Les psychostimulants dans le trouble déficit de l`attention avec ou

Neuropsychiatrie
de
l’enfance
et
de
l’adolescence
(2012)
60,
30—34
Disponible
en
ligne
sur
www.sciencedirect.com
REVUE
DE
LITTÉRATURE
Les
psychostimulants
dans
le
trouble
déficit
de
l’attention
avec
ou
sans
hyperactivité
(TDA/H)
chez
l’enfant
et
l’adolescent
Psychostimulants
for
treatment
of
ADHD
in
children
and
adolescents
J.-P.
Rénéric
Centre
hospitalier
C.-Perrens,
121,
rue
de
la
Béchade,
33076
Bordeaux
cedex,
France
MOTS
CLÉS
TDA/H
;
Enfants
;
Psychostimulants
;
Méthylphénidate
;
France
;
Tolérance
;
Surveillance
Résumé
Le
trouble
déficit
de
l’attention
avec
ou
sans
hyperactivité
(TDA/H)
est
fréquent
et
invalidant
à
différents
niveaux.
Des
traitements
pharmacologiques
ont
montré
qu’ils
amélio-
raient
les
différentes
dimensions
du
trouble,
hyperactivité,
inattention,
impulsivité.
En
France,
seul
le
méthylphénidate
(MPH),
un
psychostimulant,
est
disponible
en
pharmacie
de
ville,
avec
des
durées
d’action
variables
selon
les
formes
galéniques.
Quelques
produits
amphétaminiques
sont
également
disponibles
mais
dans
certaines
conditions
et
sous
une
procédure
particulière
(autorisation
temporaire
d’utilisation)
;
la
tolérance
globale
à
ces
traitements
est
généralement
bonne,
hormis
une
diminution
d’appétit
très
fréquente.
La
question
de
l’utilité
de
la
pour-
suite
de
ces
traitements
doit
être
régulièrement
évaluée,
grâce
à
des
fenêtres
thérapeutiques
annuelles.
©
2012
Elsevier
Masson
SAS.
Tous
droits
réservés.
KEYWORDS
ADHD;
Children;
Psychostimulants;
Methylphenidate;
France;
Abstract
Attention
deficit
hyperactivity
disorder
(ADHD)
is
frequent
and
impairing.
Phar-
macological
treatments
have
demonstrated
efficacy
in
decreasing
symptoms
of
hyperactivity,
inattention,
and
impulsivity.
In
France,
methylphenidate
(MPH)
is
the
sole
psychostimulant
available
in
officines.
Many
forms
of
MPH
exist,
varying
for
their
duration
of
action.
Also,
amphe-
tamines
may
be
delivered
under
particular
circonstances
and
temporary
legal
authorisation
for
prescription.
Tolerance
to
psychostimulants
is
rather
good,
the
most
frequent
side
effect
being
appetite
loss
and
decreased
weight.
Once
a
year,
psychostimulants
should
be
interrupted
for
Adresse
e-mail
:
Jean-philippe.reneric@labopsy.u-bordeaux2.fr
0222-9617/$
see
front
matter
©
2012
Elsevier
Masson
SAS.
Tous
droits
réservés.
doi:10.1016/j.neurenf.2011.12.002
Les
psychostimulants
dans
le
TDA/H
chez
l’enfant
et
l’adolescent
31
Tolerance;
Follow-up
a
few
weeks,
in
order
to
assess
whether
ADHD
is
still
impairing
and
justifies
pharmacological
treatment.
©
2012
Elsevier
Masson
SAS.
All
rights
reserved.
1.
Introduction
Le
trouble
déficit
de
l’attention
avec
hyperactivité
(TDA/H)
est
un
trouble
fréquent
(touchant
environ
5
%
des
enfants
et
adolescents)
et
qui
est
susceptible
de
retentir
de
manière
très
signiticative
dans
les
différents
domaines
de
fonction-
nement
de
l’enfant,
qu’il
s’agisse
de
ses
apprentissages
scolaires,
de
ses
interactions
intrafamiliales
et
sociales
et
de
son
développement
émotionnel
[1].
La
reconnaissance
diagnostique
et
l’évaluation
précoces
sont
donc
fondamen-
tales
pour
adapter
au
mieux
une
prise
en
charge
globale
du
trouble
lui-même,
mais
aussi
des
nombreux
autres
troubles,
dits
comorbides,
qui
lui
sont
souvent
associés
(troubles
spé-
cifiques
des
apprentissages,
troubles
oppositionnels
avec
provocation
et/ou
troubles
des
conduites,
troubles
émo-
tionnels
et
en
particulier
anxieux,
tics,
syndrome
de
Gilles
de
la
Tourette.
.
.).
C’est
cette
évaluation
précise
qui
gui-
dera
la
stratégie
de
traitement
du
TDA/H.
De
nombreuses
modalités
d’intervention
sont
possibles,
le
plus
souvent
en
association
(approche
pharmacologique,
comportementale,
psychothérapique,
familiale,
éducative
et
rééducative.
.
.)
[1].
Nous
développerons
dans
cet
article
les
traitements
phar-
macologiques
psychostimulants
du
TDA/H,
essentiellement
le
méthylphénidate
(MPH)
seul
disponible
en
France.
2.
Psychostimulants
Les
psychostimulants
représentent
actuellement
le
traite-
ment
pharmacologique
du
TDA/H
le
plus
étudié,
avec
à
ce
jour
un
nombre
considérable
de
publications
sur
l’efficacité
ainsi
que
la
tolérance
à
court
et
moyen
terme.
Ce
sont,
de
fait,
les
traitements
les
plus
fréquemment
utilisés
dans
le
TDA/H
car
ce
sont
eux
qui
ont
montré
la
meilleure
effi-
cacité
[1].
Ils
sont
donc
prescrits
en
première
intention
dans
ce
trouble
lorsqu’un
traitement
pharmacologique
est
souhaitable.
Tableau
1
Dopamine,
noradrénaline
et
trouble
déficit
de
l’attention
avec
ou
sans
hyperactivité
(TDA/H).
Effets
physiologiques TDA/H
Système
dopamine Motivation
Diminution
de
l’activité
globale
dans
les
systèmes
dopamine
et
noradrénaline
Renforcement
Régulation
de
la
réponse
motrice
(sélection,
initiation,
séquenc¸age,
persistance)
Système
noradrénaline
rapport
signal/bruit
Attention
sélective
Réaction
à
la
nouveauté
Filtre
les
stimuli
inappropriés
Le
rationnel
d’utilisation
:
la
découverte
de
l’efficacité
des
produits
amphétaminiques
dans
les
troubles
du
compor-
tement
de
type
TDA/H
est
empirique
et
remonte
aux
années
1930.
L’utilisation
de
tels
produits
chez
des
enfants
«hyperactifs
»et
semblant
présenter
un
«excès
d’énergie
»
a
pu
sembler
paradoxale.
Cependant,
l’avancée
des
connais-
sances,
d’une
part
du
fonctionnement
cognitif
normal,
et,
d’autre
part,
des
troubles
comme
le
TDA/H,
montre
que
ce
trouble
manifeste
en
réalité
l’inefficacité
relative
de
certains
systèmes
de
neurotransmetteurs,
en
parti-
culier
la
dopamine
(DA)
et
la
noradrénaline
(NA).
Les
recherches
biochimiques,
génétiques,
mais
aussi
en
image-
rie
cérébrale
fonctionnelle
confirment
l’implication
de
ces
deux
systèmes
de
neurotransmetteurs
dans
le
TDA/H
[1]
(Tableau
1).
Il
est
ainsi
progressivement
apparu
que
les
amphéta-
miniques
et
apparentés
amélioraient
la
symptomatologie
de
TDA/H
en
augmentant
la
neurotransmission
dopaminer-
gique
et
noradrénergique
dans
les
réseaux
fronto-pariétaux
et
fronto-striataux,
essentiellement
par
un
mécanisme
d’inhibition
de
recapture
synaptique.
Les
psychostimulants
améliorent
non
seulement
les
symptômes
clés
du
TDA/H,
c’est-à-dire
les
troubles
de
l’attention,
l’impulsivité,
l’hyperactivité,
les
performances
neuropsychologiques
[2],
mais
ils
améliorent
parallèlement
l’observance
à
l’ensemble
de
la
prise
en
charge,
ainsi
que
les
interactions
sociales
et
les
performances
scolaires.
L’effet
thérapeutique
de
ces
trai-
tements
est
suspensif,
c’est-à-dire
qu’ils
ne
«guérissent
»
pas,
mais
diminuent
l’intensité
et
l’impact
des
symptômes
le
temps
de
leur
durée
d’action.
3.
Formes
galéniques
Le
MPH
est
le
seul
psychostimulant
actuellement
disponible
en
France
en
officine
de
ville.
C’est
la
molécule
la
mieux
connue
de
la
pharmacopée
chez
les
enfants
[1].
Les
psycho-
stimulants
ont
des
durées
d’action
variables
d’une
molécule
à
l’autre,
allant
de
trois
à
quatre
heures
pour
la
Ritaline®
32
J.-P.
Rénéric
Tableau
2
Les
psychostimulants
en
France.
Durée
d’action
(heures)
Demi-vie
(heures)
AMM
Commercialisé
Chlorhydrate
de
méthylphénidate
Ritaline®10
mg
3—4
2
(0,3—4)
1995
1997
Quasym
LP®10,
20,
30
mg
6—8
Libération
bimodale
2006
2011
Ritaline
LP®20,
30,
40
mg
5—8
5
(1,3—8,2)
2003
2004
Concerta
LP®18,
36,
54
mg
10—12
Libération
bimodale
2003
2004
Lisdexamfétamine
dimésylate
Vyvanse®20,
30,
50
mg
>
6ATU
nominative
Adapté
de
Biederman
-
2002
[3].
à
libération
immédiate
(LI)
jusqu’à
six
à
huit
heures
pour
la
Ritaline
LP®ou
le
Quasym®,
voire
jusqu’à
dix
à
douze
heures
pour
le
Concerta®(OROS
MPH)
(Tableau
2,
adapté
de
Biederman
-
2002)
[3].
Le
MPH
est
administré
par
voie
orale.
La
Ritaline®
LI
a
une
absorption
digestive
rapide
et
importante,
entraînant
des
pics
plasmatiques
précoces
qui
expliquent
que
les
effets
comportementaux
et
attentionnels
appa-
raissent
souvent
dans
la
demi-heure
qui
suit
son
absorption
(Tableau
2).
La
courte
durée
d’action
de
la
Ritaline®LI
justifie
deux
à
trois
prises
par
jour,
matin,
midi,
17
heures,
pour
couvrir
au
mieux
le
temps
scolaire
et
extrascolaire.
Aussi
préfère-
t’-on
utiliser
des
formes
de
MPH
à
libération
prolongée
qui
autorisent
une
seule
prise
par
jour,
le
matin
au
petit
déjeu-
ner,
et
limitent
ainsi
les
risques
d’oublis
ou
évitent
les
prises
stigmatisantes
à
l’école.
À
noter
la
possibilité
d’autorisation
temporaire
d’utilisation
(ATU)
nominative
pour
des
produits
amphé-
taminiques
:
Dexedrine®(sulfate
de
dexamphétamine)
ou
Vyvanse®(dimésylate
de
lisdexamfétamine).
4.
Effets
secondaires
;
tolérance
Le
MPH
est
généralement
très
bien
toléré,
même
si
des
effets
secondaires
sont
possibles,
surtout
lors
de
l’instauration
du
traitement
ou
lors
de
l’augmentation
des
doses.
Ils
sont
relativement
rares
par
la
suite,
moins
de
10
%
des
enfants
traités
[4]
et
sont
similaires
pour
tous
les
psychostimulants.
4.1.
Les
maux
de
tête
et/ou
de
ventre
Les
maux
de
tête
et/ou
de
ventre
sont
les
effets
secon-
daires
les
plus
fréquents,
même
s’ils
sont
peu
rapportés
[1].
Lorsqu’ils
surviennent,
c’est
en
début
de
traitement,
les
24
ou
48
premières
heures
et
sont
transitoires.
Ils
dispa-
raissent
spontanément
et
ne
justifient
pas,
le
plus
souvent,
l’interruption
de
MPH
ou
l’association
d’un
traitement
à
visée
symptomatique.
Ils
sont
donc
bénins
et
pour
limiter
le
risque
de
leur
apparition,
on
propose
une
augmen-
tation
progressive
et
par
paliers
des
posologies
lors
de
l’instauration
du
traitement.
Si
les
troubles
persistent
au-
delà
de
48
heures,
il
est
suggéré
de
prolonger
les
paliers,
de
diminuer
les
posologies
ou
encore
de
changer
de
forme
galénique
voire
de
molécules
(antidépresseur.
.
.).
4.2.
La
diminution
de
l’appétit
La
diminution
de
l’appétit
est
un
risque
potentiel,
lié
aux
effets
anorexigènes
des
amphétaminiques
et
de
leurs
déri-
vés.
Pour
cette
raison,
il
est
important
de
ne
pas
administrer
le
traitement
avant
un
repas,
mais
plutôt
pendant
ou
après.
Il
est
également
suggéré
de
proposer
des
collations
aux
enfants.
La
réalisation
et
le
suivi
d’une
courbe
de
poids
permettra
au
mieux
d’objectiver
les
effets
sur
l’appétit.
Par
ailleurs,
l’interruption
du
traitement
pendant
les
week-
ends
ou
pendant
les
vacances
scolaires
(lorsque
cela
est
possible),
permet
le
plus
souvent
de
rattraper
l’absence
de
prise
attendue
de
poids.
4.3.
Les
troubles
du
sommeil
Il
s’agit
essentiellement
de
difficultés
d’endormissement,
et
c’est
pour
cette
raison
qu’il
est
recommandé
de
ne
pas
prescrire
de
Ritaline®LI
après
17
heures
environ.
Il
est
important
que
ces
troubles
d’endormissement
soient
bien
évalués
avant
l’instauration
du
traitement,
car
ils
peuvent
tout
à
fait
entrer
dans
le
cadre
du
TDA/H
lui-même
(et
par-
fois
même
dans
ce
cas
être
améliorés
par
le
MPH
[5]
ou
être
liés
à
un
trouble
comorbide,
en
particulier
les
troubles
anxieux.
4.4.
Les
phénomènes
de
rebond
Des
phénomènes
de
rebond
peuvent
être
observés,
sur-
venant
trois
à
quatre
heures
après
la
dernière
prise
de
Ritaline®LI,
et
correspondant
à
l’élimination
du
traitement
par
l’organisme.
Il
s’agit
de
la
réapparition
de
la
symp-
tomatologie
du
TDA/H
à
un
niveau
plus
élevé
que
celui
habituellement
observé
chez
l’enfant,
et
contemporain
de
manifestations
d’irritabilité
importante,
de
labilité
émo-
tionnelle,
de
pleurs,
colères,
etc.
.
.Ce
rebond
transitoire
(moins
d’une
heure
en
général)
peut
être
particulièrement
gênant
et
désagréable
pour
l’enfant
et
son
environnement,
et
peut
justifier
une
prise
de
Ritaline®LI
supplémentaire,
ou
plus
fréquemment
le
passage
à
une
forme
à
libération
prolongée.
4.5.
Effet
sur
la
croissance
Il
y
a
eu
quelques
années
de
cela
une
polémique,
non
terminée
d’ailleurs,
portant
sur
les
effets
délétères
de
la
Ritaline®sur
la
croissance
des
enfants
TDA/H.
En
effet,
il
Les
psychostimulants
dans
le
TDA/H
chez
l’enfant
et
l’adolescent
33
apparaît
dans
certaines
études
mais
pas
toutes
des
ralen-
tissements
de
croissance
(de
1
à
3
cm)
lors
de
l’utilisation
continue
et/ou
à
fortes
doses
de
psychostimulants.
Cepen-
dant,
rappelons
que
ces
«ralentissements
»
de
croissance
sont
rattrapés
à
l’interruption
du
traitement,
et
sont
loin
d’être
systématiques
[6].
D’autres
études
suggèrent
que
les
ralentissements
observés
seraient
en
réalité
plutôt
liés
à
un
phénomène
d’immaturité
développementale
qu’au
seul
effet
pharmacologique
[7,8].
Il
est
notoire
également
que
le
MPH
n’influe
pas
sur
la
maturation
du
cortex
cérébral
[9].
4.6.
Tics/syndrome
de
Gilles
de
la
Tourette
(SGT)
Le
MPH
pourrait
dans
certains
cas
induire
ou
exacerber
des
tics.
Le
plus
généralement
ces
tics
moteurs
sont
transitoires,
et
très
peu
de
sujets
développent
un
trouble
chronique.
Il
a
même
été
décrit
à
plusieurs
reprises
une
amélioration
des
tics
moteurs
simples
chez
les
enfants
présentant
un
TDA/H
lors
de
l’introduction
de
MPH.
Le
problème
essentiel
reste
le
syndrome
de
Gilles
de
la
Tourette
(association
de
tics
moteurs
et
de
tics
phona-
toires),
qui
a
une
composante
familiale
et
génétique
et
est
relativement
souvent
associé
au
TDA/H.
L’introduction
de
la
Ritaline®chez
des
enfants
ayant
des
antécédents
per-
sonnels
ou
familiaux
de
SGT
peut
aggraver,
voire
révéler
cette
pathologie,
mais
cela
reste
une
minorité
de
cas.
Le
syndrome
de
Gilles
de
la
Tourette
n’est
donc
pas
une
contre-
indication
absolue
à
l’usage
de
MPH
dans
le
TDA/H,
mais
il
nécessite
une
anamnèse
personnelle
et
familiale
pré-
cise
ainsi
qu’une
information
de
l’enfant
et
de
ses
parents
dans
les
cas
le
MPH
est
tout
de
même
prescrit,
assorti
d’une
augmentation
très
progressive
des
posologies
et
d’une
évaluation
fine
des
tics
avant
l’introduction
du
traitement
(type,
fréquence.
.
.)
et
pendant
le
traitement
[10].
Le
MPH
peut
donc
être
prescrit
même
lors
d’une
comorbidité
avec
un
SGT,
quitte
à
associer
un
traitement
par
clonidine
ou
pimozide
ou
aripiprazole
pour
les
tics
[11,12].
4.7.
Abus
de
substances
Une
autre
polémique
est
liée
au
caractère
amphétami-
nique
des
psychostimulants,
et
au
risque
potentiel
d’usage
«
récréatif
»
et
d’abus
de
substance.
Dans
les
faits,
il
est
important
de
noter
que
l’abus
de
substance
est
un
risque
connu
dans
l’évolution
naturelle
d’un
TDA/H
non
traité,
pour
une
proportion
non
négligeable
des
sujets
atteints
(environ
1/3).
Il
semblerait
que
la
prise
en
charge
du
TDA/H
et
en
particulier
un
traitement
pharmacologique
démarré
précocement
protège
contre
l’abus
de
substance
à
l’adolescence
en
ramenant
ce
risque
à
celui
des
sujets
contrôles
[13].
5.
Précautions
d’emploi—contre—indications
Des
élévations
minimes
de
la
fréquence
cardiaque
(FC)
et
de
la
tension
artérielle
(TA)
ont
été
rapportées
régulièrement.
Bien
qu’elles
soient
le
plus
souvent
mineures,
l’Agence
européenne
du
médicament
(AEM)
recommande
avant
traitement
un
examen
physique
avec
auscultation
cardiaque
(ECG
si
possible)
et
la
recherche
d’antécédents
cardiovas-
culaires,
et
la
surveillance
régulière
de
la
FC
pendant
le
traitement
[14,15].
Un
algorithme
de
surveillance
de
la
TA
et
d’une
conduite
à
tenir
ad
hoc
ont
également
été
récemment
proposés
[16].
Concernant
un
risque
épileptogène
lié
au
MPH,
l’augmentation
de
la
fréquence
des
crises
comitiales,
notée
chez
quelques
patients,
n’a
été
confirmée
ni
chez
les
sujets
sains,
ni
chez
ceux
souffrant
d’épilepsie
et
traités
par
anticonvulsivant
[16,17].
Le
surdosage
serait
responsable
de
ces
crises.
Contre-indications
:
il
y
a
en
réalité
très
peu
de
contre-
indications
absolues
en
dehors
d’un
antécédent
personnel
avéré
de
réaction
allergique
au
produit
(essentiellement
de
réactions
cutanées),
d’un
traitement
avec
des
IMAO
en
cours,
ou
encore
de
glaucome
à
angle
fermé
[4].
6.
Modalités
de
prescription
et
initiation
du
traitement
par
méthylphénidate
Du
fait
de
son
inscription
en
tant
que
stupéfiant
au
tableau
B,
le
MPH
a
une
prescription
et
une
délivrance
très
règlemen-
tée
:
prescription
initiale
hospitalière
pour
28
jours,
réalisée
par
neurologues,
pédiatres,
psychiatres
;
cette
prescription
hospitalière
devra
être
renouvelée
au
plus
tard
12
mois
après
la
prescription
initiale
;
dans
cet
intervalle,
le
traitement
pourra
être
renouvelé
en
toutes
lettres
tous
les
28
jours
par
n’importe
quel
médecin,
dont
le
médecin
généraliste,
sur
une
ordonnance
sécurisée
;
les
coordonnées
de
la
pharma-
cie
le
patient
retirera
son
traitement
doivent
également
être
inscrites
sur
l’ordonnance.
Les
posologies
varient
de
0,5
à
1,
voire
1,5
mg/kg
et
par
jour,
atteintes
progressivement
en
quelques
jours.
Du
fait
de
la
faible
durée
d’action
de
la
Ritaline®LI,
deux
à
trois
prises
par
jour
peuvent
être
proposées
(matin,
midi
et
éventuelle-
ment
au
moment
du
goûter).
Les
prises
après
17
H
00—17
H
30
sont
à
éviter
du
fait
du
risque
potentiel
de
difficultés
d’endormissement.
Les
formes
de
MPH
à
libération
prolongée
peuvent
prendre
le
relais
quasiment
dose
pour
dose
de
la
Ritaline®
LI,
couvrant
l’ensemble
de
la
journée
et
administrées
en
une
prise
unique.
Pour
exemple,
citons
le
CONCERTA®(méthyl-
phénidate
à
libération
triphasique),
qui
a
une
durée
d’action
de
dix
à
douze
heures
environ,
ou
le
Quasym®ou
encore
la
lisdexamphétamine
dimésylate
qui
devrait
être
prochai-
nement
commercialisée
en
France.
Ces
formes
à
libération
prolongée
sont
de
plus
en
plus
utilisées
d’emblée,
les
dif-
férents
dosages
permettant
des
augmentations
progressives
de
posologies
(Tableau
2).
L’efficacité
du
MPH
se
manifeste
très
rapidement,
et
on
considérera
que
le
traitement
est
inefficace
après
un
mois
d’utilisation
à
posologie
optimale
(cela
représenterait
environ
20
%
des
cas).
Le
traitement
est
prescrit
tous
les
jours,
au
moins
pour
les
premières
semaines,
ce
qui
permet
une
meilleure
observation
de
l’efficacité
de
la
tolérance
par
les
parents
en
dehors
des
heures
d’école,
et
permet
ainsi
une
adaptation
progressive
des
posologies
pour
une
efficacité
couvrant
l’ensemble
de
la
journée.
Lorsque
le
traitement
a
montré
son
efficacité,
son
interruption
pendant
34
J.-P.
Rénéric
les
vacances
scolaires
et
le
week-end
pourra
être
discutée,
au
cas
par
cas,
en
fonction
du
retentissement
du
TDA/H.
Il
est
cependant
conseillé
d’interrompre
le
traitement
pen-
dant
les
grandes
vacances
d’été,
et
de
se
donner
trois
à
quatre
semaines
après
la
rentrée
scolaire
de
septembre
pour
juger
de
l’opportunité
ou
non
de
la
réintroduction
du
traitement.
En
effet,
dans
environ
un
tiers
des
cas,
la
symptomatologie
disparaît
spontanément
au
moment
de
la
puberté
et
à
l’adolescence.
Par
ailleurs,
les
facteurs
envi-
ronnementaux
sont
extrêmement
importants.
Par
exemple,
intégrer
une
classe
à
petit
effectif,
l’enseignant
a
plus
de
disponibilité
pour
s’adapter
aux
difficultés
de
chacun,
peut
permettre
dans
certains
cas
de
ne
pas
recourir
au
traitement
pharmacologique.
7.
Conclusion
Rappelons
en
premier
lieu
que
le
traitement
pharmacolo-
gique
du
TDA/H
nécessite
une
évaluation
précise,
du
trouble
lui-même
ainsi
que
des
troubles
comorbides,
et
surtout
du
retentissement
dans
les
différents
domaines
de
fonctionne-
ment
de
l’enfant.
C’est
cette
évaluation
qui
va
permettre
d’élaborer
une
stratégie
de
traitement,
traitement
le
plus
souvent
multi-
modal,
hiérarchisé,
et
lui-même
régulièrement
évalué
dans
son
efficacité.
Les
traitements
psychostimulants
restent
les
traitements
pharmacologiques
de
première
intention
du
TDA/H
et
à
ce
jour
il
n’existe
pas
de
traitements
non
psy-
chostimulants
disponibles
en
France
dans
cette
indication.
Enfin,
fait
important,
les
nouveaux
produits
permettant
une
seule
prise
par
jour
simplifient
le
traitement,
améliorent
le
confort
du
sujet
et
l’observance
du
traitement.
Déclaration
d’intérêts
L’auteur
déclare
ne
pas
avoir
de
conflits
d’intérêts
en
rela-
tion
avec
cet
article.
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