinq ans au
moins peuvent engager une action judiciaire à la place ou pour le compte du
plaignant avec son accord.
En matière civile la loi du 16 novembre 2001 a introduit un aménagement de
la charge de la preuve. Cela signifie que - si un candidat à un recrutement ou
qu’un salarié saisit le conseil des prud’hommes ou le juge civil en fournissant
des éléments suffisamment précis pour créer le doute, il sera demandé à
l’employeur de prouver que sa décision est justifiée par des éléments objectifs
étrangers à toute discrimination.
08
Dans ce cas, les sanctions sont essentiellement financières (dommages
et intérêts laissés à l’appréciation du juge qui évalue le préjudice subi).
De même, tout agent de la fonction publique ayant procédé ou enjoint de
procéder à des discriminations est passible de sanctions disciplinaires devant
le tribunal administratif.
En matière de responsabilité : est engagée la responsabilité civile
de toute personne physique ou morale qui aurait commis un acte de
discrimination à l’embauche.
• Au Pénal : La discrimination est un délit passible de 3 ans d’emprisonnement
et de 45 000 euros d’amende pour les personnes physiques > articles 225-2 et
225-4 et, pour les personnes morales, de 150 000 euros d’amende plus toute
une série de sanctions.
Les sanctions pénales > art. 225-2 et 225-4 Code Pénal
Les personnes physiques qui se rendent coupable de discrimination encourent
une peine de 3 ans d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende ainsi que les
peines complémentaires prévues par l’article 225-19 du Code pénal. Les peines sont
portées à 5 ans et 75.000 euros lorsque le refus d’accès ou de fourniture d’un bien ou
d’un service a été commis dans un lieu accueillant du public.
Les personnes morales (à l’exclusion de l’Etat) peuvent être déclarées pénalement
responsables des discriminations commises pour leur compte par leurs organes ou
représentants dans les cas où la loi le prévoit expressément. Elles encourent alors
une amende de 150.000 euros, l’interdiction d’exercer l’activité professionnelle
ou sociale dans l’exercice de laquelle l’infraction a été commise, le placement sous
surveillance judiciaire, etc.
Les discriminations et le service public (art. 432-7 CP)
Le Code pénal prévoit une sanction spécifique pour les discriminations commises par
une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de
service public. Les peines encourues sont de 5 ans d’emprisonnement et 75.000
euros d’amende ainsi que les peines complémentaires prévues par l’article 432-17
du Code pénal. Les personnes morales ne peuvent pas être déclarées pénalement
responsables de cette infraction.
EN RÉSUMÉ
Ces quelques repères juridiques montrent que désormais la
discrimination est un véritable enjeu de gestion de l’entreprise. Au-delà
du risque judiciaire, réfléchir sur la non-discrimination amène le chef
d’entreprise à améliorer ses procédures de recrutement et de gestion
des ressources humaines. Ne pas discriminer, c’est donc assurer un
recrutement et une gestion des ressources humaines efficace.
09
> CHAPITRE 2
Recrutez sans discriminations
Un guide
pour chaque étape
> En matière de recrutement, discriminer c’est prendre un risque juridique
et un risque économique, c’est se priver de compétences en ne donnant pas
la priorité aux aptitudes et aux connaissances professionnelle.
10
« Recruter, sélectionner, choisir ses collaboratrices et collaborateurs sont
des actes de management. Le recruteur conserve toute sa liberté pour
conduire ces actes de manière conforme aux objectifs et aux intérêts de
son entreprise. Cette liberté s’étend également aux techniques, méthodes,
procédures et outils utilisés. En revanche, discriminer est un acte illégal.
La liberté du chef de d’entreprise, ne peut donc être exercée en toute
légalité et quiétude que si les droits fondamentaux des candidats sont
scrupuleusement respectés. Les candidats doivent donc être sélectionnés
sur la base de compétences professionnelles précises, techniques et
comportementales, toutes en lien avec un poste de travail. La mise en
concurrence des candidats, si elle est réelle et loyale, constitue justement
la garantie pour le recruteur d’effectuer le meilleur choix en toute légalité
et permet aux candidats de voir leur mérite individuel récompensé et
leurs droits fondamentaux respectés. En ce sens, les techniques et les
méthodes de recrutement doivent avoir fait la preuve de leur efficacité et
respecter des règles de transparence et de proportionnalité. Il y a, dans
tout recrutement, une marge d’erreur incompressible qu’il faut réduire
au maximum mais qu’il est vain de chercher à éliminer totalement. Le
recruteur, tout comme le candidat, sont des êtres humains avec leur
subjectivité, leurs émotions, leurs représentations et leurs valeurs.
Neutraliser ses préjugés le temps du recrutement est, dès lors, un acte de
professionnalisme et non un gage de vertu. »
Khalid Hamdani, cabinet Aequalis.
!
ATTENTION
Avant de lancer un recrutement externe : Ne pas oublier de se référer à la
convention collective, à l’accord de branche ou d’entreprise, ou aux textes
complémentaires. Relire la fiche de poste puis procéder à un raisonnement
par étape : Recourir à une candidature interne, même si le premier réflexe
est de vouloir faire appel à une candidature extérieure, c’est se poser la
question des ressources des personnes en poste, même précaire (stage,
interim, remplacement, contrat à durée déterminée) et de leurs capacités
d’évolution.
Les pages suivantes présentent les points clés et les points de vigilance qui
permettent de conduire un recrutement et de fidéliser ses salariés. Il constitue
un complément utile aux procédures, techniques et outils de recrutement
qu’utilise habituellement le recruteur. Le but est d’attirer l’attention sur les
risques de discrimination et de proposer quelques pistes pour les éviter.
11
1 • CONCEPTION DES POSTES
> Les risques juridiques et économiques :
- Projeter sur un poste ses propres préjugés et stéréotypes ou ceux véhiculés
dans l’entreprise peut conduire à des choix discriminatoires. On a en effet
tendance à donner un sexe, un âge, une couleur de peau, une apparence
physique à un poste de travail ce qui relève davantage de l’irrationnel que du
professionnel.
- Etre excessif dans l’exigence des diplômes peut conduire à désavantager
des candidats expérimentés mais non diplômés.
- De même, surévaluer les compétences nécessaires au poste à pourvoir peut
exclure des candidats aux profils parfaitement adaptés au poste.
> Respecter l’égalité de traitement
définir le poste :
• Se référer aux textes réglementant
la profession ou les qualifications.
• Qualifier précisément les besoins
de l’entreprise.
> Faire reculer les idées reçues
• Une secrétaire, n’est pas forcément
une femme !
• Dynamique ne signifie pas jeune.
Une idée à suivre :
Enquête auprès des collaborateurs
en les associant pour faire ressortir « l’opérationnalité » du
poste, réactualiser régulièrement
la description des postes.
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2 • RÉDACTION DE L’OFFRE
> Le risque juridique est de rédiger une offre discriminatoire,
sans s’en rendre compte.
> Le risque économique est de rédiger une offre non adéquate
au profil recherché.
> Respecter l’égalité de traitement
• Rédiger l’offre à partir de la fiche
de poste.
• Connaître le marché de l’emploi
(offre, salaire, niveau de qualification).
• Vérifier qu’aucun des 18 critères
discriminatoires n’apparaît dans
l’offre d’emploi.
• Faire une relecture en se demandant
si les critères spécifiés n’interdisent
pas l’accès à certaines catégories de
personnes (discrimination indirecte).
> Faire reculer les idées reçues
• Le fait de faire lire une offre à un tiers
et de lui demander son avis, permet
parfois de supprimer ou de modifier
un terme ou une formulation orientée.
Exemple : « débutant » peut renvoyer
à l’âge et dissuader des candidats
expérimentés.
• Eviter les expressions ambiguës,
laissant supposer que le poste est
sexué, et qui sont parfois à la limite
du sexisme. Exemple : « homme de
terrain » ; « maîtresse de maison »…
« femmes de ménage »
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3 • DIFFUSION DE L’OFFRE
> Une diffusion trop restreinte de l’offre, notamment auprès d’un
réseau de connaissances, risque à terme d’uniformiser les équipes
de travail. Parfois, cela aboutit à ethniciser des tâches dans les
entreprises (associant un métier ou une fonction à la nationalité
ou à l’origine des personnes).
> Par ailleurs, l’uniformité des équipes nuit à la créativité et
constitue un frein à l’évolution nécessaire de l’entreprise.
> Respecter l’égalité de traitement
• Procéder au recensement méthodique de toutes les « sources » du
recrutement.
• Créer des contacts personnalisés
avec les structures identifiées.
> Faire reculer les idées reçues
• Pour prévenir les discriminations, la
diffusion de l’offre d’emploi doit être
diversifiée : ANPE, presse, lieux de
formations, etc.…
• Présenter son entreprise aux
acteurs chargés de l’emploi sur le
territoire : à Villeurbanne voir le
Pôle emploi, animé par le service
insertion par l’économique de la Ville.
> [email protected]
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4 • TRAITEMENT DES CANDIDATURES
> Les risques discriminatoires :
- Manque de procédures lisibles avec des règles écrites et
transparentes qui codifient le traitement des candidatures.
- Liens personnels avec des candidats pouvant nuire à l’objectivité
de la sélection.
- Candidatures recommandées par des tiers (clients, fournisseurs, direction, collègues, instance politique, enfant du personnel…)
- Absence de traçabilité empêchant la justification des choix effectués.
> Respecter l’égalité de traitement
• Centraliser toutes les candidatures.
Traiter de la même façon tous les CV
reçus.
• Traiter les candidatures nécessite
d’avoir une grille de sélection
précise qui permette, sur la base de
documents papier, de prendre deux
décisions :
1) Quelles sont les candidatures qui
seront éliminées ?
Etape 1 : se demander quelles sont
les candidatures qui ne remplissent
pas objectivement les critères pour
obtenir un entretien.
2) Quelles sont les candidatures à
retenir ?
Etape 2 : identifier les candidatures
qui objectivement remplissent les
conditions pour obtenir un entretien.
Attention : Les candidats qui ont
tous les critères ou ceux pour
lesquels il y a des points à explorer
doivent faire l’objet d’un entretien.
> Idées à suivre
On peut repérer trois types
de candidatures à partir de
quelques critères de recrutement
préalablement définis et précisés
dans l’offre d’emploi, et avoir
trois classements :
- Les candidatures qui remplissent les
conditions.
- Les candidatures qui ne remplissent
pas les conditions.
- Les candidatures qui remplissent les
conditions et ont des compétences
supplémentaires.
• Pour la traçabilité : noter sur les
CV les critères manquants de façon
à justifier objectivement la nonsélection du CV et archiver.
• Concernant les candidatures
recommandées :
un courrier type peut être envoyé
aux personnes qui recommandent
des candidats les informant que
les procédures de l’entreprise
garantissent un traitement égalitaire.
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5 • ENTRETIEN D’EMBAUCHE
> En préambule : Une erreur de recrutement peut être lourde de
conséquences pour l’entreprise et finit toujours par « coûter cher ».
Recevoir en entretien confère un espace de pouvoir très important. Pour
s’assurer de «faire le bon choix», il convient d’être conscient de ses propres
préjugés, pour être en capacité de les neutraliser.
En s’assurant de l’égalité de traitement des candidatures, le recruteur
sélectionne le meilleur candidat, parmi ceux rencontrés, pour un poste
donné.
Pour être efficace, l’entretien de sélection nécessite une bonne préparation.
> Les risques discriminatoires :
- Poser des questions à géométrie variable, en fonction des candidats, ne
permet plus de comparer les candidatures dans le respect de l’égalité de
traitement.
- Poser des questions injustifiées par rapport à l’emploi sur la situation de
famille, l’origine, les convictions religieuses, politiques et syndicales, les
mœurs et la vie privée du candidat est un acte discriminatoire, portant atteinte
aux libertés individuelles.
!
ATTENTION
Il est nécessaire de conserver les traces d’un recrutement. En effet,
le délai de recours est de 3 ans, au Pénal, pour une discrimination
à l’embauche. Il est de 5 ans au Civil pour paiement de salaires.
16
> Respecter l’égalité de traitement
• L’égalité de traitement impose
d’utiliser la même grille pour tous
les candidats, un temps d’entretien
comparable, de demander le même
justificatif pour tous (diplôme,
qualification, casier judiciaire si le
poste l’exige conformément aux
règles de droit).
Rappelons que toute question qui
touche aux critères illégaux (situation
de famille, religion, orientation
sexuelle, etc.…) est interdite.
Il est préférable d’être deux, voire
trois, pour conduire un entretien.
Un entretien doit tenir compte
d’éléments de forme et de fond.
• La forme : s’imposer un temps
maximum pour chaque entretien et
s’y tenir.
Les phases de l’entretien :
• L’accroche : permet de faire
connaissance et de mettre à l’aise le
candidat.
(ce n’est pas la réponse qui importe,
c’est la façon de réfléchir et d’y
répondre). Ex. : pour un commercial,
lui demander de décrire sa meilleure
vente et, à l’inverse une vente qu’il a
ratée.
• La clôture : met un terme à
l’entretien et fixe les étapes suivantes.
• Le fond :
L’entretien doit être préparé
• Préparer à l’avance les questions
à poser, se faire aider par les
collaborateurs, se demander quel est
l’objectif de la question par rapport
au poste, veiller à être clair dans la
formulation.
• Fixer les éléments à évaluer en
les hiérarchisant : les compétences
techniques nécessaires pour être
immédiatement opérationnel sur le
poste, les compétences techniques
qui permettent l’évolution dans le
poste, et enfin les compétences
comportementales.
• L’argumentaire : permet de
cerner le candidat au moyen d’une
grille de questions et d’une prise de
notes.
- Commencer par les questions les
plus fondamentales par rapport au
métier jusqu’aux plus précises
- Si le candidat a fait preuve de
son adéquation au poste sur les
compétences de base, préparer
une ou plusieurs questions de
mise en situation pour évaluer le
comportement,
17
5 • ENTRETIEN D’EMBAUCHE (suite)
> Faire reculer les idées reçues
Si un poste exige des disponibilités
horaires particulières ne pas poser ce
type de questions :
• « Avez-vous des enfants ? Que fait
votre conjoint(e)? »
Mais plutôt : « dites-moi ce que vous
savez sur les horaires et les exigences
de ce poste ? Avez–vous déjà travaillé
avec des horaires comparables…
• Poser des questions claires et
donner au candidat le temps de
s’exprimer : tout le monde n’a pas le
profil « vendeur » et on peut passer à
côté d’un excellent profil masqué, par
exemple par de la timidité.
• Pour éviter les effets « miroir »
(être attiré par le candidat qui nous
ressemble) ou « repoussoir », rester
à l’écoute et évaluer les réponses et
attitudes.
• Attention également à ne pas
chercher à convaincre.
• Quand cela est possible, proposer
une évaluation des compétences par
des mises en situation de travail. Tous
les candidats passent le même test,
cela permet d’être réellement objectif
pour évaluer les compétences
techniques.
• Par exemple : sur un poste de
secrétariat, faire taper et mettre
en page un courrier, concevoir un
tableau sur excel…
18
6 • GESTION DES REFUS
> Les risques discriminatoires
- Ne pas répondre à des candidats peut nuire à l’image de l’entreprise et
rendre suspicieux des candidats par rapport au processus de recrutement.
- En cas de litige il faut pouvoir justifier d’un choix non discriminatoire,
la traçabilité est ici aussi une nécessité.
> Respecter l’égalité de traitement
Les refus avant entretien :
Avant l’entretien, toutes les candidatures
qui n’ont pas été retenues l’ont été pour
des raisons « techniques » :
• Non adéquation entre le CV (et la
lettre) et l’offre diffusée.
• Un pré-entretien téléphonique a
fait apparaître un obstacle justifié à la
convocation.
• La candidature spontanée est
parvenue à un moment où il n’y avait
pas de besoin.
Il convient de pouvoir répondre aux
candidats non sélectionnés avec des
arguments objectifs.
Pour cela, il est nécessaire d’archiver
les candidatures.
Répondre aux candidats non retenus
lorsque qu’une offre a été déposée.
(Une entreprise n’est pas tenue
de répondre à des candidatures
spontanées, il s’agit là d’un bon usage).
Les refus après entretien :
Les candidats non retenus après
entretien reçoivent une lettre-type les
informant.
Les dossiers sont archivés et les
éléments qui ont permis de faire un
choix sont notés sur le dossier. Il est ainsi
possible de renseigner le candidat, et
de pouvoir justifier sa décision par des
éléments objectifs, étrangers à toute
discrimination.
> Idées à suivre
• Prévoir une lettre type de refus
• Noter les motifs de refus dans les
dossiers à archiver.
• Noter le ou les points d’excellence
qui ont permis de sélectionner le ou la
candidat(e) retenu(e).
• L’entreprise a tout intérêt à archiver les
candidatures spontanées qui pourront
lui être utiles à court, moyen, voire à
long terme. Le temps pendant lequel
ces candidatures seront archivées est
fixé par le chef d’entreprise de manière
réaliste et raisonnable.
(de 6 mois à 1 an)
19
7 • ACCUEIL DU SALARIÉ
ET PÉRIODE D’ESSAI
> En préambule : Les premières semaines du salarié dans
l’entreprise sont fondamentales pour son intégration dans l’équipe.
- La période d’essai est l’occasion de formaliser les relations
entre l’entreprise et le salarié. Il convient de s’en saisir non pas
seulement comme une période de test, mais également comme
une période de cadrage et d’ajustement.
> La période d’essai, qui peut être renouvelable,
sert à vérifier trois éléments principaux :
• Que le candidat recruté est un professionnel
• Qu’il ne commet pas de grosses erreurs
• Qu’il est capable de respecter les consignes du métier
> La période d’essai ne permet pas d’évaluer la personnalité
du salarié.
> Les risques discriminatoires
- Un accueil et une période d’essai qui ne sont pas formalisés peuvent être
une source de discriminations.
- Ainsi, un nouvel arrivant qui est « livré à lui-même » peut faire l’objet d’un
rejet ou d’une mise à l’écart de la part de ses collègues. Il peut y avoir des cas
de harcèlement discriminatoire.
> Les risques économiques
- Durant la période d’essai il y a parfois, de la part de collègues ou de chefs
d’équipe, des formes de « bizutage » qui peuvent aller trop loin et amener un
nouvel arrivant à abandonner.
- L’accueil est important et la période d’essai fondamentale pour valider ce
qui a été détecté et évalué lors de l’entretien.
20
> Respecter l’égalité de traitement
• L’accueil du salarié :
A ce stade, il y a peu de risque
juridique concernant le respect de
l’égalité de traitement.
Pour le chef d’entreprise comme pour le
candidat, la première demi-journée est
très importante. Elle doit être l’occasion
de répondre aux principales questions
sur le poste et doit permettre de mieux
connaître le salarié.
Passer la première demi-journée avec
le nouveau salarié permet aussi de :
• relire le contrat de travail, le règlement
intérieur,
• informer de la convention collective
ou sur les textes réglementaires,
• donner les clefs de fonctionnement de
l’entreprise,
• rappeler les règles d’hygiène et de
sécurité,
• faire une sélection des dernières notes
de service importantes,
• désigner une personne référente pour
l’intégration du salarié,
• programmer des étapes de
l’intégration dans l’entreprise.
• La validation de la période d’essai :
La période d’essai ne peut se
rompre sans motif valable : ce motif
ne doit pas être discriminatoire.
Afin de ne pas se laisser surprendre
par l’échéance de la période d’essai, il
convient de se fixer préalablement des
séquences de validation, en fonction de
la durée de la période d’essai.
La validation de la période d’essai
doit être signifiée à l’intéressé. Cela
peut être l’occasion de formaliser
l’entrée officielle du nouveau salarié
dans l’entreprise et de l’intégrer
définitivement dans l’équipe.
> Idées à suivre
Exemple : à l’INSA de Lyon, le circuit
d’intégration comporte quatre étapes :
• 1 Un accueil avec remise d’une mallette
d’accueil et de tous les documents
administratifs nécessaires.
• 2 Deux jours de formation : connaissance de l’INSA, valeurs et
pratiques.
• 3 Un entretien d’initialisation avec
le supérieur hiérarchique dans les
deux mois suivant l’arrivée pour les
personnels administratifs et réflexion
sur les pratiques pédagogiques pour
les enseignants.
• 4 Un accueil institutionnel : directeur,
représentants du personnel, etc.
A noter qu’un circuit d’intégration
« bien rodé » ne suffit pas. Il convient
également de prévoir un travail auprès
des responsables d’équipes qui sont
souvent dans l’opérationnalité alors que
leur rôle est fondamental.
Autre exemple : chez Domidom, dans
le secteur du service à la personne, deux
auxiliaires de vie les plus expérimentées
sont désignées référentes pour les
nouvelles recrues. Elles ont la tâche
de les accueillir et d’organiser une
réunion commune. En plus de faciliter
l’intégration des nouvelles employées
par le partage d’expérience, cela
valorise les personnes qui en ont la
charge, et contribue à une meilleure
reconnaissance de leurs qualités
professionnelles.
21
ZOOM
SIGNES RELIGIEUX AU TRAVAIL
ET RISQUE DE DISCRIMINATION
> La religion relève de la vie privée des collaborateurs et de leur liberté
individuelle. Les demandes liées à la pratique religieuse doivent être traitées
dans le cadre de la relation de travail et de la législation. L’employeur n’a pas
à discuter sur le religieux en tant que tel, il peut, s’il juge cela nécessaire,
faire appel à un médiateur.
> Depuis 1905 l’Etat et les cultes sont séparés, et l’Etat français est un Etat
laïque. La république garantit la liberté de conscience de chacun, et le libre
exercice des cultes.
Rappel du cadre juridique - Code du travail
Le Code du travail contient des dispositions protectrices qui traduisent la
recherche d’un équilibre entre le respect des libertés individuelles des salariés
et le pouvoir de direction de l’employeur.
L’article L.122-45 relatif au principe de non discrimination protège les
salariés en interdisant à l’employeur de prendre des mesures qui seraient
exclusivement fondées sur les origines, les convictions religieuses ou
l’apparence physique des salariés et garantit l’égalité de traitement.
L’article L.122-35
« Le règlement intérieur [qui doit être limité aux questions d’hygiène, de
sécurité et de discipline] ne peut apporter aux droits des personnes et aux
libertés individuelles et collectives des restrictions qui ne seraient pas justifiées
par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché. Il ne
peut comporter de dispositions lésant les salariés dans leur emploi ou leur
travail en raison de […] leurs mœurs, de leurs origines, de leurs opinions ou
confessions ».
L’article L.120-2
« Nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles de
restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir
ni proportionnées au but recherché ».
22
> Dans la fonction publique
L’Etat étant laïc, et donc garant de la liberté religieuse, les agents publics
et les fonctionnaires sont soumis à l’obligation de neutralité, en vertu
desquelles ils ne peuvent manifester leur appartenance religieuse pendant
les heures de service.
> Dans le secteur privé
La règle pour ne pas exercer de discrimination religieuse est que les
restrictions aux droits des personnes et aux libertés individuelles doivent
être justifiées par la nature de la tâche à accomplir et proportionnées
au but recherché. Les restrictions apportées à la liberté vestimentaire
sont généralement justifiées lorsqu’elles correspondent à des impératifs
d’hygiène et de sécurité.
Par ailleurs, il convient de veiller à l’égalité de traitement entre les personnes
quelque soit leur religion.
EN RÉSUMÉ
L’employeur doit veiller à respecter les principes de non-discrimination
et l’égalité de traitement. Il peut et doit dans le cadre d’un management
moderne, tenir compte des demandes spécifiques d’un collaborateur en
ouvrant un dialogue. L’utilité de ce dialogue est d’étudier les possibilités
de conciliation entre vie personnelle et vie professionnelle.
En la matière, comme pour le reste, il faut faire preuve de clarté,
de respect des règles et de bon sens.
23
TÉMOIGNAGES
« OREM ASTRE est signataire de la Charte de la Diversité depuis 2005.
Afin d’intégrer notre engagement dans une dynamique de réseau,
favorable aux échanges d’informations et de bonnes pratiques, nous
avons rejoint le Club RH Accède de Villeurbanne en 2006.
Ceci nous a permis de renforcer nos connaissances juridiques et de
revoir complètement nos processus de recrutement. Aujourd’hui nous
avons la garantie d’être dans le cadre légal mais surtout la certitude de
ne passer à côté d’aucune candidature intéressante, chose essentielle
pour notre entreprise qui peine à recruter sur certains métiers en
tension. »
Bénédicte PILAT,
PDG de Orem-Astre
« Notre réseau A2micile, spécialisé dans les services à la personne,
à depuis sa création souhaité s’engager dans la lutte contre les
discriminations à l’embauche. Notre approche du recrutement
résolument social se doit d’être exemplaire et efficace. Contribuer à
la réflexion sur les bonnes pratiques non discriminantes m’est apparu
comme une évidence, surtout dans un monde professionnel toujours
plus exigent et contraignant. Le monde de l’entreprise à un rôle majeur
à jouer et je suis fier de contribuer à l’avancée des mentalités. »
Franck THOUNY,
gérant associé de A2micile Lyon
« L’entreprise Adecco s’est engagée dans une politique de prévention
des discriminations au niveau national depuis 1999. Participer à la corédaction de cet outil pédagogique à destination des entreprises sur
la région Rhones Alpes, était donc pour moi dans la continuité des
engagements pris par mon entreprise. Travailler sur la question des
discriminations, au delà de la prise de conscience des risques juridiques,
c’est surtout améliorer ses pratiques professionnelles de recrutement
et de gestion des ressources humaines. »
Jean-Luc FRESEL,
Directeur Régional Adecco
24
TÉMOIGNAGES
« Donner toutes les chances à toutes les compétences, est une des
valeurs fondamentales d’ADIA. C’est donc naturellement que nous avons
pris part à cette belle aventure ! Ces deux années de travail au sein du
Club RH nous ont permis de bousculer certains a-priori. Accompagner
nos clients dans une démarche de non-discrimination pour remplir un
double objectif : valoriser notre méthode de recrutement en offrant des
vraies solutions face à la pénurie de compétences tout en remplissant
notre rôle de citoyen responsable. »
Antoinette DE GUIGNE,
Responsable Jobstores ADIA Secteur Est Lyonnais
« Je me suis engagé dans ce programme parce que je ne peux accepter
qu’un quart de nos enfants en âge de travailler soient exclus du marché
du travail, et que les jeunes issus des quartiers difficiles voient le
chômage les frapper deux fois plus que les autres. Le temps d’un réel
engagement de nos décideurs dans l’action contre les discriminations
à l’embauche est venu. Une nation qui se priverait de la richesse de sa
jeunesse dans toute sa diversité ne ferait qu’hypothéquer son propre
avenir. »
Jihade BELAMRI,
PDG de BEE
« L’accueil de publics diversifiés, tant des étudiants que des personnels et
leur accompagnement vers la réussite font partie des valeurs fondatrices
de l’INSA de Lyon. Nous nous sommes engagés, depuis plusieurs années,
dans ce groupe de travail afin d’échanger sur les pratiques RH avec
d’autres employeurs locaux. Cette démarche nous permet de renforcer
nos connaissances et d’améliorer notre démarche d’égalité de traitement
des personnels, principe fondamental du secteur public. Reflet du travail
réalisé, ce guide du recrutement non discriminatoire que nous allons
largement diffuser, est un véritable dispositif d’accompagnement pour
tous les acteurs de l’établissement. »
Claude GUEDAT, DRH de l’INSA de Lyon
et Séverine LABLANCHE chargé de mission Ressources humaines
25
• Pour la ville de Villeurbanne,
Jean-Paul BRET, maire
• Pour Adecco
Jean-Luc FRESEL
• Pour Adia,
Antoinette DE GUIGNE
• Pour A2micile,
Franck THOUNY
• Pour Arvel,
Pierre VIAL
• Pour La Poste,
André RIFFARD
• Pour La Poste,
Bruno BUIL
• Pour Bee,
Jihade BELAMRI
• Pour Daffos & Baudasse,
Serge BOUVIER
• Pour Domidom,
Chantal DUMAS
• Pour Essam,
Odile MASSE
• Pour GIHP Service adapté,
David MATILE
• Pour l’Insa,
J.C. MULLER
• Pour Orem-Astre,
Bénédicte PILAT
• Pour Sfip,
Manan ATCHEKZAI
réalisation : ville de Villeurbanne / avril 2008 - graphisme : www.clementine-breed.fr
CONTACTS
[email protected]
tél. : 04 78 03 68 58
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