La COP21,
déjà du passé
Dans le fond, qu’il y ait un accord ou pas
à la COP21, à « Paris 2015 » dans
quelques jours, cela n’a aucune
importance. Cet hiver, El Niño 2015/2016
devrait avoir un effet gigantesque sur
le climat, le cours des matières premières
– donc le niveau de vie des Terriens –,
et la baisse d’activité des Brics va
s’accentuer… Tout cela rendra « Paris
2015 » bien dérisoire. En tout état
de cause, l’objectif de + 2 ° C maximum
en 2100 est dépassé. Nous sommes
en Anthropocène, depuis deux siècles,
l’Homme domine la Terre. L’étape en
marche est celle de la maîtrise de la Terre
ou plutôt de la vie sur Terre en 2100.
Maîtriser la vie – de l’Homme – sur Terre
repose sur trois objectifs principaux :
maîtriser l’alimentation, le logement et la
ville, les déplacements de l’Homme. La
maîtrise de l’alimentation passe par la
précision et l’automatisation mises dans
l’exploitation de la terre arable et par les
fermes urbaines. C’est en marche. La
maîtrise du logement et de la ville est un
immense objectif, en test depuis plusieurs
années. Les projets et les réalisations de
villes maîtrisées et propres ne manquent
pas dans le monde. Le plus délicat sera
l’isolation des bâtiments construits avant
2000-2010. Enfin, les déplacements font
l’objet d’investissements massifs dans les
énergies propres, l’autonomie des systèmes
(Toyota a décidé ce mois-ci d’investir
50 millions de dollars sur cinq ans) et la
création de nouveaux moyens de transport.
Maîtriser l’alimentation, la ville
et les déplacements, c’est maîtriser
l’impact du climat, qu’il soit à + 6 ° C ou
- 4 ° C. L’homme fera le choix de la faune
et la flore qu’il veut conserver, ce qu’il fait
d’une manière indirecte depuis cinquante
ans. Depuis plus d’une dizaine d’années,
on sait déplacer des nuages ou provoquer
la pluie. Des travaux sont en cours
pour protéger les mégapoles des aléas
climatiques. Les maisons flottantes sont
construites aux Pays-Bas, à défaut
de digues jamais assez hautes. Les villes
flottantes sont à l’étude. Atteindre
ces objectifs est l’affaire du numérique.
La semaine passée, nous avons évoqué
la guerre des pétaflops d’Obama, dont
les systèmes massifs communication
sont des parties intégrantes.
Le développement des robots de toutes
tailles, du nanorobot qui circule dans le
corps humain, le sol ou la flore, au robot
industriel géant, est le grand sujet pour
gagner en précision, qualité et rapidité,
et pour emmagasiner les informations.
Maîtriser la vie sur Terre en 2100,
c’est un mouvement qui a débuté
il y a deux siècles. Ce xxie siècle
sera celui de son aboutissement.
SIGNAUX FAIBLES
PRÉCISION - Contrairement à ce que nous affirmions
dans l’entretien de Pierre Moscovici (commissaire
européen aux Affaires économiques et monétaires),
publié dans notre édition de la semaine dernière,
Total, BNP et Airbus ont bien accepté d’être
auditionnés par la commission des budgets du
Parlement européen, présidée par Alain Lamassoure.
PAR PHILIPPE
CAHEN
PROSPECTIVISTE
@SignauxFaibles
DR
ÉDITORIAL
L’HISTOIRE
QUAND L’A320, LE BEST-SELLER D’AIRBUS, DEVIENT « MADE IN AMERICA » - Airbus
inaugurait lundi 14 septembre la ligne d’assemblage final de Mobile, en Alabama (États-Unis), qui
va permettre à Airbus d’atteindre une cadence de production de 50 avions par mois, d’ici à 2017.
Trois ans après l’annonce de l’ouverture d’une ligne d’assemblage final (FAL) de la famille A320
aux États-Unis, son quatrième site d’assemblage d’avions moyen-courriers dans le monde après ceux
de Hambourg, Toulouse et Tianjin en Chine, l’usine de Mobile, sur les bords du Golfe du Mexique, vient
de commencer l’assemblage du premier appareil américain, qui sera livré à la compagnie américaine
à bas coût Jetblue, début 2016.
Ce lundi, Tom Enders et Fabrice Brégier, respectivement PDG d’Airbus Group (ex EADS) et d’Airbus,
ont donc inauguré ce site qui s’étend sur 215 000 m
2
. « Aux États-Unis, il est important de montrer
que les avions sont produits dans le pays. Cela nous fait gagner des points et dans certains cas cela
peut faire la différence », a déclaré Fabrice Brégier à notre confrère Welt am Sonntag. Pour le patron
d’Airbus, la stratégie d’implantation aux États-Unis s’avère déjà payante : « La part de marché d’Airbus
dans la flotte américaine en service est de 20 %, mais s’élève à 40 % sur les appareils commandés par
les compagnies américaines depuis l’annonce de la création de l’usine de Mobile, en 2012 », explique-t-il.
BALISES
Mea culpa,
mea maxima culpa
L’
autocritique est un exer
-
cice si peu naturel pour
un homme politique, sur
-
tout durant l’exercice de
ses fonctions, que l’on se
doit de saluer le mea culpa,
certes tardif, du président de la République
sur les erreurs de son début de quinquen-
nat. Qu’il ait choisi pour le faire savoir la
voie détournée d’un livre, celui de notre
consœur du Monde Françoise Fressoz, ne
retire rien à l’intérêt que l’on doit porter à
cette coulpe battue.
Dans Le Stage est fini, le chef de l’État
reconnaît donc, à demi-mot, qu’il a man-
qué de cynisme en ne maintenant pas la
TVA sociale qu’avait fait adopter son pré-
décesseur, ce qui lui aurait permis d’éviter
de matraquer d’impôts les Français. Un
chiffre, pour illustrer le propos, issu d’une
passionnante étude de l’OCDE, mérite
d’être relevé : si l’on classe les onze prin-
cipales économies en fonction de leur
effort de réduction du déficit budgétaire,
la France apparaît au huitième rang. Nous
sommes aussi le seul pays dont l’ajuste
-
ment budgétaire a reposé en exclusivité
sur l’impôt et en rien sur la baisse de la
dépense publique (laquelle atteint désor-
mais un record mondial, à 57 % du PIB). En
clair, François Hollande n’a rien fait, ou si
peu… et plutôt mal, comme il le reconnaît
lui-même.
Autre grave erreur, que le chef de l’État
ne retient pas, mais qui lui a été souvent
reprochée, la suppression trop rapide et
brutale de la défiscalisation des heures
supplémentaires, qui a frappé directe
-
ment au portefeuille les catégories les
plus modestes, et sans doute ses électeurs
de 2012, qui avaient cru de bonne foi à
son slogan « Le changement, c’est mainte-
nant ». Le virage sur l’aile du président
de la République sur le traité européen,
certes inévitable vu le déficit de crédibilité
budgétaire de la France, a lui aussi pris à
revers ses engagements de campagne
et l’a conduit à mener une politique qui
n’avait plus rien à voir avec les intentions
affichées par le candidat. Comme
l’a dit Machiavel, « gouverner,
c’est faire croire »… Encore
faut-il que l’on vous accorde
(encore) crédit. À voir la cote
de popularité actuelle de Fran-
çois Hollande, on ne sait pas si
« le stage est fini », mais le crédit,
lui, est épuisé.
Reconnaître ses erreurs, que l’on soit un
dirigeant politique ou d’entreprise, est
un exercice de communication délicat à
manier. Voire dangereux, parce qu’il peut
facilement se retourner contre son auteur.
Les Français n’attendent pas du chef de
l’État une séance d’autoflagellation, qui plus
est sur un point finalement assez dérisoire
et anecdotique de sa politique. Ce qu’ils
veulent désormais, avec une impatience
de moins en moins dissimulée, ce sont des
résultats tangibles et concrets. Ceux-ci
vont venir, assure-t-on du côté de l’exécu-
tif où l’on souligne que 2015 sera l’année
du retournement pour l’emploi et la crois-
sance. On en décèle quelques prémices dans
les chiffres de l’intérim, indicateur avancé
d’une baisse prochaine du taux de chômage.
Mais, contrairement à ce que pense Fran-
çois Hollande, l’inversion de la courbe du
chômage, qui devra se confirmer l’an pro-
chain, n’est qu’une condition nécessaire, et
pas suffisante, pour qu’il puisse espérer être
réélu pour un second mandat.
Au vu de l’accélération des événements
mondiaux qui, de la crise grecque à la
crise des migrants, menacent la cohé
-
sion de l’Europe, 2017 est un
horizon trop lointain pour
qu’on y prête plus qu’une
attention distraite. François
Hollande a pour lui d’être à la tête de
l’État à un moment que l’on peut quali-
fier sans emphase d’historique. Chacun le
ressent bien, ces millions de personnes qui
frappent à notre porte sont annonciatrices
d’un monde nouveau. Les Français juge-
ront le moment venu si le président sortant
aura su se montrer à la hauteur de ces défis.
Mais là encore, même si François Hollande
réussissait, ce n’est même pas sur son bilan
que se jouera la présidentielle, mais plutôt
sur une roulette électorale qui, pour la pre-
mière fois sous la V
e
République, opposera
trois forces à peu près égales. De sorte que
la seule stratégie gagnante en 2017 consis-
tera pour le candidat de droite comme
pour le candidat de gauche, quel qu’il soit, à
faire en sorte de se qualifier pour le second
tour face à Marine Le Pen…■
PAR
PHILIPPE
MABILLE
@phmabille
DR
1,2 %
DU CHIFFRE D’AFFAIRES,
C’EST LE NOUVEAU TAUX DE
la taxe télécoms (+ 0,3 %), a
annoncé la ministre de la Culture
Fleur Pellerin. Cette taxe vise les
groupes Bouygues Telecom, SFR,
Orange et Free pour leur activité
de fournisseurs d’accès à
Internet. Stéphane Richard, PDG
d’Orange, a dénoncé cette
hausse, y voyant « une forme
de mépris pour notre industrie ».
12 à 15
CENTIMES PAR KILOMÈTRE,
C’EST L’INDEMNITÉ VÉLO
incitative que Ségolène Royal,
ministre de l’Écologie, songe
à faire allouer aux salariés qui
choisiraient d’aller travailler
à bicyclette. Selon la ministre,
l’expérience menée l’an dernier
auprès de 8 000 salariés avait
« très bien fonctionné », avec
un triplement du nombre de
salariés allant travailler à vélo.
3,5
MILLIARDS D’EUROS
D’EXPORTATIONS DE VIN
au premier semestre, en hausse
de 7 %, c’est la belle
performance que révèlent
les statistiques de la Fédération
des exportateurs de vins et
spiritueux (FEVS). Sans surprise,
le Champagne joue toujours
son rôle moteur dans le secteur,
avec une progression
de 9 % du chiffre d’affaires.
2 202
EUROS NETS, C’EST LE
SALAIRE MENSUEL MOYEN
des Français en 2013, en
équivalent temps plein (EQTP)
dans le secteur privé ou dans
les entreprises publiques
(soit 2 912 euros bruts, avant
prélèvements). En euros
constants, il baisse de 0,3 % par
rapport à 2012, soit à peu près
autant qu’entre 2011 et 2012,
où il avait reculé de 0,4 %.
© MICHAEL SPOONEYBARGER / REUTERS
TENDANCES
LA TRIBUNE - VENDREDI 18 SEPTEMBRE 2015 - NO 142 - WWW.LATRIBUNE.FR
I 3