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20 mars 2013 617
lic equivalent of task)
reflète l’intensité d’une activité physi-
que et la dépense énergétique, le sommeil correspondant
à 0,9 MET et une course à pied à 18 MET.2 Dans une étude,3
que nous avons réalisée précédemment dans le but d’éva-
luer les effets de l’activité sexuelle sur la performance spor-
tive, nous avons soumis un groupe d’athlètes masculins de
haut niveau à deux jours d’examens, en particulier des tests
d’effort sur bicyclette ergométrique, comparant un jour avec
à un jour sans activité sexuelle, activité sexuelle réalisée avec
leur partenaire habituelle. Une FC moyenne de 113 w 13
battements/min a été notée lors de la relation sexuelle. Une
FC plus élevée a été observée pendant la phase de récu-
pération lors du test d’effort fait le matin, deux heures après
le coît, comparé au même test fait le matin sans relation
sexuelle. Par la suite, en nous basant sur le même proto-
cole, nous avons aussi analysé, à partir d’enregistrements
Holter, les variations du SNA lors de la relation sexuelle et
de ses effets sur les tests d’efforts réalisés.4 Nous avons
observé que la relation sexuelle entraînait tout d’abord une
rapide augmentation du tonus sympathique d’une durée
de 30 minutes. De plus, nous avons constaté que, parallè-
lement à ce tonus sympathique augmenté, il y avait une
nette diminution du tonus vagal jusqu’à trois heures après
la relation sexuelle. Ces données suggèrent que la relation
sexuelle produit un tonus sympathique élevé de courte
durée, associé à une baisse du tonus vagal qui peut durer
environ trois heures. Ainsi, dans certaines conditions, comme
par exemple lors d’une relation extramaritale, le tonus sym-
pathique peut augmenter à des degrés variables et induire
un stress émotionnel plus grand. Cette plus grande dé-
charge sympathique, associée probablement à une dimi-
nution du tonus vagal, qui a un effet en général cardiopro-
tecteur, va entraîner une augmentation de la FC et de la TA
et, selon les cas, des troubles du rythme cardiaque peu vent
survenir.
différences entre les hommes et les
femmes dans la présentation et l’évolu-
tion clinique des arythmies cardiaques
Il existe beaucoup de différences importantes dans la
présentation et l’évolution cliniques des arythmies cardia-
ques entre les hommes et les femmes.5 Les mécanismes à
l’origine des différences entre les sexes dans les arythmies
ne sont pas encore bien compris. Les femmes ont une FC
plus élevée au repos et un intervalle QT plus long que les
hommes. A l’ECG 12 dérivations, on peut aussi observer plus
fréquemment chez les femmes des anomalies aspécifi ques
de la phase de repolarisation (changements au niveau du
segment ST et de l’onde T). Les tachycardies supraventri-
culaires, telles que la tachycardie de réentrée nodale, sont
deux fois plus fréquentes chez les femmes que chez les
hommes. La fibrillation auriculaire, cependant, a une pré-
valence 1,5 fois plus élevée chez les hommes. Les fac-
teurs déclencheurs d’une tachycardie idiopathique de la
chambre de chasse du ventricule droit sont spécifiques au
sexe, dans le sens où les changements hormonaux jouent
un rôle important dans la survenue de ce type de tachycar-
die chez les femmes. Il existe aussi des différences entre
les sexes dans les syndromes de QT long acquis et congé-
nitaux. Le syndrome de Brugada (association d’un myo-
carde sain à des troubles du rythme ventriculaire graves
responsables de syncopes ou d’arrêts cardiaques) affecte
les hommes plus souvent que les femmes. La mort subite
cardiaque est moins fréquente chez les femmes à tous les
âges et se produit dix ans plus tard chez les femmes que
chez les hommes. Cela peut être lié à l’apparition plus tar-
dive de la maladie coronarienne chez les femmes. Finale-
ment, on peut observer aussi des différences importantes
en ce qui concerne l’utilisation du défibrillateur automa-
tique implantable (DAI) et de la thérapie de resynchroni-
sation cardiaque. En effet, les femmes semblent moins
souvent bénéficier de ce type de traitement, alors qu’elles
peuvent en profiter au moins autant que les hommes.
activité sexuelle et troubles du rythme
cardiaque : survenue d’arythmies ventri-
culaires avec risque de mort subite
Plusieurs études basées sur des autopsies ont permis de
déterminer le risque de mort subite après activité sexuelle.
Une étude allemande a montré que, sur 1722 autopsies, 30
(1,7%) étaient dues à une mort subite lors d’activité sexuel le.
Seuls deux des cas étaient des femmes et 23 cas avaient
eu lieu lors d’une relation extraconjugale.6 Une étude japo-
naise a observé 67 cas de décès coïtal sur 8275 autopsies,
dont 65 étaient de sexe masculin et 47 survenues pendant
ou après une relation extraconjugale.7 Une plus grande
étude, réalisée à Francfort de 1972 à 2004, a révélé 68 cas
(0,22%) sur 32 000 morts naturelles ayant eu lieu au cours
d’une relation sexuelle.8-10 Parmi ces cas, cinq étaient des
femmes et 63 des hommes. La cause la plus fréquente du
décès était un infarctus du myocarde (n = 28 ; 41,2%). L’in-
cidence annuelle de mort cardiovasculaire soudaine pen-
dant la relation sexuelle a été estimée par ces auteurs à 1,9
pour 1000 autopsies pour les hommes et à 0,16 pour 1000
autopsies pour les femmes. Fait intéressant, la majorité des
décès a eu lieu en dehors d’une relation stable, la plupart du
temps avec des prostituées. Une étude coréenne 11 de 1379
autopsies, réalisées entre 2001 et 2005, fait état de qua-
torze sujets ayant trouvé la mort après un rapport sexuel,
dont neuf étaient des hommes et cinq des femmes ; dans
dix cas, les partenaires étaient des partenaires non matri-
moniaux ou des prostituées. Au total, bien que les études
d’autopsie doivent être interprétées avec prudence, ces
résultats permettent de constater premièrement que, sur
L 40 000 autopsies, l 0,5% était des cas de décès coïtal
principalement dû à une cause cardiaque et, deuxièmement,
que ce sont les hommes qui sont de loin (L 90% des cas)
plus souvent victimes d’une mort subite pendant ou après
l’activité sexuelle.12
activité sexuelle chez les patients
atteints d’une cardiopathie ou à risque
d’arythmies ventriculaires
Il existe peu de données sur l’effet de l’activité sexuelle
chez les patients atteints ou à risque d’arythmies ventricu-
laires. Une étude précédente 13 a trouvé des arythmies chez
trois patients sur quatorze après un infarctus du myocarde.
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