Guide santé CARTEBLANCHE
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Quand on souffre d’une phobie, par exemple celle des araignées,
on peut être très handicapé(e). On peut l’être aussi beaucoup
si l’on est victime de troubles paniques en avion ou encore si
l’on n’arrive pas à sortir d’une dépression malgré des antidé-
presseurs. On ne sait pas toujours pourquoi on est phobique,
anxieux/angoissé ou déprimé, mais est-ce une raison pour ne
pas s’en sortir ?
C’est ce qui fait toute l’originalité de l’approche comportementale
et cognitive qui ne cherche pas à nécessairement comprendre
pourquoi l’on souffre de tel ou tel symptôme, mais qui cherche
comment nous en débarrasser.
Sur ce plan, les TCC se distinguent complètement des thé-
rapies d’inspiration analytique, qui conditionnent l’éventuelle
guérison d’un symptôme à la compréhension de sa genèse
psychique. De plus, dans les théories analytiques, la dispari-
tion d’un symptôme entraînerait sa substitution par un autre,
générant des thérapies potentiellement longues. Grâce aux nom-
breuses recherches cliniques et au recul sur les TCC, nous savons
maintenant depuis plusieurs années que la disparition d’un symp-
tôme soulage vraiment les patients sans faire apparaître d’autres
symptômes.
La base des TCC est le constat que certaines pensées (ou co-
gnitions) et certains comportements sont responsables en eux-
mêmes des désordres émotionnels et de réflexes pathologiques
qui nous font souffrir. Le thérapeute recherche donc quels sont
ces pensées morbides, comme "je suis nul", ou ces comporte-
ments, comme une fuite, qui peuvent alimenter nos difficultés.
Les TCC représentent ainsi une approche très pragmatique pour
ceux qui veulent combattre leur malaise sans se lancer dans la
longue recherche d’une éventuelle explication subordonnée à leur
histoire.
Les TCC, une approche
pragmatique
C’est avec les phobies que les TCC ont acquis leurs lettres de noblesse,
grâce au Pr Joseph Wolpe (1915 - 1997) qui mit au point la méthode
de désensibilisation des phobies. Psychologue formé au behaviorisme,
il considérait en effet que la plupart des phobies se présentent comme
un conditionnement à un stimulus, comme la vue d’une araignée la
première fois. Le réfl exe de peur provoqué par ce premier stimulus
entraîne un comportement de fuite ou d’évitement, ainsi que des pen-
sées justifi ant ce comportement, poussant ainsi le patient dans un
processus pathologique pouvant s’aggraver progressivement.
C’est un mécanisme très banal, touchant en France le quart
des femmes et le huitième des hommes, à un moment de leur
vie. Et il concerne de nombreuses peurs :
➥ Animal (zoophobie) dont les oiseaux (ornithophobie), les arai-
gnées (arachnophobie), les serpents (erpétophobie), les souris et les
rats (musophobie), etc.
➥ Environnement naturel, dont les hauteurs (acrophobie – le ver-
tige), l’obscurité (kénophobie), l’eau (hydrophobie), etc.
➥ Autres contextes : avion (aérophobie), ascenseur et autres lieux
confi nés (claustrophobie), foules et lieux publics (agoraphobie), sang
(hématophobie), etc.
Afi n de casser ce cercle vicieux du conditionnement, le thérapeute TCC
va d’abord proposer une analyse fonctionnelle du symptôme pour bien
comprendre le contexte déclencheur, ainsi que les comportements et
les pensées qui peuvent maintenir la diffi culté. À l’issue de ce bilan, il
proposera un plan thérapeutique dont l’objectif sera triple :
➥ apprentissage de la relaxation ;
➥ visualisation des scènes anxiogènes ;
➥ exposition progressive aux scènes anxiogènes en inter-séances ou
avec le thérapeute qui peut servir de modèle.
L’objectif est d’arriver petit à petit à faire vivre, sans anxiété,
une scène qui était anxiogène auparavant. Le renouvellement
de cette nouvelle forme de vécu apaisé inhibe et fait dispa-
raître le réfl exe de peur.
Il est un autre processus pathologique courant qu’il est impor-
tant de bien comprendre car il concerne 10 % de la popula-
tion. Celui-ci peut mener à de véritables paniques mener ceux
qui en sont victimes à de véritables crises de panique, même
sans qu’aucune cause ne soit manifeste. Cette peur peut aller
jusqu’au sentiment de mort imminente poussant à solliciter les
services d’urgences.
Ce processus concerne ceux qui ont
une aptitude à ressentir trop facile-
ment ce qui se passe en eux. Ainsi,
s’ils boivent trop de café ou s’ils se
sont pressés, ils vont ressentir de
manière exagérée leurs battements
cardiaques, les poussant à redouter
un problème. Sous l’effet de cette
crainte, même minime au début, le
cœur s’accélère, augmentant la peur
et entraînant une inutile accélération
de la respiration. L’hyper-oxygénation
qui en résulte provoque à son tour un
petit malaise similaire à celui que l’on
ressent après avoir gonfl é un ballon
en caoutchouc ou une bouée. La tête
tourne un peu, on est nauséeux et on
se sent faible sur ses jambes… La per-
sonne ressent alors un malaise plus
important, commence à paniquer et à
se tétaniser.
Ce tableau, qui constitue une véritable crise de panique, est
souvent étiqueté de "spasmophilie" en France. Une prescrip-
tion chronique de magnésium peut se mettre en place mais
elle n’est pas toujours satisfaisante. En effet, si elle est mal
soignée, la peur de la peur peut fi nir par provoquer un empê-
chement de toute sortie de chez soi, ou agoraphobie.
S’agissant d’une panique liée à des pensées et à des compor-
tements inadaptés, les TCC sont très effi caces. Après avoir
bien expliqué le côté normal d’une accélération du cœur dans
certains contextes, le thérapeute va apprendre à son patient
à se relaxer effi cacement, y compris dans ces moments cri-
tiques, grâce à une respiration plus adéquate. Le phénomène
de panique ne s’enclenchant plus, la désensibilisation s’effec-
tue, permettant au patient de vivre une vie normale.
Les TCC et les phobies TCC et les troubles paniques