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Introduction
Tout le monde comprend ce qu'est, d'un point de vue économique, un marché
portant sur un bien physique. Dans le cas des produits dérivés, même si la relation est
forte au marché physique – nous verrons qu'elle est même indispensable – on
n'aboutit généralement pas à l'échange du bien. Cette virtualité de fait, explique les
nombreuses critiques dont ces marchés font l'objet, de la part d'agents constatant une
déconnexion entre la sphère réelle et la sphère financière.
Aujourd'hui, les marchés dérivés sont à leur apogée. Ils drainent une quantité
formidable de capitaux, et sont devenus une composante indiscutable de la finance
moderne. Déjà présents depuis plus d'un siècle sur les marchés agricoles, ils
s'attaquent depuis une vingtaine d'années au segment énergétique, avec un succès
cependant discutable.
Effectivement, sur beaucoup de places proposant des produits dérivés sur sous-
jacent énergétique, l'on constate des volumes assez faibles, voire marginaux. Une
question alors : Le contexte est-il favorable à ce développement ? Il semble que oui.
En fait nous assistons dans une large majorité des pays développés à un courant
libéraliste, qui aboutit fréquemment à une dérégulation des industries de réseau.
Cette dérégulation est favorable aux instruments de gestion des risques,
puisqu'elle entraîne une dé-intégration, et augmente donc de ce fait, le nombre des
acteurs et les incertitudes pour chacun de ces acteurs, qui ne peuvent plus intervenir
à plusieurs niveaux dans la chaîne de production. Les difficultés rencontrées par les
marchés de produits dérivés en gaz et en électricité doivent donc provenir d'autres
phénomènes, car il serait trop simple de justifier ces difficultés, uniquement par la
jeunesse de ces marchés.